Y'a vraiment personne qui a une vague idée de titre?

 

 

Ils discutaient maintenant depuis un petit moment.

-Non ! C’est hors de question, répéta Thomas pour au moins la vingtième fois.

-S’il te plait Thomas ! Je veux vraiment que ce soit toi qui me serves de modèle.

Thomas croisa le regard suppliant de son ami et faillit se laisser prendre au piège. Il poussa un long soupir, histoire de se reprendre un peu avant de déclarer :

-Non ! Et définitivement non !

-Thomaaaaaaas, insista de nouveau Mathieu. Mais pourquoi tu ne veux pas ?

-Pourquoi je ne veux pas ? Mais imagine que quelqu’un de ma connaissance tombe sur ce tableau ! J’aurai l’air fin tiens !

Mathieu prit un air boudeur avant de s’asseoir sur le lit. Thomas eut un geste impuissant des bras, comme pour s’excuser.

-Mathieu, je sais que ce tableau est important pour toi mais il n’est pas possible pour moi de poser ainsi !

Soudainement, Mathieu se retourna vers lui, comme s’il avait eu une brusque idée.

-S’il n’y a que le fait qu’on te reconnaisse qui te gêne, je peux toujours changer le visage. Ca n’est pas un problème pour moi tu sais.

Thomas grogna d’exaspération.

-Même ! Ca ne change rien !

-Alors dis-moi pourquoi tu ne veux pas poser !

-Mais j’ai du travail moi ! Tu crois peut-être que mon histoire va s’écrire d’elle-même ? Je n’ai pas des heures à perdre à rester là, comme ça, sans bouger ! Il y a des tas de gens qui seraient ravi de recevoir un peu d’argent pour ça, engage-les !

 

La véritable raison pour laquelle Thomas se refusait à poser pour Mathieu était surtout qu’il n’avait aucune envie de s’exposer ainsi au jeune peintre. Se retrouver nu à ses côtés… Il ne pourrait certainement pas répondre de sa conduite. Et si jamais l’intégralité de son corps ne plaisait pas à son ami ? Cela était aussi l’une de ses grandes angoisses.

Mathieu se leva et vint s’installer sur le bureau, face à lui, légèrement en hauteur.

-Ecoute-moi bien Thomas Gautier, c’est toi que je veux comme modèle et personne d’autre ! Il est hors de question que j’engage un étranger pour ça ! Et puis d’ailleurs je n’en ai pas vraiment les moyens ! Ton histoire, ce n’est pas parce que tu vas poser quelques heures qu’elle va s’envoler !

-Ca suffit Mathieu, j’ai dit non !

-Thomas ! S’il te plait !

-Et puis de toute façon ton client c’est sans doute un nu féminin qu’il désire et dans ce cas, excuse-moi mais je ne fais pas vraiment l’affaire ! Va plutôt demander à Adeline !

Mathieu laissa échapper son rire cristallin et cela détendit quelque peu l’ambiance.

-J’imagine bien, commença-t-il, la tête de Chris si je demande à sa fille chérie de poser nue pour moi ! Je n’ai plus qu’à me réserver une place au cimetière le plus proche ! Et puis de toute façon, jamais Adeline n’accepterait… Et puis en plus tu as tout faux parce que c’est un nu masculin que mon client veut !

Thomas le regarda, un peu surpris.

-C’est réellement un homme qui t’a demandé de lui peindre un nu masculin ?

-Mais oui, acquiesça Mathieu. Pourquoi ? D’après toi un homme ne peut pas apprécier le corps masculin ? interrogea-t-il d’un air quelque peu pervers.

Thomas secoua énergiquement la tête.

-Ce n’est pas du tout ce que je voulais dire ! Juste… Rien !

Mathieu ne put retenir un sourire.

 

-Et ce client, demanda de nouveau Thomas, il ressemble à quoi ?

-Oh, il est assez particulier ! C’est un grand capitaine de navire avec des yeux très bleus et malgré cela un regard très sombre, et des cheveux noirs, tirés en arrière, ce qui accentue ses traits coupés au couteau et…

-Attends, l’arrêta soudainement Thomas. Ce n’est pas possible… Non… Tu te fiches de moi ?

Mathieu éclata de rire.

-Bien sûr que je me fiche de toi ! J’ai repris mot pour mot la description du capitaine de ton livre ! Ahahaha, et dire que tu as failli y croire !

Thomas haussa les épaules, légèrement furieux et sévèrement contrarié.

-Ce n’était pas drôle !

Le rire de Mathieu s’amplifia.

-Bien sûr que c’était drôle, si tu avais vu ta tête !

-Et bien non, excuse-moi mais je n’ai pas vu ma tête, justement ! Et arrête de rire tu m’énerves encore plus.

Mathieu se mordit l’intérieur des joues pour retenir son hilarité.

-Désolé, je ne voulais pas t’énerver. Je pensais que tu avais plus d’humour que ça mais tant pis. Bon pour tout te dire, le client est un bourgeois quelconque, rien de marquant ! Ca te va ? Je suppose qu’il dissimule son penchant pour les hommes tout comme il va dissimuler ce tableau ! Allez, pose juste quelques heures pour moi, ca me ferait très plaisir Thomas.

Thomas se passa une main dans les cheveux. Comment résister à la voix suppliante de Mathieu ? D’un autre côté cet imbécile lui avait vraiment fait peur. Pendant une fraction de seconde, il avait cru que le capitaine Lloyd Lewis était vraiment de retour en ville, ce qui n’aurait pas été impossible. Il soupira.

-Mais… Pourquoi moi absolument ?

Mathieu lui sourit d’un air pleinement innocent.

-Parce que tu as sans doute le plus beau corps que j’ai jamais croisé pour ce que j’ai pu en voir, et j’aime peindre les belles choses…

Thomas se retint sans grand succès de rougir.

 

*********************

Qu’est-ce qu’il lui avait pris d’accepter ? se demanda-t-il une nouvelle fois en lâchant un long soupir.

Mathieu lui sourit.

-Allons, un peu de patience, l’encouragea-t-il. J’ai presque fini le croquis.

Cela faisait maintenant presque une semaine que Mathieu enchaînait croquis sur croquis sans réellement commencer le tableau. Il lui avait expliqué qu’il avait besoin de réfléchir à la pose du sujet et à la composition du tableau avant de véritablement se mettre au travail et que pour cela il avait besoin de nombreux croquis. Thomas, n’y connaissant pas grand chose en dessin, l’avait bien évidemment cru mais maintenant il commençait à véritablement en avoir assez.

Déjà, au début de la semaine, il avait dû pour la première fois se mettre entièrement nu face à Mathieu. Finalement cela s’était plutôt bien passé. Certes, il avait eu très chaud, ses joues rougissant pour un rien et ses mains tremblant d’appréhension, mais Mathieu l’avait juste regardé d’un œil presque uniquement professionnel avant de hocher la tête, de sourire et de déclarer qu’il ne s’était pas trompé.

Thomas avait feint de ne pas comprendre l’allusion et s’était rapidement installé sur le lit, endroit sur lequel voulait le faire poser Mathieu. Au début, il s’était assis, attendant les directives du peintre, puis s’était allongé sur le dos, sur le côté, sur le ventre, selon le bon vouloir de l’artiste. Il n’y avait que quand Mathieu lui avait demandé de se mettre à quatre pattes qu’il avait refusé. Il se serait vraiment senti mal à l’aise dans une telle position. Mathieu avait alors éclaté de rire, lui expliquant que de toute façon ce n’était qu’une plaisanterie. Au bout du compte, Mathieu avait opté pour une position sur le ventre, ce qui rassurait grandement Thomas, après tout, il ne savait pas quel genre d’effet pourrait lui faire le fait d’être nu près de Mathieu tout au long de la journée. Mais son ami n’avait pu s’empêcher de déclarer, uniquement pour une nouvelle fois le mettre mal à l’aise, que de toute façon son client lui avait bien spécifié que c’était surtout de jolies fesses qu’il voulait voir.

Cela faisait donc une semaine que Thomas passait ses journées allongé nu sur le lit, la tête posée sur les bras, la chevelure étalée sur l’oreiller et le derrière bien exposé à Mathieu qui ne dessinait pour l'instant que des croquis. Depuis le temps qu’il avait trouvé la pose, Thomas se demandait vraiment pourquoi il mettait autant de temps à commencer sa toile.

Les journées lui semblaient très longues à rester sans bouger, même si Mathieu lui accordait de temps en temps des pauses histoires qu’il fasse quelques pas et détende ses muscles engourdis. Il s’était finalement très vite habitué à se promener nu près de Mathieu et même si parfois des pensées excitantes lui traversaient l’esprit, il commençait à savoir se contenir. Après tout, Mathieu ne faisait que son métier. C’était de l’art et non pas un acte de perversion. Alors, il profitait de ses heures à ne rien faire pour continuer à améliorer son scénario sur le Capitaine Lewis. Et la nuit venue, il couchait toutes ses idées sur papier, attendant le moment de liberté qui lui permettrait de tout rédiger.

L’après-midi était déjà bien entamée et le soleil entrait à flot par la fenêtre sale. Il faisait chaud dans la pièce, comme dans la rue certainement. En effet, tout le monde semblait s’être abrité chez lui et la rue était étonnement calme. Thomas somnolait presque, le bruit du crayon sur le papier le berçant. Soudainement, la voix de Mathieu brisa le silence.

 

-Thomas ?

-Hum, gémit doucement celui-ci.

-Thomas…

Mathieu posa son fusain avant de reprendre.

-Thomas, j’en ai assez de cette ville.

Thomas redressa soudainement la tête, pas vraiment certain d’avoir bien saisi les paroles de son ami.

-Qu’est-ce que tu as dit ? interrogea-t-il inquiet.

Mathieu soupira.

-Tu as très bien entendu Thomas. J’en ai assez de cette ville, je crois que je vais la quitter.

-Mais, protesta doucement Thomas. Tu m’avais dit que tu ne partirais plus. Tu me l’avais promis !

Mathieu se leva de son tabouret et vint s’asseoir sur le bord du lit, près de Thomas. Ce dernier n’osait plus le regarder, de peur d’être trahi par ses yeux humides. Mathieu lui avait promis…

-Je sais Thomas mais… Je ne supporte pas de rester longtemps au même endroit ! J’ai besoin de bouger ! Le fait que je sois resté aussi longtemps ici relève presque du miracle !

Thomas reposa la tête entre ses bras et ne répondit pas. La chaleur de la pièce lui parut étouffante et l’air irrespirable.

-Thomas, reprit Mathieu. Je veux que tu viennes avec moi. Quittons cette ville tous les deux.

-C’est impossible, murmura Thomas.

-Mais pourquoi ! s’écria Mathieu.

-Je ne veux pas partir en mer.

Sa voix n’était à peine plus qu’un souffle. Soudainement il sentit quelque chose lui remonter du bas du dos jusqu’à la nuque, suivant toute sa colonne vertébrale… La main de Mathieu…

-Et moi, déclara le peintre, je ne veux pas te perdre.

 

La main fut alors remplacée par quelque chose de plus tendre et humide, suivant le même chemin le long de son dos. La langue de Mathieu, réalisa soudainement Thomas.

Le peintre avait pris place au-dessus de lui et désormais lui mordillait la nuque et l’embranchement de celle-ci et de son épaule. Thomas s’aperçut qu’il retenait son souffle, mais ce qu’était en train de faire Mathieu…

Le peintre l’embrassa dans le cou et le long de la mâchoire avant de doucement lui titiller le lobe de l’oreille du bout de la langue. Sentant son excitation monter, Thomas se retourna brusquement, attrapa son ami, le plaqua à ses côtés, dos contre le lit et l’embrassa passionnément.

Enfin, pensa Mathieu, enfin Thomas l’embrassait. Depuis le temps qu’il avait commencé ce petit jeu du chat et de la souris… L’une des mains du jeune écrivain lui caressait langoureusement le dos alors que l’autre s’était perdue dans ses cheveux. C’était délicieux. Thomas changea de position et s’installa sur lui. Il mit fin au baiser et demanda, la tête tendrement enfouit au creux de son épaule, comme s’il n’osait affronter son regard :

-Je ne t’écrase pas trop ?

Mathieu sourit de tant d’attention. Il passa les bras autour du corps nu de Thomas et le serrant fort contre lui, lui murmura à l’oreille :

-Bien sûr que non. Embrasse-moi encore.

Thomas ne se fit pas prier et ses lèvres se posèrent de nouveau sur celles de Mathieu, leurs langues jouant ensembles pendant un bon moment alors que leurs mains touchaient, exploraient, découvraient.

Le jeune peintre était au ciel. Thomas avait une peau encore plus douce et des gestes encore plus adroits que tout ce qu’il avait espéré. Certes, il savait de source sûre que Thomas n’était pas un débutant en la matière mais il attendait tellement de ce moment, et surtout depuis si longtemps. D’habitude, il arrivait à séduire n’importe quel homme en moins de quelques heures, mais il supposait que Thomas et la façon avec laquelle il s’y était attaché avaient beaucoup contribué à ralentir les choses. Enfin maintenant il était quasiment sûr que plus rien ne pourrait les séparer.

Thomas avait commencé à déboutonner sa chemise, embrassant les parties de chair ainsi découvertes.

Mathieu ne put retenir un sourire. Il avait très envie de…

Cédant à son envie, il retourna à son tour Thomas, surpris, dos à plat sur le lit et s’agenouilla entre ses cuisses. Comme il l’avait bien senti, celui-ci avait déjà une érection conséquente et le regardait d’un air oscillant entre l’étonnement et la gêne.

-Mathieu, murmura Thomas d’une voix que l’excitation rendait légèrement haletante.

Le peintre se pencha sur lui et piqua ses lèvres d’un baiser avant de retourner dans sa position initiale, non sans au passage retirer ses lunettes et les poser au pied du lit. Thomas le dévorait du regard, se demandant quelle autre surprise il lui préparait encore. Mathieu lui sourit de façon rassurante et commença à lentement se déshabiller, laissant ses mains glisser langoureusement le long de son corps.

Thomas suivait chaque mouvement avec avidité. Mathieu avait un corps si délicat, si attirant… La façon dont il se caressait le torse en lui souriant doucement… Thomas s’était trompé. Mathieu n’était pas aussi pur et innocent qu’il l’avait cru au premier abord, en se basant juste sur son allure et ses manières.

Mathieu envoya sa chemise à l’autre bout de la pièce et d’une main entreprit de défaire la boucle de sa ceinture tandis que l’autre s’était posé entre ses cuisses, mettant en évidence le fait que lui aussi était déjà très excité. Thomas, ne sachant trop que faire ou comment réagir se contentait de l’observer, les mains croisées sur le ventre.

D’un geste habile le peintre retira sa ceinture qui suivit la même route que la chemise et défit un à un les boutons de son pantalon. Puis il se mit debout sur le lit et d’un geste rapide retira celui ci qui vola à son tour dans un coin.

 

Mathieu était à présent entièrement nu et dominait Thomas de toute sa hauteur. Toujours souriant, il commença à caresser son sexe dressé. Visiblement, c’était plus que Thomas ne pouvait en supporter et à son tour celui-ci se toucha, très lentement. Mathieu se ré-agenouilla, puis posa ses mains sur celles de Thomas, les écartant de leur prise.

-Laisse-moi faire Thomas, lui dit Mathieu d’un ton espiègle.

Il prit dans sa main le sexe du jeune auteur qui poussa un soupir et laissa celle-ci aller et venir de haut en bas alors que l’autre jouait doucement avec les testicules. Après quelques-uns de ces mouvements, Mathieu se pencha plus en avant et du bout de la langue caressa le gland de Thomas, encore et encore.

Celui-ci enfouit les mains dans la chevelure blonde de son ami et le força à aller plus loin. Mathieu prit alors tout le membre durci de Thomas dans la bouche et le suça avidement. Il était décidément physiquement parfait.

Thomas soupirait de plus en plus fort. Mathieu faisait cela de façon tellement efficace, il n’était certainement pas un débutant. Il ne pouvait s’empêcher de garder les yeux ouverts pour voir la bouche tendre du peintre l’engloutir avec délice, le lécher sur toute sa longueur, mordiller avec tendresse la peau de ses testicules. D’eux-mêmes, les reins de Thomas imprimèrent un mouvement de va et vient, accélérant l’allure prise par Mathieu.

Finalement, avant que Thomas ne soit poussé trop loin dans ses limites, Mathieu le relâcha. Le jeune écrivain allait protester vivement quand Mathieu se mit à quatre pattes et, lui tournant le dos, lui annonça d’une voix excitée :

-A toi de t’amuser maintenant.

Thomas ne se fit pas prier. Il se redressa et vient s’agenouiller derrière Mathieu. Dire que pendant aussi longtemps il l’avait pris pour un pauvre agneau innocent alors que Mathieu avait autant envie que lui de faire l’amour. Quel imbécile il avait été de ne pas s’en apercevoir plus tôt et d’avoir été trop timide pour faire le premier pas ! Cependant l’heure n’était plus à la réflexion mais à l’action. Oubliant toute pensée cohérente, Thomas embrassa l’une après l’autre les fesses musclées de Mathieu avant de laisser sa langue glisser entre les deux pour s’insinuer le long des muscles de son sphincter.

Ce fut au tour de Mathieu de pousser un soupir d’extase lorsque Thomas descendit un peu plus bas jusqu’à ses testicules avant de remonter vers son point initial. Il n’avait couché avec personne depuis plusieurs semaines et cela lui manquait vraiment. Mais maintenant qu’il avait Thomas, si beau et si habile, les choses allaient changer. Il ne put retenir un sourire qui se changea en gémissement quand Thomas entreprit d’humecter abondement son anus déjà détendu.

-Vas-y Thomas, ordonna Mathieu.

-Tu es sûr…

 

Mathieu le regarda par-dessus son épaule en lui souriant tel un prédateur. Ses yeux brillaient et un mince filet de sueur coulait sur l’une de ses tempes.

-Mais oui je te dis. J’ai l’habitude.

Thomas tiqua légèrement à cette dernière réflexion mais après tout Mathieu pouvait bien avoir fait ce qu’il voulait de sa vie avant de le rencontrer, cela ne le regardait pas. C’était maintenant qu’il était à lui, ou du moins qu’il le serait dans quelques secondes.

Thomas se cracha dans les mains et lubrifia ainsi son sexe fièrement dressé avant de se positionner entre les cuisses de Mathieu. Ce dernier se tourna une dernière fois vers lui.

-Vas-y ! Vite !

Thomas le pénétra doucement. Il glissa tout d’abord le gland et fit une pause. Apparemment le corps de Mathieu ne se révoltait pas contre son intrusion. Lentement il s’aventura plus en avant. Ce fut un coup de rein de Mathieu qui le fit entrer jusqu’au bout. Thomas ne put retenir un hoquet où se mêlaient surprise et plaisir.

-Mathieu !

-Je t’avais dit vite, fit remarquer le peintre d’une voix enrouée.

Thomas sourit. Décidément il connaissait assez mal son homme ! Il ferma les yeux et apprécia quelques secondes la sensation d’être ainsi prisonnier de son ami. Puis les hanches de Mathieu s’agitèrent sous ses mains de façon à ce que celui-ci se laisser glisser et revienne s’empaler sur la colonne de chair.

-Alors Thomas, qu’est-ce que tu fais ? Ce n’est pas le moment de rêvasser !

L’interpellé raffermit son emprise sur les hanches de son ami, lui glissant occasionnellement une main entre les cuisses, et balança ses reins, d’avant en arrière, de plus en plus vite au fur et à mesure que le plaisir augmentait. Mathieu rejeta la tête vers le haut, ne retenant plus ses soupirs et ses gémissements de plaisir alors que le membre de Thomas en lui l’entraînait de plus en plus vite vers l’orgasme.

Thomas ne se contrôlait désormais plus. Toutes les précautions qu’il avait voulu prendre au début parce que c’était Mathieu avaient été abandonnées, balayées par le plaisir. Il se sentait presque animal. Il accéléra encore la cadence jusqu’à n’en plus pouvoir. Sous lui, Mathieu atteignit le paroxysme du plaisir, criant son nom entre ses soupirs haletants. Son anus se rétractant sous le coup serra le sexe gonflé de Thomas qui a son tour sentit la sensation atteindre son maximum au creux de son ventre et sa semence se déversa en Mathieu.

Ils ne bougèrent plus pendant quelques secondes, chacun tentant de reprendre un peu son souffle. Puis Thomas se retira et tous deux s’allongèrent côte à côte. Mathieu se blottit tendrement dans ses bras, l’embrassant au passage.

-Ca valait le coup d’attendre, chuchota-t-il à l’oreille de Thomas.

Thomas se contenta d’acquiescer d'un hochement de tête. Il resserra son étreinte. Tous deux se nettoyèrent un peu à l’aide du baquet d’eau resté à coté du lit puis se serrèrent l’un contre l’autre et restèrent ainsi pendant quelques minutes avant que Mathieu ne brise le silence.

-Partons Thomas.

Thomas poussa un soupir de dépit. Pourquoi fallait-il que Mathieu mette ça sur le tapis maintenant ?

-Mathieu…

-Tu sais ça te ferait du bien de bouger ! Un artiste à besoin de voir du pays !

-Je ne peux pas.

Mathieu se redressa et le fixa dans les yeux.

-Et pourquoi tu ne veux pas prendre le bateau ? Tu ne sais pas nager ?

Thomas posa une main douce sur le visage du peintre.

-Ca n’a rien à voir… C’est juste que je ne suis pas comme toi, je n’ai pas l’instinct voyageur.

Mathieu laissa échapper son rire cristallin et embrassa tendrement Thomas avec malice avant de répliquer.

-Tu tires de ces conclusions tu sais ! Moi non plus je ne me sentais pas l’âme d’un voyageur avant que mon père ne me foute à la porte ! Et puis finalement, j’y ai vite pris goût ! Viens avec moi et tu verras, ça va te plaire !

Thomas se redressa sur un coude et fixa Mathieu, incrédule. Il n’était pas sûr d’avoir très bien entendu…

-Tu as bien dit que… Ton père t’a foutu à la porte ?

Mathieu acquiesça.

-Mais pourquoi ? Enfin, je veux dire, tu es jeune, beau, brillant, talentueux et toujours de bonne humeur ! Pourquoi est-ce que ton père t’aurait mis à la porte ?

Le jeune peintre éclata de rire.

-C’est tout simple ! Je voulais devenir peintre et il était hors de question que je reprenne l’entreprise familiale que mon père avait héritée de son père, qui l’avait héritée de son père, qui l’avait héritée etc… Et ça il ne l’a pas supporté ! Il m’a dit que je pouvais faire ce métier de fainéant si ça me chantait mais qu’à partir de ce moment là, je ne serais plus son fils ! Alors je suis parti, parce que tout sauf travailler avec lui ! Quelle horreur !

-Que faisait-il ? interrogea Thomas avec méfiance.

-Chaudronnier ! Tu me vois travailler dans une forge un marteau à la main pour faire des chaudrons !

Thomas observa la silhouette frêle et délicate de son ami.

-Non, pas du tout, conclu-t-il.

-Et puis, poursuivit Mathieu, ça m’arrangeait de partir, parce qu’en plus de vouloir faire de moi un chaudronnier, il voulait me faire épouser la fille du maire ! Tous deux avaient comploté ça ensemble. Mon père étant l’artisan le plus prospère du village et le maire l’homme le plus influent, l’union de nos deux familles leur auraient donné un plus fort pouvoir encore, mais me marier avec l’autre, c’était encore plus hors de question que de suivre le métier familial !

-Pourquoi ? Elle était laide à ce point ?

 

Mathieu regarda Thomas en secouant la tête.

-Non, pas du tout ! Bien des gens auraient envié ma position mais… C’était une fille Thomas ! Moi, je ne touche pas à ce genre de chose !

Thomas éclata de rire.

-Tu es incroyable ! s’exclama-t-il.

Mathieu se serra fort contre lui.

-Quand je pense à ce que je suis devenu, d’accord, je ne suis pas célèbre, d’accord, je ne suis pas riche, mais je suis bien près de toi et ça me suffit.

-Mais, tu n’as jamais revu tes parents ? Tu ne regrettes pas ?

-Après ce que j’ai dit à mon père, il est plus prudent pour ma vie que je ne remette pas les pieds dans le coin !

-Tu l’as insulté ?

-Pire ! J’ai dénoncé tout le village ! Ils doivent tous définitivement me haïr là-bas !

-Dénoncé ? interrogea Thomas, sceptique.

Mathieu lui sourit malicieusement.

-Si je te raconte, tu vas mal le prendre !

-Mais non, dis-le moi, insista Thomas, dont la curiosité naturelle avait été piquée.

-Tu es sûr ?

-Oui !

-Tu ne vas pas te fâcher ?

-Je ne vois pas pourquoi je me fâcherais !

-Bon, alors, je te raconte. C’était un beau matin de juillet, tout le village était dans la rue et moi, j’étais en train de quitter la maison, mon carton à dessin sous le bras car j’avais pris la décision de ne jamais être chaudronnier. Bon, je résume, sinon on y est encore demain. Bref, mon père avait voulu m’arrêter, me disant que j’allais gâcher ma vie et patati patata, et qu’en plus, j’allais laisser passer la plus belle chance de ma vie en n’épousant pas Laurie, la fille du maire ! Et puis là, sous le coup de la colère, je lui ai dit que de toute façon, je n’aimais pas les filles, que les garçons étaient beaucoup plus à mon goût ! Et devant la tête qu’il a faite, j’ai continué sur ma lancée en rajoutant que s’il ne me croyait pas, il n’avait qu’à demander au fils du boucher, à celui du maçon, à celui du boulanger, à celui du notaire, à celui de l’instituteur, à celui du maire, le frère de celle que j’aurai du épouser, et même au curé !

Thomas n’en croyait pas ses oreilles.

-Au curé ? 

-Bien sur ! Ils ne sont jamais aussi purs qu’ils le prétendent ! Et celui de notre église était assez jeune et bien… Bâti !

-Mais… Ton père… Tu as exagéré la liste non ?

-Non ! Et déjà j’en ai oublié ! Ne fais pas une tête pareille ! J’avoue que j’avais un certain succès dans ma jeunesse ! Il faut dire que je faisais tout pour…

Mathieu laissa échapper un petit rire avant de poursuivre.

-Tu comprends maintenant pourquoi je n’ai jamais voulu retourner là-bas. Nous étions en pleine rue et tout le monde a entendu mes propos. Je suppose que tous les gens cités ont eu des problèmes par ma faute et qu’ils m’en veulent énormément ! Enfin voilà, maintenant tu comprends pourquoi ça fait dix ans que je me balade à travers le monde sans attache !

-Dix ans ? Mais… Tu es parti de chez toi à quel âge ? Huit ans ? Ca me semble jeune pour tout ce que…

-Quinze ans, le coupa Mathieu. J’avais quinze ans quand je suis parti.

-Mais…

-Thomas ! J’ai vingt-cinq ans !

Ne sachant comment répliquer et sous le choc, Thomas se laissa tomber en arrière, dos contre le matelas.

-Oh bon dieu, murmura-t-il.

Décidément, cette après midi, il allait de surprise en surprise sur le compte de Mathieu. Celui-ci s’allongea sur lui en souriant.

-Je sais, je ne les fais pas, concéda-t-il. On me croit toujours beaucoup plus jeune. C’est souvent assez pratique mais la plupart du temps très gênant.

Il soupira.

-J’espère que ça ne te dérange pas ?

 

Thomas passa les bras autour de son corps et le serra contre lui.

-Non, pas du tout. Je suis juste un peu… Surpris ! Je ne t’aurais jamais cru plus âgé que moi. Je n’aurais non plus jamais cru qu’un village entier t’était passé dessus, ajouta-t-il après une courte pause.

Mathieu fit une petite moue.

-Quand même pas le village entier ! Et puis je ne me suis jamais fait payer pour ça moi au moins !

Thomas se redressa d’un coup, manquant de faire tomber Mathieu au sol.

-Qui t’a dit ça ? interrogea-t-il d’une voix presque outrée.

-Adeline, répondit Mathieu en haussant les épaules. Mais tu sais, ce n’est pas grave ! Je comprends très bien que la nécessité ait…

-Mais comment a-t-elle pu te raconter une chose pareille !

-Pourquoi ? Ce n’est pas vrai ?

-Si, concéda Thomas en baissant les yeux, mais pourquoi a-t-elle…

-C’est moi qui lui ai demandé, le coupa Mathieu. Lorsque nous ne nous connaissions pas encore, je t’avais déjà repéré et je lui avais demandé de me parler de toi et quelles étaient les meilleures façons de t’aborder. Et c’est là qu’elle m’en a parlé. Mais il ne faut pas lui en vouloir, c’est ma faute.

-De toute façon je serais bien incapable de lui en vouloir vu tout ce qu’elle a fait pour moi.

Thomas s’était de nouveau rallongé, ses yeux sombres plongés dans ceux de Mathieu.

-Je ne le ferai plus, murmura-t-il.

-J’y compte bien, répliqua Mathieu. Je suis d’un naturel jaloux !

Le silence suivit, durant quelques secondes, puis Mathieu le brisa.

-Maintenant que je t’ai donné les raisons pour lesquelles je voyageais, il serait légitime que tu me donnes celles pour lesquelles tu refuses de partir.

Thomas soupira.

-C’est aussi à cause de mon père, admit-il.

Mathieu ne fit aucun commentaire mais d’une caresse l’encouragea à poursuivre.

-Il était le plus riche armateur de la région, possédant une flotte de plusieurs navires. J’ai grandi dans une maison comme celles que tu peux voir lorsque tu te tournes vers les grandes propriétés qui se trouvent sur les collines, immense et luxueuse. J’y ai reçu une excellente éducation…

Mathieu lui sourit.

-Je comprends mieux maintenant le fait qu’un va-nu-pieds comme toi sache aussi bien écrire. Je me doutais bien que tu n’avais pas grandi au milieu des ordures et des rats !

Thomas hocha la tête et reprit son récit.

-Mais la malchance, plusieurs navires coulés par les tempêtes ou les pirates, les mauvais investissements, que sais-je encore… En quelques années mon père a tout perdu et s’est retrouvé ruiné. Nous avons vendu tous nos biens pour éponger ses dettes et pour nous faire survivre ma mère et moi, il n’avait plus que qu’une alternative, soit travailler dans les usines qui venaient de se créer au sud de la ville, soit s’engager comme marin sur l’un des vaisseaux qui était autrefois le sien. Il a choisi la mer, qui finalement était sa passion de toujours et il est parti. Mais le bateau n’est jamais rentré. Personne ne sait ce qu’il est devenu, s’il a coulé, ou même ce qu’à pu devenir l’équipage.

Le jeune peintre lui caressa la joue, tentant d’y faire disparaître les signes de tristesse qui venaient de s’y graver.

-Tu sais, mon père n’était pas parfait, mais je crois qu’il a toujours fait de son mieux pour nous faire survivre ma mère et moi. Je ne pense pas qu’il nous aurait abandonnés ainsi. Il a dû mourir quelque part dans l’océan. Mais ma mère n’a jamais voulu accepter cela. Elle avait déjà était très marquée par la vente de ses robes, de ses bijoux, par son exclusion de son club d’amies, par le passage d’une insolente demeure à un minuscule appartement crasseux. A la disparition de mon père, elle a complètement fini de sombrer. Un matin, il y a de cela cinq ans maintenant elle s’est levée très tôt, m’a embrassé et m’a dit qu’elle allait chercher mon père, puis elle est sortie et je ne l’ai jamais revu. Je ne sais pas non plus ce qu’elle est devenue. Peut-être s’est elle jetée dans la mer, peut-être est elle partie sur un navire… Je ne sais pas, je n’ai jamais eu de nouvelles. A partir de ce moment là, j’ai dû apprendre à me débrouiller seul, mais je n’avais pour moi qu’une seule chose, mon éducation. C’est pour cela que je suis devenu écrivain.

Mathieu n’avait pas osé dire un mot ni faire un geste pendant tout le monologue de Thomas, il était tellement rare de l’entendre parler aussi intimement de lui. Quand il eut terminé, il lui caressa le dos d’un geste rassurant.

-La mer t’a tout pris, c’est pour cela que tu ne veux pas partir ?

Thomas pensa au capitaine Lewis et serra Mathieu contre lui.

-Pas tout, murmura-t-il, puisque tu es là.

Mathieu lui sourit tendrement.

-Il ne faut pas que tu passes ton temps à fuir Thomas. La mer peut aussi être une chose merveilleuse. Tu en parles avec tant de passion dans ton roman.

Thomas le regarda, surpris. C’était la première fois que Mathieu lui faisait un commentaire concernant ses écrits.

-Je pense qu’il y a de très belles choses dans ce que tu as fait pour l’instant. Tu as vraiment du talent Thomas mais… Cela manque tout de même d’un certain réalisme. Tu ne sais pas ce que peut être véritablement la vie sur un bateau. Viens avec moi, découvre, apprend. C’est le seul véritable moyen de donner une réelle consistance à ton capitaine Lloyd Lewis.

Entendre ce nom prononcé par Mathieu lui faisait extrêmement bizarre. Il observa le peintre avec intensité.

-Tu le penses vraiment ? interrogea-t-il.

-J’en suis certain, confirma Mathieu d’un vigoureux hochement de tête.

-Je ne sais pas, soupira Thomas.

-Essaie ! le supplia Mathieu. Un voyage, rien qu’un tout petit voyage ! Et si cela ne te plait pas, je te jure que nous rentrerons et que nous resterons ici pour toujours.

Le soleil était maintenant sur le point de se coucher et une lumière rouge avait envahi la pièce. La température commençait elle aussi à baisser, pour le plus grand soulagement des habitants abattus par une journée de canicule. Thomas soupira.

-Mais même si je me décide… Avec quel argent allons nous partir ?

 

Mathieu se retint de sourire. Il avait gagné la partie.

-Tu n’as qu’à vendre ton corps, proposa-t-il.

-Mathieu !

-Je plaisantais ! répliqua-t-il en éclatant de rire. Il me reste un peu d’argent de mes dessins, et puis si je rends la toile blanche et le matériel au marchand, il me remboursera tout ça !

-Mais…Et le nu ! Et ton gros contrat !

Mathieu prit une mine coupable mais espiègle. Il tira la langue à Thomas avant de s’expliquer.

-Ce contrat… Il n’a jamais existé !

-Quoi ! s’exclama Thomas.

-Le contrat et le client n’ont jamais existé !

Thomas se passa une main dans les cheveux. Zut, il ne les avait toujours pas coupés. Mais l’heure n’était pas à ces considérations.

-Ca j’avais bien compris Mathieu, mais pourquoi…

D’un geste impuissant il désigna le matériel entreposé contre le mur. Mathieu lui sourit timidement.

-Pourquoi j’ai monté toute cette mascarade ? C’était pour moi la meilleure excuse pour te voir nu ! Et j’avoue que le résultat a dépassé mes espérances !

Il ne put retenir plus longtemps son fou rire.

-Mathieu ! ragea Thomas. Comment as-tu osé !

-Désolé Thomas, s’excusa Mathieu qui de toute façon n’était pas désolé du tout. Mais c’est la seule idée que j’ai eu pour un peu… Accélérer les choses ! Tu étais vraiment trop coincé ! J’espérais bien que ça marcherait avant que je n’aie plus d’excuse pour ne pas dessiner sur cette toile blanche que finalement je n’avais fait que " louer " ! Et ça a marché !

Thomas le fixait, outré ! Il avait été manipulé sur toute la ligne par ce gamin… Non Mathieu n’était même pas un gamin, il était plus âgé que lui… Par ce type à l’allure d’ange ! Il ne pouvait y croire ! Mais il ne pouvait pas non plus lui en vouloir. Son sourire seul suffisait à le faire succomber…

-Thomas, demanda timidement Mathieu, tu ne m’en veux pas j’espère ?

-Toi… commença Thomas.

Et il se jeta sur lui. Avant que Mathieu n’ait pu réagir, Thomas l’avait immobilisé de tout le poids de son corps et le chatouillait sans répit. Mathieu hurlait de rire, manquant de suffoquer, devenant rouge et des larmes coulant le long de ses joues. Il tentait d’écarter les mains de Thomas qui lui faisait subir ce terrible supplice mais rien à faire, l’autre était vraiment trop fort pour lui. Soudainement, un craquement suivi d’un lourd bruit se firent entendre et tous deux eurent l’impression de descendre brusquement d’un niveau. Thomas avait immédiatement arrêté sa punition.

-Que s’est-il passé ? demanda-t-il d’une voix blanche.

-Je crois, répondit Mathieu en reprenant un peu son souffle, que l’un des pieds du lit vient de casser.

-C’est bien l’impression que ça me fait, confirma le jeune auteur.

Et son ami partit de nouveau d’un énorme éclat de rire ! Avec leurs bêtises, ils avaient réussit à casser le lit ! Thomas ne put lui non plus réprimer un sourire et il se coucha sur le lit désormais fortement bancal à côté de Mathieu.

-Ce n’est pas grave, admit-il finalement. De toute façon, nous aurons bientôt quitté cet endroit.

Le regard amoureux de Mathieu croisa le sien et ils recommencèrent à s’embrasser avec passion.

 

(à suivre...)

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