Partie 2

Hikoichi souffla de dépit. Il venait de finir de dîner et était rapidement remonte dans sa chambre pour s’atteler à un devoir de mathématique fort compliqué qu’on lui avait donné à faire pendant les vacances. Habituellement il s’y prenait toujours au dernier moment pour ces choses là, mais il s’ennuyait tellement depuis quelques semaines que faire ses devoirs paraissaient un moyen comme un autre de passer le temps.

Il posa son crayon sur la feuille quasiment blanche. Il n’y arrivait pas ! Pourquoi leur donner des maths avec des lettres dedans aussi ? Pourtant, il allait bien falloir qu’il le fasse mais… mais il verrait ça plus tard ! Presque inconsciemment, sa main se tendit vers l’un des tiroirs de son bureau, celui contenant la carte de Uozumi. Il avait dû la lire des dizaines de fois depuis qu’il l’avait reçu et c’était à présent presque un réflexe de la regarder lorsque quelque chose le tracassait. Généralement, cela lui faisait un peu de bien… enfin au début. Maintenant, il avait l’impression que ça ne soulignait que plus encore sa solitude. Il n’était quasiment pas sorti des vacances et n’avait même pas joué au basket. C’était bien la première fois depuis qu’il avait commencé le sport qu’il ne jouait pas pendant une aussi longue période. Mais il ne se sentait pas motivé, pas dans l’ambiance…

Il allait pourtant encore une fois sortir la carte d’entre les livres où il l’avait précieusement cachée lorsque la voix de sa mère l’appela.

-Hikoichi, tu peux descendre cinq minutes ?

-Pourquoi ? demanda-t-il d une voix agacée.

Il n’était pas dans ses habitudes de s’énerver après les gens mais en ce moment il se sentait constamment sur les nerfs. Ses parents s’en étaient aperçu et avaient tenté d’y trouver une explication ou de le distraire mais sans résultat probant… Ils avaient finalement mis ça sur le compte d’une quelconque crise d’adolescence.

-Descends je te dis ! répliqua sa mère.

Hikoichi soupira en se levant de sa chaise. D’un pas traînant, il descendit les escaliers pour trouver sa mère près de la porte d’entrée… porte d’ailleurs ouverte… et laissant appaître la silhouette massive de Uozumi !

-Salut, lui lança tout simplement le géant avec un petit signe de la main.

Hikoichi sentit son cœur s’emballer et un sourire incontrôlable se plaquer sur son visage. Il dévala les dernières marches au pas de course et se planta devant son capitaine, ne sachant finalement plus que faire. Il avait l’envie quasi incontrôlable de le serrer dans sa bras mais avec sa mère juste à côté, cela aurait été plutôt mal venu.

-Mais… qu’est-ce que tu fais là ? interrogea-t-il alors simplement, sa surprise au moins aussi grande que son enthousiasme. Je pensais que tu ne rentrais que dans trois ou quatre jours !

Uozumi haussa les épaules.

-Bah, mes parents ont fini comme toujours par se disputer avec grand-mère alors nous sommes rentré plus tôt ! Je me demande bien pourquoi on persiste à y retourner toujours alors que ça finit à tous les coups de la même façon !

-J’en suis bien content ! s’exclama Hikoichi.

Puis il réalisa ce qu’il venait de dire.

-Enfin… euh… bafouilla-t-il, je veux dire que je suis bien content de te voir rentré, pas que vous vous soyez disputer avec ta grand-mère et tout ça quoi !

Uozumi lui sourit.

-Attends-moi cinq secondes ! s’écria soudainement Hikoichi.

Son capitaine n’eut même pas le temps de hocher la tête qu’il avait bondit dans la penderie pour en sortir une veste puis enfilait en toute urgence ses chaussures.

-Maman, je vais faire un tour ! hurla-t-il à sa mère entre temps retournée dans sa cuisine.

-Ou vas-tu ?

-Juste me promener.

-Dis, tu as vu l’heure qu’il est ! s’exclama-t-elle en revenant dans le hall.

Hikoichi haussa les épaules.

-Et alors ? Je suis avec Uozumi, on ne risque pas de se faire attaquer !

Madame Aida détailla le géant et soupira.

-Bon, d’accord, mais ne rentre pas trop tard !

-Promis !

Avant qu’elle ne change d’avis, il attrapa Uozumi par le bras et le guida à l’extérieur, refermant bruyamment la porte derrière eux.

Ils marchèrent quelques secondes, côte à côte, dans le silence le plus total. Puis Uozumi demanda :

-Où va-t-on ?

Hikoichi passa une main dans ses cheveux courts.

-A vrai dire… J’en sais rien ! J’avais juste envie de me balader un peu avec toi… Oh mais au fait j’y pense ! Je t’impose ça sans même te demander ! Tu avais peut être prévu autre chose ou tu voulais rentrer chez toi ou…

Uozumi éclata de rire. Comme il était heureux de retrouver Hikoichi et son incessant babillage !

-Ca va, ça va, calme-toi ! Je n’avais rien de prévu et je suis même plutôt content de ton idée !

-C’est vrai ? interrogea son compagnon, un sourire mal contenu aux lèvres.

-Mais bien sûr !

Hikoichi hocha la tête de satisfaction.

Ils continuèrent encore un peu leur chemin, sans parler, laissant leurs pas seuls les guider. Ils se contentaient de goûter au bonheur simple de s’être retrouvé, après toutes ces semaines loin l’un de l’autre. Ils n’avaient pas besoin de se demander s’ils avaient passé de bonnes vacances, les cartes qu’ils s’étaient envoyés leur prouvant suffisamment que ça n’avait pas été le cas.

Finalement, comme toujours, ils se retrouvèrent sur la plage, face à la mer. A cette heure ci, elle était complètement déserte, très sombre, simplement éclairé par le reflet de la lune sur l’eau et le sable blanc et la lumière intermittente du phare, plus loin. Il se plantèrent quelques secondes sur le rivage, à écouter le bruit des vagues.

-Tu veux continuer un peu à marcher ? demanda soudainement Uozumi, faisant sursauter un Hikoichi, tout à ses rêveries.

Ce dernier opina et ils prirent alors la direction du phare.

Hikoichi n’avait jamais été aussi conscient de la présence de Uozumi à ses côtés, comme si celui-ci était devenu le seul élément important de son univers. Il sentait une sorte d’angoisse lui torturer le cœur. D’une certaine façon, il était heureux de se retrouver là, seul en compagnie de son capitaine qui lui avait tant manqué, partageant avec lui un moment de calme et d’intimité, mais d’un autre côté, il se demandait ce qu’il devait faire, comment agir ? Il ne s’était jamais senti aussi impuissant et pataud qu’à cet instant. Il avait l’impression qu’il devait faire quelque chose, et il voulait faire quelque chose, mais il ne savait pas quoi… enfin il avait bien une vague idée mais il n’osait même pas se la formuler, alors pour après la mettre en pratique…

Avant qu’il s’en soit aperçu, ils avaient parcouru toute la distance jusqu’à la jetée sur laquelle se dressait le phare. Ils restèrent là quelques secondes puis Uozumi entreprit l’escalade des rochers. Il se hissa jusqu’à mi-hauteur puis se retourna pour s’assurer qu’Hikoichi le suivait bien. Celui ci était bien grimpé sur les premières roches basses mais par la suite, la taille des pierres augmentant de façon plus que conséquente, il ne parvenait pas à trouver de prise sure. Uozumi soupira. Il oubliait toujours que les autres ne bénéficiaient pas de son corps gigantesque. Assurant sa prise, il se pencha en avant et tendit la main à son jeune compagnon. Ce dernier le remercia d’un sourire et se mit sur la pointe des pieds pour l’attraper. Puis il se laissa remonter jusqu’au niveau de son capitaine.

Uozumi l’aida ensuite à escalader tout le reste jusqu’au sommet. Pendant tout ce temps, il n’avait pas lâché sa main et maintenant qu’ils se retrouvaient en terrain plat, sans plus aucune excuse valable, il n’avait pas plus envie de l’abandonner. Et puisque après tout Hikoichi n’avait pas l’air de s’en formaliser…

C’est donc main dans la main qu’ils avancèrent jusqu’au bout de la jetée où ils s’assirent, les vagues se brisant à quelques mètres sous leurs pieds.

Bizarrement, alors qu’habituellement rester inactif ennuyait au plus haut point Uozumi, il n’éprouvait qu’une sorte de paix béate à rester là sans bouger, à regarder la mer. Cela était bien sûr dû à la présence de Hikoichi, à la chaleur de sa main dans la sienne… Comment avait-il pu survivre aussi longtemps sans l’avoir à ses côtés ?

Il ne pouvait dire combien de temps il restèrent simplement assis sans oser parler ou même se regarder, de très longues minutes en tout cas, au vu de la lune qui s’élevait toujours plus haut dans le ciel constellé d’étoiles, jusqu’à ce que la température se soit en tout cas assez rafraîchit pour arracher un frisson à Hikoichi.

-Tu as froid ? interrogea doucement Uozumi.

-Un peu, avoua son compagnon, les yeux baissés.

Uozumi réfléchit quelques secondes. Il n’avait pas envie de déjà rentrer, il se sentait si bien… juste encore quelques petites minutes de plus avec Hikoichi, ce n’était pas trop demander après une si longue séparation.

A regret, il abandonna la main de son jeune équipier pour passer le bras autour de ses frêles épaules et l’attirer tout contre lui. Hikoichi lui jeta tout d’abord un regard étonné puis blottit sa tête contre le large torse en rougissant légèrement. Il osa même glisser un bras autour de la taille de son capitaine.

-Ca va mieux ? demanda ce dernier, la voix un peu enrouée par le trouble d’une telle proximité.

Hikoichi hocha la tête. Il avait fermé les yeux.

Mais même cela ne suffit pas à lutter contre le froid de la nuit et quelques minutes plus tard, ils durent se résoudre, bien à contrecœur, à quitter les lieux. Hikoichi reglissa sa main dans celle de Uozumi et ce dernier l’aida à redescendre au bord de l’eau. Alors qu’ils arrivaient aux bas rochers, Hikoichi dérapa et s’étala de tout son sur la plage. Uozumi sentit son cœur s’emballer, et s’il s’était blessé ? Mais le grognement furieux de Hikoichi, la bouche pleine de sable, le rassura immédiatement et il éclata de rire.

-Et ça t’amuse ? s’écria Hikoichi en s’essuyant le visage.

Uozumi se mordit la lèvres inférieure pour se calmer, bien peu efficacement d’ailleurs… Il tendit la main à Hikoichi pour l’aider à se relever. Ce dernier cracha pour se débarrasser du sable qu’il était sur le point d’avaler.

-Ce que tu peux être maladroit parfois ! s’exclama Uozumi, la voix encore tremblante de rire.

Hikoichi ne répondit pas et se contenta se prendre la main qu’on lui offrait. Il fut rapidement debout mais son autre main, dans laquelle il gardait précieusement une poignée de sable, vint s’écraser contre le bas du visage de Uozumi.

-Ca t’apprendra à te fiche de moi ! répliqua-t-il, hilare.

Abasourdi, Uozumi se frotta la bouche pour se débarrasser du sable qui s’y était collé. Il avait osé !

-Espèce de petite peste, grogna-t-il, tu vas me le payer !

Il se jeta sur Hikoichi qui esquiva l’attaque et s’enfuit à toute jambe, son rire couvrant même le bruit des vagues. Uozumi s’élança à sa poursuite.

Contre toute attente, il n’eut pas trop de mal à le rattraper et le plaqua au sol. Hikoichi tenta de ramper pour se dégager mais le géant le tenait fermement. Il se retourna alors pour le repousser de ses mains mais Uozumi l’attrapa par les poignets et le maintint fermement au sol, sans aucune possibilité de se débattre. Hikoichi devait bien admettre qu’il ne faisait pas le poids mais pourtant il ne pouvait stopper le fou rire qui l’avait assailli.

-Et maintenant tu fais quoi hein ? Tu veux manger du sable ?

-Arrête Uozumi ! J’abandonne ! J’abandonne ! Tu as gagné ! articula-t-il entre deux éclats.

-Je croyais pourtant que ça motivait pour courir vite d’avoir un type comme moi aux talons hein ?

Hikoichi arrêta de rire.

-Idiot, murmura-t-il.

Il dégagea ses poignets de l’étreinte relâchée de son capitaine pour passer les bras autours de son cou et l’attirer tout contre lui. Uozumi se laissa guider et posa la tête sur la poitrine de son ami, tout contre son cœur. Il battait vite, de la course sans doute… et peut être d’autre chose. Uozumi n’aurait pu le dire mais en tout cas il l’espérait. Il ferma les yeux lorsque les doigts de Hikoichi commencèrent à caresser sa chevelure. Il aurait voulu rester ainsi éternellement.

Hikoichi savait qu’il se laissait aller, qu’il ne devrait pas avoir de tels gestes envers son capitaine mais il ne pouvait empêcher ses mains de se glisser dans les mèches brunes et d’ailleurs il n’en avait aucune envie. C’était si bon de le tenir ainsi tout contre soi, de le sentir à l’abandon dans ses bras, de savoir qu’il partageait la même satisfaction, le même plaisir... Pourtant, en temps normal, la position était loin d’être la plus confortable qu’il ait connu, le sable était froid dans son dos et le poids de Uozumi l’écrasait un peu, l’empêchant de respirer avec aisance, mais peu importait, c’était ainsi qu’il était heureux.

Mais le temps passait et cette fois ci, il était réellement plus que l’heure pour lui de rentrer. Il avait déjà traîner plus qu’il n’aurait dû et sa mère allait être furieuse. Sans un mot, les deux garçon se relevèrent. Main dans la main, ils arpentèrent les rues désertes et silencieuses, simplement troublées par le chant entêtant des grillons. Uozumi raccompagna Hikoichi jusque chez lui. Comme ce dernier s’en était douté, tout était éteint dans la maison, ses parents ayant dû aller se coucher depuis longtemps.

-Bon, te voilà à destination, chuchota Uozumi.

Hikoichi hocha la tête.

-On se voit demain ? enchaîna-t-il.

Le capitaine de Ryonan lui sourit.

-Bien sûr ! Un petit entraînement ?

Hikoichi opina avec enthousiasme.

-Ca fait tellement longtemps que je n’ai pas touché un ballon que je ne suis plus sûr de savoir jouer !

-Bah, je suis certain que tu vas très bien te débrouiller.

Hikoichi baissa la tête en rougissant.

-Merci Uozumi.

-Hikoichi ?

-Oui ?

-J’aimerai que tu m’appelles Jun… C’est vrai que t’appelles toujours par ton prénom mais toi…

Il leva un bras dans un geste vague et Hikoichi sourit.

-D’accord… Jun !

Le cœur d’Uozumi fit un nouveau bond dans sa poitrine. Cela faisait tellement longtemps qu’il avait envie d’entendre son prénom prononcé par la voix de Hikoichi. C’était comme si une nouvelle étape venait d’être franchie dans leur relation.

-Bon, alors je te téléphone demain pour te dire à quelle heure je passe. Vu l’heure qu’il est déjà, je ne me sens pas d’attaque pour un entraînement matinal.

-D’accord, j’attends ton appel.

-Et bien à demain Hikoichi.

-A demain Jun.

Uozumi serra une dernière fois la main de Hikoichi dans la sienne puis la laissa s’échapper avec peine. Il lui adressa un dernier petit signe et disparut dans les rues étroites.

Hikoichi s’appuya contre le mur de son jardin en souriant. Il avait encore l’impression de sentir le corps de Uozumi contre le sien, de sentir sa main autour de la sienne… Ca avait été le plus beau soir de toute sa vie. Il avait hâte d’être au lendemain et de revoir Uozumi. Peut être que cette fois ci, ils… Il secoua la tête en rougissant.

Avec précaution, il ouvrit la porte d’entrée et remonta dans sa chambre sur la pointe de pieds…

****************

Le lendemain comme promis, Uozumi lui téléphona mais ils ne purent se voir. Maman Aida avait considéré que son rejeton était rentré trop tard la veille et l’avait puni en le consignant pour toute la journée à la maison. Hikoichi sentit la déception dans la voix de Uozumi à l’annonce de la nouvelle mais ils se donnèrent rendez-vous pour le jour suivant.

Ce fut une journée comme toutes celles qu’ils avaient passées à s’entraîner ensemble auparavant, une excellente journée en somme tout mais rien de comparable à ce qui avait pu se produire entre eux deux jours avant. A la joie de se retrouver avait simplement succéder le bonheur d’être ensemble et cela leur suffisait. Ils n’avaient rien perdu de leur basket et reprirent l’entraînement là où ils l’avaient laissé, Uozumi donnant des conseils et Hikoichi notant tout dans son cahier pour mieux travailler par la suite ses points faibles. La fin des vacances passa à une vitesse folle et à trois jours seulement de la rentrée, tous deux s’aperçurent qu’ils leur restaient encore un monceau de devoirs à terminer. Ils décidèrent alors, bien à regret, de ne plus se voir pendant ce laps de temps, pour que chacun finissent ses taches.

*******************

La veille de la rentrée, Hikoichi réalisa qu’il avait oublié d’acheter un livre pour son cours de littérature japonaise, le premier cours du lendemain et, pire que tout, il était censé avoir lu les trois premiers chapitres ! Comment une chose pareille avait-elle pu lui sortir de la tête ? Oh, en fait, il savait parfaitement comment ! Depuis quelques temps, il n’avait plus que Uozumi à l’esprit et tout le reste semblait rentrer par l’une de ses grandes oreilles décollées pour ressortir par l’autre. Par exemple la veille, il avait bien tenté de terminer ce maudit devoir de maths sur lequel il traînait depuis des semaines mais dans l’incapacité de se concentrer, il avait téléphoné à Uozumi, espérant que s’ils échangeaient quelques mots, son esprit serait par la suite en paix. Peine perdue dans la mesure où ils avaient passé le reste de l’après-midi à papoter, Uozumi paraissant aussi peu motivé que lui par une plongée dans le monde merveilleux des travaux scolaires.

N’empêche qu’il n’avait désormais plus le choix, il lui fallait ce bouquin et il le lui fallait vite ! Vérifiant l’état de son porte-monnaie, il descendit les escaliers jusqu’au hall. Parfait, sa mère était occupée dans la cuisine… Il préférait qu’elle ne le voit pas sortir, s’imaginant déjà les remontrances qu’il aurait à subir si elle apprenait qu’il avait négligé ses leçons. Discrètement, il enfila ses chaussures et ouvrit la porte d’entrée.

-Hikoichi ! ! ! ! Où comptes-tu filer comme ça ?

L’interpellé se sentit virer à l’écarlate. Mais comment avait-elle plu l’entendre ? Il avait pourtant été on ne peut plus silencieux ! Les mères devaient vraiment avoir un sixième sens pour tout ce qui touchait aux âneries de leur progéniture…

-Euh… En fait…

-J’espère que tu n’avais tout de même l’intention d’aller jouer au basket une veille de rentrée alors que tu n’as rien fichu des vacances n’est-ce pas ?

Hikoichi secoua la tête avec véhémence.

-Non, non, non ! Pas du tout !

Elle l’examina et déduisit que puisqu’il n’était pas en tenue de sport, il devait pour cette fois dire la vérité.

-Alors, s’il te plait, Hikoichi Aida, peux-tu me dire où tu comptais te rendre de façon aussi discrète ?

Il baissa la tête et bafouilla d’une petite voix presque inaudible :

-Ben… en fait… c’est pour un cours… j’ai besoin d’un livre et…

-Et c’est maintenant que tu t’y prends ?

-…

Sa mère soupira et plaça ses mains sur ses hanches, prenant une pose qui se voulait menaçante.

-Je devrais peut-être t’interdire le basket, tu n’as plus que ça en tête en ce moment et tu négliges un peu trop le reste !

Hikoichi laissa échapper un cri d’horreur et se jeta aux pieds de sa mère.

-Noooon ! Pitié ! Promis ! Maman ! Je vais faire attention ! Maman s’il te plait tout sauf çaaaaaaaaa ! ! ! ! ! !

Elle cacha un sourire et lui tourna le dos, reprenant le chemin de la cuisine.

-Bon, ça va pour cette fois, mais c’est la dernière fois ! Tu es prévenu maintenant…

-Oui, oui, j’en prends bonne note ! Merci maman !

Poussant un soupir de soulagement, il se releva et sortit enfin de chez lui.

***************

Hikoichi regarda sa montre. Cela faisait maintenant plus de deux heures qu’il tournait dans toute la ville ! Impossible de mettre la main sur ce maudit bouquin ! Toutes les librairies étaient en rupture de stock, à croire de tous les lycéens du coin avaient reçu les mêmes devoirs de vacances ! Il soupira et prit la direction de la gare. Bon, et bien puisqu’il n’avait pas d’autre solution, il allait prendre le train jusqu’au plus grand centre commercial de la région, là au moins il aurait peut-être une maigre chance de trouver ce satané livre !

****************

Malheureusement pour lui, même l’immense librairie avait été dévalisée. Il s’était tapé une demi-heure de train pour rien. Sans compter sa mère qui allait encore l’enguirlander… De dépit, il se laissa tomber sur l’un des bancs bordant le parc face au centre. Il soupira et se passa une main dans les cheveux. Quelle journée pourrie ! Dire qu’il aurait pu passer tout ce temps perdu avec Uozumi !

Une voix s’élevant juste derrière lui et brisant ses pensées, le fit sursauter.

-Aida ?

Hikoichi se retourna le cœur battant. Il avait l’impression de connaître cette voix mais qui…

Il ouvrit de grands yeux étonnés.

-Fujima ? Kenji Fujima ?

Le coach de Shôyô lui sourit et s’assit à côté de lui.

-Salut Aida ! Il me semblait bien que c’était toi ! Qu’est ce que tu fais dans le coin ?

Hikoichi haussa les épaules avec une grimace.

-Bah, j’étais à la recherche d’un bouquin pour un cours demain mais impossible de mettre la main dessus ! Tant pis, je me débrouillerai autrement…

-Quel bouquin ?

Hikoichi lui donna le titre et le sourire de Fujima s’élargit plus encore, faisant briller ses yeux bleus.

-Je l’ai moi ce bouquin, je l’ai étudié lorsque j’étais en première année. Si tu veux, je peux te le filer, j’habite à deux pas d’ici !

Hikoichi hésita quelques secondes, se demandant si Fujima se fichait de lui ou pas… Il ne pouvait croire à sa chance ! Puis il se retint de se cogner la tête contre le dossier du banc. Quel idiot, il n’avait même pas pensé à demander à Uozumi ! Cela aurait pourtant été un bon prétexte pour passer le voir ! Enfin il n’allait pas gâcher une aussi belle occasion d’obtenir cette saleté de livre dont il se doutait déjà qu’il allait le détester…

-C’est vrai ?

Fujima hocha la tête.

-Merci ! ! ! ! Merci ! ! ! ! Je t’en serai éternellement reconnaissant ! ! ! !

Kenji lui tapota l’épaule.

-Allons, allons, du calme, moi il ne me sert à rien et toi ça te rend service !

Puis il se leva du banc.

-Alors, on y va ? ajouta-t-il.

Hikoichi bondit, un immense sourire aux lèvres, et suivit Fujima.

Ils arrivèrent à l’appartement de ce dernier quelques minutes plus tard. Il n’était pas bien grand mais propre, bien entretenu, et surtout désert.

-Tu habites seul ? interrogea Hikoichi.

Fujima secoua la tête.

-Non, mais je ne sais pas où est passé le reste de ma famille. Sans doute à faire des courses. Viens, ma chambre est par-là.

Il l’emmena au bout d’un couloir et ouvrit la porte sur une petite pièce simplement meublée d’un lit, de quelques étagères couvertes de livres et d’un bureau. Sur les murs, quelques affiches de basketteurs…

-Tu veux boire quelques chose ? proposa Fujima.

-Volontiers.

-Bon, je ne dois avoir que de l’Aquarius au frigo, ça te va ?

Hikoichi opina.

-C’est parfait ! (nda : je suis traumatisée depuis que je me suis aperçue dans le volume 9 que Sendoh buvait de l’Aquarius… Je sais pas si vous avez déjà goûté, mais moi oui et c’est absolument déééééégguuuuuueeeeeeeeeuuuuuu grave, mais graaaave hein, je crois que j ai rarement bu un truc aussi mauvais ! ! !)

-Assieds-toi, je reviens tout de suite.

Il disparut dans le couloir et Hikoichi prit place sur le lit, l’unique chaise de la chambre étant encombrée de vêtements. Au-dessus d’une petite table de nuit était accroché un tableau en liège sur lequel étaient épinglées quelques photographies. Ne pouvant restreindre sa curiosité naturelle, Hikoichi se pencha pour les examiner. Des gens, toujours les mêmes, pris sur le vif lors d’occasions quelconques… Des clichés de famille certainement, personne que Hikoichi ne puisse reconnaître sauf… sauf une unique photographie, accrochée dans le coin inférieur, sans doute pour qu’on puisse la voir avec la tête sur l’oreiller, un visage que Hikoichi avait déjà vu, un basketteur qu’il avait déjà croisé, Tohru Hanagata bien évidemment.

Il sentit ses joues d’empourprer.

La porte s’ouvrit soudainement, le faisant sursauter. Il se redressa brusquement, gêné d’avoir ainsi été surpris en flagrant délit d’indiscrétion. Mais Fujima ne sembla pas s’en offusquer. Il lui souriait toujours, tenant à deux mains un plateau où étaient posés deux verres pleins.

-Voilà, sers-toi !

Hikoichi prit un verre en bredouillant un petit " merci ", n’osant croiser le regard de son hôte.

Le coach de Shôyô posa ensuite le plateau sur son bureau et s’avança vers ses étagères.

-Alors… Où j’ai bien pu le ranger… marmonna-t-il.

Hikoichi croisa ses mains sur son verre. Et s’il osait…

-Ah, le voilà ! s’exclama subitement Fujima, brandissant à la main un petit livre vert.

Il le tendit à Hikoichi qui le prit machinalement, le regard toujours baissé, et le posa avec son verre sur la table de nuit.

-Si tu veux, poursuivit Kenji, je dois encore avoir mes notes dessus, ça pourrait… Aida ? Aida, quelque chose ne va pas ?

Hikoichi prit une brusque inspiration et, plus rouge que jamais, d’une voix précipitée comme s’il devait sortir sa phrase avant de perdre son courage, s’écria :

-Fujima, j’aimerai te demander quelque chose !

Kenji haussa un sourcil. Qu’est-ce que l’autre pouvait bien avoir à lui demander pour se mettre dans un tel état ?

-De quoi s’agit-il, Aida ?

Ce dernier se tordit les doigts nerveusement.

-C’est… au sujet de… Hanagata et toi !

-Ah…

Hikoichi leva timidement la tête pour observer la réaction de son hôte. Celui ci avait prit appui sur son bureau et l’observait un sourire presque narquois aux lèvres.

-Et, demanda-t-il d’une voix à présent glaciale, qu’est-ce que tu veux savoir au sujet de Hanagata et moi ?

Hikoichi ne s’était jamais sentit aussi mal à l’aise de sa vie. Il avait l’énorme envie de devenir microscopique pour s’échapper en toute discrétion de ce bourbier dans lequel il était en train de se fourrer. Mais bon puisqu’il y était déjà enfoncé jusqu’au cou…

-Ben… enfin on raconte… lui et toi… enfin je sais que vous êtes tous les deux des garçons mais…

-Et alors, ça te pose un problème ? lâcha Kenji d’un ton agressif.

Hikoichi s’agita dans tous les sens.

-Non, non, non ! ! ! C’est pas ça du tout ! ! ! Mais c’est que… enfin je… pour savoir si… parce que… Enfin je…

Fujima soupira. Il savait parfaitement que des bruits courraient sur Tohru et lui mais c’était bien la première fois qu’on osait lui poser directement la question et il s’était senti déstabilisé, attaqué. D’un autre côté, Aida ne semblait pas le genre à faire des ragots ou à proférer des insultes alors qu’est ce qui pouvait le préoccuper au point de se laisser aller à ce type d’indiscrétion ?

Tandis que le joueur de Ryônan poursuivait ses bouts de phrases sans queue ni tête, Fujima vira les vêtements de sa chaise et fit rouler celle-ci jusqu’en face de Hikoichi. Il s’y assit et attrapa une main qui s’agitait en l’air. Cela eut pour effet le silence soudain et absolu de son invité.

-Aida, Aida, Aida, tu vas te calmer, respirer bien fort et me dire ce qui te tracasse !

Hikoichi piqua un nouveau fard.

Fujima se dit qu’il allait devoir prendre les choses en main s’il voulait lui tirer les vers du nez. Puisque Aida avait opté pour la méthode directe, autant continuer sur le même ton.

-Tu as un petit ami ?

Hikoichi secoua sa main libre en tout sens.

-Non, non, non ! ! ! Pas du tout ! C’est pas mon petit ami ! ! ! !

-Mais tu as rencontré un garçon qui te plait bien c’est ça ?

Le mutisme de Hikoichi lui fit comprendre qu’il avait touché juste. Amicalement, il lui caressa les cheveux. Et dire qu’il s’était senti agressé alors que le gamin cherchait juste un peu d’aide face à des sentiments qu’il avait encore du mal à accepter.

-Tu sais, ça n’a rien de catastrophique. Ce n’est pas sale ou dégradant ou quoique ce soit d’autre. Je devais être un peu plus jeune que toi lorsque j’ai rencontré Tohru pour la première fois et je suis très vite tombé amoureux de lui… Et lui réciproquement d’ailleurs !

Hikoichi leva timidement les yeux.

-Vraiment ?

Fujima opina en lui adressant son sourire le plus apaisant.

-Bien sûr. Nous venions tous deux d’entrer en première année à Shôyô…

Et Fujima lui compta la totalité de son histoire avec Hanagata. Même si en de nombreux point elle différait de ce que Hikoichi vivait avec Uozumi, celui ci se sentit rassuré, moins seul d’une certaine façon, plus apte aussi à accepter de que lui dictait son cœur. (pda [Pub de l’auteur] : toi aussi tu veux connaître l’histoire de Fujima et Hanagata ? Alors n’hésite pas à lire " Roman d’amitié 2 : Kenji and Tohru series " disponible euh… ben dès que l’auteur l’aura écrite ^^;;)

-Ca va mieux ? lui demanda finalement et presque tendrement Fujima.

Hikoichi hocha doucement la tête.

-Oui, je crois… J’avais… J’avais presque honte des pensées que je pouvais avoir et, enfin, je ne savais pas trop comment agir tu vois mais, maintenant je pense que ça devrait aller ! Merci !

-Tout le plaisir est pour moi voyons ! Et si tu as encore la moindre question sur… hum… n’importe quel point… n’hésite pas à passer ou à m’appeler surtout !

Hikoichi reprit son habituel sourire enthousiaste.

-D’accord ! Merci encore !

Fujima le regarda avec amusement. Ce Aida était souvent bizarre mais en tout cas fort sympathique. Et cette fougue qu’il mettait dans tout ce qu’il faisait…

-Tu es vraiment amoureux hein ? lâcha-t-il soudainement.

Hikoichi revira sur le rouge (nda : j’en ai marre qu’il rougisse pour un rien celui là, je sais même plus quelle expression utiliser ! ! !) et bafouilla de façon presque inaudible :

-Et bien… oui… je pense vraiment que oui !

Le coach de Shôyô sourit et lui prit la main.

-Alors c’est une très bonne chose. Et lui, tu sais ce qu’il ressent ?

-Je… Je crois qu’il m’aime bien aussi !

-Il te l’a dit ?

Hikoichi secoua la tête.

-Non mais… enfin l’autre jour, lorsqu’il m’a raccompagné, nous étions main dans la main alors...

Fujima roula de grands yeux.

-Vous êtes rentré main dans la main et il ne t’a même pas embrassé sur le pas de la porte ?

Hikoichi cacha son visage entre ses mains.

-Non…

-Et ben, il doit être bien coincé aussi ton cher et tendre !

-Non ! C’est juste que Jun est…

Fujima l’arrêta d’un geste de la main, les sourcils froncés.

-Attends, attends, attends… Jun… Quand même pas comme… Jun Uozumi, non ?

Pour au moins la deux cent cinquantième fois depuis qu’il était entré dans cet appartement, Hikoichi aurait voulu disparaître entre deux lattes du plancher.

-Si, bredouilla-t-il.

Fujima retint un éclat de rire.

-Si je m’étais attendu à ça ! J’en reviens pas ! Jun Uozumi ! Quand je raconterai ça à Tohru…

-Hey, tu ne vas tout de même pas tout lui raconter !

Kenji lui posa une main rassurante sur le bras.

-Bien sûr que si, nous n’avons aucun secret l’un pour l’autre… C’est une excellente chose crois-moi.

Hikoichi fit une petite moue.

-Vraiment ?

-Tu peux me faire confiance. Sois toujours honnête avec celui que tu aimes.

-J’en prends note !

-Et s’il est timide… Prends des initiatives !

-J’en prends aussi bonne…Hey ! Tu crois peux être que c’est facile ?

Fujima haussa les épaules.

-Bien sûr, il suffit de… laisser parler ton instinct, tes désirs ! Si vous vous baladez déjà enlacés, ça ne devrait pas poser trop de problème !

Hikoichi garda le silence quelques secondes avant de déclarer :

-Bon, il se fait tard, je dois y aller…

-D’accord, tu sais retourner à la gare d’ici ?

Il hocha la tête.

-Oui, je pense que ça devrait aller ! Et tout cas, merci, pour le livre et… pour tout le reste.

Fujima le raccompagna jusqu’à la porte d’entrée, une main sur son épaule.

-Pas de problème, c’est quand tu veux que tu me recontactes ! Et surtout tu me tiens au courant hein ?

Hikoichi lui adressa un large sourire.

-D’accord ! C’est promis.

-Alors bonne chance !

Et il referma la porte. Ouf, il n’avait pas gaffé. Il attendit quelques instants pour être sûr qu’Hikoichi se soit éloigné et libéra enfin le fou rire qu’il tentait de retenir depuis un moment. Jun Uozumi et Hikoichi Aida ! C’était vraiment la meilleure de l’année celle là ! Essuyant les larmes qui perlaient de ses yeux bleus, il tenta de les imaginer dans les bras l’un de l’autre, ce devait être assez cocasse ! Puis il repensa à l’expression de Hikoichi lorsqu’il parlait de Uozumi. Oui, il y tenait vraiment beaucoup… Son rire se calma instantanément. Finalement, ils devaient être bien mignons ensemble…

***************

Son livre sous le bras, Hikoichi revint chez lui au crépuscule, les conseils de Fujima se bousculant dans sa tête. Prendre des initiatives... Oui mais comment ? Il hésita à passer chez Uozumi mais se dit qu’il n’était pas encore prêt et qu’après tout, il avait encore trois chapitres à lire pour le lendemain… Il avait voulu commencer dans le train mais son esprit avait préféré vagabonder sur ce qui pourrait arriver dans les prochaines semaines. De toute façon, il aurait bien d’autres occasions de prendre des initiatives…

Mais cette journée avait déjà été en soi une grande victoire, il avait enfin osé s’avouer qu’il était tombé amoureux de son capitaine.

****************

Finalement les cours reprirent ainsi que l’habituel train-train d’avant les vacances. Toute la journée des cours et le soir entraînement avec l’équipe de Ryônan. La première semaine parut ne pas passer à Hikoichi. Après avoir vu Uozumi presque tous les jours lors des derniers moments de congé, il se demandait réellement quand est-ce qu’ils allaient enfin pouvoir de nouveau se retrouver seuls tous les deux.

Mais le vendredi soir, après l’entraînement, alors que toute l’équipe finissait de se changer, Uozumi lui lança un discret signe de la tête. Hikoichi, ayant parfaitement compris le message, prit alors tout son temps pour ranger ses affaires, jusqu’à ce que finalement il se retrouve seul avec son capitaine. Uozumi s’approcha alors de lui, un sourire presque timide aux lèvres.

-J’ai cru que le week-end n’arriverait jamais, murmura-t-il.

-Moi non plus…

Uozumi parut hésiter un instant puis passa ses bras autours de ses épaules et l’attira contre lui. Hikoichi rougit mais blottit sa tête contre le large torse, enlaçant en même temps la taille de son ami. Il eut l’impression que toute force quittait ses jambes.

-Tu fais quelque chose demain ? chuchota Uozumi, de peur que les autres membres de l’équipe encore présents dans le couloir ne l’entendent.

Hikoichi secoua doucement la tête.

-Alors, reprit Uozumi, ça te dirait qu’on se voit ?

-Pour un entraînement ? hasarda Hikoichi.

-Non… je pensais plutôt… tu vois, l’entraînement on le fait dimanche comme toujours mais là, je ne sais pas, on pourrait juste aller se promener ensemble ou faire des courses…tout ce que tu veux quoi... Enfin… si ça ne te dérange pas de me voir tout le week-end.

Hikoichi sourit et resserra son étreinte autour de la taille de son capitaine.

-Ca sera avec plaisir…

Il leva la tête et croisa le regard de Uozumi qui lui rendit son sourire.

-Hikoichi…

-Bon Uozumi, qu’est-ce tu fous ? appela la voix de Koshino depuis le couloir. Lui et Uozumi étaient quasiment voisins et avaient pris pour habitude de rentrer ensemble.

Les deux garçons se séparèrent brusquement, le cœur battant la chamade. Ils en avaient presque oublié qu’ils n’étaient pas seuls au monde.

-J’arrive, j’arrive, répondit Uozumi.

Puis il se retourna vers Hikoichi.

-Bon, faut que j’y aille. Je passe te prendre demain disons… hum… vers deux heures, ça te va ?

Hikoichi opina faiblement, encore mal remis de son étreinte avec Uozumi.

-Bon alors à demain Hikoichi.

Il prit tendrement la main de Hikoichi dans la sienne, la serra comme il l’avait fait quelques temps auparavant la nuit où ils étaient rentrés ensemble de la plage, mais au lieu de la relâcher telle la fois précédente, il la porta à sa bouche et l’effleura du bout des lèvres.

-A demain, répéta-t-il ensuite, écarlate, avant de brusquement se précipiter vers la sortie.

-Ah ben c’est pas trop tôt ! s’exclama la voix de Koshino.

Seul dans les vestiaires, Hikoichi se laissa tomber sur l’un des bancs de bois qui bordaient la petite pièce. Il avait l’impression d’avoir le corps en guimauve et les joues en feu. En même temps, un sourire timide mais satisfait s’était figé sur son visage. Il porta à ses lèvres la main que Uozumi avait embrassée, comme s’il pouvait encore y sentir la chaleur du capitaine de Ryônan.

-Je t’aime Jun, osa-t-il murmurer pour la première fois.

**************

Le lendemain, Hikoichi fut debout aux aurores. Il était bien trop excité à l’idée de passer la journée avec Uozumi pour traîner au lit ! Il aurait bien téléphoné à Kenji Fujima pour lui demander que faire lors d’un rendez-vous comme celui là mais se dit que premièrement, Fujima ne serait certainement pas ravi de recevoir un coup de fil à sept heures du matin un samedi, deuxièmement qu’il était finalement bien assez grand pour se débrouiller tout seul. Prendre des initiatives, lui avait conseillé Fujima ! Bon, là, effectivement, en l’occurrence, c’était Uozumi qui les avait prises les initiatives mais Hikoichi n’allait pas s’en plaindre. En tout cas, tout paraissait bien se goupiller, pas besoin de déranger le coach de Shôyô !

Après avoir petit déjeuné, il passa une bonne demi-heure dans la salle de bain à se préparer, puis certainement encore une heure à choisir ses vêtements. Il essaya bien cinq ou six combinaisons de divers jeans, pantalons, t-shirt et autres chemisettes sans en être complètement satisfait. Bon, c’est vrai qu’il n’avait pas un physique de top model mais il souhaitait tout de même paraître de son mieux pour ce rendez-vous ! Il ne put retenir un sourire. A bien y réfléchir Uozumi n’était pas non plus un canon, loin de là, il lui avait même fait très peur la première fois qu’il l’avait vu… S’il avait su où cela les mènerait tous les deux à l’époque ! Mais le capitaine de Ryônan avait bien d’autres charmes, Hikoichi devait bien l’admettre.

Il opta finalement pour la simplicité et le classicisme, un simple pantalon blanc avec une chemise bleu ciel, cela conviendrait parfaitement. Il se regarda dans son miroir, remit en place les deux ou trois mèches qui lui tombaient sur le front… voilà, parfait ! Puis il jeta un coup d’œil à sa montre. Plus que… cinq heures avant le rendez-vous !

Il poussa un long soupir. Qu’est ce que le temps pouvait passer lentement par moment ! Il descendit dans le salon et se planta devant sa console. Koshino lui avait prêté quelques nouveaux jeux qu’il ne connaissait pas, et rien de tel que la découverte d’un nouvel univers pour passer le temps. Quelques minutes plus tard, alors qu’il lisait l’arrière des cartouches pour décider laquelle choisir, sa mère descendit à son tour les escaliers.

-Hikoichi ? Qu’est ce que tu fais déjà debout ? Et déjà tout habillé en plus !

Hikoichi se tourna vers elle en haussant les épaules.

-J’ai un rendez-vous !

Sa mère eut un léger sourire en coin.

-A quelle heure ?

-Deux heures.

Elle vint s’appuyer sur le canapé, se penchant vers lui, l’œil pétillant.

-Tu n’es pas un peu en avance, hein ? Comment s’appelle-t-elle ? Elle est jolie ? Tu as besoin des conseils de ta vieille maman ? En tout cas tu es très bien habillé, ça devrait lui plaire !

Hikoichi poussa un long soupir.

-Maman ! C’est Uozumi que je dois voir !

Sa mère fit une petite moue déçue.

-Vraiment ? Moi qui pensais que mon petit garçon avait enfin un rendez-vous galant… Je sais qu’Uozumi est ton meilleur ami mais crois-moi, ce n’est pas en restant avec lui que tu vas attirer les filles.

-Maman !

Hikoichi sentit la colère l’envahir. Non mais de quoi se mêlait-elle ? Et puis de quel droit parlait-elle ainsi de son Jun !

-Moi je dis ça pour toi Hikoichi ! Ce n’est pas de ma faute si ton ami a plus un physique de Cro-Mag…

-MAMAN !

-Bon, bon, ça va, j’ai rien dit ! Après tout tu es encore tout jeune, tu as bien le temps d’y penser aux filles.

-C’est ça, c’est ça, marmonna-t-il alors qu’elle rentrait dans la cuisine pour préparer le petit déjeuner.

Lui qui était déjà stressé, voilà qu’à cause de ça, il se retrouvait plus encore sur les nerfs ! Bon, un petit jeu lui ferait sortir tout ça de l’esprit ! Il tomba soudainement sur un résumé qui lui attira l’œil. Un jeu où l’on pouvait avoir des rendez-vous ? Il sourit fendit son visage. Voilà qui allait lui faire un peu d’entraînement avec le grand moment !

Il alluma la télé puis la console et inséra la cartouche. Le titre du jeu, " Angélique ", s’inscrit sur l’écran. (nda : Bwahhh j’ai pas pu me retenir !). Le principe était tout bête, on incarnait une blonde en robe rose nommé Angélique et l’on devait faire prospérer un continent grâce au pouvoir de neuf gardiens, ceux là même à qui on pouvait donner des rendez-vous. D’accord, Hikoichi n’avait rien d’une blonde en robe rose et Uozumi n’était en rien comparable aux gardiens mais le principe l’amusa très rapidement. Au bout de deux heures à peine de jeu, tous les gardiens ou presque lui courraient après ! Quel séducteur il faisait ! Il se demanda vaguement ce que Koshino faisait avec un tel jeu lorsque sa mère l’appela pour déjeuner. Avec un soupir il sauvegarda sa partie et se rendit dans la cuisine. Mais son succès virtuel l’avait pleinement mis en confiance pour l’après midi !

***************

Enfin la sonnette de l’interphone se fit entendre. Hikoichi bondit du canapé, éteignit console et télévision et se précipita vers la porte d’entrée avant que sa mère ne réponde. Elle ne méritait pas de voir Jun, avait-il décidé !

Uozumi le salua d’un petit geste de la tête, apparemment surpris que ce soit Hikoichi et pas maman Aida qui lui ait ouvert. Celui ci lui rendit son salut en souriant. Apparemment, tout comme lui, Uozumi avait fait un effort pour cette journée toute particulière. Il portait un pantalon noir, une chemise blanche et une veste de cuir qui lui donnait un air plus impressionnant encore qu’habituellement. Hikoichi aurait aimé lui dire à quel point il le trouvait sublime ainsi vêtu mais sa mère entra dans le hall au même moment.

-Bonjour Madame Aida.

-Bonjour Uozumi-kun. Vous faites quoi aujourd’hui ? Pas de basket ?

Les joues de Uozumi se colorèrent légèrement mais madame Aida ne le remarqua pas.

-Euh… non, on va juste faire un tour.

-Comme ça ? s’étonna-t-elle.

Uozumi sentit que s’il disait quelque chose de plus, il allait s’enfoncer, mais la mère de Hikoichi attendait visiblement une réponse

-Euh… en fait, on doit chercher un cadeau… pour l’anniversaire d’un copain… euh… un membre de l’éq…

-Bon maman, tu as fini d’embêter tout le monde ! le coupa Hikoichi. Viens Jun, on y va !

Il avait déjà enfilé ses chaussures et poussa Uozumi vers la sortie, refermant rapidement la porte derrière eux.

-Pff, quelle casse-pieds !

-Rho, tu es méchant ! Moi je la trouve très gentille ta maman.

Hikoichi soupira en repensant à ce qu’elle avait déclaré plus tôt mais préféra se taire. Ce fut finalement Uozumi qui brisa le silence.

-Ca te va bien, murmura-t-il d’une voix tremblant légèrement.

-Quoi donc ?

Le capitaine de Ryônan se mordit la lèvre avant de répondre.

-La façon dont tu es habillé, j’aime beaucoup.

-Merci…

Au moins sur ce point sa mère ne lui avait pas raconté n’importe quoi ! Il n’osa pas lever les yeux vers son ami. Il aurait tout simplement voulu lui prendre la main mais à cette heure ci, les rues étaient pleines de monde.

-Moi aussi, j’aime beaucoup ce que tu portes, répliqua-t-il alors.

Il sentit les doigts de Uozumi frôler les siens en guise de remerciement mais ça n’alla pas plus loin.

-Bon, qu’est-ce que tu veux faire ? lui demanda ensuite le géant.

Hikoichi réfléchit quelques secondes. Il y avait bien la plage mais ça commençait à devenir habituel, et puis à cette époque de l’année, avec le beau temps qu’il faisait encore, ça allait sûrement être bondé.

-Je ne sais pas trop… Allons juste faire un tour en centre ville, on trouvera bien une fois sur place !

-Ca me va, approuva Uozumi.

Ils marchèrent une bonne dizaine de minutes dans les rues étroites de la zone résidentielle puis décidèrent de rejoindre le centre en faisant un détour par le parc. Il faisait un grand soleil et la foule s’y presserait certainement mais cela leur paru tout de même plus agréable qu’un slalom au milieu des voitures.

Contrairement à leurs attentes, le parc était quasiment désert. Il est vrai que l’heure du repas s’était terminé peu de temps auparavant et que les tous petits devaient encore être en pleine sieste. Seule quelques mères de famille et deux ou trois bandes d’enfants s’ébattaient dans l’herbe séchée par le soleil d’été. Ils prirent tout leur temps pour faire le tour du parc, à l’ombre des arbres. Uozumi regrettait presque qu’on ne se soit pas au printemps, lorsque l’air embaumait du parfum des fleurs omniprésentes, mais après tout, il était avec Hikoichi, il n’avait pas à se plaindre. Il aurait tellement aimé lui prendre la main, sentir sa proximité, lui offrir sa tendresse, mais on était dans un lieu public et s’il ne voulait pas faire pousser de hauts hurlements, il devait contenir ses désirs. Il maudit entre ses dents la société et ses conventions.

-Tu disais ? interrogea Hikoichi, en levant des yeux étonnés.

Uozumi se gratta la tête, un brin gêné.

-Rien, laisse tomber, je divaguais tout seul.

Son ami lui sourit et Uozumi dut une nouvelle fois lutter contre l’envie de le serrer dans ses bras.

-Ca te dirait une barbapapa ? proposa-t-il pour se changer les idées.

-Oui ! s’exclama Hikoichi en lui sautant presque au cou. Il se retint néanmoins et à la place lui attrapa le bras pour l’emmener en courant vers le kiosque.

Les barbapapas furent vite engloutis. Ils avaient pris place sur un banc et avaient mangé en silence, appréciant le calme, le soleil et la présence de l’autre. Au fur et à mesure que les minutes passaient, le parc se remplissait et bientôt, le silence presque total fut remplacé par les cris, les rires et les pleurs des bambins.

-Et si on bougeait un peu ? demanda Uozumi après avoir arrêté d’une main un ballon de foot qui lui fonçait droit dessus.

Hikoichi opina et tous deux sortirent du parc vers leur but originel, le centre ville.

Tout le monde avait dû considérer qu’il faisait trop chaud pour les courses car les galeries marchandes du centre ville étaient quasiment désertes. Seuls quelques bandes de collégiens et lycéens hantaient les ruelles étroites à la recherche de vêtements ou bijoux. Hikoichi et Uozumi arpentaient les allées sans réel intérêt pour les magasins environnants, tous deux avaient parfaitement conscience que cette sortie n’était qu’une excuse pour passer du temps ensemble et le lieu importait peu.

Ils se baladaient peut être depuis une heure, discutant de choses et d’autres, alternant sourires et frôlement de main, lorsqu’une voix les fit sursauter.

-Hey ! Uozumi ! Uozumi !

L’interpellé se retourna pour découvrir Koshino qui s’avançait vers eux en courant. Il était suivit de Sendoh, les mains dans les poches, l’allure nonchalante et le sourire aux lèvres, et Ueda.

-Ah, salut les mecs, répondit Uozumi, tentant un sourire peu crédible.

-Salut Uozumi, salut Hikoichi !

-Salut Sendoh, répliqua ce dernier.

Ueda les salua juste d’un signe de tête.

-Qu’est ce que vous faites dans le coin ? reprit alors Koshino.

Uozumi haussa les épaules.

-Rien de spécial, juste quelques courses… Et vous ?

Koshino eut une petite moue.

-On va au ciné…

-Ca n’a pas l’air de te réjouir ?

Koshino jeta un œil noir à Sendoh.

-C’est lui là qui veut nous traîner voir je ne sais quel film ! Alors que moi le ciné…

Sendoh éclata de rire.

-Allons, je suis sûr que tu vas adorer ! C’est avec des samouraïs je te dis !

Koshino prit un air peu convaincu.

-Je ne savais pas que tu aimes les films de samouraïs Sendoh ! s’écria Hikoichi, oubliant sa déception d’avoir été dérangé dans son tête-à-tête avec Uozumi.

La star de Ryônan eut un sourire en coin.

-Disons que j’ai des goûts très éclectiques… (nda : ahhh mais qu’est ce que je lui fais raconter moi à mon Sendoh d’amour ! ! ! !)

-Vous venez avec nous ? proposa Ueda que tout le monde avait oublié.

Uozumi et Hikoichi se regardèrent. Ils n’avaient évidemment pas très envie de se mêler aux autres, d’un autre côté, ils ne voyaient pas de moyen poli et surtout discret de se défiler.

-Hikoichi ? interrogea Uozumi.

Hikoichi sourit. Bah après tout il serait quand même avec Uozumi et puis il aimait les films de samouraïs !

-Bon, allons-y !

-Cool ! s’exclama Koshino, je ne serai pas le seul à souffrir.

Le rire de Sendoh s’éleva une nouvelle fois et posant ses mains sur les épaules de Koshino et Hikoichi, il les guida vers le cinéma. Uozumi poussa un nouveau soupir et les suivit, Ueda à ses côtés.

Ueda avait prit place au bout de la rangée, Koshino l’y avait suivi, puis Sendoh, Hikoichi et Uozumi fermant la marche. Pendant les publicités, ils s’achetèrent des glaces et Koshino leur fit part des derniers ragots comme quoi Maki se serait mis à travailler aux abattoirs de la ville pour payer l’opération de sa sœur sur le point de devenir aveugle et Rukawa aurait été aperçu, mais il ne savait pas par qui, dansant en string en cuir sur un podium d’une boite gay.

Sendoh était plié de rire mais Uozumi poussa un long soupir.

-Un problème ? s’enquit Hikoichi.

-Non, pas spécialement, c’est juste terrible d’entendre des âneries pareilles.

-Allons, allons capitaine ! s’exclama Koshino, faut le prendre au second…enfin au dixième voire au quinzième degré ! C’est pas des ragots fiables ça !

-Parce qu’il y a des ragots fiables maintenant ? interrogea Ueda.

Koshino opina.

-Bien sûr ! Par exemple lorsqu’on raconte que Sakuragi court après la sœur de Akagi ou que Fujima et Hanaga…

L’obscurité se fit brusquement et quelques " chut " s’élevèrent, coupant Koshino dans son exposé de la théorie des ragots. Le générique débuta… Gohatto (nda : Gohatto est sorti en France sous le titre de Tabou. Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, c’est un film basé sur les shinsengumi (vous savez, Saito dans Kenshin en faisait partie…) où ben… comment dire ça court et élégamment… disons que pas mal de samouraïs sont plus que louches avec un autre samouraï un peu efféminé…).

Après une demi-heure de film, les réactions étaient diverses. Sendoh avait un sourire jusqu’aux oreilles tandis que Koshino ouvrait des yeux comme des soucoupes et que Ueda observait toute la salle comme s’il était à la recherche de la sortie la plus proche au cas où le film dégénérerait trop à son goût. Hikoichi avait l’impression d’être écarlate, ce qui devait effectivement être le cas, quant à Uozumi, il fixait le sol avec un intérêt profond. Maudit soit Sendoh et ses idées idiotes ! Déjà qu’il n’avait pas besoin de ça pour être un peu coincé mais alors là, ça devenait pire que tout.

Hikoichi lui jeta un coup d’œil en coin. Prendre des initiatives ! Pour l’instant, c’était Uozumi qui avait tout fait, cela ne pouvait pas durer !

Profitant de l’obscurité ambiante, il glissa sa main sur l’accoudoir, sous celle de Uozumi. Ce dernier sursauta, tourna brusquement la tête mais Hikoichi avait déjà baissé les yeux. Vérifiant que nul ne pouvait voir leur manège, il serra la petite main dans la sienne puis la caressa tendrement. Même s’il ne le regardait pas, Hikoichi souriait…

Finalement, tout le reste du film leur échappa, entièrement focalisés qu’ils étaient sur ce mince contact entre eux. Lorsque la lumière revint, ils désenlacèrent rapidement leurs doigts et suivirent les trois autres à l’extérieur, comme si de rien n’était.

-J’ai adoré ! s’exclama Sendoh lorsqu’ils furent de retour à l’air libre.

-J’aurai dû m’en douter que tu avais une idée derrière la tête ! s’exclama Koshino. J’aurai dû m’en douter !

-Moi ? interrogea candidement Sendoh.

-Oui, toi ! Tu savais parfaitement que ce n’était pas un simple film de samouraïs ! Avoue !

-Meuh… Mais non !

-Tu m’as brisé mon image des Shinsengumi ! gémit soudainement Ueda.

-Mais j’y suis pour rien !

-Arrête de jouer les innocents, ordonna Koshino, ça ne prend pas avec moi !

-Mais…

Hikoichi et Uozumi se jetèrent un regard discret. Ces trois là étaient aussi vraiment bizarres à leur façon ! A croire que Ryônan ramassait tous les cas de la région… enfin moins que Shohoku tout même !

-Bon, moi je rentre ! déclara Koshino. Uozumi, tu fais quoi ?

Avant que le géant ait pu répondre, Sendoh avait pris la parole.

-Hein ? Déjà ?

-Oui, déjà ! C’est pas parce qu’il fait encore jour qu’il n’est pas tard figure-toi, ça s’appelle l’été !

Sendoh prit un air boudeur.

-Ca va, pas la peine de me parler comme si j’étais complètement demeuré…

-C’est pourtant tout ce que tu mérites ! Bon Uozumi, tu rentres ou pas ?

Uozumi regarda sa montre et constata que Koshino ne s’était pas trompé, il était relativement tard, déjà presque sept heures et chez lui, c’était environ l’heure où l’on dînait. Il n’avait pas vu la journée passer. Avec un soupir il hocha la tête.

-Ouais, j’arrive.

Il salua les autres d’un geste de la main, avec un discret sourire à Hikoichi et s’en alla avec Koshino. Hikoichi le regarda partir le cœur gros. Ca avait été certes une bonne journée mais trop courte. Enfin bon, de toute façon, dès demain matin, Uozumi viendrait le chercher pour l’entraînement…

-Tu fais quoi maintenant Hikoichi ? l’interrogea soudainement Sendoh, le faisant sursauter.

-Euh… je pense que je vais rentrer, bredouilla-t-il en faisant demi-tour.

-Le film t’a plu ?

Hikoichi rosit.

-Euh… oui… oui…

Il s’éloigna de quelques pas, mis mal à l’aise par le sourire rayonnant de Sendoh.

-J’espère que tu en as pris bonne note hein !

Il passa soudainement au fushia et s’enfuit sans même un au revoir, préférant ne même pas savoir ce que Sendoh sous-entendait par-là.

(nda : mon dieu, je suis en train de transformer mon Sendoh si chou et innocent en pervers ^^;;)

**************

La journée du lendemain se passa comme toutes leurs journées d’entraînement ensemble, plaisante, satisfaisante, même si épuisante. Le soir venu, alors qu’ils venaient de se séparer en toute amitié, les enfants jouant sur le terrain leur interdisant tout geste de tendresse, Hikoichi décida de " prendre des initiatives ". La tête baissée, il rappela son capitaine qui s’éloignait, son ballon sous le bras.

-Jun ?

Celui ci se retourna.

-Qu’est ce qu’il y a Hikoichi ?

Hikoichi se gratta le crâne, respira lentement pour calmer les battements de son cœur et demanda :

-Hum… voilà… Maman m’a dit hier qu’elle et papa sortaient samedi soir prochain alors… si tu ne fais rien d’autre… tu pourrais venir dîner à la maison hein ?

Uozumi sourit.

-Tu me ferais la cuisine ?

Hikoichi grimaça.

-Si tu veux t’empoisonner, volontiers ! Non, on n’aurait qu’à commander une pizza ou deux…

Puis il détailla Uozumi du regard.

-… enfin quatre ou cinq !

Le sourire du géant s’élargit.

-Ca sera avec plaisir !

-C’est vrai ?

Uozumi opina.

-Ca me fait bien plaisir !

Le silence dura quelques secondes.

-Bon, j’vais peut être te laisser rentrer maintenant…

-Oui…

-Alors à demain !

-A demain Hikoichi.

Et tous deux retournèrent chez eux la mine béate.

(à suivre…)

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