4 Jours et Demi

 

Après le tremblement de terre de Shinjuku, Subaru est allongé, blessé, sur un lit, dans une chambre sombre.

 

1° jour :

Lentement, Subaru s’éveilla et ouvrit les yeux. Une faible lumière pénétrait par les fentes du store. Sa vision était encore troublée par la perte de son œil droit mais peu à peu, les brumes se déchirèrent autour de lui, laissant entrevoir des ombres. Le peu qu’il perçut alors, lui indiqua que, de toute évidence, il n’était plus dans une chambre d’hôpital : " Qu’est-ce que…? Où suis-je ? " Intrigué, le jeune homme s’assît péniblement et alluma la lumière.

La pièce était grande, peu meublée : une armoire sombre, une chaise, une porte ouverte sur la salle de bains, un meuble de nuit à côté du lit…

Subaru en ouvra le tiroir pour y trouver quelques objets trahissant le propriétaire des lieux : un agenda noir, une paire de gant en cuir noir de grande taille, un briquet, un paquet de mouchoir qui dissimulait un cadre à l’envers… Le jeune homme le retourna et blêmit en reconnaissant dans la photo celle qu’avait prise sa sœur lors de leur pique-nique au lac : " Seishirô… ? " Au fond du tiroir, il aperçut soudain un paquet de clopes : des Mild Seven. Entre panique et étonnement, il en échappa le cadre qui se brisa en tombant sur le parquet

Une porte s’ouvrit ; Seishirô apparut.

-Subaru… ?

-

-Tu es réveillé… ?

-

Il s’était avancé vers la fenêtre et en avait ouvert les stores, laissant enfin entrer la lumière.

-Comment te sens-tu… ?

- …

Il s’assit sur le bord du lit, face à Subaru, jamais son visage n’avait paru plus radieux et souriant au jeune homme qui, encore étonné, le dévisageait sans pouvoir lui répondre.

Seishirô se pencha sur lui, posant une main sur son front et l’autre sur celui de Subaru. Il était si près à présent que ce-dernier pouvait sentir son parfum. C’était le même qu’autrefois : unique, merveilleux et si plein de souvenirs. Son odeur lui faisait tourner la tête si bien qu’il en ferma les yeux et fit des efforts surhumains pour ne pas pleurer, calmer son cœur qui battait la chamade et ne rien laissait paraître ; il aurait été trop content !

-Non, tu n’as pas l’air d’avoir de fièvre !

Comme il s’était redressé, Subaru rouvrit les yeux.

-Tu te sens bien ?

Le jeune homme hocha doucement la tête.

Les yeux de Seishirô se posèrent sur le meuble de chevet :

-Alors maintenant tu fouilles dans mes effets personnels…

Apercevant les éclats :

-…Et tu casses mes affaires ?

Il se baissa pour ramasser les morceaux :

-Je…je suis désolé… !

-C’n’est pas grave, répondit Seishirô en souriant, je ne sais même pas pourquoi je gardais cette photo…, j’aurais du la jeter depuis longtemps !

Le visage de Subaru s’assombrit brutalement en entendant ces mots.

-Seishirô…, comment suis-je arrivé ici ?

Seishirô sourit

-J’étais à Shinjuku au moment du tremblement de terre.

-Et… ?

-Je suis arrivé à temps pour te tirer de là.

-Pourquoi ?

Seishirô sourit à nouveau tandis qu’il quittait la pièce.

-Je vais nous faire du thé, repose-toi en attendant.

Subaru se laissa tomber dans son lit en soupirant  " Seishirô-san ! "

Dans la pièce voisine, une bouilloire chuchotait. Subaru étendit le bras et attrapa le paquet de cigarettes dans le tiroir. Il en prit une et l’alluma à l’aide du briquet.

-Un sucre, c’est ça ? !

Seishirô passa la porte en tenant un plateau sur lequel étaient placées deux tasses fumantes.

- SUBARU ! ! !

Il posa le plateau sur le meuble de chevet.

-Je ne veux pas te voir fumer ici. S’ils t’ont retiré ton paquet à l’hôpital, c’n’est pas pour rien ! Je crois t’avoir déjà dit que c’était mauvais pour ta santé ; surtout les miennes, ce sont les plus fortes ! Disant cela, il s’assit sur le bord du lit et retira la cigarette de la bouche de Subaru.

-J’ai l’habitude de fumer ; vous…, vous ne pourrez pas m’en empêcher indéfiniment ! Dès que je quitterai l’appartement, je m’achèterai un paquet.

Seishirô esquissa un sourire en coin en lui tentant une tasse.

-En attendant, que dirais-tu d’une bonne tasse de thé bien chaud ?

Subaru attrapa la tasse avec un discret sourire auquel son " ami " répondit par un plus large. Lorsque Subaru baissa la tête pour boire, celui-ci se fit plus narquois.

-Subaru ? Pourquoi avoir fait cela ?

Le jeune homme leva la tête et le regarda sans comprendre.

-Ton œil, pourquoi ? …J’ai parlé avec Kamui depuis…

-Avec…Kamui ? ? ?

Seishirô sourit à nouveau.

-Le mien !

-Ah !…Fûma…, c’est ainsi qu’il s’appelle en fait…

Seishirô le regarda avec insistance pour lui faire comprendre qu’il n’éluderait pas la question aussi facilement ; après tout, ce n’était pas à lui que l’on allait faire ce coup-là.

-Serait-ce à cause de moi ?

-NON !

Seishirô le regarda d’un œil moqueur. Subaru baissa la tête et poursuivit.

-En fait, je l’ai fait pour moi…, pour la paix de mon esprit…

Le sakurazukamori le regarda intrigué.

-Je croyais ainsi être en paix avec moi-même et me débarrasser de cette impression de dette.

Il regarda Seishirô d’un air triste et murmura.

-De toute évidence…, je me suis trompé…

Seishirô éclata d’un rire franc qui blessa le jeune homme.

-Ah, Subaru…! Tu es vraiment trop mignon … !

Il caressa le visage et les cheveux de Subaru qui le regardait stupéfié de sa réaction. Seishirô se pencha vers le jeune exorciste en fermant les yeux et, de ses lèvres frôla les siennes. Subaru sentit son cœur s’emballer et ferma les yeux à son tour. Il percevait la main de son amant lui masser le cou et son souffle sur ses lèvres.

-Je te l’ai déjà dit mon cœur, murmura Seishirô d’une voix sensuelle, tu ne me dois absolument rien, je l’ai fait pour moi, égoïstement ; maintenant si tu veux soulager ta conscience, dis-toi que si j’ai sacrifié mon œil, c’était justement pour préserver l’éclat et la pureté de ces magnifiques yeux verts que j’aime tant !

Subaru avait penché la tête au rythme des massages de Seishirô. Il ne percevait plus rien des bruits autour de lui, il était comme inconscient, bercé uniquement par les paroles de Seishirô qui lui parvenaient comme autant de caresses.

Le sakurazukamori ouvra les yeux pour contempler " son œuvre ", fier de l’emprise qu’il pouvait encore avoir sur le jeune homme qui s’offrait à présent à lui sans retenue. De ses yeux, il parcoura son corps, de sa taille à ses cheveux et se dit qu’il pouvait, d’un simple coup, mettre fin à ses jours en lui brisant la nuque. Cette pensée le fit sourire. Brusquement, il lâcha le cou du jeune homme qui perdit l’équilibre et renversa la tasse, heureusement vide, sur le lit.

-Je,…je suis désolé ! dit ce-dernier, fort embarrassé, en ramassant la tasse.

-C’n’est rien ! répondit Seishirô d’un air moqueur.

Il attrapa la tasse que Subaru avait reposée sur le meuble et la mit sur le plateau ; puis, se leva.

-Je vais faire des courses pour le dîner ; tu as besoin de quelque chose ?

Subaru secoua la tête.

-Je ne serai pas long, profites en pour te reposer un peu, ajouta-t-il en sortant de la pièce.

A présent seul, Subaru s’en voulait terriblement de son attitude et de pouvoir si peu contenir ses sentiments envers Seishirô. Il se sentait sale, humilié, ridicule…, il avait si honte de lui. Il se rappelait ce jeune garçon sur la photo et se demandait ce qu’il penserait de lui s’il avait assisté la scène, tout à l’heure, et Hokuto, qui avait été tué par cette même personne à laquelle il était prêt à s’offrir, et sa grand-mère…

Pourtant, malgré tout cela, il ne pouvait s’empêcher de se sentir frustrer par le dédain que lui manifestait Seishirô, qui ne lui rappelait que trop qu’il n’était pour lui qu’un simple pion dont il pouvait disposer selon son bon vouloir et que son apparent intérêt à son égard n’était nullement le fruit d’un quelconque sentiment d’amour.

Ces pensées le torturèrent si bien qu’il en pleura et se laissa gagner par la fatigue.

-Je suis renduuuu !

Subaru sursauta.

-Oh, pardon ! Je t’ai réveillé ! s’excusa Seishirô en apparaissant à la porte.

-Non, ce n’est rien, répondit le jeune homme en souriant.

-Tu veux boire quelque chose ? cria Seishirô de la cuisine.

-Non merci, …ça ira.

-Je vais te préparer ton plat préféré : calamars en sauce ! … J’ai même acheté des mousses en chocolat pour le dessert !

Subaru sourit à la pensée que Seishirô s’en été souvenu.

-Subaru, demanda Seishirô d’une voix tendre, en entrant dans la pièce. Te sens-tu assez fort pour te lever pour dîner avec moi dans la cuisine ou préfères-tu que je t’amène un plateau ici ?

-Non, ça va aller, je vais me lever, répondit le jeune homme en se redressant avec peine.

-Tu es sûr ?

-Mais oui, ça va, assura-t-il en souriant. Par contre, j’aimerais bien faire un brin de toilette avant, si ça ne vous dérange pas ?

-Non, bien sur. , tu veux que je t’aide ?

Subaru se redressa et marqua un temps d’arrêt, interloqué.

-A…, à me laver ?

-Oui, bien sur.

Le jeune homme sourit.

-Ce ne sera pas la peine, je réussirai à me débrouiller seul.

-Bien, je vais mettre une chaise et du linge propre à ta disposition dans la salle de bain, annonça Seishirô en allumant dans la salle d’eau.

Subaru essaya de se lever mais se rassit bien vite de douleur. Seishirô se précipita vers lui.

-Ne bouge pas je vais t’aider !

-Merci !

Seishirô l’attrapa par la taille et le prit dans ses bras. Subaru se figea d’étonnement ; un bref instant des tas de souvenirs heureux lui revinrent en mémoire et l’attristèrent.

-Voilà, tu es rendu ! dit Seishirô en l’asseyant sur la chaise, face au lavabo. Tu as tout à ta portée : gants, serviettes…Pour ce qui est du savon, rasoir et brosse à dents, tu vas devoir utiliser les mains, j’n’ai malheureusement pas tout en double…

-C’est parfait, coupa le jeune homme encore troublé.

-Tu es sur que tu ne veux pas que je t’aide ?

-Certain !

Seishirô prit un air grave.

-Hum… ! Tu as été assez grièvement blessé au court du tremblement de terre…Des éclats de verres lors de l’explosion des fenêtres…C’est pour cela que ta mobilité est aussi réduite…

Il regarda Subaru qui l’écoutait avec sérieux et lui sourit.

-Le docteur m’a assuré que cela reviendrait très vite…, appelle-moi quand tu auras fini…, j’ai quelque chose pour toi…

Le jeune homme le regarda d’un air interrogateur mais il se contenta de sortir en poussant la porte et en souriant.

Une délicieuse odeur parvenait jusqu’au narines de Subaru.

-SEISHIRÔÔÔ ! J’AI FINIII !

-J’arrive mon cœur…, j’arrive !

Seishirô poussa la porte ; il tenait dans ses mains un paquet qu’il tendit au jeune homme.

-Tiens…, ouvre !

-Merci, répondit Subaru, touché de cette gentille attention.

Il ouvrit en toute hâte le paquet pour découvrir un pantalon et un tee-shirt moulant de cuir noir. Le sourire du jeune homme se figea, ce qui n’échappa pas à Seishirô.

-Ca n’te plait pas ?

-Si, si si… ! C’est…, c’est adorable ! Je…, je ne sais pas quoi dire " c’est le cas de dire ! " ! Je…, je vous remercie beaucoup, c’est très gentil !

-Essaie-le !

-OUI ! Heu…! Tout de suite ?

-Oui…, comme ça tu pourras te changer pour dîner, dit Seishirô en souriant.

-Oui, oui bien sur, où avais-je la tête ? …Heu! et bien…, si vous voulez bien me laisser le temps que je les passe…

-Oh, ça ne me dérange pas !

-Hein …? …Me…, meme…, moi si, bredouilla-t-il, rouge de confusion, après un temps d’arrêt du à la surprise.

-D’accord, mais je reste derrière la porte, et il sortit en tirant la porte.

Subaru était fort embarrassé. Il n’avait pas besoin d’essayer quoique ce soit pour constater que Seishirô avait vu bien trop petit : il lui avait pris la même taille que celle qu’il faisait, il y a 7 ans. Il ne voulait pas faire de la peine à son ami, d’autant que ça partait d’une bonne intention et qu’il était très touché par le fait que ce-dernier se souvienne de sa taille, mais c’était clair qu’il ne rentrerait pas dedans et cela, malgré toute la bonne volonté du monde.

De plus, au regard de l’ensemble, il en venait à se demander s’il ne l’avait pas acheté en magasin spécialisé et se disait que non, il n’oserait jamais sortir avec cela sur le dos. Du coup, il se dit que cela ne partait peut être pas d’une si bonne intention que cela finalement, et rougit en imaginant ce que Seishirô pouvait avoir derrière la tête en l’achetant.

-Tu es prêt… ? Je peux rentrer… ? dit ce-dernier, sans attendre la réponse pour ouvrir la porte.

-Heu… ! Oui…

-Tu ne l’as pas essayé !

-Je n’y suis pas arrivé…

-Pardon… ? demanda Seishirô d’un air intrigué

Subaru se sentait fort mal à l’aise.

-C’est trop p’tit, … y’a bien longtemps que je rentre plus dans du 16 ans !

-Oh, oui! C’est vrai! J’aurais du y penser! Excuse-moi. Demain matin, je retournerai au magasin pour l’échanger ; quelle taille fais-tu ?

-1

-Considère que c’est fait ! …En attendant, je vais te prêter quelques anciennes affaires qui me sont trop petites…Par contre, cela risque d’être un peu trop grand cette fois !

En disant cela, Seishirô s’était dirigé vers son armoire et commençait à fouiller à l’intérieur.

-C’n’est pas grave, répondit Subaru en souriant.

-Tiens, essaie cela !

Il apporta au jeune homme un de ces traditionnels ensembles noirs. A nouveau, ce-dernier s’enferma dans la salle de bains et enfila la tenue. Bien qu’elle n’ait pas été portée depuis longtemps, celle-ci conservait en elle l’odeur du sakurazukamori. Subaru ferma les yeux et respira ce parfum. Il aimait cette odeur qui lui apportait la sensation d’avoir, en permanence son aimé à ses côtés, de se trouver dans ses bras.

-C’est parfait, lui dit-il finalement

Seishirô le regarda d’un air moqueur.

-Hum… ! C’est quand même un peu grand, tu ne trouves pas ? constata-t-il en voyant le jeune homme flottait dans ses vêtements.

-Au moins, je rentre dedans…

-Certes, répondit Seishirô d’un air dubitatif.

Il retourna vers l’armoire et en ramena une ceinture.

-Ne bouge pas !

Il s’agenouilla à ses côtés et, baissant la tête, passa celle-ci entre les boucles du pantalon.

Subaru regardait, troublé, la tête de celui qu’il aimait. A présent, il sentait ses mains autour de sa taille et faisait des efforts surhumains pour ne rien laisser paraître de son malaise. Il tendit la main vers ses cheveux mais s’arrêta lorsqu’il les frôla et les caressa sans jamais les toucher, de peur de la réaction de Seishirô.

-Quelque chose ne va pas Subaru ? interrogea ce-dernier, intrigué par l’expression étrange qu’il avait aperçu sur le visage du jeune homme en relevant la tête.

-NON, nnnn…NON ! Tout, …toutout, tout va bien, balbutia Subaru rouge de confusion.

Seishirô eut un sourire moqueur.

-Dans ce cas…

Il l’attrapa dans ses bras et le mena dans la pièce principale.

La salle en question était de grande taille, elle aussi très peu meublée : un canapé, un meuble avec télé, une chaîne hi-fi, une table avec 4 chaises au milieu de la pièce…. Le long du mur contigu à la chambre, se trouvait le coin cuisine, un bar le séparant du reste de la salle. Le tout éclairé par les lumières de la ville, pénétrant via une large baie vitrée.

-Vous avez vraiment un superbe appartement !

-C’est vrai… ? Il te plait… ? J’en suis heureux !

Seishirô, le dos tourné, finissait de préparer, dans la cuisine, les plats pour le dîner.

Subaru, assis dans le canapé, le regardait d’un air mélancolique tandis qu’une faible musique s’échappait de la chaîne.

Pour me comprendre,

Il faudrait l’aimer

Plus que moi,

Mais je vous dirai,

Que ne n’y crois

Vraiment pas…

Pour me comprendre,

Il faudrait avoir rencontré,

L’amour, le vrai,

Vous comprenez,

Le grand amour,

Et savoir qu’après,

A quoi sert de vivre encore,

Un jour…

 

-C’est prêt ! annonça bientôt fièrement Seishirô, tirant Subaru de ses rêveries.

Le jeune homme lui répondit d’un sourire furtif.

Seishirô posa une soupière fumante sur la table et entreprit de mettre le couvert.

-Subaru ? Peut-être veux-tu téléphoner à quelqu’un : ta grand-mère ou tes amis ? Ils doivent être inquiets pour toi, cela fait déjà trois jours que le tremblement de terre a eu lieu et qu’ils sont sans nouvelles ; tu devrais les rassurer, tu ne crois pas ? 

Le jeune homme tressaillit ; il n’y avait même pas pensé. Il faut dire que peu lui importait réellement ce que pouvait penser sa grand-mère ; quant aux autres…, il ne les avait jamais vraiment considérés comme des amis et il lui serait bien assez tôt de les revoir quand il sortirait d’ici.

-Vous avez sans doute raison, je le ferai dès que je pourrais sortir.

-Tu peux utiliser mon téléphone, tu sais…

-C’est gentil à vous mais je ne voudrais surtout abuser de votre…

-Ho, je t’en prie, ne te gène surtout pas…, abuse de moi aussi souvent que tu voudras, coupa Seishirô, d’une voix à la fois cynique et sensuelle, en fixant Subaru droit dans les yeux.

Ce dernier, qui avait brusquement pris des couleurs, recula au fond du canapé et baissa la tête.

- Je…, je le ferai après souper, finit-il par bredouiller.

-Bien, alors ne laissons pas notre repas refroidir, répondit Seishirô en l’attrapant par la taille et en l’installant sur une chaise autour de la table.

Celui-ci avait beau se montrer aussi prévenant et attentionné que possible ; quelque chose sonnait faux. Subaru avait l’impression de rêver ; il avait si longtemps espéré ce moment, si souvent souhaité se retrouver comme avant et maintenant que son vœu s’était accomplit, il s’apercevait à quel point il s’était trompé : quoique que Seishirô puisse dire ou faire aujourd’hui ne changerait pas ce qui s’était passé, rien ne pourrait effacer la mort d’Hokuto et il lui serait bien impossible d’oublier ; comment pourrait-il faire comme si de rien n'était ! 

Certes, il aimait toujours autant Seishirô mais lorsqu’il le regardait désormais, il ne pouvait s’empêcher de voir, dans ses yeux, le visage de sa sœur mourante et cela lui était insupportable. Tout comme cette scène, cette comédie que semblait lui jouer Seishirô, alors qu’il connaissait maintenant sa véritable personnalité. Tout cela finissait par ressembler à une gigantesque farce dont il serait le bouffon ; il avait l’impression que Seishirô se moquait de lui et cela commençait à l’énerver. Cela ne tenait plus du rêve mais du cauchemar. Il fallait y mettre un terme et vite, revenir à la réalité sous peine de se faire à nouveau piéger…

-Subaru-kun, ça ne va pas ? s’inquiéta Seishirô, devant l’air rêveur du jeune homme qui n’avait pas encore touché à son bol de soupe. Cela ne te plait pas ? Tu n’aimes pas ça ?

-En fait…, répondit Subaru en balançant ses baguettes sur la table, je n’ai pas très faim… Je suis fatigué, poursuivit-il froidement, ramenez-moi dans ma chambre !

Seishirô s’étonna du brusque changement de comportement du jeune homme, ne comprenant pas ce qu’il aurait pu dire ou faire qui aurait pu susciter, chez lui, un si brusque revirement mais jugea plus judicieux de ne pas discuter.

-Très bien, dit-il, le sourire aux lèvres, en se levant, comme tu voudras…

Mais, lorsqu’il se baissa pour attraper Subaru, comme à son habitude désormais, celui-ci le repoussa violemment.

-Je vais marcher, contentez-vous de me soutenir !

-Tu es sûr que ça ira, tu es encore très faible et le doc…

-Ca ira très bien…, merci, faîtes ce que je vous ai dit !

Ce petit côté autoritaire que Seishirô percevait pour la première fois en Subaru était loin de lui déplaire ; il lui aurait bien dit l’effet qu’un tel comportement pouvait avoir sur sa libido, cependant il pensait le moment fort mal choisi : le jeune homme n’était apparemment pas d’humeur à entendre de tel propos. Toutefois, cette pensée ne manqua pas de le faire sourire.

Subaru, quant à lui, avait un peu surestimé ses capacités à marcher seul. A chaque pas qu’il faisait, une douleur atroce se faisait sentir et la distance qui le séparait du lit lui semblait interminable. Pourtant, sa fierté l’empêchait d’en toucher mot à Seishirô, d’ailleurs perdu dans ses fantasmes. Ce dernier, avait, en effet, du, pour le soutenir, lui glisser un bras autour de la taille et ne pouvait détacher ses yeux des 2 petites fesses bien rondes qui se balançaient comme 2 fruits bien murs, dans lesquels il aurait volontiers croqué, à chaque pas que Subaru faisait. Il y avait décidément des spectacles qui vous ouvraient l’appétit…

-Merci ! Ca ira comme ça, articula enfin le jeune homme, encore grimaçant de douleur, en se laissant tomber sur le lit. Je me débrouillerai seul !

-Dommage ! murmura Seishirô en se dirigeant vers la porte…

-Pardon ?

-Non non, rien…, je te souhaitais juste une bonne nuit…, répondit-il en souriant et en éteignant la lumière.

-Bonne nuit, reprit Subaru en souriant, tandis que son " ami " tirait la porte.

Allongé dans son lit, le jeune homme regrettait déjà son mouvement d’humeur ; après tout, n’avait-il pas pour ambition de changer Seishirô ! Même si celui-ci n’était pas sincère aujourd’hui, l’occasion qui s’offrait à lui était trop belle pour prendre le risque de tout gâcher et il savait, pertinemment, depuis le début, que ce ne serait pas chose facile, il lui fallait prendre patience… Demain, c’était certain, il ferait mieux… Et il s’endormit, souriant de cette joyeuse perspective.

Appuyé contre la porte, Seishirô arborait son sourire le plus cynique…, lui non plus, n’avait pas dit son dernier mot…

(à suivre...)

1 Fanfic T.B. Babylon

2 Je traduis san par le vouvoiement et kun par le tutoiement

3 Les tirés (-) désignent des paroles ; les guillemets (" ), des pensées.

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