Janvier

Les branches secouées par le vent heurtaient la vitre de sa chambre, dans un rythme régulier et plutôt agréable. Assis dans son lit, Seishiro venait de refermer son livre, ayant les yeux trop fatigués pour continuer plus longtemps sa lecture nocturne.

4H du matin... Subaru ne semblait pas vouloir rentrer, mais quel était donc son métier pour le retenir aussi tard dans la nuit? Calant l'oreiller plus confortablement sous sa nuque Seishiro s’étira, tout en laissant échapper un long soupir. Il avait pris l'habitude de toujours attendre le retour de Subaru avant de s'endormir, mais pour cette fois il se sentait sur le point de renoncer, les horaires du jeune homme n'avaient rien d'humain et puis il ne doutait pas de l'entendre dès qu'il rentrerait.

S'étant ainsi résolu, Seishiro éteignît la lumière, savourant le plaisir de pouvoir enfin fermer les yeux … mais c'est un rêve, et non le sommeil réparateur auquel il aspirait, qui vint l'assaillir. Une image flottante se forma peu à peu dans son esprit devenant à chaque seconde plus précise ...

Seishiro se trouvait au pied du Cerisier, entouré des pétales à la teinte rosée si familière, et Subaru se trouvait à ses côtes. Les pétales flottaient et tourbillonnaient autour d'eux tels des flocons de neiges. Le vent jouait dans les cheveux de Subaru; et le regard de celui-ci semblait une nouvelle fois perdu dans le sien. Malgré le vent qui agitait les branches du cerisier tout était calme, ou plutôt tout était " comme il devait en être ".

Subaru ne détachait pas son regard du sien, ses yeux limpides l'observaient, rêveurs lui semblait-il. Seishiro s'aperçut alors qu'il ne portait pas ses lunettes, mais ce détail lui paru tout à coup s'inscrire lui aussi dans cet ordre naturel des choses et comme pré-établi.

Mais alors qu'il commençait à s'habituer, voire à apprécier l’étrange situation, Subaru fit tout à coup mine de partir, s'éloignant de quelques pas.

Et là tout bascula, le rêve dans le cauchemar, l'harmonie dans le chaos; et l'indifférence ou du moins le calme que savourait Seishiro, fit soudain place à une douleur fulgurante. D'un geste rapide Seishiro saisit Subaru par le bras, violente tentative pour le retenir. Celui-ci se tournant à nouveau vers lui, esquissa un sourire pâle, tandis que ses yeux reflétaient un abîme de tristesse; et une pluie de pétales les sépara soudain.

Le vent devenait plus fort, Subaru se tenait toujours debout face à lui, mais la vision s'estompait, devenait trouble, comme si la scène se passait de l'autre côte d'un mur d'eau. Et malgré le vent Seishiro entendit les paroles prononcées par Subaru: " Tu penses peut-être que je t'ai trahi? mais c'est une chose qui arrive chaque jour aux détours des rues de Tokyo... "

C'est alors que Seishiro réalisa que ce n'était pas un mur d'eau mais des larmes qui ruisselaient devant ses yeux et que ces larmes étaient les siennes! C'était si étrange, lui qui n'avait jamais su ce que c'était, qui ne l'avait jamais expérimenté dans le monde réel, pleurait ici, dans cet univers onirique, pur fruit de son inconscient ! Mais pourquoi ces larmes? ...

Seishiro s'éveilla en sursaut. Le vent s'était apaisé au dehors, et le silence qui régnait dans la chambre le fit frémir. Le réveil sur sa table de chevet indiquait six heures... Subaru n'était toujours pas rentré, il le savait.

Ce jeune homme ne dormait pas assez; et pour cette fois lui non plus n'aurait pas son compte d'heures de sommeil. Mais bien incapable de se rendormir, il se leva, passant la main sur sa nuque nouée. Et tandis qu'il prenait la direction de la salle de bain, il lui sembla voir un instant des pétales de cerisier qui restaient encore à danser devant ses yeux.

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La pluie s'abattait violemment à l'extérieur et des éclairs striaient le ciel d'orage de ce mois de mars. Il devait être 2H du matin quand Subaru entra furtivement dans la chambre de Seishiro, le pensant sans doute déjà endormi, sans qu'il n'en fut rien. Subaru après avoir refermé la porte de la chambre, s'approcha doucement du lit où reposait Seishiro avant de s'immobiliser debout, juste à côte de lui.

Il ne bougea pas.

Subaru restait parfaitement immobile. Dans la pénombre de la pièce on aurait même pu douter de sa présence. Mais Seishiro intuitivement, le sentait tout proche. Quel était donc le but de cette visite nocturne ? Entre ses yeux mis-clos Seishiro pouvait à présent apercevoir la fine silhouette de Subaru à quelques centimètres de lui, déjà sa curiosité s’éveillait ; mais il ne bougea pas, préférant attendre et voir ce que Subaru avait en tête.

Mais celui-ci soudain, se détourna comme pour regagner sa chambre… Seishiro immédiatemment se leva pour venir se placer juste devant la porte, empêchant Subaru de faire un pas de plus. Il n’était pas question de le laisser partir.

Cependant amusé de trouver face à lui un Subaru interdit, comme pétrifié, Seishiro ouvrit légèrement la porte, comme pour le laisser sortir. Mais tandis que Subaru passait près de lui, d’un geste félin, il l'enserra soudain de ses deux bras.

Le serrant contre lui dans un geste qui lui parût étrangement naturel, il se baissa vers son cou avant de lui murmurer à l'oreille: " Subaru, tu ne devrais pas rester tout seul si tu as peur de l'orage… ". Un léger rire à peine audible s’échappa de ses lèvres, tandis que souriant il contemplait Subaru qui venait de s’immobiliser tout à fait, pour demeurer là entre ses bras, respirant à peine.

Un moment de silence s'écoula avant que Subaru ne lève les yeux sur lui. Malgré la pénombre on pouvait deviner la légère coloration qui avait gagné ses joues. Ses mains elles-mêmes commençaient à trembler.

D’un mouvement hésitant, Subaru approcha sa main gantée du visage de Seishiro, avant d’effleurer doucement sa mâchoire, le regard plongé dans le sien. Seishiro silencieux, scrutait ces yeux limpides, presque transparents, qui ce soir là étaient étrangement troubles; rappelant ceux qu'ils avaient vus en rêve.

Ces deux yeux verts un instant plissés se fermèrent finalement tandis que la main un instant sur sa joue abandonnait sa place. Subaru allait bel et bien retourner dans sa chambre sans souffler mot, mais Seishiro n'était déjà plus d'humeur à le laisser partir.

La simple sensation de cette main sur sa joue, et plus encore le regard fascinant qui l’avait accompagnée, venait de raviver en lui une soif qu’il n’avait pu jusqu’à lors étancher. Peut-être ce soir aurait-il plus de succès : étancher cette soif à présent dévorante…

Le saisissant par la taille, et glissant effrontément une main sous son pull, Seishiro plaqua de son corps, celui de Subaru contre l'encadrement de la porte pour finalement obtenir ce qui lui avait échappé de peu la dernière fois.

Pris au dépourvu celui-ci n'eut pas même le temps de le repousser. Les lèvres de Seishiro sur les siennes lui avait fait perdre instantanément toute volonté. Aussi quand la langue pressante de Seishiro entreprit, après avoir caressé ses lèvres, de rejoindre la sienne, il ne put qu'y consentir dans un bref murmure.

La sensation était délicieuse, comme une révélation. Depuis combien de temps rêvait-il de ce contact ? Et maintenant, enfin, il pouvait le savourer pleinement… et avec quelle frénésie ! S’il avait pu s’abandonner…

Mais conscient de la situation, Subaru, ne sentant que trop parfaitement la main de Seishiro insidieuse contre sa peau, se serrant contre lui dans une étreinte désespérée, et répondant malgré lui et de tout son être à ce baiser enivrant ; savait et avec quelle douloureuse acuité, que cet instant de félicité ne pouvait durer.

Savourant un dernier instant cette torturante sensation, (et sentant la seconde main de Seishiro, qui ayant quitté sa nuque, était occupée à descendre toujours plus bas le long de son dos, vraiment très bas ... ) il mis brusquement fin à cette étreinte, détournant le visage et repoussant légèrement Seishiro, avant que les choses n'aillent trop loin, avant qu'il ne franchisse lui-même la limite de " non-retour ".

Mais Seishiro semblait peu disposé à relâcher sa proie, son souffle haletant, ses mains impatientes, et sa bouche avide vinrent tourmenter Subaru, tandis que celui-ci tentait de se libérer, et luttait pour ne pas céder à cet assault incroyable.

Gémissant, il parvint malgré tout à placer son front, habilement, tout contre le torse de Seishiro, échappant ainsi à ses lèvres incendiaires.

Il y eut, dans la pièce, un instant d'immobilité où seul le souffle rapide de Seishiro venait rompre le silence ambiant. La pluie au dehors avait cessé semblait-il, sans doute ne tarderait-elle pas à reprendre cependant, mais pour le moment un calme apparent était venu s'installer dans cette atmosphère troublée.

Toujours immobile Subaru n'osait esquisser un geste, n'y songeant même pas, se contentant de savourer ces instants précieux entre tous, le contact de Seishiro, la sensation de sa peau contre la sienne… sensation qu'il ne goûterait sans doute jamais à nouveau.

En cet instant Seishiro et lui étaient si proches que Subaru pouvait même percevoir les battements rapides de son cœur, à l’interieur de sa large poitrine. Une odeur légère mais insistante flottait également dans l’air ; un mélange entre le parfum caressant de l’excitation et l’odeur bien reconnaissable du sang… Subaru ferma les yeux.

Juste au-dessus de lui le souffle de Seishiro s'était peu à peu ralentit, et à présent l'immobilité de la pièce était total.

Lentement Subaru recula: après avoir refusé à Seishiro ce qu'il demandait, il ne pouvait ainsi prolonger plus longtemps cette étrange situation. Serrant les poings pour évacuer sa tension, il osa, malgré son appréhension, jeter un bref regard à Seishiro.

Celui-ci les yeux mis clos, la tête appuyée sur l'encadrement de la porte, contemplait Subaru tandis que sa langue passait, en un mouvement inconscient, sur ses lèvres humides. A voir son regard ainsi voilé, il était évident que Subaru avait laissé le jeu aller trop loin.

Seishiro le désirait à cet instant, cela ne faisait aucun doute. Qu’est-ce qui lui avait pris de venir ainsi en pleine nuit dans la chambre de Seishiro? A présent si celui-ci décidait de forcer un peu les choses, Subaru n'aurait sans doute ni la force, ni même la volonté de lui résister...

Plus tendu que jamais Subaru n'osait esquisser un seul geste, hypnotisé par la vue de Seishiro qui ainsi en proie au désir semblait tout à coup... humain.

Ce fut lui, qui après quelques instants, rompit le silence et l'immobilité de la pièce. Posant une main juste au dessus de Subaru il se baissa vers lui, déposant un léger baiser sur ses lèvres avant de murmurer " je vais rêver de toi, Subaru... je te raconterai... " et, souriant, il se détourna, s'étirant avant de regagner l'obscurité de sa chambre.

Subaru, en proie à une foule de sentiments contradictoires, referma doucement la porte derrière lui, avant de se diriger lui-même vers sa chambre. Ses yeux étaient plissés et sa bouche incurvée, en un léger sourire.

Dehors la pluie s'était remise à tomber, plus doucement. L'orage était passé.

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(fin mars: )

Le sifflement insistant derrière lui le ramena à la réalité. L'eau était chaude, le petit déjeuner était prêt. Se servant du café, et posant son bol distraitement devant lui Seishiro s'attabla tout en parcourant les titres dans le journal. Rien de bien passionnant...

Un bruit de pas lui fit lever les yeux, Subaru l'air endormi vint s'asseoir en face de lui. Attrapant un second bol et le remplissant à son tour de café, Seishiro le tendit à Subaru qui le remercia d'un sourire.

La veille Subaru était rentré tard comme à son habitude, mais ce matin il semblait avoir réellement du mal à se réveiller. Avant qu'il ne s'asseye Seishiro avait pu remarquer qu'il n'avait pas pris la peine de s'habiller aussi soigneusement qu'il le faisait d'habitude. Il s'était contenté d'enfiler un pantalon et un tee-shirt, tous deux froissés ...

Mais en même temps le manque de sommeil avait chez lui un effet positif: dans cet état de demi-sommeil, Subaru apparaissait toujours tranquille, détendu, comme libéré de tout souci. En réalité il n’était sans doute pas assez lucide ni assez conscient des choses et de lui-même pour se rappeler de ce qui, le reste du temps, assombrissait constamment son expression. A son réveil, spécialement lorsqu'il avait peu dormi, Subaru semblait se révéler pleinement. Ainsi naturel et libéré... il était magnifique.

Observant silencieusement Subaru qui buvait son café, Seishiro ne pouvait s'empêcher de se demander à quoi jouait cet être si étrange, à se trouver comme il l'était à ce moment, tranquillement assis face à lui, tout en sachant pertinemment face à qui il se trouvait. A quoi songeait-il de partager ainsi ses repas quotidiennement avec un assassin? un assassin n'était-ce là pour lui, qu'une personne comme les autres? Qu'éprouvait-il exactement? ...

Seishiro se méfiait des sentiments, sa connaissance en était imparfaite tellement cette notion lui était étrangère. Pour lui il s'agissait d'une faiblesse qui conduisait parfois à des extrémités et qui alors se révélait dangereuse, ou pour le moins difficile à contrôler. Avec les sentiments, on ne peut prévoir les choses. Pour le Sakurazukamori ce genre de situation était de fait difficile à accepter.

S'absorbant dans la contemplation de Subaru finissant son bol de café, Seishiro commença à s'interroger sur ce qu'il allait faire. Il était temps de prendre une décision. Ferait-il du jeune homme son amant... ou bien le tuerait-il?

La question était simple mais le choix difficile. Le tuer signifiait mettre fin à tout problème, à toute interrogation, éviter tout danger.

En faire son amant serait délicieux par biens des aspects et pour des risques somme toute infimes. L'énergie et les efforts à déployer cependant seraient alors plus conséquents... Par deux fois Subaru l'avait déjà repoussé sans expliquer son refus. Dans sa position, Seishiro se trouvait dans une impasse. Méditant la question, tout en étudiant la fine silhouette offerte à son regard; Seishiro se résolût finalement à s'accorder une dernière semaine pour tenter de réaliser ‘ses projets’. A la fin de cette semaine; si ceux-ci n'avaient pas aboutis… il renoncerait.

Subaru venait de terminer son café, et s'étirait à présent, toujours sur son tabouret. Ses yeux se fermèrent un moment, avant de se rouvrir doucement et ils rencontrèrent alors le regard attentif de Seishiro. Subaru complètement détendu jusque là se mit à battre des paupières, troublé; il semblait s'apercevoir seulement à présent du regard insistant posé sur lui.

Passant une main fébrile dans ses cheveux, Subaru afficha un sourire visiblement embarrassé, et se leva brusquement pour regagner sa chambre. Leurs relations depuis le soir d'orage où Subaru avait rendu visite à Seishiro, étaient devenues réellement tendues.

Dès qu'ils se trouvaient seuls dans une pièce pour peu que Seishiro regarda Subaru avec trop d'insistance, aussitôt celui-ci devenait nerveux ne sachant visiblement comment agir, ou bien il adoptait un comportement froid et distant ce que Seishiro, malgré ses efforts, n'arrivait décidemment pas à supporter.

Il n'y avait guère que dans les lieux publics où ils pouvaient encore tous deux se comporter " normalement ", c'est-à-dire, sans que ce trouble ne vienne se placer entre eux.

Heureusement, songea Seishiro; c'était là devenue une sorte d'habitude entre eux, et le nombre de leurs rendez-vous n'avait pas diminué malgré l' " incident ". Pour aujourd'hui il ne lui restait donc plus qu'à attendre patiemment la fin de l'après-midi...

 

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La journée était passée relativement vite en fin de compte, il avait été témoin d'un accident dans la rue, et par jeu s'était porté au secours de la jeune femme blessée dans la collision. La voiture rouge de la jeune femme était cabossée sur le devant et réclamait à présent une séance de remise en forme chez un garagistre. La jeune femme quand à elle était surtout choquée et Seishiro l'avait simplement aidée à descendre de sa voiture. Ne désirant pas arriver en retard à son rendez-vous avec Subaru il avait alors voulu la laisser, mais réellement désorientée et légèrement blessée à la tête, la jeune femme dans un élan de confiance envers cet homme qui lui avait porté secours, s’était aggrippée à sa veste, l’obligeant à rester, ou –autre possibilité- à la bousculer pour se libérer… C’eut été un manque de discrétion et de savoir vivre, une marque d’impatience bien indigne du Sakurazukamori… aussi Seishiro lui tint compagnie jusqu’à l’arrivée de l’ambulance.

Pendant ce labs de temps où ils attendaient les secours Seishiro s’était employé dans un premier temps à réconforter la jeune femme, encore nerveuse. Mais celle-ci s’était ressaisie incroyablement vite, et après quelques tristes regards en direction de sa voiture applatie ; la jeune femme s’était tournée vers son " sauveur " pour le remercier d’un chaleureux sourire, qui étonna Seishiro aux vues des circonstances. La jeune femme se prénommait Miku, elle travaillait dans une société d’informatique ce qui n’avait rien de passionnant, mais répondant aux questions de Seishiro, elle déclara être satisfaite de sa vie. Amenant habilement la conversation sur un terrain qui l’amusait un peu plus, Seishiro, considérant qu’elle ne portait pas d’alliance, fit mine de s’étonner de ce qu’elle ne fut point encore mariée. Un sourire charmeur se joignit à ses paroles et il la vit rougir, avant qu’elle ne détourne la tête.

Seishiro observa son profil, pensif.

Dès qu’il était question de sentiments, les gens avaient des réactions vraiment impulsives…

" Et vous ? " riposta-t-elle soudain, " vous êtes marié " ?

Seishiro ne put s’empêcher d’éclater de rire à cette pensée.

" C’est que… rares sont ceux qui demeurent longtemps en ma compagnie, vous savez ", articula-t-il après avoir repris quelque peu son sérieux. La jeune femme fronçait les sourcils : " Ils ne l’apprécient pas ? vous plaisantez ? vous êtes d’une telle gentillesse ! ! " s’exclama-t-elle, " je ne peux vous croire ".

Seishiro, sourit. Quelle naïveté… rien d’étonnant après tout, il jouait la comédie depuis tellement longtemps à présent. L’illusion pour lui n’était même plus un jeu, mais une simple habitude. Comment aurait-elle pu percer son masque ? Personne n’en était capable… Il marqua une pause, l’image de son jeune colocataire lui vint à l’esprit: personne ?

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Il n'avait pas vu le temps passer et était même arrivé légèrement en retard au rendez-vous. C'était bien la première fois! Ce n'était pas ennuyeux cependant cela avait permis de lancer la conversation ce qui était toujours délicat avec Subaru... Il lui avait ainsi raconté sa journée, l'accident et l'innocence de cette jeune femme...

Subaru avait eu l'air vivement intéressé par son récit. Etonné également de ce que Seishiro l'ait secourue... Plaisantant Seishiro avait pris l'air faussement vexé mais les yeux de Subaru inhabituellement sérieux l'avait stoppé net.

Apparemment Subaru cherchait à cerner sa personnalité c'était flagrant... Il sourit.

Subaru lui portait réellement de l'intérêt, n'est-ce-pas? ... Il fallait qu'il essaye à nouveau.

" Subaru? " Devenu un instant songeur, celui-ci rappelé ainsi à la réalité sursauta, levant ses yeux interrogateurs sur Seishiro.

Celui-ci reprit: " je ne t’ai pas raconté mon rêve de l’autre nuit… ". Subaru, le regarda un instant sans comprendre, avant de réaliser tout à coup, ce à quoi Seishiro faisait allusion. Il rougit, se reprochant une nouvelle fois, la visite nocturne qu’il avait faite à Seishiro. Mais celui-ci continua : " Subaru, tu y étais vêtu d’une tenue d’exorciste… ".

Le ton de la conversation avait changé, Subaru se mordit les lèvres. Que pouvait-il répondre si Seishiro avait retrouvé la mémoire ? ! Mais c’était impossible… Subaru leva des yeux inquiets sur Seishiro. " Que veux tu me dire? ", parvint-il à demander, fébril.

Seishiro face à lui demeurait immobile et silencieux. Son regard insistant plongeait Subaru dans le plus profond malaise. Avait il retrouvé la mémoire ?  Subaru n’osait souffler mot. Paralysé sur son siège, il attendait prostré la coup fatal qui n’allait pas manquer d’arriver.

Seishiro rompit finalement le silence : " Subaru… es tu bien sûr que ta place soit ici, juste en face de moi ? "

Subaru demeura un instant interdit. Quelle étrange phrase dans la bouche du Sakurazukamori … " Seishiro… "

" est-ce que tu trouves ça absurde ? Que quelqu’un soit assis face à toi… 

… n’est-ce pas là, le seul sens possible à une existence…? "

Seishiro écarquilla les yeux.

" Vivre seul ou mourir, il n’y a pas de différence… " murmura Subaru dans un souffle à peine audible, comme s’il se parlait à lui-même ; mais son regard quant à lui demeurait cependant attaché avec insistance à Seishiro.

Les deux yeux verts face à lui, le fixaient dans une expression figée entre la volonté de persuasion et la tristesse. Les mots prononcés par Subaru, retentissaient dans son esprit : " le seul sens possible " ? Seishiro esquissa un sourire.

" Subaru… c’est une demande en mariage"?

Subaru rougit. Seishiro laissa échapper un rire amusé ; puis il reprit ; " Subaru, tu sais bien que tout ça n’a pas de sens pour moi… n’est-ce-pas ? ". Subaru baissa les yeux, essayant de soustraire son visage à la vue de Seishiro. Le Sakurazukamori venait de s’affirmer dans sa plus totale insensibilité… Les poings de Subaru se serrèrent sous la table.

Sans même le voir, Seishiro en était conscient et contemplait l’effet que ses paroles avaient sur Subaru. Il éprouvait un réel plaisir à le voir réagir à ses paroles.

Il retira ses lunettes, et les pliant, les posa sur la table. " Subaru " murmura-t-il doucement, faisant sortir celui-ci de sa torpeur. " Je peux comprendre ce que tu viens de dire… ne fais pas cette tête " Seishiro marqua une pause avant de continuer : " mais dis-moi, est-ce que cela ne change pas quelque chose pour toi? Est-ce que tu ne me hais pas pour ce que je fais? "...

Subaru relèva la tête, un vague sourire dessiné sur les lèvres. Ses yeux se fixèrent résoluement sur Seishiro, emplie d’une détermination dont on n’aurait su dire quelle sorte de passion pouvait en être à l’origine.

Contemplant, perdu, le regard insistant posé sur lui, ce regard si intense, Seishiro sourit à son tour, laissant s’installer un nouveau silence entre eux. Quelques minutes s’écoulèrent. Subaru avait tourné son attention vers ce qui se passait dans la rue, observant le lent mouvement de la foule. Seishiro quant à lui contemplait silencieux, le délicat profil. Sur la table, un léger tremblement agitait la main gantée de noir…

Seishiro s’en saisit, ce qui immédiatement fit se retourner vers lui le délicat visage. " Si ce siège en face de moi doit être occupé par quelqu’un Subaru-kun ; je crois moi aussi que c’est par toi qu’il doit l’être… " murmura-t-il, le ton inhabituellement sérieux. Subaru resta impassible, cherchant dans ce regard la pointe d’ironie ou de moquerie qui ne devait pas manquer de s’y trouver.

N’y trouvant rien de tel, il baissa les yeux, troublé. Sa main restée dans celle de Seishiro était plus que jamais agitée d’un tremblement qui trahissait son émotion. Un vague sourire se dessinait sur les les lèvres du Sakurazukamori.

Puis Seishiro, par dessus la table, approcha doucement son visage de celui de Subaru. Celui-ci eut un mouvement de recul, mais déjà Seishiro lui chuchotait à l’oreille : " mais il est vraiment regrettable que cette table nous sépare … " . Aussitôt Subaru bondit de son siège.

Les yeux braqués sur sa montre, il donnait tous les signes d’une folle panique : " je vais être en retard ! Seishiro, je dois y aller " !

" mmh, suspect " pensa Seishiro. Mais il était vrai que le temps s’était écoulé incroyablement vite. Prenant ses lunettes qu’il avait laissé posées sur la table, Seishiro se leva à son tour, non sans affirmer au passage, un sourire sur les lèvres : " Je t’attendrai ce soir Subaru… il faut que nous continuions cette conversation, n’est-ce-pas " ? Subaru opéra un léger changement de couleur dans les nuances de rose… " Seishiro, j’aime… quand tu enlèves tes lunettes ", murmura-t-il cependant en passant près de lui. Seishiro esquissa un léger sourire en glissant les lunettes qu’il tenait à la main, dans sa poche interieure. " Allons-y à présent; je ne voudrais pas te mettre en retard, Subaru " ce dernier sourit à son tour, tout en se dirigeant vers la sortie.

 

 

 

 

 

 

Une fois dans la rue, Seishiro fit un dernier signe de la main à Subaru, tandis que celui-ci, déjà éloigné de quelques pas, cherchait à gagner le passage piéton. Ne pouvant manquer d’être étonné par ce geste vraisemblablement spontané et affectif que lui adressait Seishiro, Subaru déconcerté, perdit un instant ses esprits.

Chacune des paroles de Seishiro qui pouvait sembler sérieuse était inévitablement suivie par d’autres, dîtes sur le ton de la plaisanterie ou de la provocation, qui venaient annuler le caractère sérieux des précédentes. De même il était impossible de différencier dans l’attitude de Seishiro, les gestes spontanés et naturels de ceux que Seishiro adoptait par pur jeu. Une fois de plus il était impossible de savoir avec certitude ce que Seishiro pensait…

Ainsi absorbé dans cette reflexion, Subaru ne vit pas arriver le taxi maladroit qui trop alcoolisé (oui oui un taxi alcoolisé !… bon le chauffeur peut être alors…) vint le heurter violemment avant de finir sa course quelques mètre plus loin dans un amoncellement de poubelles.

Renversé par l’impact, Subaru, tenta de se relever, mais une douleur vive à la jambe le fit chanceler.

Aussitôt une main ferme vint le soutenir, l’empêchant de tomber à nouveau, et l’aidant à se relever complètement.

" Seishiro… "

Sans même lever les yeux, Subaru savait que c’était lui. " Ça va aller, Seishiro, je peux tenir debout maintenant ", dit-il en essayant de se dégager. " D’accord ", murmura Seishiro avant de retirer son appui. Subaru leva des yeux étonnés. Il avait tenté de se dégager pour la forme, sans conviction aucune. Depuis quand Seishiro écoutait-il ses protestations dans une situation comme celle-ci ?

" Je reviens", ajouta Seishiro en s’éloignant. Subaru le suivit du regard. " Qu’est ce que…  ? " C’est alors qu’il comprit, en voyant Seishiro s’avancer vers le taxi, pour en sortir brutalement le chauffeur, ivre-mort. L’expression de son visage ne laissait présager rien de bon… rien de bon pour le chauffeur en tous cas.

" Seishiro, arrêtes ! Mais qu’est ce qui te prend ! ! ? ", cria Subaru, affolé.

Des gens témoins de l’accident, contemplaient la scène à une distance respectueuse. Il n’en restait pas moins que Seishiro, était sur le point aux yeux de tous, de…

Subaru, malgrè sa jambe blessée, s’élança vers Seishiro pour tenter de l’arrêter. " Seishiro ! ! "

Mais Seishiro avait déjà suspendu son geste, le bras levé, il regardait l’homme inconscient qu’il tenait à bout de bras. Son expression avait changé. Relachant tout à coup ce qui avait menacé d’être l’une de ses victimes, il se détourna ; et apercevant Subaru qui essayait de le rejoindre, il se précipita vers lui. " Subaru, il ne vaut vraiment pas la peine que tu te blesses davantage pour lui porter secours  ", s’exclama-t-il, un accent de contrariété dans la voix. " Viens, je t’emmène à l’hôpital… ", ajouta-t-il en le soulevant dans ses bras, accompagnant son geste d’un large sourire.

 

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Une chambre d’hôpital.

Subaru se trouve assis dans une chaise placée auprès d’une fenêtre.

" "Je ne peux empêcher ces souvenirs.

Ils ne cessent de hanter mon esprit.

Ce jour-là au pied du Cerisier… j’y ai beaucoup repensé.

Comment pourrai-je te reprocher ce que tu es ?

Casser un bras, tapper dans une pierre… c’est la même chose pour toi.

Tu ne fais pas la différence. Alors est-ce vraiment… " mal " ?

Tous ces mots que tu m’as dis autrefois…

C’est bien la même personne.

Celle qui n’éprouve rien, même lorsque son bras traverse leurs poitrines et que leur sang ruiselle…

Celle pour qui j’éprouve toujours des sentiments.

Demain cela fera un an.

Un an que je vis à tes côtés…

Et je devine que rien n’a changé…

Pourtant… qu’allais-tu faire à ce chauffeur qui m’a renversé ?

Hokuto ma chère sœur, tuée par lui pour récupérer mon cœur.

Celle qui voulait que je sois attaché à quelque chose*.

Serais-tu heureuse de savoir qu’aujourd’hui, il en est ainsi?

Ou bien pleurerais-tu?

Aujourd’hui je peux prononcer ces mots…

" je me moque de ce que pensent les autres

et même s’ils ne sont pas d’accord, je ne changerai rien à ma vie".

J’agirai selon ma propre volonté… ".

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ler avril:

Cette histoire l'avait plus retardé qu'il ne l'aurait cru. C'était étonnant la réticence que cet homme avait mis à mourir... Résultat il était en retard alors qu’il était supposé aller chercher Subaru à l’hôpital et le ramener à la maison ! C’était vraiment ennuyeux, il faudrait qu’il trouve le moyen de se faire pardonner…

En attendant il fallait qu’il se dépêche. Courant plus qu’il ne marchait à travers les couloirs de l’hopital, Seishiro arriva finalement à la chambre de Subaru, mais il eut la désagréable surprise de trouver celle-ci tout à fait vide. Interrogeant une infirmière qui passait, il apprit que Subaru avait fait appeler un taxi et était parti à peine une heure auparavant. Contrarié, Seishiro remercia mécaniquement l’infirmière et reprit sa course en sens inverse.

Quelle stupidité ! Pourquoi Subaru ne l’avait-il pas attendu ? Le médecin lui avait déconseillé de se déplacer sans béquilles et les béquilles c’est lui qui les avait ! C’était vraiment stupide, il risquait d’aggraver sa blessure même si celle-ci n’était au fond pas bien grave…

Arrivé à l’appartement, Seishiro enleva son imper d’un mouvement rapide et localisant, au bruit d’eau, que Subaru devait être dans la salle de bain, il en ouvrit la porte, sans réfléchir davantage.

Seishiro s’arrêta aussitôt interdit. Subaru était bien là, sauf qu’il... sortait visiblement de son bain. Seishiro oublia instantanément les reproches qu’il s’apprêtait à formuler.

En revanche son regard détailla longuement l'image qui s'offrait à lui, et ce, avant même qu'il ne se rende compte de la situation et de ce qu'il était en train de faire.

Subaru le regardait de ses grands yeux verts, le visage coloré et le corps encore ruisselant. Aussi surpris que Seishiro, il eut cependant le réflexe de nouer autour de sa taille la serviette qu'il tenait jusque là à la main ; et levant à nouveau le regard vers Seishiro, moitié gêné, moitié surpris il attendit que celui-ci se décide à faire un mouvement.

Mais Seishiro qui réagissant enfin, s'apprêtait à refermer la porte un sourire dessiné sur les lèvres, demeura à l'inverse immobile, son esprit venant apparemment de percevoir l'image à laquelle son regard s’était si obstinément attaché.

C'était un détail de la physionomie de Subaru, un simple détail mais Seishiro fut soudain comme paralysé.

Subaru se tenait debout face à lui, et mise à part la zone dissimulée sous sa serviette nouée à la hâte, tout son corps s'offrait en cet instant à la vue de Seishiro.

Son corps était mince comme l'avait laissé deviner ses vêtements noirs et serrés; ses membres fins n'étaient cependant pas dénués de muscles et cette alliance s'harmonisait parfaitement dans un effet des plus réussi: son torse large contrastait avec une taille plus fine et un ventre lisse, sous lequel se devinait la présence de muscles actuellement tendus comme tout le corps du jeune homme. Une tension nerveuse se dégageait en effet de lui, et ses mains étaient crispées autour de sa serviette dans le cas où celle-ci aurait voulu stupidement abandonner sa place ; et sur ses mains crispées ... Seishiro n'arrivait pas à former de pensées cohérentes. Son regard enregistrait et percevait bien la totalité de la scène, toutes les nuances du corps élancé et fin de Subaru mais là s'arrêtait ses pensées.

Réalisant tout à coup ce qui sans aucun doute paralysait ainsi Seishiro, et comprenant que celui-ci n'était de fait pas prêt d'esquisser un seul geste, Subaru, baissant la tête dans un mouvement amer, et affichant sur son visage une expression douloureuse qu'un sourire forcé ne parvint pas à cacher, il prit brusquement le chemin de sa chambre, frôlant au passage un Seishiro obstinément immobile. Celui-ci ne réagit pas, du moins pas avant que le bruit d'une porte en claquant, ne le fasse sursauter, le forçant à un brusque retour à la réalité.

Sur les mains crispées de Subaru et à présent devant ses yeux hagards, se dessinaient deux étoiles dont les cinq branches étaient étrangement inversées...

 

 

Subaru venant de refermer la porte derrière lui, s'effondra aussitôt sur le sol, n'ayant plus la force de contrôler le désespoir qui s'était emparé de lui. Pourquoi avait-il fallu que Seishiro rentre dans la salle de bain à ce moment là ? Pourquoi n'avait-il pas pensé à fermer la porte à clef comme il aurait dû le faire ? Pourquoi avoir retiré ses gants !?? Mais rien ne servait de s'interroger ainsi, la seule chose importante à présent était que Seishiro ne se comporterait plus jamais avec naturel, que Subaru n'avait pas réussi à faire ressentir quoique ce soit à Seishiro, que celui-ci allait à nouveau se montrer froid et distant comme ce jour là au pied du cerisier... et Subaru ne supportait pas cette idée.

Il n'avait pas réussi à réaliser son voeu et à présent, alors que la trahison devait être de son fait, c'est Seishiro qui une nouvelle fois l'emporterait.

L'insensibilité était-elle donc l’unique moyen de vivre dans ce monde, le seul moyen d'y vivre et de survivre à toutes ces épreuves? Pourquoi fallait-il qu'il ressente quelque chose pour cet homme? La douleur dans sa poitrine, cette même blessure jamais cicatrisée le fit exploser en sanglots silencieux.

 

 

Seishiro se tenait debout, appuyé contre la fenêtre de sa chambre et regardait à l'extérieur sans même voir ce sur quoi se posaient ses yeux. Les marques sur ses mains... Des étoiles inversées, si familières, symbole de son pouvoir, et de son être même... Il savait très bien ce qu'elles signifiaient, il savait ce que à présent il se devait de faire.

Subaru était un être " spécial ", il l'avait su immédiatemment. Mais jamais il ne se serait douté que Subaru était la proie du Sakurazukamori... sa proie.

Il s'expliquait mieux à présent les gants que portait toujours le jeune homme. Ils lui permettaient d'atténuer le rayonnement des marques, chose sans laquelle Seishiro les aurait immédiatement découvertes. C'était d'ailleurs remarquable, ces gants étaient dotés d'un grand pouvoir, la personne auteur de ce sortilège était très puissante. Réussir à contenir ainsi le pouvoir qu'il y avait dans ces croix!

Mais là n'était pas ce qui lui importait, qui que soit cette personne il la trouverait et la tuerait. Ou mourrait lui-même peu importait... chacun finit par mourir un jour, là n’était pas la question. Non, la seule question, c’était celle qui continuait de s’attacher à la personne de Subaru.

Plus que jamais le jeune homme était un mystère pour lui et il ne l'acceptait pas. Comment était-il possible qu'il ait ces marques sur ses mains? Il n'avait aucun souvenir de les avoir faîtes !

Totalement perdu, incapable de comprendre comment une telle situation avait été rendue possible… comment Seishiro pouvait-il décider de la conduite à adopter ? Il ne pouvait rester dans l'ignorance, ne pouvait rien décider, rien faire sans avoir une idée globale de la situation. Qui était Subaru bien sûr… mais surtout pourquoi? Pourquoi était-il venu de lui-même vivre à ses côtes? Pourquoi... alors qu'il savait? !

 

 

Lorsqu'il sortit finalement de sa chambre Subaru se retrouva face à Seishiro qui visiblement l'attendait, appuyé sur le comptoir de la cuisine. Sachant que ses yeux rougis trahissaient les larmes qu'il avait versées, Subaru détourna son visage quand le regard de Seishiro croisa le sien. Décidé cependant à ne pas éviter la confrontation, Subaru vint s'asseoir sur un des tabourets qui se trouvaient le long du comptoir.

Ce fut Seishiro qui rompit le silence osant formuler les questions qui les séparaient. " Sais-tu ce que signifie ces marques sur tes mains..? " demanda-t-il se saisissant tout à coup de l'une d'elles.

Il prononça quelques mots et les gants de Subaru se déchirèrent sous l'effet du sortilège, libérant une main que Seishiro porta à sa joue murmurant " Bien sûr que tu le sais n'est-ce pas? "

" Alors… pourquoi es-tu ici? ", scrutant le visage baissé de Subaru et laissant passer un silence, il continua: " Ne sais-tu pas ce qui va se passer maintenant? ... Que je suis le Sakurazukamori et que tu es ... ma proie? ", il saisit l'autre main gantée de Subaru et plus rapidement la libéra sous l'effet du même sortilège.

Subaru n’opposait aucune résistance, gardant ses yeux fixés sur un point lointain, vers le sol, évitant désespéremment de se plonger dans ceux de Seishiro.

" Cependant je ne me souviens pas avoir fait ces marques...  Subaru… " continuait celui-ci, sur un ton monocorde.

Subaru sentait à présent un léger tremblement qui, lui semblait-il, agitait les mains de Seishiro ; comme s’il tentait de contenir une trop forte émotion … mais n’était-ce pas plutôt son propre tremblement qu’il communiquait à Seishiro ? La gorge nouée par des sanglots trop proches, il ne pouvait souffler mot, et ne le souhaitait à dire vrai même pas. Pourquoi précipiter encore davantage des évènements de toutes manières inéluctables?

Brusquemment Seishiro lui releva le menton, tournant son visage de force vers le sien. Constatant à ses yeux rougis qu'il avait pleuré il sourit, moqueur.

Dans un murmure, le prenant presque dans ses bras, il s’excusa : il était désolé de le faire pleurer, vraiment, et voulait se faire pardonner pour ça… se rapprochant encore, il déposa un baiser sur les lèvres de Subaru, tout d'abord léger puis de plus en plus insistant.

Comme s’il avait suffit de ce simple contact pour briser la barrière qui les séparait l’instant qui avait précédé, tous deux à présent se livraient sans retenue aucune, se dévorant presque ; et dans une frénésie impatiente, leurs bouches entreouvertes se goûtaient maintenant l'une l'autre.

Le tabouret fit entendre un bruit sourd en se renversant sur le sol, mais les deux corps étroitement enlacés poursuivirent leur étreinte, sans que ni Seishiro, ni Subaru n'y aient prêté attention.

La chemise largement ouverte de Seishiro, laissait libre passage aux mains légères de Subaru, qui caressaient et exploraient sans retenue ce torse admirable; tandis que la bouche avide de Seishiro descendait du visage vers la gorge de Subaru, dont pull et sous-pull jonchaient désormais le sol.

Seishiro avait vu les marques sur ses mains... Subaru n’osait croire à la réalité de la situation ; encore moins à la réalité de ces sensations si violentes que faisait naître en lui le seul contact des lèvres de Seishiro sur les siennes et de ses mains sur sa peau. Mais alors qu'il donnait depuis quelques minutes déjà, libre cours à sa passion, Subaru suspendit soudainement ses caresses. Non, c’était impossible...

Seishiro, enfiévré, était sur le point de défaire la ceinture de Subaru, lorsqu'il sentit tout à coup celui-ci s'immobiliser. A cet instant, Seishiro aurait sans doute poursuivi son geste s'il n'avait senti que Subaru, entre ses bras, faisait appel à une force spirituelle...

Regagnant péniblement sa lucidité, Seishiro eut le temps de reconnaître confusément les mots achevant un puissant sortilège. Mais il ne tenta même pas de s'en protéger. Il savait pertinemment que toute tentative était inutile, le temps et la concentration lui manquait.

Cherchant inconsciemment le regard de Subaru, Seishiro s'interrogea un instant sur ce qui allait se produire; mais l'effet du sortilège vint couper net le mouvement de ses pensées chaotiques, tandis que ses yeux se fermaient malgré lui, percevant encore l'image imprécise de deux yeux verts, étrangement durs, comme insensibles, dénués semblait-il de toute expression. "Su..ba..ru.., murmura-t-il alors que le noir devenait total.

Subaru contemplait l'effet du sort qu’il venait de formuler, mais ne parvenait pas réellement à concevoir la situation. L'effort de volonté qu'il avait dû faire et le désespoir qui l'avait submergé, lui avait fait perdre toute raison.

Saisissant malgré tout l'image de Seishiro tombant à terre, il tenta impulsivement de freiner sa chute et entraîné, se retrouva à terre, adossé au comptoir, le corps de Seishiro contre lui.

Incapable d'un seul mouvement, Subaru avait fermé les yeux depuis un moment déjà, le corps de Seishiro reposant toujours contre le sien. Il ne pouvait plus bouger, il n'osait plus. Si seulement il avait pu arrêter le temps...

Mais les minutes continuant de s'écouler, Seishiro commença à remuer contre lui, reprenant connaissance. Le regard perdu, Subaru attendait ; à chaque seconde Seishiro retrouvait davantage ses esprits et bientôt -Subaru le savait- il revivrait à nouveau cette scène, au pied du Cerisier, et cette douleur, si foudroyante qu'elle l'avait brisé, totalement.

Cette fois il mourrait sans doute. Peu importait… mais il ne voulait pas voir les yeux cruels et froids de Seishiro posés sur lui, non pas une nouvelle fois...

Seishiro contre lui, se redressait à présent, il avait visiblement recouvré ses sens. D'un instant à l'autre, Subaru serait une fois de plus la proie du Cerisier. Il ferma les yeux.

" Subaru... "

La voix de Seishiro... interrogative, pas encore moqueuse…

" On dirait que cette fois, c'est toi qui a joué avec moi, pendant une année... est-ce que tu t'es bien amusé Subaru ? " une main contre sa joue, qui l'effleure doucement... bientôt cette même main lui brisera les membres... cela aussi fait partie de son jeu, de son plaisir... la souffrance et la douleur si étrangères pour lui, il veut les voir, les lire dans le regard de sa proie.

" Ouvres les yeux Subaru "

Il veut les voir... pourquoi est-ce que je ne peux lui résister? Seishiro moi aussi je veux te voir mais ce n'est pas pour les mêmes raisons... je veux lire de l'envie dans tes yeux, pas de l'indifférence... j'ouvre les yeux… ton visage est si proche du mien.

" Tes yeux me plaisent Subaru... " Un léger rire : " si je pouvais ressentir quelque chose je les aimerais sans doute ". Une caresse… Il m'embrasse ! A quoi joue-t-il ? ses lèvres sont si douces...

" Seishiro "...

***


Les deux corps allongés sur le sol froid de la cuisine ne semblaient former plus qu'un être. Les souffles haletants de Seishiro et Subaru, à présent mêlés, commençaient à emplir le lourd silence de la pièce, tandis que les frôlements, changés en caresses, se faisaient plus intenses. Seishiro avait placé l'une de ses mains sous la nuque de Subaru, de l'autre il l'avait enserré au niveau de la taille, savourant le contact de son corps ainsi serré contre le sien. Autour d'eux gisaient leurs vêtements, épars sur le sol.
Leurs lèvres jointes se confondaient, se dévorant mutuellement, augmentant encore la soif qui les dévorait tout deux. Subaru se demandait s'il n'allait pas défaillir, noyé qu'il se trouvait sous une multitude de sensations ; mais désormais indifférent à tout ce qui n'était pas Seishiro, il n'était occupé qu'à gouter et à apprécier chaque baiser, chaque frisson, chaque saveur que lui procurait cet instant .
Le désir se faisant plus pressant, les gestes de Seishiro perdaient leur retenue, et des sons inarticulés se faisaient entendre..
Subaru de ses mains, suivait à présent la courbe que dessinait le dos de Seishiro, tandis que celui-ci de ses lèvres, visitait le torse offert. Sous la caresse, le corps entier de Subaru se tendit brusquement, et ses mains crispées s'enfoncèrent dans les chairs qu'il parcourait, meurtrissant le dos de Seishiro.
Puis, il y eut cette fraction de seconde où leurs yeux se rencontrèrent...
Une éternité. ou un battement de cils. Leurs regards ancrés l'un dans l'autre… et le désir qui allumait dans leurs yeux une lueur passionnée, ardente...
Ce bref regard échangé, éveillant dans leurs deux corps une passion insoupçonnée, avait achevé de remplir leurs membres d'un feu dévorant. La sensualité qui en naissait, empreignant chacun de leurs gestes, composait un
tableau affolant de désir et d'ardeur. Les choses devenaient confuses dans leurs esprits et d'une acuité à couper le souffle pour leurs corps, submergés par le flot de sensations. Leurs yeux se fermèrent.
Subaru sentait les mains de Seishiro courir sur sa peau blanche, tandis que lui-même, impatient, l'encourageait de ses gémissements, tout en lui rendant chacune de ses caresse.
Un instant d'inattention, un éclair de folie subite et Seishiro goûtat à son tour à la fraicheur du sol, tandis que Subaru au-dessus de lui, frissonnant, lui écartait les cuisses d'une main décidée avant de commencer à explorer
son bas ventre.
Seishiro ne put retenir un cri. La bouche habile de Subaru, amenait dans ses veines un torrent de feu brulant, et des sensations qu'il n'aurait jamais cru possibles.
Sa tête bascula en arrière, et sa bouche entre-ouverte laissa échapper un second cri étouffé. Réunissant toute la volonté qui lui restait, il repoussa légèrement Subaru, avant de le saisir tout à coup au poignet, et de le soulever entre ses bras musclés, l'emmenant ainsi dans sa chambre.
Alors, une fois, sur le lit, les deux corps se redécouvrirent une seconde fois. L'ardeur et le désir semblaient ne vouloir jamais diminuer.

Descendant à nouveau, embrassant chaque parcelle de peau qui s’offrait à lui, Subaru regagna bientôt la place qu’il avait été obligé d’abandonner plus tôt. Se mordant les lèvres, Seishiro laissa à nouveau échapper des gémissements sous l’attaque du plaisir. Mais ne voulant pas s’abandonner si vite , d’un geste, il mit fin à la délicieuse et torturante caresse. Contenant tant bien que mal son désir, il enlaça Subaru de ses bras, le tenant serré contre lui, tandis qu’il cherchait malaisément à retrouver son souffle. Lentement il désérra légèrement son étreinte, laissant ainsi son regard plonger dans celui de Subaru.

Celui-ci semblait étonné que Seishiro l’ait ainsi arrêté, et ses deux yeux verts, -si limpides ne put s’empêcher de noter mentalement Seishiro- le fixaient interrogatifs, dans une expression quelque peu désorientée. Laissant son regard se perdre dans celui de Subaru, Seishiro restait immobile. Une faible lueur parvenait de la rue et venait éclairer le visage de Subaru marqué d’une légère coloration. Au lointain on pouvait deviner, au bruissement de leurs ailes, le passage de quelques oiseaux nocturnes. Dans la pénombre de la pièce, on ne percevait plus aucun mouvement, seul le souffle mêlé des deux respirations demeurait perceptible.

Sans un bruit, le regard toujours perdu dans celui de Subaru, Seishiro leva lentement sa main, et insensiblement l’approcha du visage face au sien, si proche.

" Subaru… "

Un léger murmure, à peine audible.

Un éclat fugace passa dans les yeux de Subaru, son regard se déroba, et tout son corps à la place vint embrasser celui de Seishiro.

Les mouvements reprirent avec d’autant plus d’intensité, et leurs bouches se joignirent une nouvelle fois, mais avec bien plus d’insistance, les mains courant sur les deux corps suivant le même rythme fiévreux que leurs langues.

Puis, doucement et comme au ralenti, Seishiro amena Subaru à s’allonger sur le lit, et le recouvrit bientôt de son corps, visitant et explorant de ses lèvres...

Le creux entre le cou et l’épaule, la gorge exposée, offerte ; le ventre lisse… Seishiro continuait sa lente progression.

Subaru les yeux mi-clos, ne détachait pas son regard de cet être qui, par ses caresses, éveillait en lui ces sensations si incroyables… Comme s’il n’osait croire à la réalité que lui faisait percevoir ses sens, comme si le contact des ces lèvres sur sa peau lui semblait par trop chimérique, Subaru tendit une main incertaine pour la passer timidement dans les cheveux de Seishiro. Celui-ci, un sourire inconscient éclairant son visage, tendit à son tour la main, à la rencontre de celle de Subaru ; les laissant toutes deux se joindre, et s’enlacer ; en un geste qui semblait vouloir sceller une union secrète et défendue.

Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, échangeant un baiser plus rapide. Puis Seishiro, sans relacher la main qu’il tenait serrée dans la sienne, descendit à nouveau le long du torse pâle, laissant sa langue tracer un dessin humide, s’attardant quelque peu… Puis il mit deux doigts de sa main restée libre dans sa propre bouche, les humectant de sa salive avant de finalement les introduire en Subaru. Le mouvement de va et vient appela un léger sursaut dans le corps de celui-ci et sa main se crispa sur les draps. Cette sensation toute nouvelle lui semblait purement incroyable. Puis Seishiro se recula légèrement, et sans qu’aucun mot ne soit échangé, Subaru vint se placer contre lui, disposant ses jambes de part et d’autre du corps superbe, plaquant ses reins contre ceux de Seishiro, accentuant s’il était possible, l’étreinte de leurs deux mains toujours embrassées.

Subaru eut un nouveau sursaut, plus violent quand Seishiro pénétra en lui, mais traduisant son consentement il vint placer sa tête contre l’épaule qui s’offrait à lui, murmurant ses gémissements tout contre son oreille. Il resserra même l’union de leurs deux corps, par son bras resté libre, qui un instant plus tôt se crispait sur les draps sous l’effet de la douleur, et qui déjà venait ajouter à leur étreinte changée en plaisir.

Seishiro, passant lui aussi son bras autour de Subaru, le saisit au niveau de la taille; et le mouvement reprit, plus incroyable encore.

***

Les cris qui avaient emplis le silence de la pièce, avaient maintenant laissé la place à deux souffles encore haletants et au bruit imperceptible des battements de deux cœurs parfaitement accordés. Dehors le bruissement des branches agitées par une brise nocturne semblait leur répondre. Mais rien ne venait troubler l’immobilité régnante. Sur le lit, les deux corps demeuraient étroitement enlacés.

Puis, légères, presque hésitantes, les lèvres de Subaru, suivant la courbe de l’épaule vers la gorge, trouvèrent finalement celles de Seishiro, pour un baiser plus calme, marqué par la langueur qui s’était emparée d’eux. Leurs regards se rencontrèrent à nouveau, et Seishiro posa un léger baiser sur les lèvres de Subaru, avant que les deux corps ne s’allongent côte à côte.

Les mains restées jointes se quittèrent un instant. Reposant à présent entre les bras de Seishiro, Subaru ferma les yeux ; et tandis que celui-ci resserrait son étreinte, leurs mains, inconsciemment, se rejoignirent à nouveau.

Plus tard dans la nuit, Subaru se libéra de l’étreinte de Seishiro, pour venir se placer au-dessus de lui. Là, il réentreprit l’exploration de ce corps dont il voulait connaître chaque parcelle. Leurs gémissements vinrent bientôt, une nouvelle fois, remplir le silence troublé de la pièce…

***

 

 

Cette situation est vraiment étrange Subaru-kun…

J’ai presque envie d’en rire… mais je ne dois pas le réveiller, quelle confiance, il s’est endormi dans mes bras ; les bras du Sakurazukamori, celui-là même qui a tué sa sœur chérie…

Subaru…

Je sens ton cœur battre à travers ta poitrine. Quand je pense à la rétiscence que tu avais pour chacune de mes avances autrefois. Les choses ont beaucoup changé on dirait. Tu as changé, Subaru. Je ne t’aurai jamais cru capable de faire ce que tu as fais. Me haïr aurait été tellement plus simple pour toi, après ce que j’ai fait… enfin c’est ce qu’il me semble. Peut-être que je me trompe après tout.

Mais que fais-tu en ce moment entre mes bras ? Est-ce que ton vœu n’est pas de me tuer Subaru? …Si tu avais le choix tu préfererai me haïr, je me trompe ?

Subaru je voudrais vraiment connaître la réponse à cette question.

Mais je devine ce qui t’a amené près de moi pendant toute une année… La vengeance…

Aussi tu partiras… n’est-ce-pas ? …Comme tu l’as fait durant tout un mois, cette année, disparaissant et me laissant seul ici, avec cette sensation aïgue de vide.

C’est étrange, même si je suis toujours insensible, Subaru je dois reconnaître que les choses sont différentes aujourd’hui.

Mais le sont-elles vraiment ? Le Sakurazukamori ne saurait faire autre chose qu’éxecuter sa proie… et tu ne saurais faire autre chose que venger ta sœur chérie, quels que soient les sentiments que tu continues d’éprouver pour moi…

Alors la seule manière pour que le jeu se poursuive…

---------------------------

Quand je me suis réveillé le lendemain, Seishiro me regardait. Je ne sais, s’il avait dormi ou non… Mais il était toujours là, contre moi… il n’avait pas bougé. Mes yeux se sont attachés aux siens un court instant, avant qu’il ne détourne son regard.

Puis, après avoir laissé passer un silence, il a prononcé ces mots qui sont restés gravés dans ma mémoire:

 

" Subaru, quelle étrange situation, n’est-ce-pas ? … J’en suis presque à me demander si tout ceci n’est pas une illusion… Mais il doit y avoir une raison à tout cela. Alors dis-moi Subaru…

Est-ce que tu espérais me faire éprouver des sentiments, par hasard? Ou ton vœu était-il de ne plus rien ressentir pour moi, pour… l’assassin que je suis ?

(le visage de Subaru s’est assombrit)

Subaru, tu es toujours aussi mignon ! … Mais c’est une chose impossible…n’est-ce-pas ?

Alors…à bientôt …Subaru "

… doucement, il a effleuré mes lèvres, des siennes… il y a eu comme un flottement, j’avais toujours sa main serrée dans la mienne ;

…mais il s’est dissout en une pluie de pétales de cerisier, à la teinte rosée... si familière.

 

 

 

 

 

SUBARU :

Je me suis aperçu que je n’ai aucune raison de vivre désormais si ce n’est toi. L’avenir de la Terre ne m’interesse pas… Je n’ai que toi, dans l’esprit… et dans le cœur. Je pensais que je pourrai vivre afin d’accomplir ma vengeance. Mais je me trompais. Il n’y a qu’une chose qui compte pour moi et cette chose c’est toi. Voilà pourquoi je ne peux rien faire contre toi… voilà pourquoi je ne pourrai jamais rien faire.

Je voudrais pouvoir t’atteindre mais malgrè mes efforts je n’y suis jamais parvenu. Je veux être plus qu’une pierre pour toi, même si c’est pour me briser je voudrais que tu me vois autrement que cela. J’ai fais ce pari avec toi mais c’est moi qui l’ai perdu à nouveau… mais je n’ai pas tout perdu, car je sais que je te reverrai, que je te retrouverai… Je ferai tout pour ça.

 

SEISHIRO :

Subaru, l’année que nous avons passé ensemble toi et moi a été la plus agréable qui m’ait été donnée. Tu serais sans doute surpris de le savoir, n’est-ce-pas ? Tu ne me croirais pas…

… C’est vrai que je suis toujours indifférent. Comment pourrait-il en être autrement ? Je t’ai blessé et cela m’importe peu. Subaru… Tu m’avais fait oublier qui tu étais et malgré cela j’ai immédiatement reconnu tes yeux… si limpides, si transparents…

…Mais je suis toujours indifférent. Les gens ne changent pas si facilement. Je continue d’agir comme je l’ai toujours fait et je ne ressens rien même lorsque mon bras traverse leurs poitrines et qu’ils me regardent de leurs grands yeux…

Je suis un assassin Subaru, et quoique tu fasses, tu ne pourras jamais changer cela. Je ne ressens rien à tuer tous ces gens, je ne ressens rien à te faire du mal…

Je suis toujours indifférent.

Alors cela ne change rien, cette sensation que j’ai lorsque tu es là, près de moi… cette impression d’un vide enfin comblé… Je garde encore la sensation de ta main serrée dans la mienne… mais…

Non… Cela ne change rien…

 

Je pourrai te tuer… là… d’un simple geste… Ce serait si facile, je n’aurai besoin que d’une fraction de seconde. Peut-être ouvrirais-tu les yeux une dernière fois… ces yeux verts… si fascinants.

Mais c’est moi qui t’ai fait cette promesse il y a huit ans… Subaru, un jour à venir est écrit pour nous, et ce jour là, cette promesse pourra être réalisée. Ce jour là, nous réaliserons notre promesse... 

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