Mmh... alors cette fic, ou plutôt ce que j’ai essayé de faire en l’écrivant, c’est d’explorer toutes les différentes facettes possibles de Seishiro et de Subaru... j’espère ne pas m’être trop emmêlée...!!^^6 et pour la petite histoire je me suis lancée la dedans sans trop savoir comment... au départ c’était un scénario pour un “tome 8” de TB!!!...
Bref je vous laisse lire! une dernière chose: n’hésitez pas à m’écrire car j’adore discuter (et votre avis m’intéresse!) voilà je ne vais pas abuser davantage... à bientôt...??^-^
lucie, l’auteur lentissime.


Tokyo Babylon.....

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Tokyo. C’est une ville qui semble vous accueillir à bras ouverts, mais qui vous laisse mourir dans la plus grande indifférence. La trahison est une chose qui   arrive chaque jours aux détours des rues de Tokyo...

Subaru Sumeragi, treizième chef du clan, a vu la personne en qui il avait mis toute sa confiance tuer la personne qu’il aimait le plus. A présent il s’est fait voeu d’accomplir sa vengeance. Les gens font le mal parce qu’ils sont vraiment tout seul... Ne l’est-il pas désormais?

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Cela faisait maintenant un an qu’il s’entraînait de manière intensive afin de maîtriser et d’augmenter ses capacités quant aux maniement des différentes techniques du clan Suméragi. Assurément il avait maintenant la capacité de le vaincre... il en avait la puissance. Mais cette vengeance ne serait pas suffisante. Seule la douleur et le choc causés par la trahison seraient capable de satisfaire les tourments de son âme. La trahison...


Dimanche 1er Avril- au matin:
Seishiro se réveilla alors que les rayons du soleil déjà hauts dans le ciel venaient caresser son visage endormi. Il avait dormi très profondément. Le travail de la veille l’avait sans doute fatigué. Pourtant chose étrange il ne se souvenait pas clairement de ce qui s’était passé, pas exactement... Il avait accompli son travail, il en était certain, les titres dans le journal en attestaient d’ailleurs... mais une chose lui échappait lui semblait-il, sans qu’il puisse parvenir à déterminer laquelle; comme un rêve que l’on essaie de se remémorer en vain. Ce vide lui laissait un goût étrange dans la bouche, comme un sentiment d’amertume. En ce jour de printemps ensoleillé, l’impression d’errer sans but effleura doucement ses pensées, pour la première fois.

La sonnerie de l’entrée retentit, le sortant brusquement de ses pensées.

L’annonce qu’il avait faite passée avait rapidement obtenue une réponse; à dire vrai plusieurs. En ces temps où le logement traversait une véritable crise dans la ville de Tokyo toute entière, cela n’avait rien de surprenant.

La personne qu’il avait finalement choisie pour partager son appartement devait arriver aujourd’hui, c’était certainement elle. Ce n’était bien sûr pas cette crise du logement qui l’avait poussé à louer la moitié de sa demeure; cela il devait bien le reconnaître. Il n’était pas du genre à s’apitoyer sur le sort des êtres humains... En fait c’était plutôt ce sentiment d’ennui. Comme si la solitude lui pesait. Mais rien et il le savait ne viendrait jamais rompre cette solitude. Très bien. De toutes manières, à présent il ne désirait pas changer les choses. Ce serait sans doute l’occasion de s’amuser un peu, ensuite il n’aurait qu’à se débarrasser de ce jouet devenu encombrant... Il ouvrit donc la porte, qui laissa le passage à un jeune homme d’environ dix-huit ou dix-neuf ans. Celui-ci, après l’avoir salué, se présenta spontanément, il se prénommait Subaru. Puis comme s’il se parlait à lui-même il prononça cette phrase qui malgré sa banalité, sonna étrangement aux oreilles de Seishiro: “je ne resterai qu’une année, une année Seishiro; une année au bout de laquelle...” Seishiro l’interrompit à ce moment là, étonné qu’il connaisse déjà son prénom. Le jeune homme bafouilla une réponse confuse, il devait l’avoir lu quelque part, probablement sur la sonnette... Mais il n’y avait aucune inscription sur la sonnette.


une journée d’avril...
Finalement Seishiro ne regrettait pas cette idée qu’il avait eue et concrétisée un peu précipitamment. Un colocataire... l’idée même le faisait sourire tellement elle lui paraissait étrangère; pourtant elle venait de lui! Mais il ne la regrettait pas. Ils avaient chacun leurs pièces respectives; et même s’ils partageaient la même cuisine et la même salle de bain, Seishiro n’avait dû croiser son colocataire qu’une dizaine de fois depuis son arrivée. C’en était d’ailleurs étrange...

C’est pourquoi, Seishiro avait ainsi décidé de faire un repas, avec l’intention de le partager avec le jeune homme si furtif, trop
insaisissable... dont les brusques sorties correspondaient bien trop à ses propres retours! Ce repas était véritablement nécessaire, il ne voulait pas partager une année de sa vie avec n’importe qui... et puis... cela occuperait une partie de sa journée! Le métier de vétérinaire ne lui prenant décidément pas beaucoup de temps... il est vrai qu’il n’essayait pas beaucoup de soigner ces animaux... un sourire passa sur ses lèvres: l’utilité qu’il leur trouvait était tout autre.

Tout était prêt à présent, il ne manquait plus que l’insaisissable colocataire. Il fallait espérer qu’il rentrerait rapidement ou tout serait à l’eau pour ce soir. Mais après tout, cela lui semblait égal. Seishiro ne s’intéressait pas vraiment à son colocataire, peu lui importait ce qu’il faisait du moment que cela ne le dérangeait pas... ce jeu improvisé commençait déjà à l’ennuyer!

C’est précisément ce moment là que Subaru choisit pour rentrer. Il avait terminé son travail de la journée depuis longtemps et puis il ne voulait pas éveiller les soupçons à force de toujours s’absenter... (NDLR: trop tard!!^o^/)

Seishiro l’accueillit avec son sourire le plus charmant, jouant son rôle à la perfection par simple habitude. Ce sourire qui aveuglait tout le monde, ses lunettes qui cachaient l’éclat inhumain de son regard... tout cela faisait que personne n’avait jamais soupçonné sa véritable identité. C’est donc avec la certitude que son colocataire se ferait lui aussi tromper par ce masque de gentillesse, que Seishiro lui proposa ce dîner pour “faire connaissance”.

Mais la réaction du jeune homme le laissa interdit. Ce n’était pas tant les paroles qu’il avait dîtes, quoiqu’elles fussent pour le moins surprenantes: il n’avait pas faim avait-il dis, mais cela ne justifiait pas réellement ce refus; et encore moins cette réaction si brusque... il ne s’était pas excusé, lui avait jeté un regard assassin en aboyant ces paroles, comme s’il avait su lire ses véritables intentions; et puis il avait claqué la porte et s’était enfermé dans sa chambre. Seishiro était tout simplement incapable de comprendre. Maintenant plus que jamais sa curiosité était piquée au vif. Qui avait-il donc choisi pour partager une année de sa vie??


un matin d’Avril une semaine + tard...
Seishiro n’avait pas réessayé depuis cette fameuse soirée de mieux connaître   Subaru. Cela ne l’intéressait plus, il avait décidé de ne pas s’en préoccuper davantage. Ce climat de quasi-indifférence le satisfaisait. Pour le moment ce n’était pas vraiment gênant.

Seishiro venait de terminer la préparation du petit déjeuner, c’était le seul repas qu’ils prenaient tous deux à la maison et qu’ils partageaient plus ou moins, si ce n’est que cela se faisait toujours dans le silence le plus total. Subaru commençait à remuer dans la pièce d’à côté; Seishiro pensa à partir mais s’il le faisait il serait beaucoup trop en avance à son rendez-vous... Il ne bougea donc pas et Subaru vint bientôt le rejoindre. Au moment de s’asseoir Subaru leva vaguement les yeux vers lui comme il le faisait souvent, mais cette fois il se figea, le regard fixé sur lui. Au début Seishiro n’y prêta guère attention, mais peu à peu ce regard insistant fini par le déranger quelque peu. Il leva les yeux vers lui à son tour. Il n’avait pas mis ses lunettes ce matin là; il lui serait donc plus que facile de lui faire baisser les yeux... et s’il ne proférait aucune parole le jeune colocataire croirait vite avoir rêvé ce regard assassin. Mais contrairement à ses attentes, Subaru ne détourna pas son regard du sien, au contraire il s’y trouvait comme plongé et semblait véritablement absorbé dans cette contemplation. Son esprit à ce moment là errait loin de la réalité, quelque part dans un endroit où une jeune fille qui lui ressemblait beaucoup criait son nom en laissant couler des larmes de sang...

Alors que Subaru était ainsi perdu loin de la réalité, Seishiro ressentit tout à coup l’envie presque irrépressible de tuer cet effronté jeune homme qui le fixait ainsi, comme personne n’avait jamais pu le faire, comme personne n’aurait jamais dû le faire. Une envie ardente de lui fermer les yeux définitivement, l’étreignait violemment. C’était la première fois qu’il désirait ainsi ôter la vie à quelqu’un. L’indifférence constante, qui l’animait jusque là, avait brusquement fait place à ce désir de voir jaillir le sang du jeune homme,  de le voir ruisseler sur sa peau, de voir ses yeux perdre lentement leur éclat, pour se clore finalement dans un dernier souffle de vie...

Cette envie fut si forte et si soudaine qu’il faillit y succomber; sa main se levait déjà. Pourtant dans un éclair de lucidité il retrouva le contrôle de lui même et par la même son calme habituel. Que s’était-il passé? Interdit il ne parvenait pas à mettre un nom sur le combat qui venait de se livrer en lui. Jamais encore un tel sentiment ne l’avait animé, la soif avide qu’il avait ressentie l’avait laissé estomaqué. Depuis quand était-il en proie à de véritables envies!!? Jamais avant ce jour lui semblait-il il n’avait ressenti une envie quelle qu’elle soit... tuer était comme briser du verre pour lui... pourquoi cette envie de tuer l’avait-elle étreint tout à coup?

Revenant à la réalité il croisa le regard de Subaru toujours fixé sur lui. Il regarda l’horloge sur le mur, en fait cela faisait seulement deux minutes d’écoulées depuis le moment où Subaru était venu le rejoindre. Mais les minutes lui avait semblé des heures, il était temps de mettre un terme à cet échange muet. Reprenant son rôle habituel de manière presque automatique, il rompit le silence comme s’il s’inquiétait de l’état de santé de son colocataire à la vue de son immobilité soudaine. Celui-ci sursauta comme s’il venait de se réveiller. Lorsque Seishiro l’interrogea sur la cause de ce qu’il désignait comme un malaise, Subaru expliqua en souriant qu’il se demandait seulement si Seishiro parvenait à le voir même sans ses lunettes. Le rire du jeune homme était forcé, mais Seishiro ne lui prêtât bientôt plus attention. Le malaise dont il avait été lui même la victime, l’inquiétait bien autrement.


journée d’été, mois de mai le 4 peut-être...
Seishiro venait tout juste de finir son travail et il prenait le chemin de la clinique. Après tout il n’avait rien d’autre à faire, et rentrer “à la maison” ne le tentait pas trop. Il ne voulait pas prendre le risque de voir son colocataire... ce jeu s’était déjà montré dangereux une fois, de plus ce garçon avait une aura particulière. Peut-être même possédait-il certains pouvoirs similaires aux siens. Il faudrait songer sérieusement à s’en débarrasser, mais en même temps quelque chose en lui semblait s’y opposer.

Il chassa ces pensées de son esprit, cela faisait des jours qu’il ne parvenait plus à détacher son esprit de ce garçon, et cela l’éxédait. Il ne comprenait pas.

Seishiro en était arrivé là dans ses pensées, lorsque soudain il heurta un passant qui devait être aussi pensif que lui. Le choc avait été violent, mécaniquement il revêtit donc son plus doux sourire pour s’excuser, mais l’autre personne le précéda: “gome... Seishiro-sama!!?” leurs regards se levèrent en même temps l’un sur l’autre. Tout deux restèrent interdits. Seishiro ne s’était pas attendu à cette rencontre soudaine, et visiblement  Subaru non plus. Une nouvelle chose venait intriguer Seishiro, Subaru n’avait-il pas prononcé “Seishiro-sama”? On ne pouvait pourtant pas dire qu’ils étaient tout deux très familiers!!

Subaru s’était arrêté en milieu de phrase, et sans même chercher à la finir, le regard dur et coupant, il détourna le regard, s’apprêtant à continuer son chemin. Seishiro ne pouvant manquer d’être interloqué une nouvelle fois par l’attitude de son jeune colocataire, saisit, dans un mouvement impulsif, le bras de ce dernier et l’entraîna quasiment de force vers un café. Aux paroles par lesquelles il s’étonnait de l’attitude du jeune homme, ne voyant pas quel mal il lui aurait fait; lui répondirent deux yeux emplis de haine.

Peut-être lui en avait-il fait, mais pourtant le jeune homme ne semblait pas le détester, il ne se trouverai pas l’un en face de l’autre si cela avait été le cas.

Une fois installé dans un café, Seishiro se mit en devoir d’interroger Subaru, lui posant des questions d’apparence anodines,  qui ne manqueraient pas de lui apporter des réponses essentielles. Malheureusement, Subaru se contentait de sourire, les yeux baissés. Seishiro ne parvint même pas à obtenir sa date de naissance. Soudain Subaru se leva, les deux poings serrés posées sur le bord de la table et la tête baissée il murmura: “vous ne savez que poser des questions Sakurazukamori-san?”. Les clients des tables voisines le suivirent du regard lorsque suite à ces paroles, il sortit précipitamment du café. L’esprit de Seishiro quant à lui était submergé par une multitude de questions...  “Sakurazukamori-san”!!?

milieu du mois de mai...
L’été est toujours pluvieux à Tokyo... dans tout le Japon d’ailleurs; c’est dû aux influences maritimes. Ce mois de mai ne dérogeait pas à la règle: il pleuvait sans interruption depuis déjà deux heures.

Seishiro buvait lentement son café tout en regardant par la fenêtre. L’image de son colocataire ne venait plus le hanter. Il avait pris le matin même la décision de tuer l’intriguant jeune homme, et cette pensée l’avait rendu à sa tranquillité ou plutôt à son indifférence habituelle. Dehors la pluie continuait de tomber, s’infiltrant partout et donnant naissance à de multiples rigoles qui courraient le long des trottoirs. Il n’aurait probablement pas de client aujourd’hui. Personne ne sortirait de chez lui avec ce temps... il enleva donc sa tenue de travail pour revêtir son imperméable noir. Au moment précis où il ouvrit la porte s’apprêtant à partir, Subaru, trempé jusqu’aux os, vint le heurter, le bousculant dans sa précipitation et ne prêtant attention qu’à la chose humide qu’il tenait entre ses mains. Il posa ce qui s’avéra être un petit chiot, directement sur le bureau de Seishiro. Ce dernier s’approcha, sans daigner jeter un regard à la créature tremblante, et se plaça tout près de Subaru, juste derrière lui. A présent, il lui suffirait d’un geste... Mais Subaru se tourna brusquement vers lui, lui demandant de sauver le chiot qui était déjà visiblement très affaibli. L’angoisse qui perçait dans la voix de Subaru, et son attitude par ailleurs toujours aussi surprenante parce que contradictoire, réveilla la curiosité de Seishiro qui décida de remettre son projet à plus tard. Il serait intéressant d’observer encore un peu ce jeune homme si lunatique!

Seishiro s’était occupé du chiot, sous le regard attentif de Subaru, ensemble ils avaient réussi à lui rendre un peu de vie. Le petit chiot blanc dormait profondément dans l’une des nombreuses cages de la clinique, et un long silence faisait maintenant suite à l’agitation des soins.

Seishiro s’aperçu que Subaru était ruisselant de pluie, ses vêtements ne l’avaient guère protégé et il devait certainement avoir froid... Il rempli une tasse de café et la lui tendit. Le jeune homme revint brusquement à la réalité, et surpris la pris dans ses mains. Il s’aperçu qu’il tremblait de froid... Il avait conscience de la stupidité d’avoir marché ainsi sous la pluie battante, mais même si cela ne lui avait pas beaucoup changé les idées, cela lui avait au moins permis de sauver ce petit chien. Il faudrait qu’il prenne garde tout de même à ne pas tomber malade... “merci Seishiro” articula-t-il dans un souffle. Aujourd’hui il était vraiment à bout, il n’avait plus la force de rien, pas même de ressentir cette haine meurtrière envers Seishiro. Il avait besoin de sommeil pour retrouver son état normal.

Il se leva donc s’apprêtant à rentrer; mais Seishiro se tenait devant lui, l’empêchant de passer. “Seishiro?”... une serviette venait de lui tomber sur la tête, et à présent était à l’oeuvre pour tenter de sécher ses cheveux mouillés.

“je peux le faire moi même!” s’exclama Subaru après s’être remis de sa surprise. Seishiro lui souriait: “tu ne m’avais pourtant pas l’air en état de pouvoir faire grand chose...” Seishiro ne portait pas ses lunettes, son sourire troubla Subaru. S’il n’avait pas connu la nature de Seishiro, il aurait juré que ce sourire n’était pas forcé, presque... sincère. Quelque chose se réveilla en lui: un sentiment de désespoir l’emplit soudain; et l’envie de rejoindre Hokuto l’étreignit à nouveau, plus forte que jamais. “Sei...shi...ro...” murmura-t-il en fermant les yeux. Deux bras vinrent tout à coup l’enserrer: “ je pourrai t’aider Subaru si seulement tu me laissais venir avec toi...” Subaru tressaillit. Qu’avait-il dis!!? Il changerait vite d’opinion si jamais Subaru lui rendait la mémoire dans l’instant... Le Sakurazukamori aider le chef du clan Suméragi!! C’était impossible et la tragédie ne devait pas se répéter... pas une nouvelle fois. La trahison ferait cette fois une autre victime, n’était-ce pas là ce qu’il avait décidé? Repoussant brutalement Seishiro, Subaru sortit précipitamment, lui demandant seulement de bien s’occuper du chiot.

Mais Seishiro ne l’écoutait déjà plus, il venait de prendre lui aussi conscience des paroles qu’il avait prononcées... “si seulement tu me laissais venir avec toi”...  une image fugace traversa son esprit. Lui adossé contre une barrière grillagée, plus loin à quelques mètres la silhouette d’un jeune homme s’éloignant de lui... “si seulement tu me laissais venir avec toi”... Avait-il rêvé? Il connaissait la théorie de la réincarnation, avait-il rencontré ce jeune homme dans une vie antérieure? Le destin l’avait-il lui même placé sur son chemin une nouvelle fois?... Il avait parlé sans réfléchir et ne percevait pas l’origine de ses propres paroles. Une force semblait agir en lui et cela l’exaspérait: il n’avait aucun pouvoir sur elle.


Le lendemain, Subaru vint à la clinique. Il s’inquiétait de l’état du chiot; mais quand il l’aperçu dans sa cage, celui-ci était comme éventré, du sang encore frais ruisselant sur son cadavre. Il n’avait pas survécu... Il aurait dû s’en douter, vu son état de faiblesse il n’avait aucune chance de survivre dans cette clinique...

Subaru resta quelques instants à contempler le petit corps désormais sans vie. En vain il essaya de le considérer comme un simple objet... “comme du verre brisé”... mais le contact de son corps glacé par la mort, ne parvenait pas à effacer le souvenir du petit chiot tremblotant de la veille. Au contraire les deux images se superposaient devant ses yeux, dans un effet cruel, l’emplissant d’amertume. Reposant le cadavre dans la cage il se tourna vers Seishiro qui le regardait, attendant sans doute sa réaction. Au grand étonnement de Seishiro, il n’exprima aucun reproche, aucune question; c’était de sa faute. Il n’aurait pas dû se précipiter ici, pas dans cette clinique. Il n’avait pas tenu compte des retours de force... Connaissant le Sakanagi, il ne pouvait reprocher qu’à lui même son imprudence et son inconscience, le chiot avait payé de sa vie son attitude irréfléchie. Subaru s’était détourné pour prononcer ces paroles, il ne regardait pas Seishiro, ses yeux étaient baissés, il ne parvenait pas à le regarder. Il ne voulait pas lire l’indifférence dans son regard, encore moins voir cet éternel sourire amusé sur son visage. Il se devait pourtant de regarder la réalité en face, il en était conscient; mais cette réalité là, même s’il l’avait acceptée, était encore trop douloureuse. Une année était loin d’être suffisante pour guérir ce genre de blessure... Coupant court à ses pensées, il sortit brusquement de la clinique, sans même lever les yeux vers Seishiro: il ne voulait pas voir son expression.

Cependant celui-ci était loin d’afficher un sourire amusé, au contraire, interdit, comme en état de choc, ce qui lui était pourtant bien étranger, Seishiro fixait l’endroit où s’était tenu Subaru, incapable d’esquisser un geste, ni même de formuler une pensée cohérente. Hébété, avec pour seule présence celle du chiot éventré, Seishiro, les yeux rivés sur la porte par laquelle Subaru était sorti, resta longtemps immobile. “Cette... personne...” murmura-t-il bien plus tard. Ce furent les seuls mots que purent former son esprit, les seuls qui, s’échappant de ses lèvres devenues pâles, vinrent troubler le silence empli de désarroi de la pièce.


Les jours qui suivirent se passèrent très différemment des premiers jours de cohabitation. Seishiro avait longtemps réfléchi. “Connaissant le Sakanagi” avait dit Subaru. Ses paroles avaient été brèves, cependant ce qu’elles impliquaient était... invraisemblable. Bien sûr Subaru l’avait déjà appelé “Sakurazukamori-san” une fois par le passé, il ne s’en souvenait que trop bien; mais si ce jour là déjà il avait été abasourdi par les paroles du jeune homme; cette fois-ci il n’était pas seulement déconcerté, non ses paroles cette fois l’avait plongé dans la plus grande incrédulité. Ce qu’elles sous-entendaient était... impossible! Telle avait d’abord été la pensée de Seishiro; car par ses paroles, Subaru avait implicitement dévoilé qu’il savait le pourquoi de sa clinique, et donc quelle était son identité véritable. Il ne s’agissait plus de l’appellation de Sakurazukamori, cette fois-ci Subaru venait de montrer qu’il connaissait tout ce qui se cachait derrière le terme, tout... ou presque tout. Seishiro avait tout d’abord rejetée cette idée, cherchant une autre signification à ces mots, cependant il n’en avait trouvé aucune. Interdit, sceptique, puis résigné, Seishiro avait bien dû se rendre à l’évidence et finalement s’était progressivement fait à cette idée. L’idée qu’il n’avait désormais plus rien à cacher à cette personne qui semblait déjà tout connaître de lui.

De plus il en était venu à la certitude que Subaru possédait des pouvoirs similaires aux siens, même s’il ne les avait jamais manifesté devant lui. Car il avait cette aura si particulière... Et puis, ce qu’il l’intriguait également, c’est qu’il ne semblait pas particulièrement affecté de vivre avec un assassin...

Ils partageaient maintenant tout deux presque tous leurs repas. Subaru ne parlait pas beaucoup mais Seishiro n’en était pas moins intéressé... oui à présent il éprouvait un vif intérêt pour son colocataire, désirant le connaître aussi bien que lui le connaissait. C’était étrange, lui qui loin de pouvoir faire confiance à la nature humaine, en était même venu à lui être indifférent,  voulait à présent ardemment connaître l’un de ses représentants... mais celui-ci aussi était “spécial”. Seishiro en avait l’intime conviction.

Aussi lorsque Subaru, rompant un silence, lui avait demandé un soir s’il pourrait l’accompagner “la prochaine fois”, Seishiro n’avait pas mis longtemps à se décider à lui répondre positivement. Le jeune homme connaissait déjà l’essentiel de ses virées nocturnes, pourquoi ne pas le mettre à l’épreuve devant le fait même et puis surtout... peut-être le verrait-il à l’oeuvre?

Seishiro n’avait pas vraiment conscience que la force qui existait maintenant en lui, grandissait inexorablement, mais il avait décidé de lui-même cependant de partager un peu de sa vie avec cet être si particulier. Il avait besoin de mieux le connaître, avant de réagir d’une manière ou d’une autre; il fallait qu’il sache... Il ne voulait pas renoncer à ce qui était en fin de compte venu troubler un peu son ennui.

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Subaru n’arrivait pas, Seishiro venait de décider d’envoyer son Shikigami à sa rencontre, afin de voir s’il n’était rien arrivé; mais juste au moment où il s’apprêtait à le faire Subaru apparu. Il s’excusa évasivement de son retard, tout en regardant le bâtiment devant lequel ils se trouvaient à présent tout deux: en fait il s’agissait davantage d’un building que d’un simple immeuble. Toutes les fenêtres semblaient en être éteintes à première vue, mais Subaru distingua bientôt la lumière qui filtrait de l’une d’elle, tout en haut de la tour. C’est là qu’ils allaient se rendre.

Seishiro ne fit aucun commentaire sur son retard. En entendant les paroles prononcées par Subaru, son regard s’était glacé. Il allait le rendre témoin d’une chose à laquelle jamais personne n’avait survécu, et Subaru ne semblait pas en avoir conscience. S’était-il trompé? N’avait-il en réalité rien de “spécial”? Le doute venait de s’emparer de lui, et avec lui l’amertume. Sur le point de renoncer, Seishiro fit apparaître son Shiki. Subaru leva enfin les yeux sur lui, remarquant l’éclat de son regard, il eu un sourire amer. Mais cependant décidé, il fit glisser à son tour sur son visage un masque d’indifférence et de froideur. “Emmènes-moi Seishiro, je promet de ne pas te gêner...” murmura-t-il, les yeux posé sur le Shiki. Seishiro prit alors la direction de l’immeuble, suivi par Subaru. Tous deux vêtus de noir, tous deux avec ce masque de détermination et de froideur assassine, s’enfoncèrent ensemble dans la nuit.

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“Seishiro, comment peux-tu être le Sakurazukamori?... tuer des êtres humains et ne rien ressentir?

Les pétales de cerisier teintés de rouge sous le flot sanglant, tournoyèrent dans une dernière vague d’énergie. Les mains de Subaru se refermèrent sur l’un d’eux. Le Sakurazukamori était vraiment le maître d’un puissant pouvoir.

Ni Seishiro, ni Subaru ne dirent mot. Tous deux étaient perdus dans leurs pensées. Subaru avait besoin de réfléchir; il commençait seulement à présent à percevoir réellement ce qu’était et avait toujours été la vie de Seishiro. Il était en train de découvrir l’univers du Sakurazukamori et prenait progressivement conscience de tout ce que “être le Sakurazukamori” impliquait. Un sens nouveau s’offrait à son esprit, un sens qu’il n’avait jamais perçu jusqu’à lors. Et pourtant c’est exactement ce que Seishiro avait cherché à lui dire, ‘ce jour là’...

“Le Sakurazukamori est toujours seul” avait-il dit... “La cérémonie de succession du Sakurazukamori... consiste à tuer le Sakurazukamori précédent... c’était ma mère”. “Depuis ce jour là lorsque je tue quelqu’un... je suis toujours insensible”.  Seishiro Sakurazukamori. Il n’avait que cette seule et unique tâche... tuer. Chaque jour de sa vie il rencontrait la mort... il la provoquait... en tant que Sakurazukamori c’était là son rôle... son destin.

Subaru s’était senti trahi en entendant ses paroles: “Pour moi tuer quelqu’un ou briser du verre, c’est du pareil au même”. Mais peut-être n’avait-il pas réellement compris le sens de ces mots? Peut-être n’était ce pas là, la preuve de son inhumanité mais au contraire l’expression d’une humanité désespérée! Quelle alternative choisir lorsque votre propre étoile vous destine à tuer? Lorsque la fatalité a fait de vous le ‘Sakurazukamori’? Lorsque le seul destin que l’on ait, et le seul devoir est celui de tuer? N’est-il pas alors plus humain  de ne faire “aucune différence entre un être humain et un objet”? “Cadavres, verres cassés, c’est pareil” “je ne ressens rien” ... et peut-être était-ce mieux ainsi?

L’expression de Subaru était tendue, ses efforts pour conserver l’illusion d’une indifférence sur son visage, plus encore d’une froideur et d’une insensibilité totale, ne purent empêcher un frisson de lui parcourir l’échine: et si Seishiro n’avait pas toujours été cet assassin insensible et froid? Et s’il avait renoncé à sa sensibilité sous l’effet d’un juste désespoir dû à son propre destin?

Seishiro, tout aussi silencieux, venait quant à lui de prendre conscience de sa propre attitude, et de la distance qui se trouvait entre celle-ci et l’indifférence qui l’avait caractérisé jusqu’à ce jour. L’être qui marchait en ce moment à ses côtés avait changé quelque chose en lui... il avait rompu son ennui, brisé son indifférence et l’image du jeune homme hantait sans cesse son esprit. Seishiro ne savait plus quoi penser. “Subaru...” murmura-t-il comme pour la première fois.

Le son de sa voix fit sursauter Subaru. On l’aurait dite empreinte d’émotion, plus encore, de désespoir. Levant les yeux vers Seishiro il se heurta à un masque de froideur et d’indifférence. Détournant le regard et souriant face à propre sa naïveté, Subaru frémit soudain, s’apercevant que ce qu’il avait cru entendre à l’instant reflétait ses propres désirs inavoués et jusque là inconscients. Il éprouvait encore des sentiments pour cet homme... La trahison appelait la trahison, mais... mais son regard un instant perdu retrouva vite son aspect précis et tranchant.

.. uso deshita.. c’est justement parce que tu ne ressens rien”.

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fin août
Seishiro ne savait pas comment agir désormais envers Subaru, la raison lui dictait de se débarrasser de cet être aussi “spécial” fut-il. Mais il ne pouvait se résoudre à le faire. Ce jeune homme avait réussi à éveiller sa curiosité, et même -chose incroyable- son intérêt. De plus depuis ce fameux soir, Subaru avait changé: il était redevenu fuyant comme durant les premiers jours; fuyant et agressif. Ce revirement de situation ne cessait de perturber Seishiro qui n’avait décidément plus aucun repère. L’attitude du jeune homme le dérangeait. Mais pourquoi? Pourquoi était-il dérangé lorsque au contraire il aurait dû être soulagé de conserver encore toute sa liberté? Etait-ce de la déception qui naissait pour la première fois en lui? Déception en voyant Subaru chercher à s’éloigner de lui? Comme cela lui apparaissait improbable et ridicule! Il ne pouvait pas s’être attaché à cet être, même s’il devait reconnaître que celui-ci était différent des autres.Les paroles de sa mère lui revinrent à l’esprit. Ce jour là, il avait neuf ans, et il voyait sa mère pour la première fois. Vêtu d’un kimono aux motifs rouges, elle s’était approchée de lui en souriant pour lui demander si mourir ne le dérangeait pas. Seishiro n’avait rien répondu; alors elle avait continué: “Tu n’as rien à craindre de la mort, pas vrai? C’est parce que tu n’as rien de précieux. Rien que tu regretterais si tu le perdais. Tu ne regretterais pas de mourir car tu n’es attaché à rien. Tu ne laisserais rien derrière toi”.

Et c’était toujours vrai. Il ne craignait pas la mort. Cette pensée apporta quelque calme à son esprit agité. Le fait de côtoyer Subaru, le fait que celui-ci connaisse sa véritable identité, enfin le fait que son attitude soit sans cesse changeante avait dû le déstabiliser, lui qui était si habitué à la solitude. Car oui, c’était un fait sa propre mort ne l’effrayait pas. “je crois que je suis un bon Sakurazukamori” se dit il à lui-même...

octobre
“Les autres n’existent pas”

Cela faisait maintenant un mois que Subaru avait disparu. Les jours s’ajoutaient les uns aux autres, et s’écoulaient imperturbablement, sans égard aucun pour la vie de Seishiro Sakurazukamori, qui à nouveau goûtait l’ennui et le vide. Mais pas tout à fait; à vrai dire, ce n’était pas réellement de l’ennui; non au contraire il ne pouvait empêcher son esprit de revenir sans cesse vers l’image du jeune homme désormais absent. Les jours passaient et pourtant pour lui rien ne bougeait plus... plus rien n’existait. Il retrouvait son indifférence habituelle, et évoluait à nouveau dans un monde uniquement constitué d’objets... si ennuyant! Plus rien ne venait le distraire et son esprit en proie à l’ennui se raccrochait perpétuellement à cette image du jeune homme, refusant d’y renoncer. Un mois s’était écoulé et il continuait de penser à cette personne... Mais à quoi cela lui servait-il? Cela ne le ferait pas revenir, où était-il d’ailleurs, pourquoi était il parti tout à coup? Mais peu lui importait maintenant qu’il n’était plus là. Tout ce qui comptait c’est qu’à présent il n’était plus là et que lui, Seishiro le regrettait. Il n’avait pas réussi à percer le mystère qui entourait le jeune homme, il ne pouvait se vanter de le connaître et à présent ce jeune homme qui était parvenu à le distraire et à éveiller son intérêt; ce jeune homme si “spécial” n’était plus là. S’il avait pu ressentir une envie, Seishiro aurait sûrement souhaité son retour.

Mais pour le moment il lui semblait simplement que le temps s’était arrêté. Il avait commencé à vivre et puis désormais il redécouvrait l’inexistence du monde... Le jeune homme était-il mort? Si c’était le cas Seishiro aurait préféré le faire lui-même. Il aimait cette impression d’avoir le contrôle de sa vie, même s’il savait pertinemment que dans l’absolu ce n’était qu’une illusion... Parfois la simple pensée de cet être l’agitait et le dérangeait. C’était étrange! Non certes il ne ressentait rien, mais son esprit semblait réclamer un sujet sur lequel s’exercer et le jeune homme était le seul qui ait jamais fait réagir son esprit...

Errant, déambulant dans les rues ou sur le toit des immeubles, Seishiro regardait le monde grouillant autour de lui sans le voir. Son esprit, ailleurs, s’était arrêté sur cette portion du temps ou Subaru vivait à ses côtés et apportait  quelque distraction à sa vie. A présent plus rien n’existait, enfermé qu’il était dans ce souvenir. Paradoxalement conscient de cela, Seishiro surpris, ne comprenait pas pourquoi son esprit refusait ainsi de se détacher de ce jeune homme. Après tout n’avait-il pas toujours vécu dans une indifférence perpétuelle? Qu’avait-il besoin aujourd’hui que les choses changent? Il n’en ressentait pas le désir. Mais soudain étrangement dédoublé son esprit semblait le contredire sur ce point. Devait-il partir à la recherche de Subaru? En tant que Sakurazukamori il le pourrait afin de le tuer, il connaissait son identité après tout. Et puis en un certain sens c’était souhaitable également: savoir ce qu’il était advenu de cette personne et retrouver cette paix qui manquait pour le moment à son esprit. Mais en même temps il se refusait à le faire, partir à sa recherche, le trouver et le tuer... cela ne lui serait guère difficile, mais une partie de lui-même ne le voulait pas. Un refus... n’était-ce pas là une forme de volonté? et pourquoi ce refus?... Etait-ce possible? Etait-ce là l’expression d’un quelconque sentiment? Oui, il se devait de l’admettre son indifférence à l’égard des choses du monde, si elle était toujours la même, voire plus grande et plus totale encore, ne s’appliquait pas à la personne de Subaru... non pas qu’il souhaite le revoir... mais quelque chose en lui refusait de savoir ce qui avait pu lui arriver. Un refus... mais ce n’était pas comme un sentiment! Une vague de protestation s’éleva en lui. Cela n’avait aucun sens! Quelque chose dans le raisonnement qu’il tentait d’établir, comportait une erreur... un point sur lequel il devait se tromper!... Cependant il ne parvenait pas à trouver lequel. Sans doute l’erreur était-elle au fond d’imaginer qu’il puisse éprouver réellement un sentiment ou même une envie, n’était-ce pas là tout simplement l’oeuvre de son imagination dans une volonté fantaisiste de troubler son ennui? Oui cela expliquait tout...

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Cependant lorsque Subaru revint un matin, sans aucune explication ni excuse, le temps pour Seishiro reprit son cours et celui-ci ne songea plus à tuer le jeune homme, maintenant qu’il en avait pourtant l’occasion. Les choses étaient rentré dans l’ordre lui semblait-il et il pensait ainsi retrouver son indifférence habituelle. Mais si son visage ne reflétait aucun sentiment, et si véritablement suite à la surprise aucun sentiment ne s’était éveillé chez Seishiro, ses yeux habituellement si froids, trahissaient quant à eux par leur éclat nouveau, que quelque chose s’était brisé en lui...

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novembre
Subaru après le mois où il avait tenté de ressentir à nouveau cette douleur causée par la trahison et la perte de sa jumelle, avait finalement décidé de “rentrer”, car il craignait la réaction de Seishiro: il devait rester maître de la situation cette fois-ci, c’était son tour de décider de son propre destin.. ainsi que de celui du Sakurazukamori. Il accomplirai le voeu qu’il s’était fait car il devait en être ainsi pour le repos de son âme. Pourtant cette idée que bientôt ce voeu serait peut-être réalisé l’effrayait...

Il ne restait plus que six mois, dans six mois le temps qui lui était impartit prendrait fin. Six mois... comment allait-il tenir six mois à vivre auprès de Seishiro? Comment supporter sa présence, alors qu’il mourrait d’envie de fuir loin de cet être qui lui avait volé déjà une fois son esprit et pour qui malgré tout il éprouvait encore des sentiments? Mais il restait six mois après tout, et pendant ces six mois il parviendrait peut-être à atteindre l’esprit véritable de Seishiro. Et la haine suivrait alors... sans aucun doute.

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Depuis son retour Subaru, même s’il parlait toujours aussi peu, se montrait bien moins fuyant. On aurait dit que son mois d’absence lui avait permis de retrouver ses idées, tout comme lui-même, Seishiro, avait  retrouvé son calme habituel. Subaru n’avait rien dit sur sa longue absence. Ou presque rien; lorsque que Seishiro l’avait interrogé, il était demeuré très évasif, faisant allusion à des affaires personnelles qu’il avait désormais réglées. Seishiro n’avait pas insisté.

A présent chacun d’entre eux avait reprit ses activités, le quotidien en somme était de retour. Cependant -et c’était nouveau- tous deux se donnaient maintenant rendez-vous parfois dans des cafés, pour partager leur repas ou simplement un thé au milieu de l’après-midi.

Et cette nouveauté était une initiative de Subaru! Voilà qui avait beaucoup surpris Seishiro une nouvelle fois, mais cela servait ses intérêts: il était toujours décidé à percer le mystère vivant qu’était encore le jeune homme pour lui. Ainsi quand peu après son retour, Subaru avait proposé un jour à Seishiro de le retrouver à Shinjuku pour partager un repas, Seishiro n’avait pas hésité une seconde avant de répondre par l’affirmative. Il se souvenait encore de l’étrange familiarité dont Subaru avait d’ailleurs fait preuve à ce moment là, comme si tout deux se connaissaient parfaitement... mais ce n’était pas la première fois qu’il remarquait cette familiarité de la part du jeune homme. Maintenant qu’il y repensait c’était même franchement bizarre! Autre chose l’étonnait également: Subaru connaissait déjà son identité, alors quel était son intérêt à agir ainsi? C’était une chose dont il était persuadé les humains agissent toujours par intérêt... celui-ci était-il donc spécial au point de différer là aussi des autres? Ou bien alors, le jeune homme trouvait-il un quelconque intérêt à le voir? C’était une idée intéressante, peut-être devrait-il chercher de ce côté là...

Quoiqu’il en soit, Seishiro appréciait ces moments qui le sortaient de son ennui. Plus encore il s’aperçu qu’il pouvait sans même s’en rendre compte passer des heures à simplement observer Subaru. Il est vrai que c’était aussi une manière de progressivement comprendre comment celui-ci fonctionnait mais Seishiro se plaisait en même temps à simplement le contempler... C’était très divertissant! Une chose dont il s’était aperçu était extrêmement intéressante: le jeune homme était très loin de l’insensibilité qu’il cherchait le plus souvent à faire paraître. Il arrivait très bien à afficher sur son visage l’illusion d’une froideur et d’une absence de sentiment tout à fait totale. Mais les tremblements ou mouvements nerveux du reste de son corps trahissaient souvent le trouble qu’il ressentait en réalité. Plus encore son regard toujours limpide ne pouvait pas mentir. Et c’est cette pureté qui transparaissant dans le regard du jeune homme, malgré tous les efforts que celui-ci pouvait faire, qui troublait tellement Seishiro. Il lui semblait qu’il n’en avait jamais vu de pareille. Tellement à l’opposé de lui-même aussi. Pourquoi d’ailleurs était-il toujours aussi gentil avec lui qu’avec les autres? (NDLR: ok la tournure de la phrase peut sembler bizarre.. peut-être pas à tout le monde d’ailleurs! mais c’est dixit TB alors je l’ai laissé telle qu’elle!!^^)

Pourquoi continuait-il de vivre avec lui, lui le Sakurazukamori? Cependant en un sens Subaru lui ressemblait aussi. Tout comme lui Seishiro parvenait mécaniquement et sans y penser à paraître ‘humain’ sensible et souriant tout en étant en réalité dans l’état d’indifférence le plus total, Subaru à l’inverse paraissait distant et froid sans qu’il n’en soit rien... Il correspondait exactement à l’inverse de ce que lui Seishiro incarnait. Cela le faisait sourire, mais pour le moment il n’était pas encore tout à fait certain de cette sorte de ressemblance inversée qu’il lui semblait percevoir chez Subaru. Et il était curieux de mieux le connaître, bien décidé à percer ce mystère. Seishiro s’absorbait ainsi de plus en plus mécaniquement dans la contemplation du jeune homme, exercice pour dévoiler et atteindre l’esprit de celui-ci... Et il trouvait ça vraiment amusant! Comme un bel objet que l’on observe pour en découvrir le mécanisme... Cette idée l’amusait et il était curieux de voir la réaction que pourrait avoir Subaru, s’il en avait connaissance.

Un jour qu’ils venaient tous deux de partager leur déjeuner, Seishiro ne put résister plus longtemps à l’envie de la lui faire connaître, ou du moins de la lui suggérer. Tous deux se faisaient face, Subaru regardant par la baie vitrée du restaurant et lui l’observant. Rompant tout à coup un silence, Seishiro se penchant vers lui, lui demanda en souriant, ne pouvant s’en empêcher: “tu es très mignon, Subaru, tu sais cela?” Subaru avant de parvenir à afficher un visage impassible, rougit légèrement, surpris, ne s’étant visiblement pas attendu à ce genre de réflexion. Puis ses yeux un instant semblèrent se durcirent, l’idée n’avait pas l’air de lui plaire... (Seishiro souriait toujours ravi). Mais de manière très inattendue, Subaru afficha tout à coup un grand sourire et demanda: “est ce que tu me trouves sexy Seishiro?” Et apparemment amusé à son tour, il se leva l’heure étant en effet venue pour lui de partir. Seishiro était resté encore quelques instants dans le restaurant après l’avoir regardé partir par la baie vitrée. Subaru ne lui avait même pas laissé le temps de répondre, il n’attendait aucune réponse en fait. Et se levant pour partir à son tour, Seishiro ne put s’empêcher de sourire en pensant à la tête qu’aurait fait Subaru s’il lui avait répondu, tout à fait sincèrement d’ailleurs: “mais oui, en effet, je te trouve très sexy Subaru!”... Mais il trouverait sans aucun doute une autre occasion de le lui faire savoir, pensa-t-il le visage glacé mais les yeux pétillants derrière ses lunettes teintées. Cela aussi était tout à fait nouveau et uniquement dû à Subaru: il n’avait aucun souvenir de s’être jamais autant amusé avec qui que ce soit.


décembre
Seishiro sur le toit d’un immeuble, contemplait le spectacle qui s’offrait à sa vue. A l’approche de Noël, tous les grands magasins, les rues, les façades, tout s’était éclairé, revêtant cet air de magie et de fête... ce masque si superficiel. Les gens en bas se bousculaient dans la rue, pressant le pas à cause du froid. Il ne tarderait pas à neiger. Seishiro sourit. Toute cette agitation... si dérisoire! Des gens qui ne pensaient plus qu’à acheter des cadeaux, chacun dans sa bulle individuelle, s’extasiant sur l’esprit de Noël, la générosité et la gentillesse.. mais pure façade, chacun vivant Noël par et pour lui-même... Reste-t-il encore vraiment de la magie dans cette ville déshumanisée? pensa-t-il. Mais qu’il était amusant de voir ces gens si pressées s’affairer comme s’ils étaient vraiment préoccupés par cette période particulière de l’année...  tant de vanité et de dérision dans cette agitation!

Le plus amusant était sans doute de voir ces gens se disputer les différents articles proposées par les magasins... quel paradoxe avec l’esprit de Noël! Seishiro, quittant un instant le spectacle des yeux fouilla dans la poche interne de son imper, sortant son paquet de cigarettes et en allumant une. Soufflant la fumée dans l’air froid de la nuit tombante, le souvenir de cette jeune femme dont le tailleur était hanté par des esprits vivants lui revint soudain à l’esprit. Oui, des esprits vivants semblables à un immense sentiment de haine... mais d’où lui venait ce souvenir? L’image de cette jeune femme il l’avait très clairement à l’esprit, mais c’était étrange, il se sentait incapable de dire d’où lui venait cette pensée!

A nouveau cette impression de rêver, de ne pas exister réellement, seulement d’appartenir à un rêve... n’être qu’une illusion, en proie elle-même à des illusions... Jetant sa cigarette à peine entamée et remettant ses lunettes Seishiro, se mit en route. Il ne voulait pas arriver en retard à son rendez-vous avec Subaru.



Cet après-midi là Seishiro avait proposé de se retrouver à Ikebukuro, Subaru s’y était rendu avec une heure d’avance ayant déjà réglé les affaires de la journée. De plus il avait besoin de réfléchir, il devait tout planifier pour la suite... même si Seishiro rendait les choses extrêmement faciles. C’était étrangement vrai: il fixait maintenant de lui-même des rendez-vous, comme si il y trouvait un quelconque intérêt et il se montrait en tous points aussi disponible qu’il l’avait été jadis. Jouait-il encore ce rôle du “gentil vétérinaire attentionné”? Non, Subaru ne le pensait pas, sans même parler du fait que c’était inutile son identité étant connue, Seishiro n’était pas tout à fait le même que du temps de sa promesse. Son sourire était très différent notamment... tantôt cynique, tantôt amer, le plus souvent amusé, moqueur; tournant en dérision la vanité du monde. Son véritable esprit se dévoilait peu à peu... Seishiro ne dissimulait plus ses pensées ou du moins quand il les formulait il faisait preuve de franchise, parfois de manière provocante, comme s’il voulait tester sa réaction... Comme cette fois là dans le restaurant où il lui avait dis qu’il le trouvait mignon... ou comme ce jour où ils s’étaient rendu ensemble à la tour de Tokyo.

Ils s’y étaient rendu en fin d’après-midi, alors que le ciel s’assombrissait déjà, obscurci par l’arrivée de la nuit. L’air ce jour là était particulièrement vif et glacé, accentué encore par le souffle du vent...

Subaru ne put s’empêcher de sourire en y repensant. La température était si basse ce jour là qu’il s’était mis un instant à grelotter malgré lui, frissonnant sous la morsure du froid... et tout à coup il avait senti un bras se poser fermement sur son épaule et s’était brusquement retrouvé tout contre Seishiro en entendant celui-ci prononcer “je serais vraiment triste si tu tombais malade Subaru”. Seishiro avait mis à dessein un ton ironique en prononçant ces mots, bien sûr qu’il ne serait pas triste, lui le Sakurazukamori, l’assassin toujours insensible! Mais son étreinte n’en était pas moins réelle et spontanée... et malgré le regard tantôt amusé tantôt réprobateur des passants qu’ils croisaient, il ne l’avait pas relâché avant que tous deux soient à l’abri au premier étage de la tour. Subaru ne l’avait pas repoussé bien qu’il en ait eu un instant le réflexe et bien qu’il n’ait pu s’empêcher de se sentir gêné au début par le regard des gens; mais cela n’avait pas d’importance s’était-il vite aperçu, les gens pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient cela importait peu; et surtout il devait penser à sa promesse. Or ce genre de geste allait tout à fait dans le sens voulu pour sa réalisation!

Subaru appuyé sur la barrière qui le séparait des pingouins (Seishiro et lui avait rendez-vous au zoo) esquissa un pâle sourire. C’était vrai, avec chacun des jours qui passait, il se rapprochait peu à peu mais inexorablement de l’accomplissement de sa volonté...

Il en était d’autant plus persuadé que Seishiro semblait avoir beaucoup apprécié cette journée qu’ils avaient passé ensemble à la tour de Tokyo. La vue de cette ville “déshumanisée” comme il le disait, qui “s’amuse à observer son propre déclin”, l’avait fait sourire. Subaru s’était étonné d’entendre à nouveau cette phrase, Seishiro l’avait déjà dite autrefois du temps de leur promesse, et elle avait déjà ce ton de vérité qu’ont toutes phrases dîtes avec sincérité. Cette simple phrase l’avait renvoyé un instant dans le passé, comme si ces deux années après la mort d’Hokuto n’avaient été qu’un mauvais rêve... Mais il avait vite rejeté cette douce rêverie, car les choses n’étaient plus les mêmes. L’attitude de Seishiro déjà était différente: il ne cherchait plus à dissimuler son cynisme ni son insensibilité. Les lieux même ensuite, cet étage de la tour de Tokyo semblait également différents: les choses avaient changées, tout en restant les mêmes. C’était difficile à expliquer, sans doute était-ce l'atmosphère du lieu qui avait changée? Cela faisait deux ans après tout! Ou bien peut-être était-ce lui qui voyait les choses différemment? Lui aussi n’était plus le même. Et il ne pouvait, ne devait plus se permettre ce genre de pensée.

Ce qui comptait à présent était de se rapprocher de Seishiro... autant qu’il lui serait possible, d’atteindre son esprit, puis il réaliserait sa promesse. Ses idées étaient tout à fait claires sur ce point et le fait d’être à la tour de Tokyo où ils avaient été ensemble dans le passé accompagnés d’Hokuto lui avait même permis de se raffermir dans ses projets. Seishiro était le Sakurazukamori et il ne devait pas l’oublier. C’était à lui à présent de faire preuve de cette dualité dont il avait été la victime, à lui de paraître gentil et aimable... et de ne plus rien ressentir pour cet homme.

Mais ses projets si clairement arrêtés ne parvenaient pas à modifier ses sentiments; et cette journée que Seishiro avait visiblement appréciée, Subaru n’avait pu s’empêcher de la trouver agréable lui aussi. Et c’en était douloureux. Il connaissait chaque instant un peu mieux Seishiro, il se rapprochait de lui, mais cette découverte progressive, contrairement à ses attentes, ne faisait naître aucune haine en lui. Et c’était douloureux.Toujours appuyé contre la balustrade, Subaru les poings serrés, ferma un instant les yeux... qu’il était difficile d’être ainsi déchiré entre ce que lui dictait sa raison et ce que toute son âme ressentait malgré elle!... Perdu ainsi dans ces sombres considérations, Subaru n’avait plus conscience du monde qui l’entourait; et songeant encore à sa promesse, il ne prêta même pas attention aux pingouins qui le regardaient pourtant obstinément, le suivant de leur regard vif, tandis que Subaru poursuivait son chemin vers le bassin voisin.


Alors qu’il pensait être en avance, Seishiro eut la surprise de trouver Subaru déjà là, occupé en apparence à regarder les... otaries. Mais alors qu’il s’apprêtait à le rejoindre et se rapprochant un peu de lui, il s’aperçut bientôt que Subaru, les yeux perdus, devait à cet instant précis se trouver bien loin de cette réalité et des otaries qui lui faisaient face; absorbé une nouvelle fois dans quelques pensées, sombres à en juger par ses poings serrés. Ne voulant pas particulièrement troubler ses pensées, Seishiro décida tout de même de l’en sortir: le voir ainsi était bien moins amusant que de le voir rougir! Mais alors qu’il s’approchait doucement de Subaru qui lui tournait le dos, il entendit celui-ci murmurer, se croyant sans aucun doute seul: “Seishiro!... Ce serait tellement plus facile si je ne ressentais rien pour toi”... Seishiro eut un moment d’arrêt “si je ne ressentais rien pour toi”!??...

‘mmmh! mais alors il avait toutes ses chances!!’ Il ne pu réprimer un sourire amusé. Il était loin de se douter des sentiments de Subaru jusque là, et sur ce point il avait été peu perspicace; mais en revanche à présent bien des choses lui semblait s’expliquer à commencer par son attitude si changeante. Ainsi Subaru ressentait quelque chose pour lui!?? C’était intéressant. Etonnant mais interessant. Et une étrange satisfaction, presque un plaisir naquit en lui à cet instant sans qu’il se l’explique. Quoique si bien sûr... cet être dès le début lui avait plu “physiquement”. Il n’était pas du genre à rechercher une relation avec qui que ce soit, c’était certain, et voilà pourquoi il n’avait rien “essayé”. Mais dès le début cependant, il n’avait pu s’empêcher de remarquer l’élégance naturelle de cette silhouette, la finesse de cette taille, et la transparence de ces deux yeux verts, si fascinants. Et à présent que le hasard ou le destin lui était ainsi favorable, il n’allait certainement pas refuser... Voilà qui offrait une jolie perspective ou du moins ce serait l’occasion de se divertir...  Et continuant de sourire, Seishiro plaça tout à coup son bras sur l’épaule du jeune homme, ravi de le surprendre et de le faire rougir une fois de plus.

Seishiro un coude appuyé sur la table et le menton reposant dans sa paume, souriait face à un Subaru plus mort que vif. Sa dernière réflexion avait achevé de transformer celui-ci en ce qui ressemblait à présent à... un homard trop cuit. Les yeux de Seishiro pétillaient. Ce spectacle l’amusait au plus haut point. “tu sais ce n’est pas un jeu Subaru, je suis très sérieux!” ajouta Seishiro en esquissant un geste vers le jeune homme cramoisi. Celui-ci bondit de son siège, les yeux soudain durs, les poings sur la table, une expression d’indignation sur le visage. “Seishiro ne dis pas n’importe quoi, surtout si tu n’en penses pas un mot, et puis je... je suis un garçon!” Seishiro lui sourit comme l’aurait fait un père indulgent face à une bêtise de son enfant: “ ça, j’avais remarqué! je suis un homme toi aussi et... je suis tout simplement attiré par un homme!... tu sais Subaru, je ne m’arrête pas à ce genre de détails.” Cette fois sa main avait saisi celle serrée de Subaru. “je veux que tu comprennes que je suis très sérieux Subaru.. je n’ai pas dis que je ressentais quelque chose pour toi.. simplement tu me plaît.” Celui-ci tressaillit. Son regard était rivé sur cette main qui tenait le sienne, incapable de s’en détacher. “Subaru il m’avait pourtant semblé que je ne te laissais pas indifférent!” murmura-t-il se levant à son tour pour se rapprocher d’un Subaru toujours immobile. Sa main effleura cette joue colorée par la gêne, essayant de tourner ce visage vers le sien. Saisissant son menton, Seishiro força bientôt Subaru à le regarder “pourquoi tu ne dis rien... si tu ne fais rien pour me détromper je vais croire que c’est un signe d’assentiment Subaru” lui murmura-t-il à l’oreille, en profitant effrontément pour, de ses lèvres, en suivre le contour. Un sourire provoquant éclairait son visage, il se tourna à nouveau vers Subaru “que dirais-tu de rentrer à présent, Subaru?.. Les gens commencent à se demander ce que nous faisons...” et il ne put réprimer un bref éclat de rire à la vue de Subaru, atterré à cette pensée.


Seishiro referma la porte derrière lui et retira son imper. Subaru toujours silencieux se tenait à deux pas de lui les yeux perdus, contemplant involontairement la porte close de la chambre de Seishiro. Celui-ci sourit. Puis se plaçant derrière Subaru, qui restait debout dans l’entrée sans bouger, il entreprit de lui ôter son imper ce qui bien sûr fit une nouvelle fois sursauter Subaru devenu soudain très nerveux. Mais Seishiro, qui avait jeté négligemment la veste sur une chaise, fit brusquement tourner Subaru vers lui, entourant de ses deux bras sa taille étroite. Il ne portait pas ses lunettes et ses yeux par leur éclat trahissaient clairement le plaisir qu’il avait à voir Subaru ainsi désorienté. “Sei.. Seishiro-san!” s’exclama celui-ci dans un geste pour se libérer. Mais Seishiro n’était pas décidé à lui laisser une seule chance de s’esquiver. Raffermissant son étreinte, il commença à incliner doucement son visage vers celui de Subaru, qui à présent incapable d’un seul geste, regardait hypnotisé, ce visage si près du sien, qui dans un mouvement délibérément lent, continuait inexorablement son approche... Son esprit perdu enregistra vaguement la sensation d’une main remontant le long de son dos, saisissant sa nuque, l’empêchant de détourner la tête, mais toute force l’avait déjà quitté et il en aurait été bien incapable. Forçant son visage à se rapprocher toujours plus près du sien jusqu’à ce que leurs souffles se mêlent, Seishiro sourit, tandis que les yeux de Subaru commençaient à se fermer. Leurs lèvres se frôlaient à présent... mais dans un brusque éclair de lucidité Subaru se libéra violemment de l’emprise de Seishiro, reculant vers la porte de sa chambre.

Cette réaction aussi violente qu’elle ait été n’exprimait cette fois du moins, pas du tout de haine, Seishiro pouvait lire dans les yeux du jeune homme une peur, presque panique. Son visage s’était coloré légèrement... cela lui allait bien... “Subaru...” murmura Seishiro en esquissant un geste vers lui. Mais l’attitude de Subaru l’arrêta dans son élan. Celui-ci, soudainement détendu, une main dans les cheveux, l’autre dans la poche de son jean, et la tête baissée, souriait les yeux fermés; il riait presque comme se moquant de lui-même. Ne sachant comment interpréter ce brusque changement, Seishiro se contenta de l’observer, attendant que celui-ci s’explique. Relevant la tête et lançant un sourire désolé à Seishiro, Subaru murmura “tu sais ça n’est vraiment pas possible...”. Souriant toujours, les yeux à nouveaux baissés il ajouta: “Parfois j’ai l’impression que tu pourrais me faire faire n’importe quoi... que je suis un simple jouet entre tes mains.” Les yeux plongés dans le regard de Seishiro il se tut un instant, pesant bien ses mots avant de reprendre: “Mais en définitive je me trompe en pensant cela, n’est-ce-pas Seishiro?.. Personne ne peut aller contre sa volonté. Et pour le moment je ne souhaite pas être... avoir ce genre de relation avec toi.” et s’approchant de lui, se haussant sur la pointe des pieds, une main se posant sur son torse, il ajouta à son oreille: “mais j’en suis le premier désolé”. Puis sa main quitta comme à regret l’endroit où elle s’était attardée et se détournant Subaru quitta la pièce, laissant un Seishiro perplexe, ne sachant s’il devait déplorer ici un échec ou au contraire se réjouir de ce que le jeu semblait vouloir se poursuivre.

(à suivre)

 

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