Dans la série " ça va pas en s’arrangeant ", aujourd’hui " Caro fait une fanfic sur une série que personne connaît sauf elle ". Donc voici le début de ma toute nouvelle fic, basée sur un manga appelé " Jane " et qui vient récemment de changer de titre pour se nommer " Nullalive ". En fait j’avais envie de faire une fic sur " Jane " et du coup je l’ai mélangée avec un début de scénar original qui me trottait dans la tête depuis un moment comme ça je fais d’une pierre deux coups (enfin, ça me fait deux fois moins de boulot quoi…). Encore donc une fic à rallonge en perspective (oui je sais, je n’ai pas fini les autres… Mais j’vais le faire, promis).

Donc quand même, comme je dois être l’une des seules personnes dans le coin à être fan absolue de Jane, je vais peut-être vous expliquer de quoi ça cause en gros (Je me permets aussi de prendre quelques libertés avec le monde de Jane et les persos, pour que ça colle avec mon début de scénar de base !)

Donc " Jane " est un manga de science-fiction de Mizuki Tachibana et Rinko Sakura paru chez Zero Comics. La plus grosse partie de l’action se passe sur un vaisseau nommé le Janet V. Ce vaisseau appartient au gouvernement d’une alliance entre différentes planètes (c’est pourquoi on trouve pas mal de personnages avec des caractéristiques physiques étranges) dont la Terre et a pour but de faire régner l’ordre dans l’espace et de découvrir de nouveaux mondes (c’est pas Star Treck ! ! !). Ca, c’est un résumé succinct de l’histoire. Maintenant les persos ! Dans mon histoire, j’utiliserai les persos principaux de Jane (que je présente ci dessous… les images sont pas les plus belles mieux mais c’est tout ce que j’avais sous la main pour tous les persos… dites vous que d’hab ils sont encore vachement plus boooooo que ça) mais aussi quelques persos originaux, pour ceux là, vous verrez plus tard tout au long de l’histoire !

Ran Mahiru (nom complet : Ranburt James (Ran)=Noel Mahiru (faut pas me demander pourquoi, c’est comme ça dans le data)). Ran est le capitaine du Janet V. C’est un beau grand blond aux yeux d’ambre (enfin il est pas super beau dans les 2 ou 3 premiers volumes… comme tous d’ailleurs… mais après, groooaaaa, c’est un top méga giga canon classe), il a dans les 25 ou 26 ans, c’est un terrien et même s’il a parfois un côté assez désinvolte et plein d’humour, il prend son devoir très à cœur et très au sérieux.

Rassied C. Jax (nom complet : Rassied Cynthia Jax). Rassied est le premier officier du Janet V. 194cm de corps sculptural que moi je fonds complètement ! Une chevelure bleu turquoise et des yeux écarlates (signe caractéristique il me semble de sa race, les Cynthianas… dont il est un prince d’ailleurs) ! Bien qu’il ait l’air d’avoir 27 ou 28 ans, il a véritablement dans les 300 ans il me semble et possède une force hors du commun. C’est un type sérieux et assez introverti (quoique très chou quand même). Ah oui, en général les gens de sa race ne sont pas censés avoir beaucoup de sentiments… en général seulement…

Rod Hamilton. Des cheveux blonds/roux et des yeux verts sous une paire de lunettes pour le conseiller médical du Janet V, excellent ami de Ran (il me semble qu’ils ont été à l’académie militaire ensemble). C’est un type assez ouvert au caractère souvent enjoué mais qui se comporte parfois de façon assez bizarre, comme s’il en savait toujours beaucoup sur les autres. De toute façon, il est charmant, plein d’humour et très intelligent.

Rin Liberalta. Une blondasse aux yeux bleus… Elle est le médecin chef du Janet V et perso je la trouve assez cruche et elle m’est assez antipathique mais bon… Elle est là, elle est importante, alors faut faire avec ! Ah oui, elle est aussi une terrienne.

 Lynus Escudo Crive. Un graaaaaaaaaand brun bronzé aux yeux écarlates (c’est un Cynthiana aussi) et au caractère très enjoué, très ouvert, très drôle et un peu bagarreur. J’avoue que je l’aime bien ! ! ! Et il a un petit faible évident pour Maxim (et tout ce qui en général est assez choupinou)

Maxim. Pas moins de 118 kilos pour ce choupinou… C’est normal, c’est un androïde ! Mais un fort charmant androïde avec ses cheveux noirs et courts et ses yeux platines. Il est aussi le chef navigateur du Janet V. Mais il a tendance à agir de façon très rationnelle en bon androïde qu’il est.

Najail. Hum… sur lui je ne peux pas dire grand chose vu qu’à part dans le dernier volume paru on le voit pas beaucoup ! Mais physiquement, c’est un charmant jeune homme aux loooongs cheveux argent/bleu (un peu dans le genre Tetiyus dans Seimaden mais un peu plus bleu… habituellement vraiment plus booo que sur l’image ci contre !). Sinon il est assez renfermé. Ah oui, il doit avoir dans les 500 ans ! Et il est un peu télépathe.

Zeus V. Forman. Un physique assez quelconque pour l’officier scientifique de la section informatique et un caractère assez timide et maladroit. Il est originaire de Ganymède et nous apparaît tout d’abord comme un personnage comique (surtout dans le premier volume où suite à une méprise il demande Ran en mariage… demande qui à la base devait s’adresser à Leda). Moi je l’aime bien !

Leda F. Verla. Chef opérateur de la section communication. Un adorable roux aux yeux vermillons et aux cheveux au carré. Un gentil choupinet quoi qui a des oreilles bizarres parce son père vient de je ne sais plus quelle planète mais qui finit par épouser Zeus (mais ce fut laborieux… et drôle ! !). Il n’est pas censé vivre plus de 25 ans.

William Rhodien. Brun, cheveux court, yeux marrons. Chef technicien du Janet V. Plus âgé que les autres (enfin d’apparence hein, parce que Rassied ou Najail bon… ) C’est un type sympathique, qui aime les bons alcools et qu’on ne lui casse pas son vaisseau et qui a tendance à péter les plombs quand ca se produit. Très sympathique

Voilà, avec ça, vous avez la base ! ! ! Pour plus de question, suffit de me demander ! !

Ah oui, dernier point. Moi les grades militaires en jap, moyen bof donc il est possible que je me plante dans les titres officiels (sauf pour Capitaine, ça je suis sure !)

 

Amazing Grace

(une fic avec un titre et un scénar… enfin on va essayer)

 

Prélude

Rassied posa les doigts sur le clavier du piano, n’osant pourtant pas appuyer sur les touches, de peur que ce bruit incongru à une heure aussi tardive n’attire l’intention. Même un vaisseau comme le Janet V connaissait ses instants de calme et de repos. Et de toute façon, il aurait été bien incapable d’en tirer autre chose qu’une effroyable cacophonie. Même s’il chantait de façon plus que correcte, il n’avait jamais étudié la musique et le piano lui apparaissait comme un étrange objet aux sonorités complexes. Pourtant, cela avait l’air tellement simple lorsque Ran jouait.

Il poussa un soupir. Ran avait vraiment tout pour lui. Autant son allure que son esprit ou son talent. Certes, Rassied n’était pas non plus à plaindre. Après tout, il était, après Ran, le soldat le plus gradé du Janet V et son physique, bien que troublant au premier abord, n’était pas non plus des plus désagréables. Mais pourtant… pourtant… Il avait la forte impression que Ran lui était largement supérieur. Il se doutait que cela était dû à ce qu’il ressentait pour Ran, que son jugement n’était pas des plus objectifs et que le tout était plus encore renforcé par la sensation que Ran ne voyait en lui que son fidèle et loyal premier officier. Rassied, lui, voyait beaucoup plus qu’un simple capitaine en Ran. Il n’aurait pu mentionner le moment où ce sentiment était né, sûrement était il apparu progressivement, grandissant chaque jour un peu plus, lorsque Ran lui montrait par mille et une actions qu’il était un homme d’une grande valeur, bien supérieur à tous ceux que Rassied avait pu côtoyer jusque là. Mais il savait exactement quand il avait pris pleinement conscience de son attirance pour le capitaine. C’était dans cette même pièce, lorsque Ran au piano avait entamé un requiem et que lui, Rassied, avait débuté le premier couplet de sa voix chaude et puissante. La complicité qui avait lié les deux hommes à ce moment là, l’intimité qui les avait immergés dans ce lieu pourtant bondé, avaient été autant de preuves pour Rassied que Ran était pour lui bien plus qu’un supérieur ou même qu’un ami. Il avait d’ailleurs perdu sa voix à la fin de ce même couplet, la réalisation de ce désir jusqu’alors latent lui ayant fait perdre tous ses moyens et il avait fait mine de s’endormir, se laissant bercer par la voix de Ran qui avait alors continué seul. Cette voix aérienne raisonnait encore aux oreilles de Rassied, le faisant frissonner de la tête aux pieds, comme le soir même où cette scène s’était produite.

Pourtant, comme l’attestaient ses yeux écarlates, il était un Cynthiana, une race connue pour être à 80% dénuée de sentiments ! Mais il devait se rendre à l’évidence, il faisait partie des 20% restants… tout comme Lynus d’ailleurs, son compatriote cachant à peine son affection pour Maxim. Rassied sourit en imaginant la frêle silhouette de l’androïde dans les bras du géant.

Il s’assit sur le tabouret, là où parfois le soir Ran prenait place pour charmer son public. Mais nul ne savait apprécier sa musique comme Rassied. Il pouvait rester des heures assis au fond de la salle, le bruit des doigts courant sur les touches d’ivoire l’hypnotisant, l’envoûtant.

Il laissa ses doigts glisser sur ces mêmes touches que la main de Ran connaissait par cœur pour les avoir frappées des milliers de fois. Pour Rassied, elles raisonnaient encore de sa chaleur, une chaleur qui lui rappelait leur rencontre initiale juste avant qu’il n’embarque pour la première fois sur le Janet V. C’était un Ran débraillé, aux cheveux longs qui l’avait accueilli ce jour là, un Ran qu’il avait retrouvé peu de temps après, impeccable dans son rôle de grand capitaine.

Rassied ne put retenir un sourire. Comme il était amusant de constater que Ran s’était coupé les cheveux au moment même où lui avait décidé de les laisser pousser. Rassied aimait à y voir une preuve supplémentaire de leur complicité.

Dans un moment d’inattention, l’un de ses doigts frappa une touche et la note unique raisonna longtemps sur le haut plafond de la salle. Rassied retint son souffle et se tourna vers l’entrée, se demandant s’il avait été entendu et quelle excuse il allait pouvoir donner à sa présence en ces lieux. Puis il haussa les épaules, après tout, il était le premier officier, il n’avait de compte à rendre qu’à Ran.

Et ce fut justement la silhouette de Ran qui apparut dans l’encadrement de la porte.

Rassied se figea en voyant l’ombre du capitaine, qu’on devinait tout juste dans l’obscurité ambiante, s’approcher de lui. Il se leva précipitamment, laissant la place sur le tabouret à son supérieur et tentant de dissimuler sa gêne, voire son excitation de se retrouver seul dans une pièce sombre en compagnie de l’objet de son désir.

Ran s’arrêta à un bon mètre de Rassied et lui lança de sa voix grave et captivante :

-Alors Number One, on apprend le piano en cachette ?

Rassied se raidit, regagnant sa prestance toute militaire, et supprima toute émotion dans sa voix.

-Certes non Capitaine. Je ne trouvais pas le sommeil alors je cherchais juste un moyen de passer le temps.

Rassied sentit le regard de Ran le toiser, un sourire presque moqueur se devinant sur son visage.

-Et tu ne t’es même pas rabattu sur tes chers livres ?

Rassied recula de quelques pas pour s’installer sur un des hauts tabourets qui bordaient le bar.

-Disons que, j’avais sans doute besoin de m’aérer l’esprit.

Ran ne répondit pas et prit place en face du clavier. La lueur des étoiles au travers des vitres immenses qui couvraient le flanc du Janet se reflétait sur le piano, laissant deviner son visage dans un voile argenté qui le rendait presque fantomatique. Rassied le regardait, ne voulant détourner les yeux d’un spectacle qui pourtant l’angoissait tout autant qu’il le réjouissait. Il était connu pour son sang froid mais dans de telles conditions, dans un tel état de frustration, saurait-il résister à l’appel du corps de Ran, si proche du sien ? Il se savait plus grand et plus fort aussi que le capitaine alors…

Il secoua la tête. Non mais à quoi pensait-il donc ? Il n’allait tout de même pas se jeter sur Ran pour obtenir ce qu’il désirait de lui par la force. Il n’était pas un barbare, il savait se retenir et en l’occurrence saurait patienter autant qu’il faudrait, profitant juste des quelques instants de complicités que le capitaine lui offrait parfois.

La voix de Ran le fit revenir à la réalité. Le début du monologue lui avait échappé mais il en comprit tout de même le sens.

-…mais si tu y tiens vraiment Ras, je pourrais t’apprendre deux ou trois airs simples.

Rassied secoua la tête.

-Merci capitaine mais je préfère vous écouter jouer.

-Comme tu voudras. Mais ma proposition tiendra toujours.

-Je vous remercie capitaine.

Et comme pour combler ses désirs, Ran fit courir ses doigts sur le clavier.

-Ouch ! s’exclama-t-il soudainement.

Rassied devina sa grimace.

-Un problème capitaine ?

Ran leva les mains d’un geste désemparé.

-Rien qu’on puisse régler pour le moment. Il faudra juste penser à faire accorder ce piano ! Apparemment il a mal supporté les dernières turbulences.

Rassied se leva et vint se placer juste derrière son supérieur, faisant mine de jeter un coup d’œil à l’instrument.

-Je n’ai rien remarqué, se contenta-t-il de dire. Certes, il était normal qu’il n’ait rien remarqué, n’y connaissant pas grand chose en piano mais il désirait poursuivre la conversation avec Ran le plus longtemps possible, créer un de ces instants inoubliables qu’il avait connus depuis qu’il fréquentait le capitaine.

-Tu n’as peut-être rien remarqué, mais je t’assure que mon oreille se sent agressée lorsqu’une note sonne faux !

Rassied prit un air excédé, comme pour rappeler au capitaine qu’il agissait encore en gosse trop gâté. Mais il devait bien avouer que ce côté parfois juvénile faisait aussi partie des aspects plaisants de Ran.

-Cela veut-il dire que vous n’allez plus jouer ? demanda Rassied en ramenant derrière son oreille une mèche de cheveux bleue qui s’était échappée de sa queue de cheval.

-Allons donc ! s’exclama Ran en reprenant son habituel enthousiasme. Il y a toujours moyen d’arranger ça, si l’on chante en même temps, ça couvre une partie des fausses notes.

Après quelques secondes de silence, le capitaine reposa ses mains sur le piano et entama les premières notes d’Amazing Grace, la chanson qui les avait tant rapprochés. Rassied sentit son cœur bondir dans sa poitrine.

-Tu te souviens, reprit Ran, que tu m’avais accompagné sur cette chanson ? Tu m’avais sidéré, je ne savais pas que tu pouvais avoir une telle voix.

Ne sachant que répondre, Rassied préféra garder le silence.

-Mais tu m’avais laissé tomber après le premier couplet, ajouta-t-il d’un ton plein de reproches.

-Je… tenta de se justifier Rassied.

-Cette fois, le coupa le capitaine, j’aimerais que tu m’accompagnes jusqu’au bout.

Rassied sourit dans la pénombre. Ainsi Ran avait lui aussi apprécié cet interlude. Etait-il possible de retrouver la magie qui les avait unis à ce moment là ? Il n’allait pas tarder à le savoir. Le morceau était déjà bien entamé et il était temps pour lui de commencer à chanter.

Il ouvrit la bouche et laissa sa voix grave s’élever dans la pièce, raisonner contre les murs lointains et le haut plafond, en amplifiant plus encore la force et la puissance.

" Amazing Grace,

How sweet the sound

That saved a wreck like me

I once was lost but now

I’m found

Was blind but now I see

‘Twas grace that taught

My heart to fear

And grace my fear relieved

How precious did

That grace appear

The hour I first believed "

Ran leva la tête pour le regarder et lui sourit, se joignant à lui pour le second couplet que cette fois ils interpréteraient ensemble, leurs voix s’accordant, s’unissant, se complétant de la plus exquise façon qu’il soit, prouvant leur mutuel attachement, leur osmose, prémisse d’une union physique que Rassied attendait depuis tellement longtemps. (nda : euh… ouais, j’en fait peut être un peu beaucoup là… tant pis, chuis plus à ça prêt… et déjà je me retiens d’ajouter que ca fait des frissons partout dans le corps de Rassied)

" Though many dangers,

toils and snares

I have already come

‘Tis grace have brought me safe thus far

And grace will lead me home… "

De nouveau la magie était là, la même qui les avait unis précédemment. Rassied la voyait presque allant et venant autour de lui et Ran, les liant inexorablement, les emprisonnant volontairement dans le même cocon. Et cette fois ci, ils étaient seuls dans l’immense bar. Nulle demoiselle faisant les yeux doux au capitaine, nul soldat pour échanger des messes basses au moindre geste suspect, seulement l’obscurité, l’isolement. Sans vraiment le vouloir mais sans pouvoir s’en empêcher, Rassied posa les mains sur les épaules de Ran, sentant ses muscles bouger alors que ses doigts jouaient les accords finaux. Il effleura du bout des doigts la douce chevelure blonde du capitaine qui réagit au contact en se laissant aller doucement contre le ventre plat et ferme du Cynthiana. Ce dernier passa les bras autours de ses épaules et le serra plus fermement encore contre lui.

-Rassied… murmura Ran, posant les mains sur celles de son premier officier pour les écarter de son corps le temps qu’il se lève.

Puis il les reposa sur sa taille et repoussant le tabouret d’un coup de pied, se plaqua contre l’immense Cynthiana dont il sentait le souffle si près de lui.

-Ras… répéta-t-il une nouvelle fois, rejetant la tête en arrière, son regard plongeant dans celui passionné de son compagnon.

-Capitaine… répondit ce dernier, l’enlaçant plus fortement encore, ses mains osant à peine partir à la découverte du corps de l’autre.

-QU’EST-CE QU’IL SE PASSE LA DEDANS ?

Ce grondement inattendu les fit tous deux sursauter, brisant le charme fragile qu’ils avaient tissé et ils s’écartèrent précipitamment l’un de l’autre. Une nouvelle silhouette se découpa dans l’entrée.

-Rod ? hasarda Ran. En contre jour il était difficile d’être sûr et il n’avait pas été suffisamment attentif pour reconnaître la voix, mais il était quasiment certain que celui qui venait d’ainsi les interrompre n’était autre que son meilleur ami.

-Oh Ran, c’est toi ? J’ai entendu du bruit et je me demandais qui pouvait fouiner dans le bar à cette heure ! Alcoolique au point de piller les réserves en cachette ?

Ran soupira et s’avança vers le médecin, suivi de près par un Rassied aussi dépité que lui. Pour une fois que tous deux semblaient avoir mis de côté leurs conventions et leurs appréhensions, il avait fallu que Rod passe par-là.

-Non, j’avais simplement envie de jouer un peu, mentit-il. Qu’est ce que tu fais encore debout à cette heure ? poursuivit-il avant que le conseiller, bien souvent trop rusé, ne le prenne en défaut.

-Oh, j’avais encore du travail ! Tu es le capitaine, tu sais bien qu’on a eu pas mal de blessés lors des dernières turb… Oh, Rassied, tu étais là aussi ? enchaîna-t-il alors qu’ils venaient d’apparaître à la lumière du couloir.

Le premier officier opina.

Rod leur jeta tour à tour un coup d’œil suspicieux qui mit Ran fort mal à l’aise puis adopta une expression oscillant entre la jubilation et la désolation. Seul un type tel que Rod pouvait exprimer en même temps des émotions aussi contradictoires.

-Je suis désolé si… commença-t-il mais une nouvelle voix se fit entendre à l’autre bout du couloir.

-CAPITAINE ! CAPITAINE !

Rassied soupira. Ce moment d’intimité était décidément en train de tourner à la réunion de famille.

-Je suis là ! répondit Ran d’une voix où pointait une bonne dose d’agacement. Qu’est-ce qu’il se passe Lynus ?

Le géant Cynthiana venait d’apparaître au détour d’un corridor et s’avança en trottinant vers Ran.

-Ah capitaine ! soupira-t-il d’un ton saccadé qui laissait présager qu’il avait fait une partie du chemin entre le poste de pilotage et le bar en courant, ça fait dix bonnes minutes qu’on tente de vous joindre ! L’amiral David Noel veut vous parler ! Il dit que c’est urgent !

Ran se retint à grand peine de se cogner la tête contre le mur le plus proche. Là, c’était vraiment le pompon ! Comme s’il avait besoin justement maintenant d’une confrontation avec son oncle !

-Qu’est ce qu’il veut ? interrogea-t-il d’une voix glacée.

Lynus haussa ses larges épaules.

-Pas la moindre idée. Mais vous feriez mieux de vous dépêcher, il commence à être de mauvais poil.

-Il est toujours de mauvais poil, maugréa Ran entre ses dents, puis se ressaisissant, Lynus, va lui dire que j’arrive ! Number one, accompagne-le, si ça se trouve, il acceptera de discuter avec toi, j’avoue ne pas avoir envie de le voir… Sinon, j’arrive tout de suite. Rod… euh… tu peux aller te coucher !

A contrecœur, Rassied suivit son compatriote, abandonnant Ran et toute trace de ce qui avait pu se produire quelques minutes seulement auparavant.

-J’ai l’impression d’être un gosse dont on veut se débarrasser, grogna Rod une fois les deux Cynthianas partis.

-Quoi ? Tu n’allais pas te coucher tout à l’heure ?

-Si, mais parce qu’il ne se passait pas des choses aussi passionnantes que maintenant tout à l’heure. Je n’ai pas envie de manquer ta discussion avec ton cher tonton.

Il conclut sa phrase d’un petit rire moqueur qui crispa plus encore Ran. Décidément ce soir Rod lui était insupportable ! Tous deux prirent, d’un pas rendu traînant par le capitaine, la direction du poste de pilotage, dans le silence le plus absolu. Il était étrange pour un vaisseau de l’importance du Janet d’être aussi calme, mais ce soir, sans aucune raison apparente, c’était pourtant le cas. Nulle âme vivante dans les immenses couloirs…

-Tu m’en veux ? interrogea soudainement Rod.

Ran secoua la tête.

-Non, je ne vois simplement pas ce que tu peux trouver de drôle à une discussion avec mon oncle.

-Je ne parlais pas de ça ! s’exclama Rod. Je parlais de tout à l’heure, dans le bar.

Ran se tendit en repensant aux mains de Rassied sur son corps, à son souffle chaud dans son cou, sur son visage…

-Je ne vois pas de quoi tu veux parler, répliqua-t-il avant que les souvenirs ne lui donne une nouvelle bouffée de chaleur.

Le médecin lui jeta un de ses fameux regards entendus.

-Oh, voyons Ran, pas à moi. J’ai bien vu à vos têtes à tous les deux que j’avais interrompu quelque chose. Tu sais je suis vraiment désolé, si j’avais su je ne serai pas intervenu… D’un autre côté je suis quand même heureux de savoir qu’il s’est enfin passé quelques chose entre vous deux ! Depuis le temps que ça traîne entre Rassied et toi, il…

-Rod, ça suffit ! ordonna Ran d’une voix ferme.

Il n’était pas d’humeur à s’entendre rabâcher ce qu’il savait déjà, surtout par quelqu’un que ça ne regardait absolument pas !

-Tu l’as embrassé ? continua Rod, sans se soucier de l’intervention du capitaine.

-ROD ! hurla Ran, à la fois outré et furieux d’une question aussi directe dans de telles circonstances.

Le médecin leva les mains en signe d’apaisement. Il s’était déjà battu contre Ran, savait qu’il pouvait tenir la distance mais se dit que ce n’était pas le bon moment pour une confrontation. Ran avait l’air réellement énervé. Il avait vraiment dû interrompre un grand événement dans le bar… et tonton l’amiral qui ne trouvait rien de plus intelligent à faire que d’intervenir au milieu de tout ça !

-Ca va, ça va je me tais ! Moi tu sais je ne veux que ton bien.

Il lui jeta un nouveau sourire malicieux.

Ran soupira. Ce type avait vraiment le don de lire dans les autres comme dans un livre ouvert, et c’était prodigieusement agaçant… enfin bon, il avait bien d’autres problèmes et savoir ce qui lui voulait son oncle bien aimé n’était sans doute pas des moindres.

Lorsqu’ils pénétrèrent dans le poste de pilotage, tous les membres de l’équipage présents semblèrent pousser un " ouf " de soulagement. Apparemment, au regard que lui jeta Rassied, l’amiral Noel n’avait pas voulu de lui comme interlocuteur, attendant plus ou moins patiemment l’arrivée de Ran. Ce dernier s’installa dans son fauteuil, face à l’écran principal où apparaissait le visage contrarié de son oncle. Tentant de cacher son irritation, le capitaine entama le dialogue.

-Amiral Noel, que puis-je pour vous ?

-On ne peut pas dire que l’empressement et l’amabilité vous étouffent Ranburt James Noel Mahiru, répliqua son oncle du même ton froid et sec.

Ran retint un soupir. Comme il s’en doutait c’était reparti pour un échange de piques. Certes il avait aussi sa part de responsabilité dans cette guéguerre mais… Oh et puis zut, il n’avait pas de compte à rendre à ce type. Après tout, c’est lui qui avait quitté la maison, l’abandonnant sa mère et lui alors qu’il n’avait que cinq ans ! Ran n’y était pour rien à l’origine !

-Veuillez m’excuser amiral, j’étais quelque peu occupé…

L’amiral Noel maugréa une vague réponse inaudible, le bas de son visage caché par sa main droite comme toujours gantée de noir puis il se redressa et plongea son regard perçant dans celui de Ran, qui poursuivit, sans se décontenancer.

-… mais vous auriez pu vous adresser à mon premier officier. Il a ma pleine confiance.

-Ca, je n’en doute pas capitaine Mahiru. Cependant il s’agit d’une affaire trop importante pour que j’en réfère à un subordonné.

Ran sentit autour de lui l’équipage se tendre. Bien qu’ils n’en montrent rien, vaquant à leurs tâches habituelles, tous suivaient avec attention la confrontation. Décidément, les recrues du Janet étaient de pires commères qu’une troupe de concierges. Et si l’amiral Noel lui-même parlait d’une affaire importante, cela ne présageait rien de bon…

-De quoi s’agit-il Amiral ? interrogea Ran dont la curiosité avait également été piquée.

-Vous avez pour ordre d’interrompre votre mission actuelle.

-Pardon ?

Certes, l’actuelle mission n’était rien de majeur, une simple mission de reconnaissance dans des zones encore mal contrôlées par l’alliance où les actes barbares abondaient encore mais de là à l’interrompre de façon aussi brusque… c’était bien la première fois qu’une telle chose se produisait depuis que Ran était entré dans l’armée.

-Pour quel motif Amiral ?

-Il n’y a pas de motif précis capitaine. Le gouvernement a simplement décidé de confier au Janet V une nouvelle mission apparemment bien plus importante.

-C’est à dire ?

Ran commençait à être méfiant. Son oncle tournait autour du pot et il n’aimait pas ça… Que pouvait-il bien avoir en tête ?

-Il y a quelques jours maintenant, d’étranges signaux sont apparus dans la zone 645, oh, comme vous pouvez vous en douter, nous ne captons pas grand chose mais la base 645 est formelle, c’est la première fois que nous recevons des traces d’une vie éventuelle dans cette zone.

La zone 645, pensa Ran… C’était donc pour ça que son oncle paraissait hésiter à citer l’ordre de mission. C’était un lieu immense aux confins l’univers constamment entouré d’un brouillard noir dont on n’avait pas encore réussi à déterminer la nature. Les vaisseaux qui s’y étaient engagés n’étaient jamais revenus, les communications semblaient impossibles entre l’extérieur et l’intérieur, une missive sur des centaines parvenant à traverser l’épaisse brume. De temps à autre on avait bien capté un signal de détresse venant de l’un d'eux mais les secours envoyés avaient à leur tour été engloutis par l’obscurité… Le gouvernement avait alors fait construire à la frontière de la zone une immense base militaire et scientifique, appelée base 645, ayant pour but de percer les mystères de l’endroit… sans résultat probant pour le moment. Et soudainement des signaux…

-Si je comprends bien, vous demandez au Janet V de s’introduire dans la zone 645 pour découvrir l’origine de ces signaux.

-Vous avez parfaitement compris capitaine, répondit froidement l’amiral.

Ran entendit certains membres de l’équipage pousser des soupirs d’inquiétude à cette simple idée. C’était pour ainsi dire en mission suicide qu’on les envoyait là.

-Je sais, poursuivit Noel, qu’il s’agit là d’une mission délicate et difficile, cependant, seul un vaisseau de la robustesse et de la qualité du Janet V peut, à mon avis et celui du gouvernement, pénétrer et ressortir de la zone 645 sans dégâts majeurs. Ceux qui ont disparu n’étaient jusqu’à présent que des vaisseaux de second plan dont la perte n’était pas dramatique mais l’apparition des signaux intrigue le gouvernement au plus haut point, c’est pourquoi le Janet V à cette fois été choisi.

Ran sentit la colère l’envahir… des vaisseaux de second plan dont la perte n’était pas dramatique… des vaisseaux contenant des équipages comme celui dont il était en charge ! Et son oncle ne pensait qu’à l’aspect matériel. Il avait envie de lui cracher sa hargne au visage mais à quoi bon ? Après tout il était son supérieur…

-Amiral, si je puis me permettre, je ne trouve pas très avisé d’envoyer sans étude préalable le…

-C’est un ordre capitaine !

-Bien Amiral…

-Le Général Drabant actuellement en charge de la base 645 a été prévenu de votre arrivée. Il vous donnera les dernières précisions et les derniers conseils.

-Bien Amiral.

Les derniers conseils… Quel humour ! C’était à lui et à lui seul qu’incomberait la tache de sauver ses hommes une fois entré en terrain inconnu. Quel conseil pourrait bien lui donner un type qui jusqu’à présent n’avait pas été capable de secourir " des vaisseaux de second plan dont la perte n’était pas dramatique " ? Non, il devenait aigri là… Après tout il savait que le général Drabant devait faire de son mieux pour aider les équipages en perdition. Il avait été son instructeur à l’académie militaire et Ran le tenait en haute estime. D’un certain côté, il était presque heureux de le revoir, même en de telles circonstances.

-J’espère recevoir un rapport détaillé de vos découvertes le plus tôt possible.

-Oui Amiral.

-Voilà qui est bien. Au fait Capitaine, bonne ch…

Ran coupa la communication. Plein d’appréhension, il se tourna vers l’équipage. Tous, excepté bien sûr Maxim, avaient une mine inquiète mais en bons soldats qu’ils étaient, ils poursuivaient leurs travaux comme si la conversation ne les avait pas affectés. Même Rod était un peu pâlot…

-Finalement j’aurai dû aller me coucher, ce n’était pas très amusant, conclut-il d’un ton qui se voulait désinvolte en sortant du poste de pilotage.

Le capitaine poussa un soupir. Bon, il n’y avait plus qu’à annoncer cette joyeuse mission aux mille et quelques membres de l’équipage.

-Number one ?

-Oui Capitaine ?

Comme toujours Rassied se tenait à ses côtés mais ne tentait même pas un sourire pour le rassurer. Bon dieu, la nuit avait pourtant commencé de façon tellement… inattendue mais agréable… comment cela avait-il pu dégénérer à ce point ?

Il se passa une main dans les cheveux.

-Fais réunir tout le monde dans la grande salle. Je dois les mettre au courant…

-Bien Capitaine.

Le Cynthiana sortit sans même un regard en arrière et Ran se leva, se demandant bien ce qu’il allait pouvoir raconter pour éviter le vent de panique qui ne manquerait pas de souffler à l’annonce de leur nouvelle destination…

(à suivre...)

Retour à la homepage