Chapitre 9
Plusieurs semaines sétait écoulées depuis son départ de Zenmi-jou et malgré cela Taishakuten ne parvenait toujours pas à oublier Ashura-ô. Pourtant, on ne pouvait pas dire quil navait pas de quoi soccuper lesprit. Entre les démons qui avaient repris leurs attaques de plus belle, bien plus tôt quon aurait pu le prévoir, et Jikokuten, qui lui avait mené la vie dure pendant un bon moment, il aurait dû oublier le dieu de la guerre. Mais limage de celui-ci était toujours présente, même aux moments les plus intenses.
A présent, il chevauchait, en compagnie de ses hommes à travers les marécages bordant lextrême limite de la frontière est. Cétait vraiment le coin le plus désagréable de toute la région, peuplé de moustiques et de bêtes sauvages, mais surtout offrant de nombreuses possibilités dabris aux démons. Il était sûr que Jikokuten lavait envoyé ici par vengeance. Le dieu gardien de lEst lavait vraiment pris en grippe et navait cessé de chercher à lhumilier et de lui donner les pires corvées. Cest ainsi que lorsquil avait fallu attribuer les périmètres à explorer, Jikokuten sétait réservé les grandes plaines alors quil avait envoyé Taishakuten au milieu des marais et des sables mouvants. Mais au moins comme ça, pensait Taishakuten, il était débarrassé de ce type...
Lobjectif des deux équipes était de traverser leur zone en tuant le maximum de démons puis de se rejoindre une fois au bout. En gros, ils étaient partis pour une chasse aux démons chacun sur son territoire. Mais sur ce terrain aux multiples ombres et recoins, Taishakuten se sentait davantage la proie que le chasseur. Déjà plusieurs de ses compagnons avaient disparu sans laisser de traces excepté un hurlement dhorreur dans le lointain et les autres étaient à bout de nerfs. Lui-même se sentait prêt à tout laisser tomber et à laisser les démons lemporter... Mais non ! Cela nétait pas dans son caractère ! Jamais il ne savouerait vaincu ! Et puis, plus vite ils en auraient terminé avec ces maudits démons, plus vite il retournerait à Zenmi-jou auprès dAshu...
NON ! se coupa-t-il. Je me suis juré de loublier ! Je ne peux pas me permettre de tels écarts !
Soudain, ses pensées furent interrompues par un appel.
-Général ! Général !
Taishakuten se retourna pour voir Rahma accourir vers lui. Le jeune homme semblait paniqué. Il arrêta alors sa monture et attendit que son subordonné le rejoigne.
-Que se passe-t-il Rahma ?
-Cest Jin général, haleta le soldat. Il a été enlevé par les démons. Nous étions côte à côte quand tout à coup une ombre est passée près de nous et linstant daprès, Jin nétait plus là !
Taishakuten repensa à ce soldat, Jin, qui était sous ses ordres depuis fort longtemps et qui avait été à deux ou trois reprises son amant. Il avait été enlevé mais cela ne signifiait pas quil soit mort... pas encore du moins.
-BON, cria Taishakuten, écoutez-moi tous ! Vous allez continuer sans moi ! Je vous rejoindrai plus tard. Rahma, tu viens avec moi !
-Bien général, répondit Rahma.
-Mais général, objecta une voix, on ne peut pas vous laisser comme ça. Vous pourriez avoir besoin daide...
-Soldat, on ne discute pas mes ordres ! Maintenant obéissez.
-OUI GENERAL, répondirent tous les hommes à lunisson.
Taishakuten élança sa monture vers la direction que lui indiquait Rahma. Les deux hommes eurent vite fait de rattraper un groupe détranges démons, ressemblant à des ombres humaines, saffairant autour de quelque chose. A larrivée des deux cavaliers, ils se retournèrent et Taishakuten eu juste le temps de voir le visage intact de Jin contrastant de façon saisissante avec son corps déchiqueté.
Merde ! pensa Taishaku. Nous arrivons trop tard.
Il entendit un gémissement de dégoût et de dépit provenant de Rahma mais avant quil nait eu le temps de senquérir de létat du jeune homme, les démons-ombres se jetèrent sur eux. Taishakuten dégaina et commença à trancher et taillader. Rahma, à ses côtés, ne lui était daucune aide, trop obnubilé apparemment par la vision du corps de Jin. Taishaku dût donc en plus soccuper de sauver la vie de son soldat.
Les démons étaient rapides et souples mais peu puissants et Taishakuten neut aucune difficulté à les éliminer. Quand enfin tous se furent éteint, Rahma sapprocha du cadavre de lautre soldat et lui caressa les cheveux.
Hum, se dit Taishaku, il devait y avoir quelque chose entre ses deux là.
Le Raijin sapprocha à son tour, prêt à consoler son subordonné quand il lentendit murmurer.
-Ca aurait pu être moi... ça aurait pu être moi...
Et soudainement, il se releva et se tourna vers Taishaku en hurlant.
-Nous étions côte à côte ! ! Cest moi que ces démons auraient pu enlever ! Cest mon corps qui aurait pu se retrouver dans cet état ! Je veux pas crever comme ça ! Faites nous sortir de là ! Je veux pas finir comme lui !
Ca y est, il craque, se dit Taishaku. Dun certain côté, je le comprends...
Ils avaient déjà eu affaire à de terribles démons mais pas dans les mêmes conditions. Avant, ils avaient connu leurs adversaires, ils avaient su doù ils pouvaient provenir, mais là, le danger était partout, tapis dans la moindre ombre. Ils pouvaient surgir à nimporte quel moment et sous nimporte quelle forme, que ce soit celle dun démon, celle de sables mouvants, qui avaient déjà englouti quelques hommes et montures ou celle danimaux ou de baies toxiques..
Taishakuten se posta près du jeune homme et lui posa une main sur lépaule.
-Cest bon, calme-toi, chuchota-t-il. On va sen tirer tu vas voir (rien que pour faire chier ce chien de Jikokuten qui nous a envoyé là dedans sans remords...ajouta-t-il mentalement). Je te promets que tu ne finiras pas comme ça.
-Cest promis ? sanglota Rahma.
-Oui, cest promis. On sortira vivant de cet enfer. Maintenant rejoignons les autres.
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Lorsquils rattrapèrent leurs compagnons ceux-ci avaient commencé à installer le campement dans une grande clairière apparemment sûre. Les hommes furent soulagés de les voir ainsi revenir en vie mais un grand dépit sabattit sur eux à lannonce de la mort de Jin. Il y avait déjà eu trop de morts et beaucoup en avaient assez. De toutes parts des cris de protestations sélevèrent vers le Raijin.
-Allons messieurs, un peu de calme ! Maintenant que nous sommes là, nous navons dautre alternative que de continuer à avancer. Tenez bon encore quelques jours et nous serons tirés daffaire. A ce moment là, nous irons trouver le général Jikokuten et nous lui demanderons des comptes !
Les hommes semblèrent sapaiser quelque peu. Après tout, cest vrai que pour le moment ils navaient pas vraiment le choix, alors autant conserver leurs forces pour la survie. Sans compter que la nuit commençait à tomber et que des attaques de démons étaient à craindre.
-Maintenant, si vous le voulez bien, reprit Taishaku, vous allez organiser les tours de garde pour cette nuit. Vous êtes assez grands pour vous débrouiller tout seul mais si on a vraiment besoin de moi je suis dans ma tente. Je souhaite tout de même quon me laisse une heure ou deux pour dormir car je suis réellement épuisé.
Les soldats acquiescèrent et Taishakuten rejoignit sa tente, réellement vidé par toute cette horrible expédition mais aussi fatigué par son obsession pour Ashura ô. Il nen pouvait plus. Le sommeil ne lui donnait aucun repos car ses rêves étaient plein du visage et du corps sensuel du dieu de la guerre. Il avait tellement besoin de le revoir...
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Rahma avait terminé son tour de garde depuis maintenant plus dune heure mais nétait pas allé se coucher par peur des cauchemars qui, il en était certain, viendraient le hanter.
Jamais il navait senti la mort de façon aussi proche quaujourdhui. Quelques centimètres de plus et cétait lui que les démons dévoraient. En tant que soldat, la mort faisait partie intégrante de son quotidien... mais la mort des autres, pas la sienne. En fait, maintenant, il se rendait compte de sa vulnérabilité. Et il avait peur. Il navait aucune envie de mourir.
Il frissonna et se rapprocha de lun des grands feux, allumés quelques heures auparavant. Un de ses compagnons lui tendit une tasse pleine dun bouillon chaud quil but avec délice.
-Alors Rahma, tu te sens mieux maintenant ?
-Un peu, merci. Mais javoue que jai connu des moments plus agréables....
-Comme nous tous ici ! Même le général est à bout. Je ne lui avais jamais vu lair aussi extenué...
-Toute cette opération doit être aussi dure pour lui que pour nous. Mais il garde le moral.
-Tu en es sûr ?
-Oui. Tout à lheure, il ma promis quon sortirait vivant de là, et je lui fais confiance.
-Jespère que tu as raison...
Tous deux fixèrent le feu en silence pendant de longues minutes. Puis Rahma reprit :
-Concernant le général...
-Oui ?
-Non, rien, il secoua la tête.
-Vas-y, continue...
-Et bien... Enfin, jaimerais bien lui parler un peu. Je veux dire... Je ne me sens pas très bien... plutôt mal même... Et tout à lheure, il a su trouver les mots pour me calmer... Javais vraiment craqué... Jaimerai le remercier...
-Et bien vas-y. Il doit être dans sa tente. Et il doit être réveillé maintenant. Ca na jamais été un gros dormeur.
-Justement... Jai peur de le déranger...
Le jeune homme regarda Rahma dun air sceptique.
-Tu ne le dérangeras pas. Au contraire, discuter avec quelquun ne pourra que lui faire le plus grand bien.
-Mais... et sil nest pas seul...
Le soldat éclata de rire.
-Oh ça ! ! ! Aucun risque ! Depuis quil a obtenu le titre de Raijin, il se refait une virginité ! Je ne crois pas que quelquun ait passé la nuit avec lui depuis cet instant !
Rahma se sentit soulagé. Affronter Taishakuten pour le remercier, il pouvait encore le faire, mais affronter Taishakuten dérangé en pleine action, il doutait que ce soit dans ses capacités.
Décidément, pensa-t-il, la gloire et les honneurs, ça vous change un homme.
Il se remémora lamant violent quil avait eu pour une nuit, les bleus et les griffures quil lui avait laissé et secoua la tête en riant. Il avait du mal à imaginer le même homme en saint ! ! !
Enfin, se dit-il, au moins comme ça je ne risque pas de me retrouver abîmé !
Cétait déjà un soulagement car il avait vraiment trouvé sa nuit avec Taishakuten traumatisante. Les morsures et autres machins dans le genre, cétait vraiment pas son truc !
-Bon, ben cest parti pour la grande séance de remerciement.
Il se leva et se dirigea vers la tente du Raijin.
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Rahma avait doucement gratté à la porte de la tente, assez fort pour être entendu par quelquun de réveillé mais pas suffisamment pour réveiller un dormeur. La voix de Taishakuten, exceptionnellement tendue, lavait autorisé à entrer.
Il poussa doucement le battant de tissu et pénétra. Il fut surpris de trouver le général assis sur son lit, entièrement dans le noir à lexception de la faible lueur des feux, filtrée à travers les parois. En fait, on ne pouvait distinguer de lui quune simple silhouette mais Rahma ressentit la tension qui se dégageait du corps du Raijin.
-Général ? appela-t-il doucement. Je ne vous dérange pas ? Jétais venu pour...
-Approche-toi, murmura Taishakuten.
Rahma sexécuta et vint jusquau bord du lit.
-Je voulais vous remercier de...
-Allonge-toi.
-Mais général...
-Sil te plaît...
La voix de Taishakuten nétait plus quun souffle mais il en émanait une telle souffrance et un tel désespoir que Rahma lui obéit.
Quest-ce qui, se demanda-t-il, peut bien mettre un tel homme dans un état pareil ?
Il fut surpris de trouver le lit si... moite.
Taishakuten sallongea à ses côtés et se serra contre lui.
Zut, pensa Rahma, et maintenant quest ce que je fais ?
Le corps du Raijin était couvert de sueur et il sen dégageait une odeur... presque bestiale. Rahma saperçut sans surprise quil était complètement nu. Mais ce qui létonnait vraiment, cétait les tremblements de passion, de désir et même de besoin quil émettait.
Et ben voilà ! se dit-il. Monsieur Taishakuten se prive de sexe pendant des semaines histoire de bien se faire voir par Tentai et quand finalement il craque, il faut que ce soit sur moi que ça tombe !
Taishakuten se mit à caresser ses cheveux, ses mains vibrant dexcitation.
-Jai envie de toi, lui murmura-t-il à loreille.
Et Rahma resta interdit devant lintonation de vérité que le Raijin avait mis dans cette simple phrase. Mais avant quil ait pu y réfléchir davantage, la bouche de Taishakuten prit la sienne.
Rahma se crispa par réflexe, sattendant à ce que les dents de Taishakuten lui mordent les lèvres, comme il navait pas hésité à le faire quelques semaines auparavant. Au lieu de ça, ce fut un baiser très doux, presque timide, que lui donna le Raijin.
Rahma se détendit un peu et passa les bras autour des épaules musclées de Taishakuten. Il se mit à caresser le dos humide et le général poussa un soupir de plaisir avant de finalement approfondir leur baiser en glissant sa langue dans la bouche de son subordonné.
Ils restèrent ainsi simplement à sembrasser pendant de longues minutes, Rahma sentant peu à peu la tension sévacuer du corps de son amant. Enfin, leurs lèvres se détachèrent et celles de Taishakuten suivirent la joue de Rahma jusquà son cou quil se mit à lécher avec passion alors que ses mains détachaient un à un les vêtements du jeune soldat. Lorsque ce dernier fut entièrement nu, Taishakuten se mit à embrasser tout son corps, depuis le front jusquaux orteils, en passant par les bras, la poitrine et le sexe.
Rahma navait jamais connu un tel plaisir. Au début, il sétait bien demandé ce qui avait pu ainsi transformer un homme si violent en ce torrent de douceur et de passion. Mais toutes ces pensées sétaient envolées au moment où la bouche de Taishakuten avait atteint son entrejambe gonflée par lexcitation.
Puis, le Raijin remonta et lembrassa de nouveau avant de chuchoter à son oreille :
-Jai envie de toi. Laisse moi te pénétrer.
Pantelant de désir, Rahma écarta les cuisses. Il se sentait en feu, un feu que seul Taishakuten pouvait apaiser. Il passa les jambes autour de la taille du Raijin pour mieux souvrir à lui.
-Prends-moi, je ten supplie. Vas-y.
Taishakuten positionna son sexe brûlant contre lanus de Rahma mais avant dy pénétrer il se pencha vers son amant et murmura :
-Je taime.
Ce fut comme si on venait de le gifler. Rahma ouvrit brusquement ses yeux quil avait fermé depuis quelques minutes déjà. Taishakuten venait de lui dire... quil laimait... mais comment...
Avant quil ait eu le temps dy réfléchir davantage, Taishakuten senfonça en lui et de nouveau toute autre pensée que le plaisir fut bannie de son esprit.
Le Raijin allait et venait en lui à un rythme de plus en plus soutenu. Bientôt, les soupirs des deux amants se transformèrent quasiment en cris tant la jouissance qui sannonçait était grande.
Taishakuten serrait fort le corps de Rahma entre ses mains comme sil avait peur de le perdre et des mots tout dabord intelligibles lui échappèrent.
-Je...hum...je.. oh... je taime....
Au milieu de son propre plaisir, Rahma percevait les paroles de son amant. Cétait bien cela... Taishakuten lui disait quil laimait. Il resserra son étreinte autour du corps magnifique.
Enfin, Rahma nen put plus et lorgasme le submergea. Il sentit sa propre semence sétaler contre son ventre et une lumière aveuglante le coupa du monde. Il entendit tout de même les derniers mots de son amant alors que lui aussi parvenait à lorgasme et se déversait en lui.
-Je taime..oh Ashura... Sais-tu à quel point je taime...
Ashura ? pensa amèrement Rahma. Alors je... Ce nétait pas à moi que tu... Jaurai dû le savoir.
Mais peu importait désormais. Le Raijin venait de lui offrir un moment incroyable et pour linstant cétait toujours lui qui était dans ses bras et pas.... Ashura.
Se blottissant très fort contre Taishakuten, Rahma sendormit.
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Lorsque Rahma séveilla, il fut surpris de voir le soleil déjà levé et dêtre toujours dans le lit du Raijin dont lun des bras musclés était passé autour de sa taille.
Il ne put retenir un soupir. Certes, cette nuit Taishakuten lui avait fait lamour comme jamais personne auparavant. Mais ce nétait pas lui qui avait occupé lesprit du Raijin durant toute la durée de lacte, cétait Ashura ô. Les derniers mots quavait prononcé Taishakuten au moment de lorgasme le prouvaient.
Ashura ô... Voilà donc pourquoi Taishakuten avait connu cette longue période de chasteté. Mais le dieu de la guerre était-il vraiment son amant ou juste un fantasme ? Rahma penchait plutôt pour la seconde solution. Ce quavait dit Taishakuten, son Sais-tu à quel point je taime... et tout le désespoir et le doute quil avait senti dans cette simple phrase étaient là pour le confirmer...
Ainsi donc, le grand et cruel Taishakuten était tombé amoureux de limpassible Ashura-ô. Rahma eut presque envie den rire. Quel couple ! Mais ce pauvre Taishakuten ne pouvait plus mal tomber . Ashura navait pas, du moins à sa connaissance, ce genre de penchant.
Je comprends à présent cette détresse dans sa voix, se dit-il. Il na aucune chance et il le sait pertinemment.
Rahma se sentit triste pour le Raijin. Lui, si fière habituellement, lui avait semblé si fragile la nuit dernière. Et si tendre...
Ma présence doit plus le gêner quautre chose. Sil sest imaginé avec un autre, il doit être déçu à présent. Je ferais mieux de méclipser.
En effet, il avait sentit Taishakuten séveiller derrière lui mais ce dernier navait pas fait un mouvement, ni prononcé un mot.
Doucement, Rahma se dégagea de létreinte de son amant, récupéra ses vêtements, se vêtit, puis, sans même accorder un regard à son supérieur, trop gêné davoir découvert son secret, il quitta la tente.
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Taishakuten lavait toujours su, bien sûr, que lhomme dans son lit cette nuit là nétait pas Ashura-ô. Mais il sétait pourtant plu à y croire pendant quelques instants et cela lavait soulagé... du moins un peu. Aussi ne fut-il pas surpris le matin lorsquil ouvrit les yeux de voir à la place dune masse de cheveux noirs des boucles rousses.
Ce qui le dérangeait davantage, cétait que désormais lhomme couché près de lui connaissait tout de ses sentiments et en cela il se sentait menacé. Mais il navait pu se retenir de parler. Il avait besoin dexprimer cet amour qui le dévorait...
Soudainement, le jeune soldat sortit du lit, se rhabilla et sen alla.
Sa précipitation confirmait les suspicions de Taishaku. Rahma avait compris de quoi il retournait et avait préféré séclipser avant que sa présence ne devienne une trop grande gêne.
Discret apparemment, pensa Taishakuten.
Mais cela ne suffisait pas à le rassurer. Tôt ou tard Rahma irait rapporter à ses amis les mots du Raijin et qui sait, ce genre de rumeurs se répand vite. Un jour peut être, parviendrait elle jusquaux oreilles dAshura, qui se gausserait de lui, comme il le méritait dailleurs en imbécile quil était davoir ainsi étaler ses sentiments. Et ça... Ashura riant de lui et de sa faiblesse, il ne pourrait le supporter.
Rahma devait donc disparaître.
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Les troupes avaient repris leur route à travers les marécages. Lambiance était on ne peut plus sombre et chacun restait cloîtré dans son silence. Taishakuten avait bien croisé le regard de Rahma à un moment, mais le jeune homme avait rapidement détourné la tête.
Enfin, ce qui paraissait être lorée de la jungle souvrit à eux. Partout des exclamations despoir sélevèrent et la cadence saccéléra. Mais lorsquils parvinrent à la bordure des arbres, ils saperçurent quil ne sagissait en fait que dune immense clairière, couverte de sables mouvants et dinformes démons.
Rapidement, les hommes sortirent leurs épées et se précipitèrent à la charge. Les plus imprudents furent happés par les sables mouvant et disparurent en poussant dhorribles hurlements dangoisses. Mais leurs compagnons étaient bien trop occupés à livrer bataille pour pouvoir leur venir en aide.
Les démons surgissaient de toute part. Ils paraissaient innombrables. Taishakuten avait beau en tuer cinq dun coup, dix lattaquaient tout de suite après. Du coin de lil, il aperçut Rahma qui apparemment combattait avec vaillance. Lorsque le jeune homme sécarta de ses compagnons, sélançant à la poursuite dun adversaire dont les griffes avaient fait un nombre impressionnant de victimes, Taishakuten le suivit.
Enfin, il rejoignit le jeune homme sous une alcôve de feuillage. Celui-ci était encore essoufflé de sa course et son épée était rougit par le sang du démon quil venait de finalement tuer. En entendant le bruit des pas du Raijin, il se retourna et sembla surpris de le trouver là. Puis se reprenant, il lui adressa un grand sourire.
-Jai finalement réussit à lavoir, cette saleté de démon !
Sans un mot Taishakuten continua à sapprocher de lui, et Rahma prit peur, sans en fait trop savoir pourquoi.
-Général... Quelque chose ne va p....
La dernière chose quil vit fut léclat de la lame de Taishaku puis sa tête tomba à ses pieds avant dêtre finalement rejointe par le reste de son corps.
Froidement, Taishakuten observa le corps de son amant de la nuit passée.
-Désolé Rahma. Je tavais promis que tu sortirais vivant de cet enfer... Jai menti. Mais il est une chose bien plus importante que toutes les promesses que jai pu faire, et cette chose, tu nétais pas autorisé à la connaître.
Abandonnant là le cadavre encore chaud, il retourna sur les champs de bataille où le peu dhomme encore en vie finissait dexterminer les derniers démons.
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La fin de la jungle, la vraie cette fois, souvrit à eux et la poignée dhommes quil restait poussa un soupir dextrême soulagement. Devant eux, à perte de vue, sétendaient les grandes plaines de lEst et ils pouvaient même apercevoir à lhorizon, les troupes de Jikokuten.
Taishakuten ordonna daccélérer lallure. Avec un peu de chance, ils pourraient atteindre le campement avant la tombée de la nuit et enfin se rassasier, se laver et dormir autant quils en avaient besoin.
Ce salaud de Jikokuten va mentendre, pensait Taishaku. Jimagine quil ne sattend pas à ce que nous revenions vivant... Il me le paiera un jour...
En effet, lorsquils rejoignirent les premières tentes, au moment où le soleil commençait à disparaître à lhorizon, Jikokuten se précipita vers eux lair abasourdi, mais avant que nul autre que Taishakuten ne puisse sen apercevoir, cette expression était passée pour être remplacé par un grand sourire simulé.
-Raijin Taishakuten ! Quelle joie de vous revoir. Je suppose que la lutte à été difficile à voir votre mine épuisée et le peu dhommes quil vous reste.
Taishakuten descendit de son cheval, calmement dabord puis, une fois quil eut posé pied à terre, il se rua sur le général de lEst en hurlant.
-ESPECE DE SALAUD ! TU VOULAIS QUON Y PASSE TOUS CEST CA !
Les coups commencèrent à pleuvoir des deux côtés
-LACHE MOI, PAUVRE CONNARD, répliqua Jikokuten en ripostant également avec ses poings.
-SALAUD ! SALAUD !
Enfin des soldats se risquèrent entre les deux hommes et les séparèrent, non sans mal.
Les deux officiers se fixèrent dun regard meurtrier pendant encore quelques secondes avant de finalement reprendre le contrôle de leur personne. Taishakuten avait une lèvre fendue doù sécoulait un flot de sang et un énorme bleu commençait à recouvrir la joue droite de Jikokuten. Leur respiration haletante couvrait les murmures et les commentaires des soldats, surpris de voir leurs supérieurs, ordinairement si impassibles, sinsulter et se battre comme des gamins des rues.
Ce fut Jikokuten qui rompit le silence.
-Je passerai sur cet incident Taishakuten, mais cest bien parce que je mets votre réaction sur le compte de la fatigue. Je suppose que vous avez vécu des moments difficiles et donc je ne vous tiendrai pas rigueur de votre comportement. Cependant, sachez bien que cest la dernière fois que vous profitez de ma clémence. Encore un acte comme celui-ci et Tentai en serra immédiatement informé. Maintenant allez vous reposer. Le Seigneur Ashura-ô sera ici dans quelques jours, voire quelques heures et il serait déplorable quil vous trouve, vous et vos hommes, dans un tel état.
Sur ce, il leur tourna le dos et repartit vers ses quartiers (en loccurrence une tente un peu plus grande que les autres....).
Taishakuten resta abasourdi pendant quelques instants. Ashura... Ashura allait venir. Enfin il allait avoir loccasion de revoir ce visage aux traits si gracieux et ce corps aux courbes si parfaites.
Mais leuphorie fut bien vite remplacée par la panique. Ashura allait venir et lui il devait avoir une allure épouvantable ! Il était sale et il puait ! Et en plus il sentait des cernes énormes sous ses yeux de glaces rougis par la fatigue ! Sans compter que cette lèvre éclatée allait gonfler et lui faire une bouche de canard !
Ahlala, se dit Taishakuten. Voilà que je recommence à réagir comme une adolescente avant son premier rendez-vous. Je dois me calmer et penser rationnellement. Alors tout dabord que faire pour avoir une meilleure tête.
La réponse simposa à lui, énorme et sans appel : dormir ! Il devait dormir et tout le reste viendrait après. Il se traîna vers la tente quon lui avait attribuée et se laissa tomber sur le lit sans même prendre la peine de retirer son amure. Le sommeil le prit immédiatement.
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Seul, dans sa chambre dAshura-jou, Ashura-ô riait aux éclats. Oui, il riait de sa propre bêtise, alors que la solution avait été là, toute simple devant ses yeux et quil ne la découvrait que maintenant.
Son obsession du Raijin, son fils, ses visions et ses rêves, tout cela semboîtait merveilleusement bien pour former un plan qui, il en était sûr, changerait le cours du destin.
Il secoua la tête en essuyant les quelques larmes qui avaient perlé au bord de ses paupières. Et dire que pendant un instant il sétait demandé sil nétait pas tombé amoureux de Taishakuten ! Lui ! Ashura ô ! Le puissant Dieu de la Guerre ! Tombé amoureux dun autre homme ! Voilà qui était risible après coup !
En fait, il avait été attiré par la force du Raijin. Une force qui transformerait la course des étoiles et qui empêcherait son fils de devenir le dieu destructeur. Oui, Taishakuten allait devenir son outil, celui qui par sa puissance accomplirait sa volonté.
Ashura sapprocha de son bureau et consulta les feuilles daffectation des troupes. Bien, Taishakuten avait été envoyé à lEst sous les ordres de Jikokuten. Il devait se rendre là-bas par nimporte quel prétexte (Tentai ne devrait pas être bien difficile à convaincre sil lui parlait de plan de consolidation des défenses et autres pompeux arguments guerriers) et constater par lui-même que le Raijin était bien aussi puissant quon le racontait, car son plan ne pouvait souffrir daucune faille. Une fois ce détail réglé, il allait pouvoir mettre en place la plus terrible des stratégies quil eut jamais conçues.
Enfin, il se sentait revivre. Ce quil sapprêtait à faire défiait toutes les règles de la morale. Il allait manipuler, trahir, faire tuer et pourtant, il se sentait incroyablement soulagé.
Enfin, toutes les pièces du puzzle semblaient semboîter sauf... mais il préféra éviter de repenser aux rêves érotiques de Taishaku quil avait toutes les nuits et aux incroyables sensations de plaisir et de bien être quils lui apportaient. Ils nétaient que la manifestation de son stress, rien de plus. Ils navaient aucun fondement logique. Et dailleurs, pensait-il, ils ne devraient pas tarder à disparaître, surtout après son mariage. Car le mariage était également une phase de son plan démoniaque...
De nouveau Ashura éclata de rire. Oh oui, il tenait là un bon moyen doffrir à son fils une vie normale ! !
Et cest le cur plus léger quil commença à rassembler ses affaires pour son départ vers lEst.