Chapitre 13

 

 

Ashura le conduisit jusqu’au portail d’Ashura-jou. Une fois là, une grande lumière les aveugla et ils se retrouvèrent dans une immense salle que Taishakuten n’avait jamais vue.

-Bienvenue à Ashura-jou, murmura le Dieu de la Guerre qui lui tournait toujours le dos.

Taishakuten fit quelques pas en direction d’un balconnet qui s’ouvrait sur un mur d’eau.

-C'est extraordinaire, s’exclama-t-il d’une voix admirative. Comment se fait-il que cette eau n’entre pas ?

 

Ashura vint se placer à ses côtés.

-En fait il s’agit d’une sorte d’eau enchantée. Nous ne sommes plus dans le monde que vous connaissez Raijin. En vérité, Ashura-jou se trouve dans une autre dimension et pas sous Zenmi-jou comme on le croit habituellement. Venez avec moi, je vais vous montrer quelque chose...

Ashura le guida à travers un dédale de couloirs dont la décoration n’était en rien comparable à Zenmi-jou. Tout ici était tellement plus fin, plus délicat. Taishakuten s’étonna de ne croiser personne dans ces immenses galeries mais l’heure tardive avait dû ramener tous les membres du clan Ashura dans leurs appartements. Finalement, Taishakuten osa poser la question qui lui torturait l’esprit depuis plusieurs minutes déjà, depuis qu’ils avaient commencé leur marche à travers cet immense labyrinthe.

-Où m’emmenez-vous ?

-Dans ma chambre, répondit Ashura d’une voix mal assurée.

Evidement, pensa Taishakuten, aussi angoissé qu'excité à cette idée.

Déjà que depuis un bon moment il se retenait de prendre la main de son compagnon dans la sienne... Mais ce geste l’aurait probablement déstabilisé.

-Nous y sommes presque, continua le Dieu de la Guerre. Mais vous comprenez que j’ai dû emprunter des détours et des galeries secondaires pour éviter que nous ne croisions quelqu’un. Votre présence en ces lieux pourrait être jugée des plus... scandaleuses.

-Des galeries secondaires ! s’étonna Taishakuten.

-Oui, répondit Ashura en souriant. Ashura-jou n’a rien de comparable avec Zenmi-jou. Tous ici est démesuré. Je ne m’y sens pas à l’aise, c’est trop impersonnel.

Il poursuivirent leur marche en silence, le bruit de leurs pas sur le marbre blanc étant les seuls sons audibles.

Enfin, au détour d’un couloir, Taishakuten aperçut une porte d’une taille monumentale, finement sculptée jusque dans les moindres détails et devant laquelle étaient postés deux gardes vêtus d’armures dorées que le Raijin reconnut comme deux des douze gardiens sacrés d’Ashura.

-Voici l’entrée de mon antre, plaisanta Ashura. Suivez-moi !

-Mais, bredouilla Taishaku, et les deux gardes ?

-Ils m’ont juré fidélité et j’ai la plus grande confiance en eux. Ils sauront se taire. De toute façon, nous n’avons guère le choix... C’est à vous de décider.

Ashura était bien sûr certain que le Raijin préférerait affronter le regard des gardes que de passer la nuit sur le pas de la porte, mais le taquiner ainsi l’amusait un peu et l’aidait à se détendre. La pensée de ce que lui réservait les prochaines heures le mettait mal à l’aise.

Tout ce dont il avait si souvent rêvé au cours de longues nuits d’angoisse allaient probablement se produire... Cette idée lui envoya un frisson d’excitation dans tout le corps. Le Raijin le sentit et s’en inquiéta.

-Ashura, quelque chose ne va pas ?

-Non... Au contraire... Allons-y.

Le Dieu de la Guerre s’avança en direction de la gigantesque porte et Tai hésita avant de lui emboîter le pas. Leur présence fit se retourner les deux gardes qui se raidirent en reconnaissant leur roi. Ils se pressèrent d’ouvrir les larges battants d’ivoire. Une fois leur tâche accomplie, ils reprirent leur position initiale et même leurs demi-masques ne suffirent pas à cacher leur consternation à la vue du Raijin qui était venu se placer aux côtés de leur souverain. L’un d’entre eux fit mine d’ouvrir la bouche comme pour protester mais se ravisa bien rapidement, après tout nul ne lui demandait son avis...

Le roi leur accorda un léger signe de tête avant de pénétrer dans sa chambre.

Se rendant compte que le Dieu de la foudre ne l’avait pas suivit, Ashura se retourna. Le Raijin se trouvait toujours devant l’entrée mais semblait comme tétanisé.

L’angoisse, pensa Ashura. Il a encore plus peur que moi de ce qui va se passer cette nuit.

-Taishakuten ? appela-t-il doucement. Vous ne voulez pas entrer ?

Le Raijin prit une profonde inspiration avant de finalement reprendre le contrôle de lui-même et de pénétrer à son tour dans la pièce.

Par le ciel ! se dit-il. Je suis ridicule. J’ai tellement désiré ce moment et maintenant qu’il arrive, j’hésite... Je n’arrive pas à croire que cela est réellement en train de se produire. Ca ne peut être qu’un rêve... Ashura me conduisant dans sa propre chambre à coucher... Et pourtant, tout cela me semble si réel... Oui, c’est réel ! C’est réel...

Une fois les deux hommes à l’intérieur, les gardes commencèrent à refermer les lourdes portes. Ashura se retourna vers eux et leur ordonna d’une voix trop calme et trop naturelle pour être sincère dans une telle situation :

-Et vous veillerez à ce qu’on ne me dérange pas de toute la nuit.

Un désagréable silence plana pendant quelques secondes avant que l’un des deux hommes ne réponde d’une voix enrouée par la gêne.

-Oui Seigneur.

Puis la porte se referma, isolant Taishaku et Ashura du reste du monde.

-Ils ont compris, murmura le Raijin.

-Oui, visiblement. Mais cela m’importe peu. Taishakuten, soyez le bienvenu chez moi!

Le Dieu de la guerre lui adressa un sourire rayonnant en désignant de la main l’immense chambre. Taishaku se sentit rougir et pour cacher sa gêne entreprit de scruter attentivement les murs aux mille décorations somptueuses.

-Tout ici est magnifique, dit-il dans un souffle admiratif.

-Merci...

De longues tentures que l’éclat de la lune faisait briller, pendaient des murs. Le sol de marbre paraissait brûler d’un feu d’argent. Et au centre de la pièce, la couche d’Ashura, composée de coussins moelleux, de draps de soie et de quelques pétales de jasmin, offrait la plus tentatrice des invitations.

Taishakuten porta ensuite son regard sur l’extérieur. En effet, tout un pan de l’immense mur était ouvert et offrait une magnifique vue de Zenmi-jou luisant sous la lune. Le Raijin eut un hoquet de surprise.

-Zenmi-jou ! On peut voir Zenmi-jou d’ici ?

Ashura laissa échapper un sourire.

-Oui Taishaku. C’est cela que je voulais vous montrer. Vous avez devant les yeux la preuve même qu’Ashura-jou n’est nullement situé là où on le croit.

-Mais comment ? Par quel prodige ?

-Il n’y a pas de prodige là dedans ! Comme je vous l’ai expliqué, nous sommes simplement dans une autre dimension où les choses prennent une tournure différente.

-Incroyable...

Taishakuten avait été tellement abasourdi par un tel spectacle qu’il en avait presque oublié la raison pour laquelle il était venu ici en compagnie d’Ashura. Mais la voix de ce dernier le ramena à la réalité.

-Dites-moi Raijin, n’en avez vous pas assez de cette lourde armure ?

Taishaku sursauta.

Par le ciel, pensa-t-il, je n’imaginais pas Ashura aussi direct. Puis il se retourna et contempla le Dieu de la Guerre qui fouillait dans une grande malle. Enfin, il en sortit un immense peignoir qu’il tendit au Raijin.

-Mettez cela, vous serez plus à l’aise. Il devrait être à votre taille puisqu’il a toujours été trop grand pour moi.

-Le tailleur était donc mauvais à ce point ?

 

Ashura se contenta de sourire. Ainsi Taishakuten ressentait le besoin de détendre un peu l’atmosphère. Cela prouvait au moins qu’il était aussi gêné que lui.

-Il faut croire, répondit-il d’une voix qu’il espérait enjouée. Euh... si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je vais vous laisser quelques minutes. Je vais me changer à côté. Je trouve ces toges beaucoup trop lourdes.

Taishakuten s’était immédiatement rembruni et se contenta de hocher la tête. Puis Ashura se glissa par une porte qui devait mener à sa salle d’eau. Le Raijin laissa échapper un soupir. Dans quoi s’était-il embarqué ? Certes, il allait obtenir ce qu’il désirait mais... Toute cette comédie, toute cette gêne et surtout toute cette panique qu’il ressentait... Comment allait-il réussir à gérer tout cela ? Et surtout, avait-il le droit de demander à Ashura une chose pareille ? N’était-ce pas l’humilier une fois de plus ? Le traiter en simple objet de plaisir ?

Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête et il en arrivait presque à regretter sa demande. Il avait parfaitement conscience que ce n’était pas ainsi qu’il allait se faire aimer du Dieu de la Guerre.

Bon, décida-t-il, je ne forcerai pas Ashura. Si je sens qu’il est mal à l’aise ou que ma présence l’indispose, je n’irai pas plus loin, je le laisserai en paix... Je l’aime trop pour lui faire ainsi du mal.

Une fois cette résolution prise, il retira sa lourde armure qu’il déposa dans un coin et enfila le peignoir, sans parvenir à bannir la pensée que celui-ci avait déjà recouvert le corps nu de son bien-aimé. Cette simple idée lui envoya un frisson d’excitation dans les reins.

Calme-toi, Taishaku, se dit-il. Ca ne sert à rien de te mettre dans des états pareils pour le moment. Pense à autre chose.

Alors, il s’appuya sur la rambarde du balcon et s’absorba dans la contemplation de Zenmi-jou.

 

*****************

Ashura termina de retirer le dernier pan de sa toge et se tenait maintenant entièrement nu au milieu de sa salle d'eau. Il contemplait son reflet dans un immense miroir.

Est-ce donc mon corps qui te fait un tel effet Raijin ? Est-ce lui qui te pousserait à sacrifier ta vie pour moi ? Qu’a-t-il donc de si exceptionnel ?

Ashura laissa glisser une main sensuelle le long de son cou puis de son torse.

Te fait-il le même effet que ce que je ressens en te voyant ? Cette envie de toucher, de caresser, de goûter... Que ferais-tu si je revenais ainsi ? Deviendrais-tu fou de désir ? Serais-tu tétanisé par la peur ?

Amèrement, il laissa échapper un petit rire.

De toute façon, je serai bientôt fixé... Par le ciel, faîtes que je ne laisse pas mes désirs et mes faiblesses guider mes actes... Faites que je puisse rester détaché de tout ceci... Je ne veux pas m’impliquer. Je ne veux pas souffrir quand viendra la fin...

Il leva les yeux vers le plafond, passa ses deux mains dans sa chevelure soyeuse et laissa échapper un long soupir d’angoisse.

Quoi qu’il en soit, je suis condamné à souffrir. Mais pourquoi faut-il que je t’entraîne dans ma chute Taishaku ? Pourquoi n’ai-je pas pu t’épargner... Rien que toi au moins... Même cela m’est refusé...

Il se détourna du miroir, laissa doucement la fumée d’encens qui brûlait dans une coupelle à ses pieds envelopper son corps, le parfumant d’une odeur de fleur délicate, puis lorsqu’il s’estima prêt, il ramassa son propre peignoir, qu’il avait déposé sur une commode avant de le passer et de soigneusement nouer la ceinture.

-Bien, murmura-t-il... Je crois que le moment est venu.

Et il quitta la pièce, son dernier refuge.

 

******************

 

Les yeux toujours fixés sur Zenmi-jou, Taishakuten entendit le bruit des pieds nus d’Ashura sur le sol de marbre. Il aperçut du coin de l’œil une forme blanche et en déduisit que le Dieu de la Guerre avait passé le même type de vêtement que lui. Puis, d’après le bruissement dans son dos, il comprit que celui-ci avait prit place dans le lit.

Il ne se passa rien pendant quelques longues minutes. Tous deux attendaient que l’autre prenne une initiative.

Qu’attends-tu Taishaku ? se demanda Ashura. Pourquoi ne viens-tu pas me rejoindre ? Regretterais-tu ta requête ?

Il fut presque désespéré que cette explication soit la bonne. Si Taishakuten reculait maintenant... Ashura secoua la tête et refusa d’aller plus loin dans son analyse. Il avait cependant conscience que, contrairement à ce que lui dictait son devoir, il en ressentirait une immense peine.

De son côté, Taishakuten ne parvenait pas à se décider.

Bien sûr, pensait-il, je suis venu pour ça. J’en rêve depuis si longtemps... Mais... J’ai encore besoin d’un peu de temps pour gagner un peu de courage. J’ai peur Ashura... De toi et de ce qu’il pourrait advenir de moi... Mon amour... Je n’ose pas...

Le silence qui se prolongeait ne faisait qu’augmenter la tension qui régnait dans la chambre. Bientôt, Taishakuten ne le supporta plus et décida de le briser par tous les moyens.

-Dites-moi Ashura...

La voix grave du Raijin qui emplit soudainement la pièce fit sursauter le Dieu de la Guerre alors plongé dans ses pensées.

-Oui ?

Le Raijin sembla hésiter mais finalement demanda :

-Tout à l’heure, vous m’avez demandé de vous aider à changer la course des étoiles, et j’ai accepté mais... Qu’entendiez vous par là ? Que vais-je devoir faire ?

Ashura sourit doucement.

Finalement vous préférez gagner du temps Raijin. Est-ce que je vous fais peur à ce point ? De toute façon, vous avez le droit de savoir.

Et Ashura lui raconta la prédiction de Kuyo, ce qu’allait devenir son fils, le plan qu’il avait imaginé pour contrer ce funeste destin et le rôle que Taishakuten allait devoir y jouer. Au fur et à mesure de son histoire, sa voix se mit à trembler de nervosité et de culpabilité.

Le Raijin se contenta d’écouter sans un bruit, sans un geste, les yeux rivés sur Zenmi-jou.

Voilà un plan fou, pensait-il. Mais un plan qui réussira, même s’il doit m’en coûter toutes les souffrances du monde, puisque tel est ton désir Ashura...

Lorsque Ashura se tut enfin, Taishaku, d’une voix en apparence paisible, se contenta de prononcer ces simples paroles :

 

-Le prochain Ashura-ô détruira le monde du ciel...

-Les prédictions de la prophétesse Kuyô sont toujours exactes.

Ashura poussa un soupir déchirant et passa ses doigts tremblants sur son visage.

-Ce que je fais est blasphématoire. Je suis en train d’essayer de changer le destin en me rebellant contre " l’ordre du ciel ".

Taishakuten, en entendant l’intonation d’anxiété et de désespoir dans la voix de celui auquel il venait d’offrir sa vie, ne put s’empêcher de se retourner. Ashura, son Ashura, lui paraissait tellement seul et tellement abandonné. C’était à lui de l’aider à retrouver le bonheur, à lui de soulager ses angoisses. Il s’approcha doucement du lit.

-Et si je ne peux pas changer le destin, continuait Ashura, le monde se transformera en un enfer.

Le Raijin passa une main fébrile dans les cheveux d’Ashura, qui ferma les yeux et laissa échapper un léger sourire.

Non, pensa-t-il faiblement, je ne devrais pas me laisser ainsi aller...

Mais sa raison n’était décidément plus la plus forte. Il tenta d’ignorer ce simple toucher qui manquait de le rendre fou en poursuivant ses explications :

-Même malgré ce risque je souhaite toujours que mon enfant vienne au monde.

Taishakuten s’assit à ses côtés pour pouvoir passer une mèche de ses cheveux si doux sur son visage. Il était si beau, les yeux ainsi fermés, les cheveux noirs d’Ashura qu’il respirait avec un plaisir apparent contrastant magnifiquement avec sa peau si blanche... Le Dieu de la Guerre ne put se détourner d’une telle vision.

Ashura, se dit le Raijin, je peux enfin de toucher, te caresser... Ta chevelure, rien que pour ta chevelure je donnerai ma vie, j’en suis maintenant certain.

Le simple contact de celle-ci contre son visage et entre ses doigts suffisait à pleinement le combler et pour la première fois depuis longtemps, il se sentait vraiment heureux.

-Je peux vous faire une promesse, murmura-t-il à Ashura. Et même si des millions de gens y perdent leur vie, et tombent en enfer, je réaliserai cette promesse. Je ne laisserai jamais le futur prince Ashura devenir le dieu destructeur.

Taishakuten réouvrit les yeux et fixa Ashura qui le regardait tristement.

Tu sais parfaitement où tout cela va te mener Taishakuten, et pourtant tu acceptes mon offre... Je m’en voudrai éternellement de devoir ainsi te faire souffrir.

-J’ai rencontré le jeune Yasha ô aujourd’hui.

-Est-ce lui qui aura la tâche de réveiller Ashura ? interrogea Taishaku.

Ashura baissa la tête avec une expression d'infinie détresse.

-Ses yeux étaient très beaux.

Taishakuten sentit le désespoir d’Ashura qui comprenait parfaitement ce à quoi il condamnait cet enfant et il eut l’impression que son cœur se brisait. Il ne pouvait pas supporter de le voir souffrir autant. Il allait tenir sa promesse quelles qu’en soient les conséquences. Ashura était plus important que tout le reste...

Il se pencha vers le Dieu de la Guerre et passa ses mains dans ses cheveux puis le long de son cou délicat.

-Pour vous, je vais devenir le nouvel empereur... Je contrôlerai tout ce qui se passera dans le monde du ciel... J’empêcherai les six étoiles de se réunir et la prédiction ne s’accomplira jamais.

Le Raijin semblait si sincère, si déterminé, si dévoué... Ashura lui adressa un grand sourire de remerciement avant de se laisser aller en arrière, l’attirant avec lui.

Avant que Taishaku, encore absorbé par le serment qu’il venait de faire, ait pu comprendre ce qui lui arrivait, il se retrouva couché sur Ashura, ses yeux de glace plantés dans l’ambre doré de ceux d’Ashura. Le Dieu de la Guerre lui souriait timidement et Taishakuten en oublia presque de respirer devant tant de beauté.

Tu ne devrais pas, murmura la petite voix dans le crâne d’Ashura. Tu te l’étais juré...

Je sais, se répondit-il, agacé, mais laisse-moi juste cette nuit... Rien qu’une toute petite nuit de bonheur dans ses bras... Après, je m’en détacherai...

C’est ce que tu dis maintenant...

Et je le ferai !

A toi de voir...

 

*******************

 

Taishakuten n'avait pas détaché son regard du sien et semblait comme hypnotisé par son visage. Son corps était lourd sur celui d'Ashura mais ce dernier en était heureux, cela ne donnait qu'encore plus de réalité à cet unique moment.

Enfin, Taishakuten sembla reprendre le contrôle de lui-même et laissa ses mains caresser tout le visage d'Ashura, des mains si délicates pour un tel soldat. Ashura laissa échapper un soupir de plaisir rien qu'à ce simple contact... Mais il avait envie de cela depuis tellement longtemps.

-Ashura, murmura le Raijin en s'approchant doucement.

Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques millimètres, leurs souffles rauques et rapides se mêlant. Leurs yeux se fermèrent.

Enfin ça va arriver, pensèrent-ils simultanément.

Puis leurs lèvres se touchèrent. Doucement d'abord, mais suffisamment pour envoyer de véritables ondes électriques à travers tout leur corps, puis avec plus de force et de passion. Ashura passa les bras autour du cou de Tai alors que les mains de ce dernier plongèrent dans l'épaisse chevelure d'ébène.

Tous deux sentaient le cœur de l'autre battre la chamade dans cet océan de désir qui menaçait de tout emporter.

Ashura entrouvrit la bouche et laissa la langue de Taishakuten en prendre possession. Le Raijin explora le moindre recoin de cette cavité, sa propre langue bataillant avec celle d'Ashura dans un ballet exquis.

Le Dieu de la Guerre ne put empêcher un soupir de s'échapper de ses lèvres avant d'aller se perdre dans la bouche de Tai qui n'en fut que plus excité encore. Il détacha son visage de celui d'Ashura et ouvrit les yeux pour admirer son amant.

 

Ses joues étaient rougies par la passion et ses yeux d'or dévorés par le désir. Son large torse se soulevait et s'abaissait à un rythme des plus rapides. Sa chevelure d'ébène s'étalait comme un soleil noir sur l'oreiller immaculé. Il était parfait.

Ashura perçut tout l'amour de Taishakuten dans ce long regard que le Raijin lui adressait et il sentit son pouls s'emballer. Il aurait aimé lui murmurer des mots tendres, tous ces mots qu'il avait mille fois rêvé de prononcer mais cela aurait été aller trop loin. Au lieu de ça, il se contenta de caresser la chevelure d'argent et cet incroyable visage d'une main hésitante.

Taishaku, si tu savais à quel point tu es beau, si tu savais à quel point j'ai envie de t'appartenir, cesse de me faire languir, j'ai besoin de toi.

Comme s'il avait entendu cet appel muet, le Dieu de la Foudre reprit possession de la bouche d'Ashura en un baiser fougueux et pourtant si tendre. Ce dernier ne put se contrôler bien longtemps et laissa ses mains explorer le corps sculptural de son amant. Ces épaules si larges et si puissantes qui avaient fait rêver bien des femmes et même probablement bien des hommes... Ce dos musclé, frémissant sous le tissu du peignoir... Ces fesses si étroites, si fermes.

Ashura pouvait désormais sentir l'excitation du Raijin grandir contre son entrejambe déjà dure. Leurs hanches paraissaient échapper à tout commandement et se frottaient en un geste de pure sensualité. Le Dieu de la guerre laissa échapper un soupir de plaisir. Jamais il n'avait cru que l'acte sexuel puisse apporter un tel flot de sensations.

-Taishaku, murmura-t-il.

-Ashura, tu es superbe...

La voix du Raijin était enrouée par le désir. Il abandonna le visage d'Ashura pour passer ses lèvres le long de son cou, suçant, mordillant avec délice cette peau salée. Un nouveau soupir franchit les lèvres du Dieu de la Guerre qui se cambra et enfouit ses mains dans le cuir chevelu du Raijin. Taishaku prit cela pour un signe d'encouragement et descendit plus bas encore, à la jonction entre le cou et les épaules. Longuement il mordilla cet endroit exquis, bercé par la respiration haletante de son amant. Puis il se recula et Ashura ouvrit brusquement les yeux comme réveillé pendant un rêve merveilleux.

Taishakuten sourit en voyant le regard mi-interrogateur, mi-inquiet de l'homme qu'il aimait. Ce sourire sembla le rassurer mais l'incompréhension demeurait toujours.

-Je veux... commença Taishakuten.

Il reprit son souffle.

-Je veux de voir nu... Je veux voir ton corps.

Ashura rougit puis acquiesça d'un léger signe de tête. Il avança ses mains tremblantes vers le nœud de sa ceinture mais Taishakuten l'arrêta.

-Laisse moi faire, murmura ce dernier.

D'une série de gestes saccadés le Raijin commença à défaire le nœud mais ses mains tremblantes d'impatience rendaient la chose malaisée. La proximité de la bosse créée par l'érection d'Ashura ne lui facilitait pas la tache. Lui-même ne s'était jamais senti aussi excité de toute sa vie, pas même lors de ses longues nuits à fantasmer sur ce corps magnifique qu'il allait enfin découvrir dans son intégralité. Finalement le nœud céda et c'est en retenant son souffle que le Raijin écarta les deux pans du peignoir.

Superbe, pensa-t-il.

Le spectacle qui s'offrait à ses yeux arrivait encore à dépasser tout ce qu'il avait pu imaginer. Il n'y avait aucun défaut dans ce corps admirable. Le torse était large sans être trop musclé, le ventre était plat et ferme, les cuisses paraissaient athlétiques et souples, et au centre, le sexe se dressait fièrement, entourés de poils courts, sombres et brillants.

Ashura regardait Taishaku admirer son corps avec un plaisir évident. Il ne put contenir un léger soupir. Il avait été tellement angoissé à l'idée de se dévoiler ainsi aux yeux de l'homme qui depuis quelques mois était devenu le centre de son existence. Il savait que c'était stupide mais il avait eu peur de le décevoir.

 

Taishakuten passa fiévreusement la main sur sa poitrine et sur son ventre mais hésitant visiblement avant de descendre plus bas.

-Tu es si beau, murmura-t-il.

Ashura garda le silence, ne sachant que répondre. Il avait lui même tellement envie de découvrir le corps sculptural de son compagnon. Mais il ne savait comment prendre une telle initiative.

Taishakuten passa une jambe de l'autre côté du corps d'Ashura de façon à maintenant être à quatre pattes au-dessus de lui, son visage à hauteur du torse du Dieu de la Guerre. Il fixa Ashura et d'un geste fiévreux fit courir sa langue sur ses lèvres charnues.

Ashura ne savait plus quoi faire. Il se sentait comme une marionnette entièrement dirigée par le Raijin. Ce dernier se pencha et du bout de la langue fouetta vigoureusement le téton gauche d’Ashura sous lequel son cœur battait à tout rompre, pendant que sa main gauche jouait tendrement avec le téton droit.

Un petit cri de plaisir échappa à Ashura et les douces tortures de Taishaku s'intensifièrent. Puis le Raijin, à la grande déception d'Ashura, abandonna sa proie pour s'occuper de son ventre brûlant. Il couvrit la surface entourant son nombril de légers baisers passionnés qui envoyèrent de légers chatouillements dans tout le corps du Dieu de la Guerre.

-Taishaku...

Le Raijin bougea légèrement et un pan de son peignoir effleura le sexe gonflé d'Ashura qui ne put contenir un tressaillement.

Taishaku, j'ai tellement besoin de toi. Je n'en peux plus.

Il passa alors les mains sous les aisselles de son amant et le força à remonter jusqu'à son visage. Une fois là, il lui arracha un long et profond baiser. Il profita de l'inattention du Raijin pour prendre l'avantage et le retourna soudainement sur le dos avant de s'asseoir sur son ventre, un sourire de contentement malicieux barrant ses traits.

-Ashura ! s'exclama Taishakuten, surpris de ce brusque retournement de situation.

-Laisse moi faire Tai... C'est ce que je veux.

Ashura se pencha vers lui et piqua ses lèvres d'un rapide baiser. Le Raijin lui prit la main et l'amena jusqu'à ses lèvres avant d'en embrasser la paume avec douceur.

-Tes désirs sont des ordres pour moi...

Ashura se débarrassa rapidement de ce peignoir qui lui couvrait encore les épaules avant de commencer à défaire celui de Taishaku. Il se sentait angoissé. Tout dans le corps de son amant semblait démesuré, ces cheveux immensément longs, ce torse incroyablement large, et même... le reste d'après cette forme entre ses cuisses, pensa Ashura en rougissant légèrement.

Il ouvrit enfin tout le vêtement et eu confirmation de ses impressions. Le membre énorme et gonflé du Raijin se dressait vers lui de façon presque effrayante.

Comment vais-je pouvoir... pensa-t-il.

Mais il coupa net cette pensée. Il verrait bien le moment venu.

Taishakuten termina de retirer le peignoir avant de le jeter sans ménagement dans un coin de la pièce, puis il fixa Ashura comme s'il attendait ses directives.

Le Dieu de la Guerre se pencha vers lui et commença à embrasser ce corps somptueux qu'il désirait depuis si longtemps. Ce fut au tour de Taishakuten de pousser des gémissements de plaisir alors que ses mains s'enfouissaient dans l'épaisse chevelure noire.

Ashura descendit le long du torse, puis sur le ventre, avant de se placer entre les cuisses grandes ouvertes du Raijin. Il prit une pause de quelques secondes, pendant lesquelles son amant tenta de reprendre sa respiration, avant se caresser d'une main tremblante le sexe aussi dur que de l'acier. Il n'avait jamais touché d'autre pénis que le sien mais il connaissait les zones les plus sensibles, celles qui feraient pousser des cris à un Taishakuten déjà pantelant. Il laissa doucement, presque tendrement, glisser sa main de haut en bas, prêtant l'oreille au moindre soupir qui pourrait s'échapper de la bouche du Raijin.

 

Puis, rassemblant tout son courage et se laissant guider par son désir, il se pencha et déposa un léger baiser du bout des lèvres sur le gland luisant. Taishakuten hoqueta de plaisir et de surprise. Il n'aurait jamais imaginé qu'Ashura aille aussi loin de sa propre initiative.

Il releva la tête et jeta un œil étonné au Dieu de la Guerre qui le regardait avec inquiétude.

-Taishaku... Tu n'as pas aimé ?

-Non... Continue, ne t’arrête pas.

Il observa Ashura lui adresser un sourire timide avant de se pencher de nouveau et de cette fois prendre tout le bout de son sexe dans sa bouche. Il aurait aimé jouir de cette excitante vision de son membre ainsi englouti par Ashura mais les sensations étaient trop fortes et il ferma les yeux en se laissant retomber en arrière, ses gémissements bientôt remplacés par de véritables cris.

Que doivent se dire les gardes à l'entrée, se demanda-t-il vaguement avant de totalement perdre le fil de toute pensée cohérente.

Ashura avait l'impression d'avoir perdu tout contrôle de lui même, comme si ses mains et sa bouche agissaient de leur propre volonté. Cette dernière allait et venait le long du membre brûlant de Taishakuten, sa langue caressant le gland et se glissant très légèrement dans la petite fente à son bout. Ses doigts jouaient avec la base du sexe et les testicules du Raijin. Son univers semblait s'être réduit à cette partie de son anatomie et aux cris de plaisir incroyable que poussait son amant.

C’est alors qu’emporté par son mouvement Ashura donna involontairement un coup de dents dans le sexe du Raijin qui poussa un soufflement de douleur. Ashura sentit alors ses joues se teinter de pourpre et reprenant le sens des réalités, il baissa la tête n’osant plus affronter le regard, sûrement furieux, de son amant.

-Pardonne-moi, murmura-t-il, je... Je ne voulais pas te faire mal... Je n’ai jamais... enfin je n’avais jamais...

Ne sachant comment continuer la phrase, Ashura préféra se taire. Mais alors qu’il s’attendait à une éruption de colère de Taishakuten, ce fut le rire franc de ce dernier qui se fit entendre. Interloqué, Ashura releva les yeux pour voir le visage souriant et attendri de son amant qui le contemplait. La main blanche du Raijin se leva pour venir doucement caresser les pommettes encore rosées d’Ashura.

-Tu n’as pas à t’excuser, ce genre d’incident arrive à tout le monde la première fois.

Ashura ne put s’empêcher de rougir de plus belle. Embarrassé, il ne savait plus comment agir. Mais les mains de Taishakuten vinrent de perdre dans sa chevelure et le forcèrent à reprendre ce qu’il venait d’arrêter mais cette fois en guidant patiemment ses mouvements pour éviter un nouvel incident.

Ashura continua ainsi jusqu’à ce qu’il se sente lui même terriblement excité et se retienne à grand peine de glisser sa main entre ses propres cuisses.

Puis, d'un geste, Taishaku l'interrompit.

-Ashura, je veux... Je veux être en toi. Laisse moi te préparer...

Ashura comprit parfaitement ce que voulait le Raijin mais n'avait nullement l'intention d'abandonner ainsi ce qu'il avait commencé. Sans lâcher sa prise, il se positionna au-dessus de son amant, lui offrant la meilleure vue possible de son superbe musclé.

Et il reprit le sexe de Taishaku dans sa bouche, et le lécha avidement sur toute sa longueur.

Taishakuten se sentit flatté que sa virilité plaise autant à Ashura mais il allait avoir du mal à se concentrer sur ce qu'il avait à faire avec cette incroyable sensation au creux de son ventre. Cependant, il se laissa sa bouche glisser le long du membre d’Ashura, qui troublé par la sensation, le lâcha soudainement. Taishakuten en profita pour se glisser entre les cuisses du Dieu de la Guerre et lui soulevant les jambes au-dessus de ses épaules, entreprit de lui humecter abondement l’anus. Ashura poussa un soupir de plaisir et se détendit sous l’inattendue caresse.

Le Raijin continua pendant un bon moment à préparer du bout de la langue son amant. Il savait que pour rendre la pénétration moins douloureuse, il allait devoir l’exciter autant que possible.

Lorsqu’il eut l’impression qu’Ashura était fin près, Tai se glissa trois doigts dans la bouche et les humidifia autant qu'il le put avant d'en glisser un dans l'anus du Dieu de la Guerre.

Celui ci se contracta immédiatement.

-Ashura, murmura Taishakuten, détends-toi et ça ira beaucoup mieux.

-Je... Je vais essayer...

Il avait pleinement su ce qu'avait l'intention de faire le Raijin et pourtant il n'avait pas pu se contrôler. Mais ce type de sensation était tellement nouveau pour lui... Il se décontracta autant qu'il le put, sachant parfaitement qu'il désirait réellement sentir Taishakuten en lui. Ce dernier glissa un second doigt dans son corps et de nouveau Ashura ne put retenir un léger sursaut.

Si je me crispe déjà avec deux doigts, qu'est-ce que ça va être quand je vais devoir prendre " ça " en moi, pensa-t-il en se rappelant l'énorme sexe.

Taishakuten comprenait parfaitement le malaise ressenti par son bien-aimé. Lui même la première fois, il n'avait pas fait le fier.

Il faut que je trouve un moyen de détourner son attention pendant que je le prépare, se dit-il.

Il laissa alors ses deux doigts aller et venir en Ashura, tentant de le détendre au maximum pendant que sa bouche se posa sur ses testicules, les léchouillant avec un évident plaisir.

Ashura, qui ne s'était pas attendu à cette double sensation, fit entendre un gémissement de plaisir.

Ca marche, pensa avec satisfaction le Raijin.

Il glissa un troisième doigt et cette fois-ci le corps d'Ashura, submergé par les vagues de plaisir, ne protesta pas. Il laissa alors sa main libre se glisser sur le sexe d’Ashura et aller et venir sur toute sa longueur en de sensuels mouvements.

Ashura commença à bouger tout son corps, s'empalant de plus en plus sur les doigts du Raijin et tentant d'accentuer la pression que celui-ci faisait subir à son sexe. Enfin, le Raijin accéléra sa cadence et Ashura poussa un long cri d'extase alors que de longs jets de sperme vinrent souiller son ventre et la main de son amant.

Taishakuten ne s'était pas attendu à une réponse aussi immédiate du Dieu de la Guerre mais en était ravi. Il porta à sa bouche ses doigts couverts de cette semence qui donnerait naissance au destructeur du ciel et les nettoya consciencieusement à l'aide de sa langue.

-Décidément Ashura, murmura-t-il en savourant l'essence la plus intime de celui qu'il aimait, tout est tellement délicieux en toi...

Ashura se tourna vers lui et lui adressa un sourire radieux. Puis d'un geste coquin, il ramena une mèche de ses cheveux derrière l'une des ses invraisemblables oreilles elfiques et se penchant vers lui pour l’embrasser et le caresser.

Taishakuten sentit son membre se durcir jusqu'à un point qu'il n'aurait pas cru possible. Il lui fallait Ashura maintenant.

Le Dieu de la guerre parut avoir capté ses pensées puisqu'il se pencha vers lui et l'embrassa doucement avant de se positionner sur le dos et d’écarter les jambes dans un geste d’invitation.

C'est maintenant, se dit Ashura, au milieu de la brume euphorique dans laquelle il se trouvait encore après son orgasme, que je vais savoir si je suis capable d'accueillir un tel monstre.

Taishakuten remarqua l’angoisse et le doute dans les yeux dorés et d’un geste tendre caressa le visage de son amant.

-Ne t’inquiète pas, je vais y aller doucement. Surtout dis le moi si je te fais mal.. Et détends-toi autant que tu le peux.

Ashura se contenta de hocher la tête en se mordillant la lèvre inférieure dans un geste presque candide. Puis, à sa grande surprise, Taishakuten quitta la lit pour se rendre dans la salle d’eau. Paniqué à l’idée d’avoir, contre sa volonté, fait quelque chose de mal, Ashura se redressa, prêt à se lever à son tour. Mais presque immédiatement le Raijin ressortit et revint s’installer à ses cotés, tenant à la main un petite jarre qu’Ashura reconnu être l’une de ses huiles parfumées pour le corps. Taishakuten lui sourit et désignant la petite bouteille murmura :

-Je me doutais bien que tu devais avoir quelque chose dans le genre. Ca aidera à faire passer la douleur.

Le Raijin ouvrit la petite bouteille et immédiatement une agréable odeur de jasmin envahit la pièce. Ashura ferma les yeux lorsqu’il les mains huilées de Taishakuten se posèrent sur son corps, le massant, le caressant, rendant luisant tout son corps mais plus particulièrement le lubrifiant entre les fesses. Puis la sensation s’arrêta et Ashura ouvrit les yeux pour découvrir le Raijin passer la main sur son propre sexe pour consciencieusement l’huiler.

Lorsqu’il eut terminé, Taishakuten se tourna vers lui et se positionna entre ses cuisses. Il lui adressa un sourire confiant et lui prit les jambes pour lui poser les pieds sur ses épaules, le sphincter d’Ashura maintenant face à son membre gonflé. Le Raijin commença alors à doucement le pénétrer.

Ashura se détendit autant qu'il lui semblait possible et il ne put retenir un gémissement dont il ne sut s'il était dû à la douleur ou au plaisir tellement les deux se confondaient désormais.

Taishakuten le regarda avec inquiétude, ne sachant visiblement pas s’il devait continuer plus loin ou pas mais Ashura lui frôla le bras du bout des doigts, comme dans un geste d’encouragement.

Taishaku... Tu es si délicat avec moi. J'aimerais pouvoir te dire à quel point je t'aime. J'aimerais te rendre heureux.

Alors le Raijin entra entièrement en lui.

Et voilà, pensa Ashura, je savais que je serais capable de le prendre complètement en moi.

Au-dessus de lui, Taishakuten respirait avec difficulté. Ses yeux s'étaient fermés et son visage brillait de sueur. La lumière argentée de la lune le rendait magnifique. Il porta ses mains sur les hanches d'Ashura, le priant sans une parole de bouger avec lui. Ce qu'il fit.

Ashura mit ses reins en actions d'avant en arrière, de haut en bas. Il sentait le sexe de son amant glisser en lui, chaque mouvement lui apportant son flot de sensations exquises. Il se sentait de nouveau proche de l'orgasme. Bientôt, la chambre fut pleine de leurs hurlements d'extases à tous les deux. De plus en plus vite, de plus en plus fort, leurs ébats devenaient frénétiques. Ils se mêlaient l'un à l'autre, ils se confondaient, ils ne faisaient plus qu'un. Tous deux comprirent alors qu'ils ne pourraient avoir d'autres amants après un moment de si parfaite osmose. Ils ne pouvaient que s'appartenir. Seulement eux deux et personne d'autre... personne au monde.

Pour la seconde fois cette nuit là, Ashura sentit l’orgasme arriver mais cette fois ci de façon complètement différente, la sensation le prenant plutôt au niveau du ventre. Il se raidit alors et sentit quelques instants après Taishakuten venir en lui.

Puis, ce fut le silence, tellement étrange après un tel déchaînement de passion et d'amour.

Taishakuten se retira d'Ashura qui vint de blottir dans ses bras avec un soupir de satisfaction. Ils s'embrassèrent tendrement, presque avec paresse puis Ashura posa sa tête au creux du cou de Tai qui l'encercla d'un geste possessif.

Quelques minutes plus tard, Taishakuten prit Ashura dans ses bras et le portant comme s’il était une jeune mariée, l’amena jusqu’à la salle d’eau ou ils entreprirent de mutuellement se laver et se sécher, mais tous deux bien trop épuisés pour échanger une parole.

Finalement, ils retournèrent se coucher et Taishakuten enlaça amoureusement Ashura qui se serra très fort contre lui, conscient que cette nuit serait la seule où il pourrait laisser ses sentiments le dominer. Tous deux s'endormirent ainsi, sans un mot, mais le sourire de pur bonheur sur leurs visages en disant plus long que toutes les paroles du monde.

 

 

***********************

 

Taishakuten s’éveilla alors que le ciel commençait à peine à s’éclairer des premiers rayons du soleil. Il était seul dans l’immense lit. Il fouilla la pièce d’un regard paniqué et enfin aperçut Ashura qui, appuyé contre la rambarde, admirait le lever du soleil. Il avait passé son peignoir.

Le souvenir de ce qui s’était passé la nuit précédente lui arracha un sourire de satisfaction. Ca avait été merveilleux, parfait même. Ashura et lui... enfin unis.

Il se leva difficilement et s’avança vers son amant, le marbre du sol froid contre ses pieds nus. Celui ci ne se retourna pas. Tai passa alors ses bras autour de sa taille et avec un soupir de bonheur enfouit son visage dans l’épaisse chevelure noire.

-Déjà debout mon ange ? demanda-t-il doucement.

Mon ange... Ashura sourit à cette appellation, lui qui se considérait comme le pire des monstres.

-Je réfléchissais, murmura-t-il.

-A quoi donc, interrogea Taishaku d’un ton rêveur, comme si finalement la réponse lui importait peu, comme si rien d’autre ne comptait à ce moment là qu'Ashura et lui.

-Tu as promis de m’aider... Mais qu’est-ce qui me prouve que tu ne vas pas trahir ta promesse ? Pourquoi la tiendrais-tu alors qu’une fois devenu empereur la moindre de tes volontés sera exaucée.

-Je la tiendrai, commença Taishaku d’une voix cette fois beaucoup plus sérieuse, je la tiendrai, parce que je t’aime.

Ashura ferma les yeux et retint ses larmes.

Taishakuten, il a fallu que tu le dises... Il a fallu que tu me fasses souffrir. J’aimerais tellement répondre à tes sentiments mais cela m’est impossible. Tout est trop tard maintenant, nous sommes tous deux maudits... Mon amour...

Pour seule réponse, Ashura couvrit la main de Taishaku de la sienne. Il se laissa aller une dernière fois contre la large poitrine, sachant que désormais il devrait se montrer froid et distant avec le Dieu de la Foudre, puis annonça d’une voix qui se voulait neutre :

-Tu ferais mieux de partir maintenant.

Taishakuten se contenta de resserrer son étreinte.

Oh Tai, pourquoi faut-il que tu me rendes les choses plus difficiles encore ?

-Les membres du clan Ashura vont bientôt se lever et il ne faut pas que tu les croises. Pour sortir tu emprunteras le même chemin, tu seras ramené directement à Zenmi-jou.

Pas de réponse, juste une traînée de doux baisers déposés le long de son cou.

-Taishaku, je t’en prie... Je dois bientôt rejoindre Tentai.

Un long soupir de dépit.

-Bien Ashura, je vais y aller.

Taishakuten savait parfaitement qu’Ashura avait raison et qu’il devait se dépêcher de partir mais il n’en avait pas la moindre envie. Il avait peur de perdre ce qu’il venait enfin d’acquérir après tant d’épreuves.

Il se rhabilla rapidement puis retourna auprès d’Ashura qui, enfin, le regarda.

-Ashura, quand te reverrai-je ?

Le Dieu de la Guerre parut mal à l’aise.

-Je ne sais pas... J’ai beaucoup de travail en ce moment.

-Ashura ! J’ai besoin de toi...

-Je sais... Ecoute, la prochaine fois c’est moi qui viendrai te rejoindre dans ta chambre d’accord ?

-Bien... Mais ne me fais pas trop languir...

-Je vais faire ce que je peux...

Ashura se sentait très mal. Il avait tellement envie de nombreuses nuits dans les bras de son aimé et pourtant il devait s’en détacher le plus rapidement possible... Pour préserver au mieux sa santé mentale... Pour être sûr de ne pas faillir dans la tâche à laquelle il s’était astreint.

Le Raijin s’approcha de lui et le prit dans ses bras.

-Je t’aime Ashura, murmura-t-il avant de l’embrasser passionnément.

Ashura s’accorda ce dernier baiser de répit. Il passa ses mains autour du coup du Raijin puis caressa l’incroyable chevelure d’une douceur et d’une légèreté incomparable.

Moi aussi je t’aime, pensa-t-il avant d’entrouvrir la bouche pour mêler sa langue et sa salive à celle de Taishakuten.

Leur baiser sembla s’éterniser. Plein d’un amour désespéré. Taishakuten s’accrochait à Ashura comme s’il avait peur de le perdre à tout jamais et Ashura s’accrochait à Taishakuten car il savait qu’il allait le perdre à tout jamais.

Finalement, ils rompirent le contact et Taishaku quitta la pièce sans même jeter un coup d’œil en arrière, comme s’il savait que regarder Ashura une nouvelle fois l’amènerait à retarder encore son départ déjà contraint.

Lorsque les lourdes portes d’ivoires se furent refermées, Ashura s’assit sur son lit et laissa couler les larmes qu’il retenait depuis que le Raijin avait déclaré l’aimer.

 

Chapitre 14