Subaru leva les yeux et admira le ciel. Il était d'un bleu si pur... Quel contraste avec la dure réalité de la vie! Et dire que la jeune fille -Hashimoto- resterait marquée à vie... Il regarda la façade de l'hôpital, soupira, puis s'avança vers le véhicule qui l'attendait sur le parking. Sa soeur jumelle et Seishirô l'attendaient.

- Eh, Subaru! Ca y est, tu as fini? demanda la jeune fille.

- Oui... excusez-moi de vous avoir fait attendre!

- Dis-moi, à qui as-tu rendu visite? A une fille?

- Oui. Elle m'a promis que l'on se reverrait bientôt...déclara le jeune médium, un peu mélancolique.

- Comment!? Tu vas revoir cette fille!

Hokuto se tourna vers Seishirô, toujours aussi virulante:

- Seishirô fais quelque chose! Ne me dis pas que tu acceptes cette trahison?!

- Non, non... répondit-il en secouant la tête, tenant son journal à la main.

- Excuse-moi, je te fais toujours attendre...

- Subaru, je crois que j'accepterai tout de toi!

La jeune fille se pencha et arracha des mains du vétérinaire, le journal du matin :

- Oh, regardez! On vient d'apprendre la mort de la directrice du centre de recherche MS... Pauvre Subaru! Ton enquête n'aura servi à rien, car le centre va fermer ses portes définitivement...

- Cela me rappelle qu'il m'est arrivé quelque chose d'étrange hier soir, annonça le médium, pensif. J'étais au centre MS puis je me suis réveillé ce matin dans mon lit, sans avoir le souvenir d'être rentré!

- Mais c'est impossible?! lança Hokuto.

- Et pourtant, je suis sûr d'être allé là-bas hier soir...alors comment se fait-il que...

- Dépêchons-nous, coupa vivement Seishirô .

Il démarra et enclencha une vitesse:

- Sinon, nous allons être en retard pour déjeuner au restaurant Hazuki!

- Ca ne va pas Seishirô? questionna Hokuto tout en lui tirant l'oreille. J'ai l'impression que tu essayes de nous cacher quelque chose...

- Non, pas du tout! répondit-il avec un immense sourire aux lèvres.

La jeune fille attrapa son frère par les épaules pour lui demander son avis :

- Qu'en penses-tu Subaru?

A ce moment, Seishirô donna un coup de volant brusque qui propulsa Hokuto et Subaru de l'autre côté de la voiture.

- KYAAAA! cria-t-elle. Seishirô, tu es fou! On aurait pû avoir un accident!

- HA HA HA HA !

Ce fut la seule réponse du vétérinaire.

- Arrête de rire et regarde la route! ordonna-t-elle.

Et c'est ce qu'il fit!!

Trois jours plus tard :

Subaru regarda attentivement autour de lui, sensible au moindre changement d'air, essayant de percer l'obscurité de la pièce. Aucune lumière ne pouvait fendre les ténèbres qui avaient envahi le dojo. Dès que l'on allumait, les ampoules éclataient, les bougies semblaient être soufflées par un vent invisible et les lampes à pétroles brûlaient leur essence en moins d'une seconde.

Sa grand-mère l'avait appelé la veille pour lui confier cette mission qui paraissait bien délicate et assez inhabituelle... Mais après tout, n'était-il pas coutumier des phénomènes étranges?

Il repensa au coup de fil qu'elle lui avait donné et sur l'objet de son appel.

- De quoi s'agit-il? demanda Subaru.

- Dans le quartier de Shibuya, dans un dojo réputé dont je tairais le nom, plusieurs personnes ont été victimes de faits inexpliqués. Des objets qui se déplacent ou qui disparaissent pour se retrouver ailleurs, des coupures de courant, des bruits étranges... Mais la nuit dernière, un des maîtres du dojo a été sauvagement assassiné...

- Comment? Mais je n'en ai pas entendu parler, que ce soit au...

- C'est normal! coupa sa grand-mère. Des personnes influentes au gouvernement ont étouffé l'affaire. Etant de généreux donateurs, ils ne veulent pas que leurs noms soient trainés dans la boue.

- Dans ce cas, cela concerne plutôt la police.

- Non. La victime n'est pas morte d'une façon très...habituelle... dirai-je. Et suivant ce que nous avons trouvé, seul un maître du yin et du yang peut enquêter sur ce phénomène inexpliqué! Je vais vous faxer tous les détails dans quelques instants. Ensuite, ce sera à vous de jouer mon enfant!

- Très bien. J'irais donc à ce dojo pour voir ce qu'il en ait.

- Dites-moi Subaru, avez-vous rencontré quelques problèmes récemment?

Gyahh! Mais qu'est-ce qu'elle voulait dire par-là? Elle n'était tout de même pas au courant de ce qui se passait entre lui et Seishirô...??

- NON! heu... Hokuto et moi-même sommes en pleine forme!

Il n'allait quand même pas avouer que lui et son ami avaient des relations...assez intimes! Et qui, du point de vue de sa grand-mère, serait inconvenant et très immoral pour un jeune homme de sa condition et avec un destin pareil!

Mais la vieille femme insista :

- Etes-vous sûr qu'il ne s'est rien passé?

- Oui. Je vous prie de me croire!

Il n'aimait pas mentir, mais il n'avait pas trop le choix.

- J'ai encore eu cette vision.

- Vous voulez dire avec le... ceriser? demanda anxieusement Subaru.

- Oui. Subaru, tu seras la proie du cerisier! Ne le laisse pas t'emporter...

- Grand-mère...

- Je t'en prie, méfie-toi. Ne le laisse pas capturer ton esprit!

La voix de la médium se brisa sur ces derniers mots.

- Ne vous inquiètez pas! Je suis toujours vos recommandations car je sais que c'est pour mon bien.

- J'espère que vous n'avez toujours pas retiré vos gants...

- Non, grand-mère...

- Bien. Je dois vous laisser maintenant. Une enquête vous attend. Je vous envoie tout de suite le fax. Prenez soin de vous, Subaru!

- Vous aussi, grand-mère. Aurevoir.

- Aurevoir.

Elle lui avait encore parler du cerisier. Il sentit un frisson lui courir l'échine. il avait toujours la même sensation quand il y pensait. Qu'était donc ce cerisier?

Ses réflexions furent coupés par un bruit à peine audible venant d'un coin de la pièce. Il sortit quatre cartes magiques et les envoya autour de lui. Les mains jointes, il murmura une incantation. A peine avait-il finit de les prononcer que les papiers s'enflammèrent. Il eut le temps de voir des incriptions dans une langue inconnue inscrite sur un des murs. Des mots écrits avec du sang. Sûrement celui de la victime.

De nouveau, il entendit un bruit. Cette fois-ci, cela venait de derrière lui. Au moment même où il se retournait, les flammes magiques cessèrent de brûler, et Subaru se sentit projeter en arrière, contre les inscriptions sanglantes.

Une main invisible lui serra la gorge et le souleva. Son manteau de cuir noir crissa contre la paroi, et il agita ses membres dans tous les sens pour tenter de se libérer.

- Qui... êtes-v... vous? réussit à dire Subaru.

Pour toute réponse, l'étau sur son cou se resserra de plus en plus. L'air lui manqua. S'il ne réagissait pas maintenant, il mourrait étouffé, avec en prime la nuque brisée.

Le jeune médium porta sa main gauche dans la poche intérieure de son manteau et en retira une nouvelle carte. Puis, il invoqua son magnifique shiki blanc. Celui-ci s'éleva dans les airs, majestueux, avant de fondre sur la chose ou la personne qui attaquait Subaru.

Tout de suite, le jeune homme retomba lourdement sur le sol. D'un bond, il se releva et sortit du dojo. Il fallait qu'il réflechisse aux évènements qui s'étaient produits et aux émotions qui l'avaient assailli.

En tout cas, il était sûr d'une chose. Ce qui avait tué le maître Egawa et qui l'avait attaqué à son tour n'avait rien d'humain. Et que ce "fantôme" était dangeureux.

Très dangeureux.

Chez Seishirô :

La sonnerie tira le vétérinaire de sa somnolence. Il se leva du canapé de cuir noir où il s'était allongé et alla ouvrir la porte.

- Subaru? Je t'en prie, entre.

L'onmoyji ne répondit pas et passa près d'un Seishirô tout à fait éveillé. Il ne remarqua pas que son regard était devenu glacial et d'une étrange couleur doré. Il suivit le jeune homme au salon. C'est alors qu'il nota les taches de sang sur son dos.

- Mais... qu'est-ce qui t'es arrivé? Tu es blessé? demanda-t-il, affolé.

Le jeune homme interrompit son geste un bref instant avant d'enlever complètement son imper de cuir.

- Oh, non. Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas le mien, répondit-il d'une voix rauque.

Le vétérinaire se précipita, ramassa le vêtement avant de sortir de la pièce tout en lançant:

-Assieds-toi! Je vais mettre ça à laver et te préparer un peu de thé.

Subaru ne se le fit pas dire deux fois. Il se sentait fatigué et sa gorge était encore douloureuse. Il s'installa confortablement sur le cuir du canapé, posant sa tête sur un coussin moelleux et ferma les yeux. Il entendit des bruits de casseroles et de tasses venant de la cuisine et cela le rassura. Après tout, il était chez Seishirô, son ami... et presque son... amant. Il se sentit flotter dans un cocon de bien-être et de chaleur lorsque la voix de l'intéressé le fit sursauter.

- Subaru?! Qu'est-il arrivé à ton cou?

Le Sakurazukamori posa le plateau et se précipita vers le médium pour inspecter fébrilement sa gorge. Il vit très nettement des marques rouges imprimées sur la chair tendre. Cinq marques qui ne laissèrent aucun doute quand à sa provenance. Cinq doigts avaient serré avec fureur son cou délicat.

- Ce n'est rien. Je t'assure! dit Subaru avec un pauvre sourire. Ca va passer!

- Oui, mais...

Subaru posa une main gantée sur la joue de Seishirô et le regarda droit dans les yeux.

- Ca va.

Le vétérinaire poussa un soupir et recula. Il prit une tasse, versa du thé bien chaud, et le servit au jeune homme.

- Bois, ça va te faire du bien. Je vais chercher du miel et une pommade pour ta gorge.

- Je te remercie, Seishirô.

Il quitta le salon à grandes enjambées.

Le jeune homme buvait le liquide chaud à petites gorgées, appréciant sa saveur. Décidément, son ami savait préparer le thé comme il l'aimait!

Le Sakurazukamori revint, mit un petit ramequin avec du miel sur la table basse en face de Subaru et ouvrit le tube de pommade.

- Enlève ton pull, s'il te plaît, pour que je puisse bien étaler la crème.

Le médium l'enleva et rejeta la tête en arrière, offrant son cou blanc à Seishirô.

Ce dernier, du bout des doigts, commença à masser la zone douloureuse tout en le questionnant sur l'origine de ces marques. Subaru lui expliqua son aventure et son bref combat avec l'entité.

- Je viendrais avec toi la prochaîne fois, annonça-t-il d'une voix ferme.

- D'accord, mais reste derrière moi. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit!

- Tu te fais du souci pour moi?

- Non! Enfin... oui...

Seishirô arrêta d'appliquer la pommade et referma le tube.

- Tu as fini?

- Il manque encore quelque chose, répondit-il d'une voix mystérieuse. Mais que me disais-tu déjà? Tu t'inquiètais pour moi, c'est ça?

Les joues de Subaru se teintèrent de rose.

- Oui... je ... enfin tu sais! Je tiens beaucoup à toi... souffla-t-il.

Pour toute réponse, Seishirô lui fit un sourire irrésistible, prit la cuillère de sa tasse et la trempa dans le miel. Puis il la porta à la bouche du jeune homme qui l'avala lentement. Cet aliment avait un effet apaisant et l'onmoyji s'enfonça encore plus dans le canapé en fermant les yeux de plaisir.

C'est alors qu'il sentit des lèvres fraîches se poser son cou et l'embrasser délicatement. Cinq baisers compta-t-il. Pour chacune des marques. Puis quelques secondes après, Seishirô s'empara voluptueusement de sa bouche. Il la caressa avec la langue, l'effleura, la titillant, replongeant dans sa moiteur avant de se retirer à nouveau, répétant les mêmes gestes, aspirant la lèvre inférieure. Il voulait que Subaru l'encourage, accepte ce qu'il lui offrait de sa propre volonté.

- Sei...shirô... balbutia -t-il.

Cette fois-ci, il ne pensa même pas à le repousser. Et pour quoi faire d'ailleurs? Après tout, c'est ce qu'il désirait non? C'était pour ça qu'il était venu chez lui plutôt que dans son appartement.

Il agrippa les larges épaules du vétérinaire, approfondissant leur baiser, et le serra contre lui de toutes ses forces. Le Sakurazukamori se laissa faire et se coucha à ses côtés sans cesser de l'embrasser.

Ils se séparèrent à bout de souffle.

- J'ai cru que je n'arriverai plus à respirer, lança Seishirô en souriant.

Subaru rougit de plus belle et se sentit audacieux :

- Tu veux qu'on essaie de voir combien de temps on peut rester comme ça?

- Autant de fois que tu le voudras!

Sur ce, leurs lèvres se joignirent à nouveau.

Ils continuèrent à s'embrasser et à se caresser durant de longues minutes, ne pouvant se rassasier l'un de l'autre. Puis, Subaru posa sa tête sur la poitrine musclée de son amant, ferma les yeux et se laissa emporter par le sommeil.

Seishirô se leva une demi-heure plus tard, le jeune homme dans ses bras, et le coucha dans son lit. Il rabattit une couverture sur leurs deux corps enlacés et s'endormit à son tour avec cette seule pensée en tête. Celui qui avait osé s'attaquer à Subaru allait le payer très cher...

Au dojo :

Il se tenait devant la porte coulissante, indécis. N'était-il pas risqué de faire entrer Seishirô avec lui? Et si jamais il lui arrivait quelque chose? Il secoua la tête voulant effacer de son esprit toutes pensées désagréables.

- On y va? demanda le Sakurazukamori.

- Oui. Mais tu...

- Je ferai attention, je te le promets.

Il posa un baiser sur le front soucieux de Subaru, lui prit la main, et après une bref inspiration, ils entrèrent enfin dans l'antre du mal.

La pièce était devenue froide mais toujours aussi obscure. Comment les ténèbres pouvaient-ils être aussi épais? Il n'y voyait goutte mais le fait de sentir la présence rassurante de son ami le rendit plus combatif.

- En effet, il fait très sombre, annonça Seishirô.

L'onmoyji entendit un frottement, un bruit de papier et un clac. Il entraperçut la flamme du briquet et comprit que son compagnon avait allumé une cigarette. La lumière rougoyante s'éloignait et il comprit qu'il se déplaçait dans la pièce.

- C'est bizarre, il fait plus froid que la dernière fois...

Le Sakurazukamori ne dit rien et laissa son esprit vagabonder. Il sonda mentalement le dojo et observa qu'une présence malsaine se tapissait dans les murs, sur le sol, et même dans l'air. On n'entendait aucun son. Le bâtiment était silencieux comme une tombe.

Enfin, une silhouette invisible se matérialisa, suintant à travers les fissures.

Réagissant au quart de tour, les deux hommes se préparèrent à une éventuelle attaque. La forme, d'apparence vaguement humaine, se coulait d'ombre en ombre, progressant rapidement.

- Elle arrive, dit Seishirô.

Subaru n'eut pas le temps d'être étonné par la perspicacité de son compagnon.

L'entité se déplaça tout à coup à une vitesse virtigineuse et frappa brutalement le jeune homme à la poitrine. Plié en deux, le souffle coupé, il lança un sort d'immobilisation. Qui resta sans effet d'ailleurs. Il crut entendre un rire étouffé, inhumain.

- Ca va? demanda Sei.

- Oui. Juste un peu blessé dans mon amour-propre!

Subaru joignit les mains, murmura une incantation et balança une carte magique vers le plafond qui s'embrasa en une seconde. Heureusement, grâce à la protection qu'il avait rajouté, la lumière ne disparaitrait pas.

Il jeta un coup d'oeil autour de lui. Cette fois-ci, sans la moindre difficulté, il put inspecter la pièce. Comme il s'y attendait, elle était vide. Ou plutôt, elle semblait vide. Il vit Seishirô, l'air concentré, tenant sa cigarette entre ses doigts, tourner lentement la tête à droite et à gauche.

- Qui êtes-vous?

Soudain, son corps se pétrifia. Des fils invisibles l'enlacèrent et le comprimèrent sans ménagement. Il se débattit farouchement, mais rien n'y fit. Aucun son ne sortit de sa bouche. Tous ses sens furent bloqués. Il tenta d'appeler son ami mais ses paroles restèrent bloquées dans sa gorge.

Il sentit l'étau se renforcer et crut que ses os allaient se briser si la pression continuait ainsi. C'est alors que ses yeux se mirent à grésiller, puis ce fut le tour de ses cheveux, de son cerveau.

Le sakurazukamori huma une odeur de brûlé et vit son bien-aimé être soulevé dans les airs, s'embraser comme une torche et être projeté contre l'un des murs comme une misérable poupée de chiffon.

Subaru remua légèrement les lèvres :

- Sei...shi...rô...

Une langue de feu lécha son corps, brûla sa peau, contracta ses muscles. Paniqué, il comprit qu'il allait brûler vif. Il entendit quelqu'un crier son nom et tout devint noir...

A SUIVRE...

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