Quelques précisions avant de commencer : cette fic est entièrement la faute de Linde qui m'a sorti que je n'étais pas capable d'écrire une fic romantique cucu de base! Et moi évidemment je suis tombée dans le panneau "Ah ouais, ah ouais, pas cap'? Tu vas voir!" confirmant ainsi mon titre de plus grosse nouille de l'univers ^^;;;... Donc j'ai relevé le défi ce qui a donné et bien... la fic que voilà :

Roman d’amitié

(Un titre qui n’a pas grand chose à voir avec l’histoire sauf que
j’avais la chanson d’Elsa et Glenn Medeiros dans la tête en l’écrivant)

 

Partie 1

Hikoichi se gratta la tête en relisant ses notes pour au moins la cinquantième fois de suite. Il était trempé de sueur et le vieux ballon que son père lui avait offert lorsqu’il n’était encore qu’un enfant était posé à côté de lui, sur l’un des bancs bordant le terrain de rue où il venait régulièrement s’entraîner. Un jour lui aussi deviendrait aussi fort que Sendoh ou Rukawa, c’était son but ultime ! En attendant, il avait encore bien du travail, mais il s’attelait à la tâche comme un forcené avec l’enthousiasme du passionné. Il commençait cependant à un peu désespérer. Il avait beau noter et analyser chaque action de chaque joueur à chaque match, il ne parvenait pas à reproduire ces gestes qui chez certains paraissaient pourtant tellement naturels.

Il soupira et tourna la page. Le soleil était déjà couché et seul la lumière des lampadaires l’éclairait, mais bien faiblement. Il plissa les yeux pour déchiffrer sa propre écriture, fine et nerveuse, tout comme lui. Donc s’il fallait en croire ce qu’il avait noté, Rukawa…

-Hey Hikoichi !

La voix grave appelant son nom le fit sursauter. Fébrilement il tourna la tête de droite à gauche pour finalement repérer la massive silhouette de son capitaine s’avançant vers lui à petit trot.

-Uozumi ? s’étonna Hikoichi. Mais… qu’est ce que tu fais là ?

Uozumi s’assit à côté de lui et du menton désigna le sac " Yamazaki " qu’il tenait à la main.

-Ma mère m’a envoyé faire des courses, mais notre supermarché habituel était fermé alors j’ai dû faire un petit détour. Tu habites le quartier ?

Hikoichi hocha la tête. Il se sentait toujours impressionné lorsqu’il était en présence de son capitaine. C’était un joueur tellement exceptionnel, au physique et à la volonté incomparable. Hikoichi devait bien admettre qu’il le mettait aussi un peu mal à l’aise, qu’il lui faisait un peu peur… mais comment cela aurait-il pu ne pas être le cas alors qu’il mesurait bien trente centimètres de plus que lui et pesait certainement le double de son poids ?

-Oui, répondit-il finalement. A deux cents mètres environ, près des rizières là-bas.

Il tendit le bras dans une direction que Uozumi suivit des yeux.

-Tu t’entraînais ? interrogea-t-il ensuite.

-Oui… presque tous les jours en fait je viens ici !

La lourde main de Uozumi tomba sur son épaule, le faisant légèrement grimacer sous le choc.

-C’est très bien, je suis fier de toi !

Uozumi lui souriait d’une façon qui lui donnait presque un air amical et Hikoichi baissa les yeux, un peu gêné. Il n’avait pas pour habitude de recevoir des compliments. Le seul commentaire qu’on lui faisait habituellement, c’était de la fermer. Bon d’accord il avait une tendance à bavasser et à s’agiter mais tout de même !

Il posa son cahier de notes près de son ballon et soupira une nouvelle fois.

-Pourtant j’ai l’impression que je n’y arriverai jamais ! J’ai beau m’entraîner encore et encore, je suis encore loin du niveau des meilleurs !

La main de Uozumi quitta son épaule pour s’emparer du ballon. Il joua avec quelques secondes puis déclara :

-Tu sais, on a tous nos moments de doutes… Moi face à Akagi… Toi maintenant… Mais crois-moi, c’est justement ça qui doit te donne la motivation de continuer encore et encore, de plus en plus fort, de croire en ton rêve et de tout faire pour qu’il se réalise un jour !

Les yeux de Uozumi s’étaient enflammés. Il savait pertinemment de quoi il parlait, lui aussi avait pour but de devenir l’un des meilleurs joueurs du Japon et il était prêt à tout pour cela ! Même s’il fallait chaque jour s’entraîner jusqu’à épuisement ! Personne, absolument personne ne lui retirerait son rêve.

-… tout faire pour qu’il se réalise un jour, répéta Hikoichi, abasourdi par la soudaine éloquence de son capitaine. J’en prends bonne note !

Uozumi éclata de rire.

-Laisse donc tomber ton cahier et viens t’entraîner un peu si tu n’es pas trop fatigué !

Il se leva du banc, ballon en main et entra sur le terrain.

-Allez, viens essayer de me le piquer !

Hikoichi bondit. Quelle chance ! Le grand Jun Uozumi, le capitaine de la célèbre équipe de Ryonan lui proposait à lui, Hikoichi Aida, un 1 contre 1 ! Hikoichi s’était certes toujours dit qu’il était presque béni de faire partie de Ryônan, même s’il ne jouait jamais en match officiel, de pouvoir s’entraîner avec une star comme Sendoh, même s’il se sentait ridicule à côté de lui, mais jamais encore l’une des grandes vedettes de l’équipe ne lui avait proposé un petit match. Il se sentait gonflé à bloc !

Il jeta un grand sourire à Uozumi et partit à la chasse au ballon.

************** 

Une demi-heure plus tard, les deux garçons étaient de nouveau assis sur le banc, le souffle court.

-J’ai à peine effleuré la balle, grogna Hikoichi, la tête entre les mains.

Uozumi lui tapota l’épaule.

-C’est pas ça le plus important. Tu as réussi à m’essouffler, c’est déjà pas mal. Tu as fait beaucoup de progrès en quelques mois.

Hikoichi fit une petite moue.

-Tu trouves ?

-Bien sûr, je suis complètement sincère ! Tu m’as surpris ! Tu as bien failli m’avoir trois ou quatre fois !

Hikoichi rejeta la tête en arrière, regardant le ciel étoilé.

-Qu’est ce qu’il me manque pour être un bon joueur ?

Uozumi réfléchit une dizaine de seconde avant de répondre.

-Tu ne travailles pas les bons points je pense, finit-il par admettre.

Son compagnon tourna vers lui un regard surpris.

-Qu’est ce que tu veux dire par là ?

-Je pense que… tu essaies de jouer comme Sendoh ou Rukawa, mais il ne faut pas se faire d’illusion, tu n’auras jamais leur physique.

Hikoichi poussa un soupir dépité. Ca, il s’en était toujours douté et plus d’une fois il avait maudit sa petite taille.

-Mais, poursuivit Uozumi, tu peux jouer sur d’autres atouts. La puissance n’est pas ton fort, d’accord, mais tu peux être rapide et habile. La vitesse et la technique, ce sont ces deux points qu’il faut que tu améliores ! (nda : vous noterez l’effort tout particulier que fait l’auteur pour rendre les propos de ses persos crédibles alors qu’elle n’y connaît que dalle en sport et tout particulièrement en basket)

-La vitesse et la technique ?

Uozumi hocha la tête.

-Oui, un peu comme Ryôta Miyagi. Il n’est pas plus grand que toi mais c’est un joueur tout à faite exceptionnel de précision et de dextérité. Je pense que tu devrais le prendre pour modèle plus que tout autre.

Le visage de Hikoichi se fendit d’un grand sourire.

-Ryôta Miyagi ? J’en prends note !

Le banc craqua quand Uozumi se remit debout.

-Bon, il faut que j’y aille, j’ai déjà traîné plus que je n’aurai dû. A la prochaine Hikoichi !

-A bientôt Uozumi !

Hikoichi observa son gigantesque capitaine disparaître au coin d’une rue avant de se lever à son tour. Il était également temps pour lui de rentrer. Il ne traînait jamais aussi tard et ses parents devaient commencer à s’inquiéter. Mais cela en avait valu la peine. Il avait l’impression d’être remonté dans l’estime de Uozumi et les conseils de celui-ci lui seraient sans doute fort utiles. Vitesse et technique. Il l’avait noté en gros sur son cahier. Maintenant restait à voir comment améliorer ces points…

Il rassemblait ses minces affaires… son cahier, son crayon, sa bouteille d’eau… lorsque son regard se posa sur le sac " Yamazaki " resté sous le banc.

Mince ! Uozumi avait oublié ses courses !

Hikoichi s’empara du sac et s’élança à la poursuite du capitaine de Ryônan.

-UOZUMI ! ! ! UOZUMI ! ! ! ! appela-t-il.

Mais celui-ci avait déjà disparu.

Hikoichi soupira. Zut, qu’est ce qu’il allait bien pouvoir faire ? Il n’avait aucune idée de l’endroit où habitait Uozumi et ne possédait même pas son numéro de téléphone. D’un autre côté il ne pouvait pas non plus laisser le sac de courses là au risque que n’importe qui se l’approprie.

Finalement, il arracha une page de son précieux cahier de notes et y laissa un mot pour Uozumi avec son adresse et un petit plan. Il coinça le tout entre deux planches du banc.

Voilà, si Uozumi revenait chercher son sac, il saurait où le trouver.

Récupérant ses affaires et le sac, Hikoichi rentra chez lui.

 

Il n’était pas revenu depuis une demi-heure que la sonnette retentit. Sa mère se leva de table et décrocha l’interphone. Elle hocha plusieurs fois la tête et se tourna vers son fils.

-Hikoichi, c’est ton ami qui vient chercher ses courses.

Hikoichi se leva précipitamment et alla ouvrir. Il avait laissé le sac près de la porte d’entrée, presque sûr et certain que Uozumi repasserait.

-Salut Hikoichi, le salua ce dernier, l’air quelque peu gêné.

-Salut Uozumi ! Tu as trouvé mon mot ?

Le géant hocha la tête en souriant.

-Oui, je te remercie de t’en être occupé ! Ma mère m’a passé un de ses savons lorsque je suis revenu sans ! Je n’ai pas le droit de rentrer tant que je ne l’aurai pas retrouvé !

Hikoichi tenta d’imaginer l’intimidant Uozumi se prenant un savon par sa maman mais n’y parvint pas. Il tendit le sac à Uozumi.

-Alors le voilà !

-Merci Hikoichi ! Bon va falloir que je rentre, il commence vraiment à se faire tard ! Encore désolé pour le dérangement !

Hikoichi secoua la tête !

-Pas de problème ! C’était bien la moindre des choses !

Son capitaine s’éloigna avec un dernier signe de la main auquel il répondit avec enthousiasme.

**************

Hikoichi bailla bruyamment devant la soupe miso et l’œuf au plat qui lui servaient de petit déjeuner. Il pouvait se le permettre, il était seul à la maison. Comme tous les dimanches matins, ses parents étaient partis en balade et ne rentreraient certainement pas avant le début de l’après-midi, voire en fin de journée si le beau temps se poursuivait. Il avala une cuillérée et retint un nouveau bâillement. Il se demanda pourquoi il s’était levé aussi tôt et se souvint que lorsqu’il avait ouvert les yeux un peu plus tôt, le soleil inondant sa chambre lui avait semblé parfait pour passer la journée au grand air, tout d’abord un petit footing matinal, puis peut être un petit entraînement. Vitesse et technique… il avait commencé à y travailler depuis quelques jours !

Il terminait de rincer son bol lorsque la sonnerie retentit. Qui cela pouvait-il bien être à cette heure ? Il décrocha l’interphone.

-Oui ?

La voix qui lui répondit le fit sursauter de surprise.

-Hikoichi ? C’est Uozumi !

-Uozumi ? ? ? Qu’est ce que tu fais là ?

-Je comptais m’entraîner aujourd’hui mais je n’ai pas de partenaire alors je me demandais si tu ne serais pas intéressé ! Je pourrais te faire travailler tes points faibles !

Hikoichi se retint à grand peine de bondir de joie. Uozumi avait envie de s’entraîner avec lui ! Il ne s’était jamais senti aussi flatté de sa vie !

-Je… je ne suis pas prêt mais… attends je t’ouvre !

Il raccrocha l’interphone et bondit vers la porte d’entrée qu’il ouvrit avec enthousiasme. Il se retrouva le nez contre le torse de Uozumi, vêtu d’un survêtement noir, qui l’observait un sourire aux lèvres.

-Joli pyjama, commenta-t-il simplement.

Hikoichi se sentit devenir écarlate. Il avait complètement oublié qu’il portait le pyjama à petites souris multicolores que sa grand-mère lui avait offert à son dernier anniversaire.

-Je… je, bafouilla-t-il. Rentre, installe-toi sur le canapé je vais me changer.

Et il remonta dans sa chambre à toute vitesse sans même se soucier de savoir si son capitaine suivait effectivement ses directives.

Uozumi se déchaussa en retenant son fou rire. Hikoichi avait un côté parfois… enfin souvent… fatigant mais sa nervosité et son enthousiasme inimitables lui donnaient un côté quelque peu folklorique qui lui valait la sympathie des autres joueurs. Uozumi n’y dérogeait pas. Hikoichi était peut-être encore un joueur assez médiocre mais sa volonté de bien faire était suffisante pour avoir donné au capitaine de Ryônan l’envie de le supporter. Le petit avait un bon potentiel et il méritait largement qu’on l’aide à le développer.

Comme on le lui avait ordonné, Uozumi s’installa dans le salon pour attendre le retour de son coéquipier. C’est un salon ordinaire, un canapé, un fauteuil, une télévision sous laquelle avaient été installés console et magnétoscope, des cassettes vidéos qui s’empilaient dans un coin, des cadres aux murs représentant un paysage européen, une jeune fille jouant du piano et… Uozumi laissa échapper un gloussement… il s’agissait sans aucun doute de Hikoichi enfant. Il n’avait quasiment pas changé, les mêmes oreilles décollées, le même sourire quasi niais, seule la coupe au bol apportait une pointe de différence. Uozumi se mordit la lèvre inférieure pour ne pas rire. Hikoichi avait en effet le don de toujours le mettre de bonne humeur mais il ne voulait surtout pas se moquer de lui.

 

Au bout de cinq minutes, celui-ci revint. Il avait troqué son pyjama à souris contre un petit short blanc et un T-shirt Nike dont le logo ornait la poitrine. Il portait une veste sous le bras, sans doute en prévision de la fin de journée et un petit sac d’où dépassait une bouteille et qui devait aussi certainement contenir son précieux cahier.

-Je suis prêt ! déclara-t-il. On peut y aller !

Uozumi se leva et lui donna une grande tape amicale dans le dos.

-Alors j’espère que tu es prêt à souffrir !

Hikoichi éclata de rire.

-Ca sera avec plaisir.

 

Il commencèrent par un jogging qui les mena jusqu’à la plage (nda : je ne sais pas s’ils habitent à côté d’une plage mais on va faire comme si…). Uozumi dut plusieurs fois accélérer son rythme pour se mettre à celui de Hikoichi. Ce dernier était rapidement, avait une bonne endurance et n’était presque pas essoufflé lorsqu’ils s’arrêtèrent devant les flots calmes de l’océan. A cette époque de l’année, malgré le grand soleil, il faisait encore un peu frais et seuls quelques téméraires goûtaient au plaisir de la natation. Uozumi fit quelques étirements.

-Alors, pas trop fatigué Hikoichi ?

-Pas du tout ! C’est la grande forme ! s’exclama celui-ci, imitant les gestes de son capitaine.

-Tant mieux ! Ca te dirait une petite course dans le sable ? Rien de tel pour te muscler les cuisses !

-Ca marche ! Le premier au phare a gagné ?

-Ca me va, répondit Uozumi en s’élançant immédiatement.

-Hey ! Tu triches ! Attends !

Hikoichi se jeta à sa suite, ses courtes jambes moulinant aussi vite que possible pour rattraper le géant qui prenait de l’avance. Il était sur le point d’y parvenir lorsqu’ils arrivèrent à la ligne limite du phare. Tous deux s’écroulèrent sur les rochers de la jetée, épuisés.

-Bon dieu qu’est ce que tu cours vite quand tu t’y mets ! s’exclama Uozumi, à bout de souffle.

-J’aurais gagné si tu n’avais pas triché ! se plaignit Hikoichi.

-Je ne crois pas…

-Et pourquoi ça ?

-Tu n’aurais pas été aussi motivé si tu avais été en tête !

-Parce que tu crois que ça ne motive pas pour courir vite d’avoir un type comme toi sur les talons !

Uozumi leva un épais sourcil.

-Ca veut dire quoi ça ?

Hikoichi éclata de rire.

-Rien ! Absolument rien !

Uozumi lui donna une claque derrière les oreilles.

-Aieuh !

-Ca t’apprendras à manquer de respect à ton capitaine !

Mais le grand sourire qu’il arborait démentait le ton outré qu’il tentait de prendre.

Quelques minutes plus tard, les deux garçons étaient à nouveau debout et en pleine forme.

-Tu me laisses ma revanche ? lança Hikoichi.

-D’accord. Le premier arrivé à notre premier point de départ l’emporte.

Et à peine eut il terminé sa phrase qu’il démarra. Mais cette fois ci, Hikoichi ne se laissa pas surprendre. Ah, Uozumi voulait jouer à ça ! Il allait voir !

Hikoichi mit toute son énergie pour dépasser son concurrent et au moment où il allait prendre la tête, laissa son pied s’égarer sur le côté. Le capitaine de Ryônan butta tout contre, tenta de rattraper son équilibre pendant deux ou trois pas mais le poids de son grand corps finit par le faire chuter le sable détrempé, là où venait mourir les vaguelettes de l’océan.

Hikoichi s’arrêta soudainement, les mains devant la bouche. Il n’avait pas prévu que son compagnon tomberait dans l’eau ! Il se précipita pour l’aider à se relever.

-Ahhh ! ! ! ! Uozumi ! Je suis désolé !

Uozumi se redressa, trempé jusqu’aux os et jeta un regard mauvais à Hikoichi.

-Ca… tu vas me le payer !

Il attrapa la main que Hikoichi lui tendait et le tira vers lui. Hikoichi poussa un cri de surprise et ferma les yeux, entendant le moment du choc avec l’eau froide… moment qui tardait incroyablement à venir. Timidement, il ouvrit un œil et s’aperçut que la puissante main d’Uozumi le maintenant à quelques centimètres seulement de la surface.

-T’as eu peur hein !

-Ce… ce n’est pas drôle ! bafouilla Hikoichi en se dégageant pour retourner sur une portion de sable où il serait en lieu sûr.

Uozumi éclata de rire et se releva, dégoulinant. Hikoichi poussa un soupir de soulagement. Heureusement qu’il n’avait pas réellement mis son capitaine en colère parce qu’il aurait pu avoir de très gros ennuis !

-Je suis désolé Uozumi, je ne pensais pas que…

Uozumi lui ébouriffa les cheveux.

-Bah, ce n’est pas bien grave, avec le soleil qu’il fait aujourd’hui, ça ne mettra pas longtemps à sécher.

Uozumi retira sa veste, son T-shirt, dévoilant son large torse qu’ornaient quelques poils bruns, et son pantalon de survêtement et étala le tout bien consciencieusement sur le sable sec. Il ne portait plus qu’un simple short humide qui lui collait à la peau (nda :je vous en prie tout le monde, ne vomissez pas, je sais qu’il est très laid mais tant pis, faut faire avec !) et s’assit à même le sol, laissant les rayons du soleil le réchauffer un peu. Hikoichi s’installa à ses côtés.

-Je suis…

-Je sais, tu es désolé ! Tu ne vas pas le répéter cinquante fois non plus. Après tout je le méritais… presque. En tout cas, on est maintenant sûr d’une chose, la vitesse, tu l’as ! Il faut désormais améliorer tes réflexes et ta technique. On travaille là-dessus cet après midi ?

Hikoichi hocha la tête avec véhémence.

-Tu veux encore t’entraîner avec moi ? J’en suis bien content !

Uozumi soupira et s’allongea sur le sable chaud. Ils passèrent la demi-heure suivante en silence, Uozumi somnolant et Hikoichi grattant allez savoir quoi d ans son cahier. Puis Uozumi se redressa.

-Le premier côté doit être sec, expliqua-t-il à Hikoichi qui lui jetait un œil interrogatif.

Il tâta ses vêtements, trouva la première face sèche et chaude et les retourna.

-Voilà, encore une petite demi-heure et on devrait pouvoir y aller. Ca te dirait de manger un morceau avant qu’on continue l’entraînement ?

-Bonne idée ! On n’aurait qu’à prendre un truc au resto de la plage, c’est moi qui t’invite, pour me faire pardonner de… tout ça !

-Bah, ne raconte pas n’importe quoi ! C’est plutôt moi qui devrais te l’offrir, pour te remercier d’avoir gardé mes courses l’autre jour.

Hikoichi réfléchit quelques secondes.

-Alors, disons qu’on est quitte !

-Ca me va, conclut Uozumi.

La discussion se poursuivit pendant les trente minutes suivantes, chacun racontant à l’autre comment lui était venu sa passion du basket, quels étaient ses joueurs et ses équipes favorites. Finalement, lorsque les vêtements de Uozumi furent secs, ce dernier se leva, épousseta le sable qui lui collait aux cuisses et se contorsionna pour se débarrasser de celui qui couvrait ses larges épaules et son dos.

-Attends, j’vais t’aider, l’interrompit Hikoichi.

Il se leva et se plaça derrière son capitaine. De ses petites mains, il frotta énergiquement les omoplates de son ami en poussant un sifflement admiratif.

-Qu’est-ce que tu es musclé !

Uozumi sourit, c’était vrai qu’il avait une carrure assez exceptionnelle, surtout pour un japonais.

-Tu sais c’est aussi beaucoup de travail !

-Tu fais de la musculation ? interrogea naïvement Hikoichi.

-Bien sûr ! Tout sportif se doit d’en faire un peu ! (nda : genre l’auteur s’y connaît)

-Vraiment ? J’en prends bonne note !

Le capitaine de Ryônan hocha la tête.

-Je te montrerai quelques exercices simples pour te faire commencer si tu veux.

-Oh oui !

-Tu sais, si je n’avais pas travaillé autant, j’aurai sûrement été aussi grand mais plus avec un gabarit à la…

Uozumi réfléchit quelques secondes à un joueur pouvant rivaliser avec lui par la taille mais au physique bien plus fin… Akagi ça n’allait pas… Maki, même pas la peine d’y penser…

-… Hanagata ! conclut-il finalement. (nda : bouh, ça me fait mal de comparer mon Nanagatachou avec Uozumi !)

-Ah ! se contenta de répondre Hikoichi.

Puis au bout de quelques secondes :

-Dis Uozumi, c’est vrai ce qu’on raconte sur Hanagata ?

Uozumi attrapa son pantalon et se retourna va Hikoichi.

-Qu’est ce qu’on raconte sur Hanagata ?

Hikoichi vira soudainement à l’écarlate.

-Ben… tu sais bien… bafouilla-t-il, sur lui et Fujima… que… enfin qu’ils…

-Qui est-ce qui t’a raconté des choses pareilles ?

Le visage de Hikoichi prit un pourpre presque inquiétant.

-C’est… Koshino… lâcha-t-il dans un souffle.

Uozumi soupira. Non mais quelle concierge celui là aussi ! Il enfila son T-shirt et posa la main sur l’épaule de Hikoichi.

-Ecoute, je ne sais pas si toutes les rumeurs sont vraies ou pas et pour être honnête, je n’en fiche complètement. Hanagata et Fujima sont deux excellents joueurs et c’est tout ce qui m’intéresse ! Après ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire, ce n’est pas mon problème. Pourquoi ? Ca te travaille ?

Hikoichi secoua la tête énergiquement.

-Non, pas du tout ! Je me demandais, c’est tout ! Juste pour savoir quoi !

Uozumi éclata de rire devant la gêne du jeune homme.

-Allez viens, on va manger !

 

Ils passèrent une excellente fin de journée. Uozumi mangea comme quatre, Hikoichi se sentant rassuré de n’avoir finalement pas à l’inviter, puis ils trouvèrent un terrain libre où ils passèrent tout l’après-midi, le géant négligeant même son propre entraiment pour entièrement se consacrer à celui de son ami. Ils se séparèrent en se promettant de remettre ça au week-end prochain.

Hikoichi rentra chez lui épuisé mais ravi. Il ne savait pas que son capitaine pouvait être aussi sympathique, amical et même drôle. La douleur qu’il sentait dans ses abdominaux étaient sans doute autant due aux impitoyables exercices auxquels Uozumi l’avait soumis qu’aux crises de fou rire dont ils avaient été pris tout l’après-midi. Il ouvrit son cahier et y nota la totalité des conseils et des remarques qu’il avait pu lui faire. En fait, il n’avait qu’une envie, c’était d’arriver au week-end prochain pour de nouveau s’entraîner seul avec Uozumi. Dans la semaine, avec toute l’équipe, ce n’était pas la même chose, il n’y avait pas cette incroyable complicité qu’ils venaient de se découvrir. Il soupira. Cela allait sans doute être la semaine la plus longue de toute sa vie !

****************

Finalement les week-ends s’enchaînèrent à une vitesse incroyable. Tous les dimanches matins, le même rituel recommençait, Uozumi venait cherchait Hikoichi de bonne heure, ils passaient la matinée à courir sur la plage, puis déjeunaient ensemble avant de jouer au basket tout l’après-midi. Hikoichi avait l’impression de n’avoir jamais progressé aussi vite de sa vie et l’entraîneur de Ryônan avait également noté à quel point son niveau s’était amélioré au court des dernières semaines. Cela, il le devait bien évidemment à son capitaine, qui avait su lui indiquer quels points travailler et comment le faire. Même Sendoh l’avait félicité et Hikoichi avait manqué de s’évanouir de bonheur. Pourtant, l’ambiance depuis quelques temps était plutôt tendue, un match amical contre Shôyô approchait à grands pas et Ryônan était bien décidé à remporter la victoire. Le temps d’entraînement en cette dernière semaine avant la rencontre avait presque doublé et chaque soir Hikoichi rentrait chez lui exténué.

**************

Enfin le samedi arriva. Comme tous les matins de match, Hikoichi bondit de son lit comme s’il était monté sur ressort. Il était tellement excité ! Cette rencontre promettait d’être de très haut niveau et Uozumi n’avait parlé que de ça le dimanche précédent. Il avait réellement envie de le remporter ce match ! Shôyô était une excellente équipe, composée de joueurs réellement doués dont Kenji Fujima et Tohru Hanagata n’étaient sans doute pas des moindres. Hikoichi sentit ses joues rosir en repensant à ces deux là. Il se souvenait de ce que lui avait dit Uozumi mais il était sûr et certain qu’il n’allait pas pouvoir s’empêcher de se poser des questions tout au long du match… et Koshino allait en plus certainement en rajouter une couche ! Avant que ce dernier ne lui en parle, Hikoichi n’aurait jamais pu imaginer que deux joueurs puissent… oh lala, mais à quoi était-il donc en train de penser ! Ce n’était pas sain du tout ! Après tout, il était d’accord avec Uozumi, chacun faisait ce qu’il voulait ! Oui mais quand même… Il se frotta énergiquement la tête pour se remettre les idées en place. Le basket était important ! Le basket et seulement le basket ! Seule la technique de Fujima et Hanagata l’intéresserait aujourd’hui ! Le reste on s’en fichait ! Il ne put tout de même pas retenir un sourire en repensant à toutes les filles qu’il avait entendu dire qu’elles viendraient voir le match juste pour le beau Kenji… si elles savaient ! Savaient quoi d’ailleurs ? Ce n’était que des rumeurs ! Il devait se concentrer sur le match !

Il fourra un cahier tout neuf dans son sac, cette rencontre le méritait bien, et prit le chemin du gymnase.

****************

Le match avait bien tenu toutes ses promesses. Les joueurs avaient été éblouissants. Sendoh et Uozumi s’étaient surpassés mais même eux avaient eu du mal à marquer, les bras immenses d’Hanagata semblant capables d’attraper tous les ballons. La première mi-temps avait été extrêmement serrée mais finalement Ryônan en était sorti en tête. En seconde période, Shôyô avait finalement sorti son joker, la star Kenji Fujima et avait rapidement reprit l’avantage.

Hikoichi grattait frénétiquement son cahier, il y avait tellement de notes à prendre dans ce match ! Il n’avait même pas eu le temps de trop se préoccuper du cas d’Hanagata et Fujima. Et puis avec Koshino jouant depuis le début, il n’y avait eu personne pour le lui rappeler.

Il ne restait plus que quelques minutes de jeu et tous les joueurs commençaient à montrer des signes de fatigues. Le regard de Uozumi était inquiet, Ryônan était encore mené et s’ils ne faisaient pas rapidement quelque chose, ils allaient être battus. Hikoichi lui cria alors un mot d’encouragement et le capitaine se tourna vers lui en souriant. Oui, ils allaient le gagner ce match !

La partie reprit sans que Ryônan ne parviennent à combler les quatre points qu’il lui manquait, mais au moins Shôyô n’avait pas creusé l’écart. Hikoichi se sentait tendu, nerveux. Ryônan avait vraiment du mal à présent à suivre le rythme de Shôyô. Seul Sendoh et Uozumi semblait encore en état, les autres soufflaient et même Koshino…

-Monsieur ! s’exclama Hikoichi en secouant l’épaule de son entraîneur qui poussa un soupir fatigué, mais fatiguéééé, pourquoi fallait-il toujours que Hikoichi s’assied à côté de lui ?

-Qu’est ce qu’il y a encore Hikoichi ?

-Koshino ! On dirait qu’il boite légèrement !

L’entraîneur suivit pendant quelque seconde les déplacements de son joueur, puis hocha la tête.

-Ce doit être un début de crampe… Hikoichi, va t’échauffer !

-Hein ?

-Quoi ? Tu ne veux pas jouer ?

-Moi ? Mais…

-Dans ce cas là je vais demander à…

-Non ! Non ! J’y vais !

Hikoichi se leva et retira son survêtement. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Son premier match officiel ! Et contre une équipe du niveau de Shôyô en plus ! Et comble de tout, à un moment crucial ! Ses progrès avaient réellement dû impressionner l’entraîneur pour qu’il le choisisse lui plutôt qu’un autre. Il étira ses muscles par quelques mouvements de base puis on annonça le changement de joueur.

Le souffle bloqué par le trac, il entra sur le terrain sous les yeux des dizaines de spectateurs présents. En le croisant, Koshino lui donna une petite tape sur le crâne.

-Allez Hiko, ça va bien se passer !

Hikoichi hocha la tête, plus pour tenter de se rassurer que parce qu’il en était réellement convaincu. Puis la lourde main familière de Uozumi se posa sur son épaule. Il se sentit immédiatement mieux. Le géant se pencha sur lui et lui murmura à l’oreille :

-Je suis content d’enfin te voir sur le terrain ! Tu vas te détendre et faire de ton mieux, jouer aussi bien que lorsqu’on joue ensemble et on va leur mettre la pâtée à ces prétentieux de Shôyô hein !

Hikoichi laissa échapper un timide " oui " encore peu convaincu.

-Pour me faire plaisir, ajouta ensuite Uozumi.

Cette fois ci, Hikoichi opina vigoureusement et se tourna vers Uozumi en souriant.

-D’accord !

Le jeu reprit. Hikoichi mit quelques dizaines de secondes à trouver ses marques mais en repensant aux conseils de Uozumi, il parvint à chiper la balle au célèbre Kenji Fujima. La salle poussa un " oh " de surprise et Fujima lui jeta un regard furieux qui seyait bien mal à ses yeux si bleus. Mais Hikoichi n’avait guère le temps de s’en préoccuper, il fallait au plus vite qu’il se débarrasse du ballon avant qu’on ne le lui prenne. D’un œil désespéré, il chercha la présente réconfortante de Uozumi mais malgré tous ses efforts, le capitaine de Ryônan ne parvenait pas à se démarquer. Une voix amie cria alors son nom ! Sendoh ! Hikoichi se tourna vers son équipier et lui lança la balle au moment même où Fujima tentait de la récupérer. Elle atterrit pile dans les mains du numéro 7 de Ryônan qui, avant que Hanagata n’ait le temps de faire quoique ce soit, tenta le tire. Trois points !

Immédiatement Uozumi se tourna vers Hikoichi et lui adressa un sourire de félicitation.

Ryônan n’était maintenant plus qu’à un point de Shôyô mais il ne restait plus que quelques secondes de jeu. La balle était pour Shôyô. Les attaquants allaient vite et étaient habiles. Le ballon arriva de nouveau dans les mains de Fujima qui tira. Uozumi intercepta la balle et la lança à Sendoh. Sendoh perça la défense et se retrouva face au panier et à l’immense Tohru Hanagata qui n’avait pas la moindre intention de le laisser passer. Les deux hommes luttèrent quelques secondes mais un des grands bras de Hanagata se glissa sous celui de Sendoh et frappa le ballon. Hikoichi, qui avait parfaitement suivit l’action en regrettant de ne pas avoir son cahier de notes à portée de main, se précipita et récupéra la balle. Il s’apprêtait à tirer lorsque l’arbitre siffla la fin du match. (nda : et l’auteur souffla de soulagement… pasque qu’est ce que c’est dur de raconter un match quand on n’y connaît rien… d’ailleurs désolée si j’m’ai planté dans les règles du basket !)

Hikoichi poussa un cri de protestation. Ca ne pouvait pas être déjà fini ! Il avait à peine eut le temps de jouer et il avait la possibilité de faire gagner Ryônan ! Il tourna la tête de droite à gauche et vit les joueurs qui commençaient déjà à se serrer la main. Il laissa tomber le ballon, la tête basse. Uozumi s’avança alors vers lui. Le capitaine semblait bien évidemment déçu mais lui souriait néanmoins.

-Hikoichi, murmura Uozumi.

Le géant le prit dans ses bras. Il était trempé de sueur mais Hikoichi s’en fichait pas mal. Il lui rendit son étreinte, le cœur quelque peu affolé.

-Tu as très bien joué Hikoichi. Je suis vraiment fier de toi.

-Mais…

-Allez, ce n’est pas grave ! On les aura la prochaine fois !

Hikoichi hocha la tête. Tous deux se séparèrent et Uozumi lui posa amicalement une main sur l’épaule pour le guider vers les autres joueurs qui s’étaient rassemblés au centre du terrain pour discuter un peu.

-Hikoichi ! s’exclama Sendoh en lui donnant une grande tape dans le dos, tu t’es super bien débrouillé ! Bravo !

Hikoichi rougit.

-Merci Sendoh.

-C’est vrai Hikoichi ! rajouta Koshino.

-C’est dingue les progrès que tu as pu faire, enchaîna un autre de ses partenaires.

Même l’entraîneur hocha la tête en souriant.

-Merci tout le monde ! Je vais finir par ne plus savoir où me mettre.

-Aida ? l’appela une voix qu’il ne connaissait pas.

Il se retourna pour se retrouver face à face avec Kenji Fujima qui… qui lui souriait oui !

-Bravo, jolie fin de match, se contenta de commenter le capitaine de Shôyô.

Puis il tourna les talons et prit la direction des vestiaires à l’entrée desquels l’attendait Hanagata. Hikoichi sentit ses joues s’empourprer une nouvelle fois mais pas pour les mêmes raisons que précédemment.

-Tu vois je te l’avais bien dit, chuchota Koshino à son oreille.

-Mais tu es vraiment sûr que…

Les lourdes mains de Uozumi s’abattirent sur leurs crânes.

-Ca suffit les commérages ! Tous à la douche !

***************

Le lendemain matin, Hikoichi s’éveilla perclus de courbatures. Le match n’avait pas été physiquement épuisant à ce point là mais la seule tension qu’il avait pu accumuler avait suffit à complètement le vider.

Il se traîna jusqu’à la cuisine où comme toujours sa mère lui avait laissé un petit mot et de quoi manger. Mollement, il remplit un bol de soupe qu’il avala sans entrain. D’accord le match d’hier avait été un genre de victoire pour lui et lui avait permis de faire ses preuves mais Ryônan avait tout de même perdu et malgré toutes ses belles paroles, Uozumi devait être extrêmement déçu. Il s’était entraîné tellement dur pour battre Shôyô ! D’ailleurs, après qu’ils se soient tous changés, il était rapidement rentré chez lui avec à peine un mot d’au revoir pour ses coéquipiers. Hikoichi se demandait même s’il allait comme d’habitude passer pour leur entraînement dominical. D’un côté, son corps lui faisait tellement mal qu’il ne le souhaitait pas vraiment mais de l’autre… ce dimanche allait lui sembler tellement long sans la présence de Uozumi !

C’est à ce moment là que la sonnette retentit. Hikoichi sursauta puis bondit vers l’entrée, sans même utiliser l’interphone. Il ouvrit la porte pour se trouver comme à son habitude face au torse de Uozumi sauf que… sauf que cette fois ci Uozumi ne portait pas de survêtement, simplement un jean et un t-shirt.

-Salut Hikoichi, lui lança son capitaine.

-Euh… bonjour Uozumi.

-Je peux entrer ?

-Hein ? Oh oui bien sûr !

Hikoichi se dégagea rapidement de l’entrée et guida Uozumi dans le salon après que ce dernier se fut déchaussé. Tous deux s’assirent sur le canapé et Hikoichi lança un regard interrogateur à son ami.

-Pas d’entraînement aujourd’hui ? demanda-t-il d’une voix incertaine.

Uozumi secoua la tête.

-Dis, tu ne crois pas qu’on peut un peu se reposer de temps à autre non ? Je trouve que l’on a fort bien joué hier malgré notre défaite, et toi tout particulièrement. Je pense que tu mérites une petite récompense…

Hikoichi rougit. Où est-ce que Uozumi voulait en venir ?

-Tu aimes les parcs d’attraction ? interrogea contre toute attente le capitaine de Ryônan.

Hikoichi ouvrit des yeux ronds et opina avec enthousiasme.

-J’adore ça !

Uozumi éclata de rire.

-Je m’en doutais. J’ai deux passes pour Family Land, ça te tente ?

Hikoichi poussa un cri enthousiaste.

-Je vais me changer et j’arrive ! Tu m’attends hein !

-Oh, ça, ne t’inquiète pas, je ne bouge pas d’ici.

Et il suivit du regard son coéquipier qui gravissait quatre à quatre les marches de l’escalier. Uozumi ne savait pas trop comment lui était venue l’idée du parc d’attractions mais aujourd’hui, peut être à cause de la défaite de la veille, il n’avait pas trop envie de jouer au basket. Malgré cela, il avait eu très envie de passer la journée en compagnie de Hikoichi alors le parc ou autre chose…

Ce dernier revint quelques minutes plus tard, tout comme lui vêtu d’un jean et d’un t-shirt. Avec l’été approchant à grands pas, il faisait de plus en plus chaud et toute veste semblait à présent devenu superflue.

-Alors, on y va ! lança-t-il gaiement.

Uozumi lui passa la main autour de l’épaule et ils se dirigèrent vers la sortie.

La journée était magnifique, le soleil resplendissait et même la musique d’ambiance du parc ne parvenait pas à couvrir le chant des oiseaux. Il faut dire qu’une immense volière pleine de perruches multicolores se dressait à l’entrée de Family Land. Hikoichi s’arrêta en extase devant, comme un gamin. Il arborait un immense sourit ravi qui s’était de la même façon étendu à Uozumi.

-Tu aimes les animaux ? interrogea ce dernier.

Hikoichi hocha la tête en continuant de sourire comme un benêt. Il semblait avoir régressé de dix ans au moins. Enfin, comme ça, il ne dépareillait pas d’avec tous les autres gosses qui courraient tout autour d’eux, en prenant tout de même bien garde d’éviter Uozumi. Celui ci en avait l’habitude, les enfants étaient toujours ceux qui étaient les plus effrayés par son allure hors du commun.

-Ils ont un couple de lions blancs à ce que j’ai entendu dire, ça te tente d’aller les voir ?

Enfin, c’était même plus que ce qu’il avait entendu dire, le lion blanc était le symbole même du parc. Mais cela importait peu… tant que ça faisait plaisir à Hikoichi !

-Oui ! Je veux ! Rho, j’aurai du prendre mon cahier !

Uozumi leva un sourcil.

-Pourquoi faire ?

-Pour y noter tout ça voyons !

-Evidemment…

Uozumi ouvrit le plan qu’on lui avait remis à l’entrée et chercha la cage des fauves. Ah, ils n’étaient pas très loin, autant y aller maintenant ! Il attrapa Hikoichi par le bras pour le détourner des perruches.

-Viens, c’est par-là.

Tous deux s’enfoncèrent dans les allées bondées. Deux minutes plus tard, ils touchèrent au but. C’était l’heure du repas des bêtes et un attroupement s’était formé devant la cage. Pour Uozumi, pas de problème, il faisait facilement une tête de plus que tout le monde mais Hikoichi sautillait d’un pied sur l’autre en grognant.

-J’vois rien ! se plaignit-il soudainement.

Le capitaine de Ryônan soupira. Non mais quel sale gosse ! Bah, après tout c’était surtout pour lui qu’ils étaient venus jusque là alors… Uozumi s’agenouilla.

-Grimpe ! ordonna-t-il.

-Hein ?

Hikoichi le regardait avec des yeux comme des soucoupes.

-Grimpe sur mes épaules je te dis !

-T’es sûr ?

-Ecoute, je préfère avoir ton poids plume sur le dos que de t’entendre gémir ! Alors vas-y !

Hikoichi passa ses jambes autour du cou de Uozumi avec un peu d’appréhension. Il ne s’était livré à ce type d’exercice depuis qu’il était enfant et que son père le portait ainsi lorsqu’ils se rendaient à un événement quelconque. Son capitaine lui attrapa les chevilles pour ne pas qu’il tombe et lui même posa les mains dans la courte chevelure brune.

-Attention, je me relève, prévint Uozumi.

Hikoichi s’éleva soudainement de presque deux mètres.

-Whaouh ! s’exclama-t-il.

-Tu vois mieux maintenant ?

-Carrément ! C’est terrible cette hauteur ! J’ai l’impression de pouvoir observer tout le parc !

Il éclata de rire.

-Arrête de t’agiter dans tous les sens, tu vas tomber !

-Désolé.

Uozumi sourit. Il sentait au ton de sa voix que Hikoichi n’était pas désolé du tout mais quelle importance ! Il raffermit son emprise sur ses chevilles.

-Alors tu les vois maintenant ?

-Quoi donc ? interrogea Hikoichi, qui ne cessait de regarder à droite et à gauche comme s’il découvrait le monde pour la première fois.

-Les lions !

-Ah oui ! Qu’est ce qu’ils sont impressionnants ! Presque autant que toi ! Mais la façon dont ils mangent est répugnante…

-Presque autant que moi ? interrogea Uozumi.

Hikoichi arrêta de rire.

-Qu’est ce que tu racontes ! Tu n’es pas répugnant !

-Ca me fait plaisir de te l’entendre dire !

-Idiot ! s’exclama Hikoichi en lui tirant les cheveux.

-Aieuh ! Bon, qu’est ce que tu veux faire maintenant ?

Hikoichi sembla y réfléchir quelques secondes et frappa des mains comme s’il avait eu l’idée du siècle, geste qui manqua de faire basculer en arrière. Uozumi lâcha alors l’une de ses chevilles pour l’attraper par la main et l’aider à se redresser.

-Je t’avais bien dit de ne pas t’agiter autant !

-Désolé !

-Bah, c’est pas grave.

A regret, Uozumi abandonna la main de Hikoichi pour de nouveau le tenir par les jambes.

-Alors, je veux… faire le tour du parc sur tes épaules !

-Tu veux qu’on ait l’air ridicule c’est ça ?

Hikoichi haussa les épaules.

-Tout de suite ! Je veux juste découvrir le monde sous un angle nouveau et…

-Et ?

Hikoichi secoua la tête.

-Rien, laisse tomber.

Il laissa ses doigts jouer avec les mèches de son capitaine.

-Bon, soupira ce dernier, allons-y !

 

Finalement après la balade, les manèges divers et les glaces, Uozumi raccompagna Hikoichi chez lui. Il pouvait sans se tromper affirmer qu’ils avaient tous deux passé une excellente journée. A ses côtés, Hikoichi riait encore de la frousse qu’il avait eu dans les montagnes russes ou de la gamelle qu’il s’était prise en descendant du train fantômes. Uozumi était bien moins dissipé que lui mais tout aussi heureux. Un sourire satisfait paraît son visage habituellement si rude. Bizarrement, le caquetage incessant de son compagnon l’apaisait plus qu’il ne lui portait sur les nerfs. Puis il arrivèrent à destination et se plantèrent face à face devant la grille d’entrée, la tête basse, dans un silence qui dura quelques secondes.

-Bon, c’est là que je te laisse, constata Uozumi.

-Oui.

-Ben, alors j’y vais.

-Oui.

-Euh… de toute façon je te vois demain avec l’équipe hein !

-Oui.

-Et puis dimanche prochain on reprend notre entraînement personnel.

Le visage de Hikoichi se fendit d’un sourire.

-Oui.

-J’espère que tu as passé une bonne journée.

-Oui, excellente, merci.

-Ben moi aussi.

-Ca me fait plaisir.

-Pas autant qu’à moi.

-Je suis sûr que si.

-Pas moi.

-Moi si.

-Tsss, sale gosse.

-Oui.

-Euh… Ben cette fois j’y vais vraiment alors.

Hikoichi baissa la tête.

-Alors à demain.

-D’accord à demain.

-Euh… Uozumi ?

-Oui ?

-Tu sais dans deux semaines c’est les vacances et… euh…

Hikoichi rougit légèrement mais dans la pénombre Uozumi ne le remarqua pas.

-Oui ?

-Et bien je… je me demandais, si tu es libre bien sûr, si on pourrait pas continuer à s’entraîner ensemble…

Uozumi laissa échapper un soupir déchirant.

-Crois-moi, ça serait avec grand plaisir, réellement mais… ma famille part dans le sud, chez ma grand-mère et… ils veulent que je vienne avec eux…

Uozumi avait bien évidemment tenté d’y couper mais il n’y avait pas eu moyen de convaincre ses parents.

-Oh…

Hikoichi paraissait déçu… et un peu triste aussi.

-Ben tant pis alors… Tu seras absent combien de temps ?

Uozumi grimaça.

-Trois semaines il me semble.

-Tant que ça !

Le capitaine opina.

-Je vais essayer de rentrer avant mais je ne peux rien te garantir.

-Bah, c’est pas grave, c’était juste au cas ou.

-Désolé.

Hikoichi ne répondit pas.

-Bon, ben, cette fois je dois vraiment y aller. A demain.

-Hum…

Uozumi parvint enfin à tourner les talons et rentra chez lui le cœur un peu lourd.

**************

Assis sous un parasol, Uozumi regardait les touristes qui poussaient des cris joyeux en plongeant dans les vagues. Il s’ennuyait ferme. Franchement, quelle idée d’aller passer des vacances au bord de la mer alors qu’il y habitait tout au long de l’année ! Mais cela ne semblait pas affecter ses parents, qui discutaient joyeusement avec sa grand-mère. Ils étaient maintenant arrivés depuis une semaine et malgré tous ses efforts, il n’était pas parvenu à les convaincre d’abréger leur séjour. Alors il souffrait en silence, enfin en semi-silence vu qu’il poussait toutes les trois minutes des soupirs à attendrir un inquisiteur espagnol. A croire que ses parents étaient plus cruels encore qu’un inquisiteur espagnol !

Il s’allongea sur sa serviette et fixa les couleurs ignoblement kitsch du parasol. C’était sans doute le parasol le plus laid qu’il ait jamais vu de sa vie, mais aussi le seul assez grand pour protéger presque entièrement son immense corps.

Il avait vraiment l’impression de passer les pires vacances de sa vie. Sa ville lui manquait, sa maison lui manquait, sa chambre lui manquait, le basket lui manquait, son équipe lui manquait, et par-dessus tout Hikoichi lui manquait. Bizarre, se dit-il, la façon dont il s’était attaché à son jeune coéquipier. Avant cela, et d’aussi loin qu’il avait des souvenirs, il n’avait jamais eu de véritables amis. Oh il avait bien des amis certes, mais personne d’assez proche pour qu’ils puissent tout partager… personne à qui il tienne assez en tout cas pour se gâcher ses vacances d’été !

Il se demanda ce que pouvait bien fabriquer Hikoichi au même moment. Sans doute se trouvait-il sur le terrain à côté de chez lui, avec son vieux ballon… seul ou jouant avec des gamins du coin. Deux semaines auparavant, lorsqu’ils s’étaient entraînés ensemble, l’ambiance avait été plutôt morose. Ils savaient qu’ils se voyaient pour la dernière fois avant une longue période. Ils avaient d’ailleurs arrêté assez tôt, n’étant décidément pas suffisamment motivés, n’osant parler des semaines à venir…

Uozumi poussa un nouveau soupir. Et les journées qui semblaient ne pas vouloir passer !

-Jun, pourquoi tu ne te cherches pas des amis ? lui demanda sa mère pour au moins la dixième fois de la journée.

-Pas envie…

-Pourquoi tu n’essaies pas de trouver un terrain de basket si ça te manque à ce point ? surenchérit son père.

-Rien à voir…

Il se leva brusquement, manquant au passage de se cogner la tête contre le bord du parasol.

-Jun, qu’est ce que tu fais ?

-J’vais me baigner.

Il traîna sa grande carcasse jusqu’au bord de l’eau, faisant au passage fuir un groupe de retraité et glousser une bande de jeunes filles. Où qu’il aille, il ne passait pas inaperçu…

L’eau était fraîche mais suffisamment supportable pour s’y baigner. Il y plongea d’un coup, espérant y laver sa morosité. Il nagea une bonne heure, la dépense physique lui faisait momentanément oublier ses soucis. Mais lorsqu’il sortit de l’eau, ses lèvres épaisses bleuies par le froid, tout le poids de son ennui lui retomba sur les épaules.

Il eut la surprise de découvrir sa famille partie et leurs affaires envolées. Seuls subsistaient son parasol, sa serviette et son sac sous lequel sa mère avait glissé un petit mot.

" Jun, nous t’avons attendu dix minutes puis nous nous sommes dit que tu pouvais rentrer tout seul. Ta grand-mère a envie d’une glace et nous partons donc pour le salon de thé, tu sais celui à côté de la mairie. Rejoins-nous là-bas, si tu ne nous y trouves pas, c’est que nous sommes rentrés. A tout à l’heure. Maman "

Uozumi plaqua sur son crâne ses cheveux mouillés et se dit qu’au moins comme ça, il aurait la paix cinq minutes. Il ferma le parasol et s’allongea, laissant le soleil réchauffer sa peau constellée de gouttelettes. Lorsqu’il fut quasiment sec, il fouilla dans son sac et en sortit un stylo et une carte postale vierge. Il l’avait achetée trois jours auparavant pour Hikoichi et ne s’était toujours pas décidé à l’écrire, les mots lui faisant défaut.

C’était une simple carte touristique, représentant une photo de la plage en été, avec ses nombreux touristes en liesse. Uozumi avait longtemps hésité sur le modèle à prendre, s’il valait mieux quelque chose d’humoristique ou de plus sage… Il avait finalement opté pour la banalité, sûr ainsi de ne pas commettre de gaffe.

Il mordilla le stylo, comme s’il s’agissait d’un rite sacré attirant l’inspiration. Qu’est ce qu’il allait bien pouvoir raconter ?

Ici, à bledpomésurmer, le soleil brille et je m’emmerde comme un rat mort…

Non, ça n’allait pas ça, trop cynique…

Salut, je passe les pires vacances de ma vie malgré le soleil qui brille….

Non, ça non plus, trop glauque…

Le soleil luit comme jamais et pourtant l’ombre plane toujours sur mon cœur…

Là, ça tournait réellement au n’importe quoi !

Finalement, il se décida pour les mots les plus sincères qui lui venaient à l’esprit, les seuls qu’il avait réellement envie de prononcer, trois tous petits mots qui résumaient pourtant son univers…

" Tu me manques "

Satisfait, il rangea ses affaires, repéra une grosse boite rouge de la poste au bord de plage et avant de perdre tout son courage, y glissa la carte. Voilà, c’était fait. Maintenant il n’avait plus qu’à retrouver sa chère famille.

 

Quelques jours plus tard, la voix de sa mère l’interrompit alors qu’il suivait avec une intention toute particulière la grimpée d’une chenille dans l’un des cerisiers du jardin…

-Jun, du courrier pour toi !

Uozumi se tourna vers elle et la trouva en train de lire ce qui pouvait être écrit sur la carte qu’elle tenait à la main.

-Hey ! protesta-t-il vivement.

Elle lui tendit la carte en haussant les épaules.

-On ne peut pas dire que tes amis soient très loquaces.

Et elle tourna les talons pour retourner aider grand-mère à la cuisine.

Uozumi regarda la carte, une bête carte de plage aussi mais avec un phare celle là…

Au dos, deux mots simplement, tracés d’une écriture fine et nerveuse, deux mots qui illuminèrent le cœur et le monde de Uozumi.

" Toi aussi "

 

Vers la partie 2

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