Kusanagi leva le nez au ciel pour admirer les pétales de cerisier que la brise douce de ce joli mois de printemps faisait voler autour de lui. Il ne put retenir un sourire. Quelle belle journée pour un rendez-vous ! Le soleil brillait sans pour autant qu’il fasse trop chaud et l’air embaumait le parfum des fleurs du parc. A cet endroit, on n’entendait plus le bruit des embouteillages de Tokyo et seul le chant des oiseaux et les rires des enfants jouant un peu plus loin étaient audibles.

Kusanagi regarda sa montre. Yuzuriha-chan avait déjà plus de dix minutes de retard, c’était tout à fait inhabituel de sa part. Kusanagi souhaitait vivement qu’il ne lui soit rien arrivé de fâcheux en chemin, elle était encore si jeune et si naïve parfois. Mais il décida malgré tout de lui faire confiance. Elle était tout de même un dragon capable de prendre sa vie en main, elle n’allait sûrement plus tarder à arriver. Ensuite, ils iraient manger une glace ensemble, se promener dans les bosquets et mille autres choses qui paraissaient bien réjouissantes à Kusanagi. Peut être finiraient-ils par une balade jusqu’à la tour de Tokyo pour admirer de là haut le coucher de soleil sur la capitale nippone.

Le militaire se surprit à rire de lui-même. Voilà qu’il versait dans le romantisme rose bonbon. Il se rappela s’être dit une fois, alors qu’il venait d’entrer dans l’armée, que le jour où il deviendrait romantique, son cousin Terada s’intéresserait aux hommes de son âge, deux choses qui bien sûr à l’époque lui avaient paru complètement impossibles. Pourtant maintenant… Il allait devoir ce soir téléphoner à Terada pour voir s’il avait abandonné son penchant pour les petites filles ! Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas pris de ses nouvelles, depuis que celui-ci était devenu professeur en fait. Kusanagi s’était toujours dit qu’il entendrait de toute façon très rapidement parler de lui par le biais de la presse qui ne manquait jamais de monter en épingle les histoires d’instituteurs un peu trop intimes avec leurs élèves. Mais finalement ce moment n’était jamais arrivé. Terada devait vraiment se montrer très discret ! Faut dire qu’il avait de l’entraînement depuis le lycée où dès la fin des cours, lui et Kusanagi se précipitaient à la sortie des autres écoles… primaire pour Terada, collège pour Kusanagi. Cela tombait bien, au moins les deux cousins étaient sûrs de ne jamais se disputer une éventuelle proie ! Kusanagi retint un éclat de rire. Oui, cela avait vraiment été une époque heureuse !

-Monsieur Kusanagi ?

Kusanagi sursauta. Il avait horreur qu’on le tire ainsi de ses pensées. Mais sa colère retomba bien vite lorsqu’il tourna la tête pour se trouver nez à nez avec le sourire béat de Yuzuriha.

-Yuzuriha-chan ! Tu es en retard ! Je commençais à me faire du souci !

Yuzuriha baissa la tête comme si le bout de ses chaussures roses Kitty Cat toutes neuves était devenu la chose la plus fabuleuse du monde…

-C’est à dire.. balbutia-t-elle en rougissant.

Kusanagi lui posa gentiment la main sur l’épaule et se pencha vers elle.

-Qu’est ce qu’il y a Yuzuriha-chan ? Quelque chose ne va pas ?

Yuzuriha leva un regard un peu gêné sur lui.

-Monsieur Kusanagi, il y a quelque chose que je dois vous dire…

Kusanagi sentit son cœur s’emballer et des pétales de cerisier lui frôler les joues.

-Que veux-tu me dire Yuzuriha-chan ? interrogea-t-il d’une voix qui s’était mise à trembler légèrement.

-Si… si je suis en retard, c’est parce que j’ai… j’ai beaucoup réfléchi et ça m’a pris du temps !

Kusanagi hocha la tête d’un geste compréhensif.

-Je voulais comprendre, poursuivit la jeune fille, pourquoi je vous appréciais autant ! Je voulais savoir pourquoi vous et pas un autre !

-Et ? l’encouragea Kusanagi plein d’espoir.

Yuzuriha prit son courage a deux mains et une grande inspiration et déclara :

-C’est à cause des poils !

" Cling " fit l’espoir de Kusanagi en se brisant.

-Pardon ? demanda-t-il d’une voix blanche.

-Oui, j’en suis sûre maintenant, c’est à cause des poils ! Vos sourcils épais, la toison qui doit couvrir votre corps, c’est exactement ça qui m’a donné envie de mieux vous connaître ! Ca… Ca… ça me rappelait mon Inuki !

Kusanagi se laissa lourdement retomber sur le banc dont il s’était levé à l’arrivée de son amie. La terre trembla légèrement et une poubelle à quelques mètres d’eux tomba au sol. Tiens, il avait brisé un Kekkai ultra-mineur, bah, au moins comme ça les autres dragons de la terre ne l’accuseraient plus de ne pas en foutre une pour leur cause. Il soupira.

-Je… te rappelle Inuki ?

-Non, non, pas vous ! Vos poils ! Mais maintenant que j’ai conscience de ça je me dis pourquoi continuer à embêter monsieur Kusanagi alors que j’ai Inuki depuis toujours et qu’il a bien plus de poils, plus longs, plus soyeux plus doux… enfin j’ai pas caressé les vôtres mais je me doute que mon Inuki est mieux entretenu ! Tous les jours je le lave avec…

Kusanagi se passe une main sur le visage, comme si cela pouvait lui permettre d’échapper à la suite du monologue. Il l’interrompit soudainement.

-Attends, attends, si je comprends bien, tu me largues pour ton chien ?

Yuzuriha lui lança un sourire à faire pâlir un soleil d’août.

-Ouuuuuiiiiiiii ! ! ! ! Bon maintenant je dois y aller ! Inuki a envie d’aller manger des glaces et d’aller à la tour de Tokyo ! Au revoir monsieur Kusanagi et bon après midi.

Et elle s’éloigna d’un pas sautillant, Inuki gambadant à ses côtés.

Kusanagi passa une main dans ses cheveux en bataille. Il s’était fait larguer pour un chien ! C’était la meilleure de la journée ça ! Quand il raconterait ça à Terada… Il se leva et décida de rentrer chez lui. Il était de fort mauvais poi… mauvaise humeur et les pétales de cerisier, les rires des enfants et le chant des oiseaux lui tapaient sur les nerfs. Au passage il attrapa d’ailleurs un petit piaf et lui arracha la tête d’un coup de dents…

-KOTORI ! ! ! hurla Kamui qui déjeunait à quelques mètres de là.

-Kamui, qu’est ce qu’il y a ? interrogea Sorata en le prenant dans ses bras pour calmer ses tremblements.

Kamui posa la tête sur l’épaule de Sorata.

-Rien. Juste une douleur fulgurante, un flash et puis plus rien… J’ai du rêver.

Sorata le regarda tendrement et effleura rapidement ses lèvres avec les siennes, puis il se recula brusquement avant qu’une mère de famille ne note la trop grande proximité des deux lycéens.

-Ca va aller Kamui, je serai toujours là pour te protéger…

-Je sais mon amour.

… il n’était pas dans ses habitudes d’être aussi cruel avec les animaux mais la douleur qui lui taraudait le cœur lui avait, l’espace d’un instant, fait perdre son calme. Enfin maintenant il se sentait mieux et le goût du sang dans sa bouche l’avait un peu apaisé. Il prit le chemin de la mairie.

En soupirant depuis au moins la deux cent douzième fois depuis son entrevue avec Yuzuriha, Kusanagi poussa la lourde porte du sous-sol de la mairie de Tokyo, là où ses compagnons devaient être en grande réunion tactique pour savoir comment contrer les plans de leurs ennemis, quels kekkais devaient par la suite être détruits pour faire triompher leur cause et devaient attendre impatiemment le grand stratège militaire qu’il était. Il entra dans la grande salle, regarda autour de lui et sentit son bel enthousiasme retomber comme un soufflet qui refroidit. Point de réunion, enfin pas au sens où il l’entendait, juste le lit de Kanoe qui s’agitait frénétiquement au rythme des ébats de ses occupants. Kusanagi n’eut aucun mal à reconnaître la voix de la liseuse de rêve, ni celle de Satsuki, qui soudainement lui semblait beaucoup plus sympathique, après tout elle avait déjà réglé une fois son compte à Inuki peut être... Mais à peine celle ci s’eut-elle fait entendre que les tentacules de Beast jaillirent d’on ne sait où. Kusanagi eut tout juste le temps de faire un saut sur le côté que ceux ci s’enfonçaient sous les voiles du baldaquin. Cette intrusion fut immédiatement suivie d’un nouveau cri, celui là oscillant entre la douleur et le plaisir et bien plus grave que les précédents.

Tiens, Yuto est là aussi, nota le militaire, sentant ses épaules s’affaisser d’un nouveau cran. Si la journée continuait ainsi, il se retrouverait avec le menton au sol avant le crépuscule… Comment allaient-ils gagner une guerre dans des conditions pareilles non mais franchement bon dieu ! Parce que maintenant, le Kusanagi, il se sentait plus que motivé pour la gagner cette guerre ! Heureusement qu’il pouvait au moins compter sur le Kamui des dragons de la terre pour l’aider ! Au moins lui, il prenait son devoir à cœur ! Mais au fait, où était-il passé ?

Kusanagi fouilla une nouvelle fois la pièce du regard sans y trouver Fuma. Il y avait bien Nataku, assis dans un coin, qui regardait les vidéos que lui avait achetées Fuma… Kusanagi s’était d’ailleurs longtemps demandé l’utilité d’acheter " ce type " de vidéo vu ce qu’il se passait toujours dans le lit à quelques mètres de là mais leur Kamui semblait trouver d’une hilarité sans fin le spectacle du pauvre biohumain ouvrant des yeux comme des soucoupes chaque fois que les messieurs sortaient leur morceau de chair alors que lui même avait beau inspecter son propre corps, rien de pareil n’y était trouvable. Nataku paraissait d’ailleurs de plus en plus intrigué et visionnait minutieusement ses vidéos avec le plus grand sérieux pour résoudre cet insondable mystère, en commençant tout de même à se demander si les gens du centre ne s’étaient pas un peu foutus de sa gueule… Kusanagi sentit son cœur se serrer. Pauvre Nataku, il lui faisait vraiment de la peine quelque part. Il lui aurait bien expliqué que de nos jours, une opération était toujours possible, preuve en était le petit ami du Sakurazukamori qui d’une femme était devenu un homme… à moins que ce soit la sœur qui d’un homme soit devenu une femme… Kusanagi n’avait jamais réussi à se décider sur ce point… même s’il penchait pour la seconde hypothèse vu la carrure actuelle du Sumeragi… en tout cas une chose était sûr, l’un des deux était un transsexuel ! Des vrais jumeaux de sexe différent, ça n’existe pas ! Il aurait bien posé la question au Sakurazukamori mais la nature un peu impulsive de ce dernier l’en avait toujours dissuadé. Enfin bref, il aurait donc bien expliqué à Nataku qu’une solution était toujours trouvable mais à quoi bon ? La fin du monde était pour dans pas longtemps et il avait juste besoin de trouver Fuma pour en discuter.

Il s’approchait du biohumain pour l’interroger lorsqu’un faible croassement se fit entendre. Kusanagi tourna la tête pour trouver une forme toute flasque, couverte de poussières et de toiles d’araignée couchée sous la grande table centrale. Kusanagi s’y glissa à quatre pattes et d’un mouchoir rose Kitty Cat que lui avait une fois offert Yuzuriha, nettoya le visage de Kakyo. Ce dernier ouvrit laborieusement les yeux et croassa de nouveau. Kusanagi lui passa un bras sous les aisselles et le tira de dessous la table avec délicatesse. Le liseur de rêve semblait sur le point de se casser au moindre geste brusque. Kusanagi le posa sur le fauteuil de Kanoe et lui apporta un verre d’eau qu’il dut lui faire boire, l’autre n’étant même plus capable de lever la main. Lorsque le yumemi eut l’air d’avoir retrouver un peu de ses faibles forces, Kusanagi le questionna.

-Mais qu’est ce que tu faisais là dessous ?

Kakyo rosit d’une façon que Kusanagi trouva délicieuse.

-C’est Fuma qui m’avait installé sur une chaise mais je suis tombé et j’ai roulé sous la table sans être capable de me relever. Je me suis dit au début que Fuma allait venir me rechercher mais apparemment, il a complètement oublié qu’il m’avait posé là…

Il prit une petite mine déconfite. Kusanagi l’aurait bien réconforté mais il n’était généralement pas à l’aise dans ce type de situation. Et puis en plus il venait de se faire larguer alors consoler quelqu’un dans son état d’esprit… Mais il ne put retenir une question.

-Ca fait combien de temps ?

-Trois jours je crois, soupira Kakyo. Mais je ne suis pas bien sûr, au bout d’un moment on perd la notion des choses. Mais d’après les repas que j’ai pu compter, ça fait trois jours…

-Quoi ? Trois jours là dessous sans manger ?

Kakyo voulut ramener une mèche gênante derrière son oreille mais poussa un soupir d’épuisement après qu’il eut réussi à soulever son petit doigt de l’accoudoir. Kusanagi le fit pour lui, notant au passage combien la chevelure blonde était douce… les toiles d’araignée avaient peut-être des propriétés capillaires ignorées.

-Si, j’ai mangé. Nataku n’est pas capable de tenir ses baguettes correctement et Fuma parle toujours la bouche pleine, alors ça laisse de quoi se nourrir sur le sol…

-Et personne n’a noté ta présence ?

Kakyo secoua mollement la tête.

-J’ai bien tenté une fois d’attirer l’attention de Yuto mais il a du croire que c’était Kanoe qui lui faisait du pied parce que cinq minutes plus tard ils étaient de nouveau au lit. Et chaque fois que je criais pour signaler ma présence, ma voix était couverte par les films de Nataku ou les trois autres !

-Mon pauvre, murmura Kusanagi plein de compassion. Au fait, tu ne saurais pas où je peux trouver Kamui ?

Kakyo ferma les yeux et plongea dans le rêve…

-Il est à l’école Clamp, dans le placard à balai du troisième étage, celui généralement utilisé par Taichirô-sensei… avec Sorata.

Kusanagi ouvrit de grands yeux.

-Qu’est ce qu’il fout dans un placard à balai avec Sorata ?

Le visage diaphane de Kakyo s’empourpra. Kusanagi réalisa alors son erreur.

-Ahhh pas ce Kamui là ! Je parle du nôtre ! Fuma quoi ! Dis donc, ça a l’air vachement cool ton pouvoir pour mater les autres !

Kakyo baissa la tête.

-Qu’est ce que vous avez besoin de mater les autres alors que vous en avez trois qui se tripotent toute la journée et un asexué qui mate des films de cul du matin au soir comme si c’était des documentaires scientifiques juste à côté ?

-Mouais… tu as raison… Et Fuma alors ?

-Je l’ai entendu passer tout à l’heure. Il était avec le Sakurazukamori. D’après ce que j’ai compris ils ont trouvé un petit chat qu’ils ont appelé Kamui-Subaru et entendent " jouer " avec toute la journée…

-Kamui-Subaru hein… Bon, je crois que je ferais mieux de ne pas les déranger alors… Je vais plutôt m’occuper de toi. Qu’est ce que tu veux manger ?

La tête de Kakyo tomba sur son torse mais Kusanagi ignorait s’il l’avait fait exprès ou si c’était juste son cou qui n’en pouvait plus de tenir sa tête en l’air.

-Kakyo ?

-Je… Je n’ai pas très faim. J’ai bien mangé ce midi. Le Sakurazukamori avait fait des pommes dauphines et Nataku n’a pas réussi à en attraper une seule correctement alors j’en ai profité. Je préférerais que vous me fassiez couler un bain. J’ai l’impression d’encore sentir les araignées qui m’ont couru dessus et les souris qui ont pris ma chemise pour une niche…

-D’accord, je vais m’occuper de ça.

Kusanagi se leva, remerciant les dieux de lui avoir donner un corps aussi robuste, pas une constitution de chiffon comme son compagnon. Il pénétra dans la salle de bain et se pencha au-dessus de la baignoire pour tourner le robinet. C’est alors qu’il constata que celle ci était tachée de sang et qu’un petit œil vert luisait tout au fond. Délicatement, Kusanagi le prit entre ses doigts épais et l’examina. De toute évidence Fuma, le Sakurazukamori et Kamui-Subaru étaient passés par-là. Avec un soupir de dépit, il jeta l’œil dans la poubelle de plastique rose framboise. Même leur leader était encore un gamin ne pensant qu’à s’amuser ! Si ça continuait comme ça, il la ferait tout seul la fin du monde ! Non mais alors !

Il rinça le tube de la baignoire et fit couler l’eau chaude. Il se demandait s’il devait y rajouter du bain moussant quand un cri apeuré se fit entendre. La voix de Kakyo ! Kusanagi sentit son cœur s’affoler et il bondit dans la pièce principale pour trouver Kakyo, de nouveau à terre, tentant de ramper pour s’éloigner de Nataku qui ne le quittait pas du regard.

Kusanagi s’interposa entre les deux hommes… enfin entre la limace et l’eunuque.

-Nataku, qu’est ce que tu fais ?

Nataku plongea son regard vide dans celui de Kusanagi et répondit d’une voix monocorde.

-Je voulais voir s’il était comme les messieurs dans mes films mais dès que je l’ai touché, il est tombé.

-Ce pervers a voulu abuser de moi ! gémit Kakyo.

Kusanagi se pencha vers lui et lui passa une main dans les cheveux.

-Il n’aurait pas vraiment abusé de toi, il n’a pas ce qu’il faut pour.

-Oui mais… mais… balbutia le liseur de rêve.

-Monsieur Kusanagi, les interrompit Nataku.

-Quoi ?

-Je peux vérifier si vous êtes comme les messieurs dans les films ?

Kusanagi se sentit devenir écarlate. Non mais pourquoi lui ? Pourquoi la fin du monde ne pouvait-elle pas se faire avec des gens normaux ou des super héros irréprochables comme dans les films à la télé… enfin les vrais films, pas ceux de Nataku… Pourquoi n’était-il pas né dragon du ciel ? Puis il pensa au placard à balai et se dit que les autres n’étaient finalement pas mieux lotis…

Alors que Nataku s’avançait, une main dangereusement placée en avant, Kusanagi l’arrêta et déclara :

-Pourquoi tu n’irais pas demander à Fuma ? Après tout c’est lui qui t’a acheté les vidéos hein !

-Fuma ? interrogea Nataku.

-Ben oui Fum… non, ton papa ! Va demander à ton papa !

Le visage de Nataku s’éclaira.

-Bonne idée !

Et il repartit dans la direction opposée. Kusanagi laissa échapper un soupir de soulagement. Au moins ce qui était pratique avec le biohumain, c’était qu’il n’était pas contrariant. Puis il se retourna, prit Kakyo dans ses bras et l’emmena jusqu’à la salle de bain déjà envahie de buée. Il posa Kakyo sur un tabouret et ferma l’eau. Il s’apprêtait à sortir lorsque la voix de Kakyo l’arrêta.

-Monsieur Kusanagi, je ne peux pas me débrouiller tout seul. Si je me lève pour me déshabiller je vais encore tomber, et si on ne me tient pas dans la baignoire je risque de me noyer… quoique je veux mourir… mais je ne peux même pas y accéder seul à la baignoire. 

Kusanagi lui adressa un sourire plein de compassion.

-Ne dis pas n’importe quoi, je vais t’aider.

Il s’approcha de Kakyo et doucement fit glisser sa longue tunique jusqu’au sol, dévoilant des épaules immaculées, encore plus douces que celles des collégiennes. Kusanagi sentit une gêne entre ses jambes. Allons bon, il n’allait pas commencer à délirer lui aussi ! Il venait de se faire larguer, il y avait de quoi calmer ses ardeurs ! Mais le corps de Kakyo paraissait si virginal…

Avant qu’il n’ait complètement perdu la raison et le contrôle de ses pulsions, Kusanagi attrapa Kakyo et le jeta littéralement dans la baignoire. Voilà ! S’il ne l’avait pas sous les yeux, ça irait. Mais un glougloutement lui fit prendre conscience de ses actes. Rapidement, il se pencha au-dessus de l’eau et en sortit la tête d’un Kakyo qui posa sur lui un regard rageur.

-Ce n’est pas gentil de me jeter comme ça ! J’aurai pu me faire mal !

-Je croyais que tu voulais mourir, fit remarquer Kusanagi, se montrant acerbe pour oublier combien le corps qu’il soutenait à bout de bras était souple et chaud.

-D’accord mais pas n’importe comment ! Et pas en me cognant la tête contre le bord d’une baignoire !

-Pff, qu’est ce que tu peux être compliq… merde !

Kusanagi venait de s’apercevoir qu’il avait trempé ses manches dans l’eau et qu’il était désormais mouillé lui aussi.

-Je suis désolé, murmura Kakyo, c’est ma faute je… hey, non c’est de votre faute en plus ! Je retire ce que je dis, je ne suis pas désolé du tout !

Kusanagi lui jeta un regard en coin.

-Finalement tu es plus mesquin que tu n’en as l’air…

Kakyo lui tira la langue et Kusanagi sentit son sexe se dresser de nouveau dans son pantalon. Vite, il allait devoir trouver une parade.

-Attention, je te lâche trente secondes.

Kakyo hocha la tête et s’accrocha aussi fermement que possible aux bords de la baignoire tandis que Kusanagi lui tournait le dos et retirait sa chemise humide. Puis il s’assit sur le tabouret et posa sa chemise sur ses genoux, pensant cacher ainsi toute trace de son désir coupable. Il tira le tabouret jusqu’à la baignoire et reprit le yumemi dans ses bras.

-Voilà, ça va aller ?

Kakyo approuva d’une petite voix, n’osant regarder son interlocuteur depuis que celui ci avait découvert son large torse viril légèrement recouvert d’une pilosité noir corbeau. Cet homme était tout ce qu’il n’était pas, grand, fort, musclé, sûr de lui… désirable…

-Je vous remercie… de vous occuper de moi. Je vous fais perdre votre temps.

Kusanagi haussa ses épaules musclées.

-Bah, de toute façon je n’avais rien d’autre à faire.

-Je croyais que vous aviez dit à Fuma que vous alliez être absent pour la journée, fit remarquer Kakyo d’une voix tremblante.

Le militaire soupira.

-C’était bien ce que j’avais prévu mais… elle m’a largué !

Kusanagi se retint bien de préciser que c’était à cause d’un chien qu’il avait été jeté par une gamine, il se serait sentit plus ridicule encore. Kakyo baissa la tête, comme si réellement attristé.

-Je suis désolé. Et moi qui vous remets ça en tête…

-J’y survivrais, le coupa Kusanagi.

-Vous… vous n’étiez pas amoureux ?

Kusanagi fit mine d’y réfléchir pendant quelques secondes.

-Je la trouvais bien mignonne mais de là à en être réellement amoureux… je ne crois pas. Je ne sais pas trop en fait.

-Ca se sait pourtant.

-Quoi donc ?

-Quand on est amoureux ! C’est tellement fort qu’on ne peut que le savoir !

Pour la première fois depuis que tous deux s’étaient rencontrés, la vie semblait animer Kakyo. Ses joues étaient colorées et ses yeux brillaient, mais pour une fois pas de larmes. Kusanagi était surpris.

-Tu as déjà été amoureux Kakyo ?

Le sourire de ce dernier se fit mélancolique.

-Oui, une fois… mais elle est morte…

Sa voix se brisa finalement dans un sanglot. Kusanagi lui prit la main avec douceur.

-Pardon, je ne savais pas… Si… si tu as besoin d’en parler, je suis là.

Kakyo agrippa son bras et se pressa contre lui.

-Ca fait tellement longtemps. Je pensais que la douleur passerait, avec le temps… mais c’est toujours en moi, ça me ronge toujours et sans répit. Elle était merveilleuse, si belle, avec des grands yeux verts rieurs, si douce, si intelligente… si drôle aussi. Pourquoi a-t-il fallu qu’il la tue…

Kusanagi prit une mine horrifiée.

-Qui ? Qui l’a tuée ? Tu veux que je la venge ?

Kakyo lui sourit tristement.

-Même si vous le vouliez, vous ne le pourriez pas, il est bien trop fort pour vous.

Bien trop fort pour lui ? Kusanagi manqua d’éclater de rire ! Qui pouvait bien être plus fort que lui à part Fuma et le Sak…

-C’est le Kasura… Zakura… Sazuka… le machin borgne qui l’a tuée, lui confirma Kakyo, apparemment ému par le souvenir.

-Ah. Répondit tout simplement Kusanagi. Il n’avait effectivement aucune envie d’aller chercher des noises à l’assassin légendaire.

-Ma pauvre Hokuto, murmura Kakyo.

Kusanagi tendit l’oreille.

-Tu as bien dit Hokuto ?

Kakyo hocha tristement la tête.

-Comme la sœur du petit ami du Sakuramachin ?

-C’était elle.

Kusanagi manqua de laisser échapper un cri de joie mais cela eut été extrêmement impoli.

-Tu peux alors peut être répondre à une question qui me ronge depuis longtemps !

-Je vais essayer, si je peux…

-C’est lequel le transsexuel ?

-Hein ?

-Ben oui quoi ! Deux vrais jumeaux pas du même sexe ! C’est forcément qu’il y en a un qui s’est fait opérer.

Le visage de Kakyo devint exceptionnellement grave et sérieux. Il n’avait jamais pensé à ça auparavant… Alors toutes ces cicatrices presque invisibles dont Hokuto lui avait dit que toutes les femmes les avaient… et lui jeune puceau naïf qui l’avait cru…

Il poussa un cri horrifié.

-Kakyo qu’est ce qu’il y a ?

-Ah, c’est horrible ! J’ai donné ma virginité à un transsexuel ! Je suis souillé !

-Mais qu’est ce que tu racontes ? Ca n’a rien de souillant de…

-Je suis souillé je te dis ! Kusanagi, je t’en prie, désouille moi !

-Hein ? ? ? ? ?

-Désouille moi ! répéta Kakyo en faisant glisser la main jusqu’à présent sur son bras entre les cuisses du militaire.

Bon ben, se dit ce dernier, puisque c’est lui qui le demande hein !

Il reposa le bras de Kakyo sur le bord de la baignoire pour ne pas qu’il s’y enfonce et retira son pantalon. Son sexe, déjà rigide depuis un bon moment, en jaillit avec fierté. Kakyo ouvrit de grands yeux. Kusanagi avait vraiment un physique… impressionnant. Le militaire s’approcha de la baignoire et il plongea un pied.

-Tu es sûr ? demanda-t-il avant d’y pénétrer entièrement.

Kakyo hocha la tête avec une vitalité surprenant. Son regard ne quittait pas le pénis de son compagnon qui se sentit rougir d’être ainsi dévoré des yeux.

-Kakyo voyons…

-Assez toi sur le bord !

C’était un ton qui ne souffrait d’aucune contrariété et en bon militaire qu’il était, Kusanagi s’exécuta. Rassemblant ses maigres force, Kakyo se redressa pour se placer entre ses cuisses. Kusanagi le soutint en lui glissant les bras sous les aisselles. Kakyo lui sourit tendrement et posa une main contre le sexe dressé.

-Tu sais… tu es vraiment différent d’Hokuto…

Sans blague, se retint de répliquer le militaire.

-… plus dans le style des hommes dans les films de Nataku… mais en mieux !

Le yumemi laissa échapper un petit rire coquin et fit courir sa langue sur l’impressionnant membre raide.

Kusanagi gémit de plaisir en regardant ce frêle visage délicat l’engloutir goulûment avec toute l’application, l’enthousiasme et la maladresse du débutant dans l’exercice. Au bout de quelques minutes, Kakyo stoppa et, épuisé, posa la tête sur la cuisse musclée de son amant.

-Je suis désolé, murmura-t-il les larmes au bord des yeux, je n’en peux plus.

Kusanagi lui sourit et le prit dans ses bras.

-Ne t’inquiète pas, tu n’auras plus d’efforts à faire je m’occupe de tout…

Kusanagi sortit de l’eau, Kakyo dans ses bras, et posa celui ci sur le petit plan près de la baignoire où reposaient généralement shampooings et savons. Il saisit un petit pot de masque capillaire démêlant appartenant sans aucun doute à Kanoe et l’ouvrit. Immédiatement l’odeur d’amande douce lui monta au nez. Il aimait bien ce parfum. Il glissa deux doigts dans le pot de crème puis dans Kakyo qui ne put laisser échapper qu’un petit soupir de surprise.

-Hey, t’endors pas quand même !

Kakyo ouvrit les yeux et sourit.

-A toi de me maintenir éveillé alors !

Kusanagi se demanda s’il n’y avait pas là une pointe de provocation, mais il était un militaire et n’avait pas l’habitude de trop réfléchir. Il préférait l’action. Il retira alors ses doigts, couvrit son sexe de masque capillaire démêlant à l’amande douce et entra en Kakyo. Ce dernier gémit de plaisir et glissant ses bras autour du cou de taureau de Kusanagi, l’encouragea à accélérer son rythme pourtant déjà bien soutenu.

Kusanagi n’en revenait pas, non seulement de l’appétit du yumemi, mais aussi du plaisir qu’il prenait à aller et venir en lui ainsi. Bien meilleur qu’avec les collégiennes, et il parlait d’expérience ! Finalement, il atteignit l’orgasme et se retira d’un Kakyo pantelant. Il se coucha sur le plan à côté de lui, prenant bien garde à ne pas l’écraser. En fin de compte, la journée se terminait mieux qu’elle n’avait commencé. Au bout de quelques minutes il fut tiré de sa somnolence par un cri de Kakyo.

-Quoi encore ? s’alarma-t-il.

-J’ai couché avec un homme, je suis souillé ! s’exclama le yumemi.

-Dis faudrait savoir si…

-Kusanagi, désouille moi !

-Hein ?

-Désouille moi !

-Mais tu viens de dire que…

-Il faut combattre le mal par le mal, récita Kakyo.

Kusanagi soupira. Heureusement qu’il avait une constitution exceptionnelle !

Kusanagi allait-il pouvoir suivre le rythme imposé par Kakyo ? Et Nataku, deviendrait-il un jour un homme un vrai ? Fuma allait-il finalement lui expliquer les mystères du sexe ? Yuto allait-il larguer Kanoe et Satsuki pour copuler joyeusement avec Beast ? D’ailleurs Kanoe allait-elle se mettre en colère en découvrant son pot de masque capillaire démêlant à l’amande douce complètement vide ? Et le placard à balai, serait-il libre la prochaine fois que Taichirô voudrait s’en servir ? Mais au fait, jusqu’où va la relation de Yuzuriha et Inuki ? Et Terada, a-t-il décidé d’arrêter les petites filles pour les hommes de son âge ? Vais-je me faire descendre par tous les fans d’Hokuto moi ? Vous le saurez peut être la prochaine fois que je décide d’écrire une fic à la con…

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