Chapitre 14
Taishakuten attendait déjà depuis plus dune heure larrivée dAshura. Ils étaient maintenant amants depuis plusieurs mois mais contrairement à leur première nuit ensemble le dieu de la guerre ne manifestait plus désormais que de la froideur à son égard, même sil se pliait toujours à toutes ses exigences. Malgré cela, Taishakuten lattendait chaque soir ou presque avec impatience. Peu importait le comportement que pouvait adopter Ashura, le Raijin laimait plus que tout au monde et le simple fait de le tenir dans ses bras suffisait à le combler.
Cependant, larrivée de cette nuit là langoissait plus quhabituellement. Elle serait leur dernière de réelle liberté Le lendemain, Ashura devrait épouser celle quil avait choisie pour être la mère de son fils, lune des prêtresses de la famille Ashura : Shashi.
La simple évocation de ce nom envoya des frissons de dégoût à Taishakuten. Il détestait cette femme, et pas seulement parce que celle ci allait épouser lhomme quil aimait et partager sa couche mais également parce quil considérait que tout en elle était mauvais. Sous son incroyable beauté, Shashi était une femme froide, dure et calculatrice, prête à tout et même au pire pour accéder aux plus hautes sphères du pouvoir. Elle naimait certainement pas Ashura ô et navait accepté de devenir son épouse quà cause du titre que cela lui procurerait.
Taishakuten serra les poings de colère. Lui, qui ne vivait que par amour sincère devrait éternellement rester dans lombre alors que cette femme sans principe et sans sentiment allait pouvoir pleinement jouir du privilège de se promener publiquement au bras dAshura, de laccompagner où quil aille et de partager ses appartements.
Le Raijin, malgré la chaleur moite qui régnait dans sa chambre, se sentait glacé à cette seule évocation. Il se leva du lit sur lequel il sétait allongé en attendant le dieu de la guerre et fit les cents pas à travers limmense pièce.
Il ne savait que penser, que faire. Il se sentait tellement impuissant et frustré. Il avait envie de crier, de hurler sa rage et sa jalousie. Il voulait arrêter ce mariage, lannuler, que jamais il nait lieu... Et pourtant il ne le pouvait pas, car Ashura désirait son héritier plus que tout au monde et il navait pas le droit de len priver. Son bonheur était plus important que toutes les souffrances quil devait endurer.
Il se rendit sur la balustrade et huma lair frais, tentant de se détendre et déliminer les tremblements qui secouaient tout son corps. Shashi... Nom maudit... Et pourtant, sil devait sen tenir au plan élaboré par Ashura, ce quil ferait certainement puisquil lui avait promis, il allait devoir à son tour la prendre pour maîtresse puis lépouser une fois devenu empereur. Puisquelle allait être la mère du fils dAshura et quelle était le seau lempêchant de devenir le dieu de la destruction, il fallait quil la garde près de lui, quil la surveille, et en faire sa femme était, daprès Ashura, le meilleur moyen.
Taishakuten était cependant bien sceptique. Comment allait il pouvoir feindre la moindre once de tendresse ou même de quelconque intérêt à son égard ? Comment allait-il pouvoir contenir les frissons de dégoût qui le parcourait à chaque fois quelle était près de lui ? Et enfin comment allait il pouvoir contenir toute sa jalousie et toute sa haine ?
Cette femme... Cette femme allait lui voler Ashura puis le trahir, et cela était deux choses que Taishakuten ne pouvait supporter. Sil le pouvait, il...
Ses pensées furent stoppées net par des bras se passant autour de sa tailler et une odeur de jasmin lui chatouillant les narines.
Ashura était enfin arrivé et sétait discrètement glissé derrière lui.
-Tu mas lair bien distrait, commenta le dieu de la guerre.
Taishakuten ne répondit pas, se contentant de fixer les étoiles, ces maudites étoiles, en retenant les larmes damertume qui menaçaient de poindre.
-Et, continua Ashura, je te sens tendu, très tendu, nerveux aussi. Quest-ce qui ne va pas ?
Taishakuten, sentant quil allait avoir du mal à contrôler sa voix, se contenta de hausser les épaules. Ashura posa alors doucement la tête contre sa nuque.
-Tu ne veux pas me le dire ? murmura-t-il sensuellement à son oreille.
Taishakuten poussa un long soupir avant de répondre.
-Tu sais très bien ce qui ne va pas.
Il sentit Ashura sourire amèrement derrière lui.
-Alors cest encore cette histoire de mariage.
Taishakuten baissa la tête de dépit. Il savait parfaitement que cela nallait les mener nulle part. Ashura et lui en avait déjà discuté maintes et maintes fois de ce mariage et jamais il navait été question quil sy oppose, il nen avait pas le droit. Mais Ashura ne pouvait exiger de lui quil refoule sa peine.
-Ca va aller, répondit Taishakuten. Après tout je suppose que je dois my plier. Je savais que cela allait arriver depuis le début.
Ashura sentit son cur semballer. Le Raijin semblait tellement résigné. Tout autre que lui aurait été surpris de voir ainsi le fougueux dieu de la foudre.
Tu crois peut être, pensa tristement Ashura, que cela me fait plaisir dépouser et de partager le lit de cette catin. Elle me répugne sûrement presque autant que toi mon amour. Mais elle seule peut me donner ce fils que je désire tant. Si tu savais comme je souffre de devoir choisir entre toi et cet enfant...
Mais Ashura ne pouvait expliquer tout cela à Taishaku. Alors, il leva les yeux vers les cieux pour maudire une nouvelle fois les étoiles et son destin puis chuchota doucement :
-Tu sais, je ne laime pas. Je me moque éperdument delle. Mais il me faut une mère à lenfant...
Il espérait que ces quelques paroles réconforteraient le grand guerrier qui tremblait de douleur et de frustration dans ses bras. Il ne pouvait lui avouer ses sentiments. Il ne voulait pas le faire souffrir davantage en le berçant dillusions alors quil savait que leur fin serait si tragique. A la place, il força le Raijin à se tourner vers lui et lembrassa fougueusement, autant pour exorciser ses propres démons que pour momentanément faire oublier à Taishakuten ses tourments.
Bien sûr, comme toujours, Taishakuten répondit à son baiser, incapable de résister à la proximité du corps si parfait dAshura, mais il nétait pas dupe. Il nétait pas complètement stupide et savait parfaitement à quel jeu jouait le dieu de la guerre. Mais oublier dans les bras dAshura, nétait-ce pas pour linstant la meilleure solution ?
Alors, doucement, il le guida jusquà son lit, sans cesser de lembrasser.
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Le soleil commençait à peine à faire son apparition à lhorizon, faisant disparaître une à une les étoiles, quand Taishakuten fut réveillé par un léger baiser déposé sur ses lèvres. Il ouvrit péniblement les yeux, la nuit lui ayant paru très courte, et vit le regard doré dAshura posé sur lui.
-Je dois y aller, murmura-t-il doucement.
-Déjà ? interrogea le Raijin en attrapant la main dAshura dans la sienne comme pour lempêcher de fuir.
-Oui.
Les yeux dAshura sassombrirent.
-Il faut, reprit-il, que je me prépare. La cérémonie va être longue.
Taishakuten ferma les yeux, retenant les larmes qui les avaient soudainement envahis. La nuit lui avait presque fait oublier ce fichu mariage. Dans un élan de douleur il attira Ashura dans ses bras et le serra le plus fortement possible, comme sil allait lui échapper, comme sil devait ne plus jamais le revoir.
Ashura ne chercha pas à se dégager. Au contraire, il se blottit davantage encore contre le torse puissant et quand il bougea ce ne fut que pour chercher la bouche de son amant. Il sautorisa un débordement par rapport au comportement de froideur quil sétait jusque là imposé en laissant toute sa passion et tout son amour pour Taishakuten transparaître au travers de ce baiser.
Il ne voulait pas partir. Il ne voulait pas se marier, et encore moins feindre un quelconque amour pour Shashi. Il ne voulait pas la prendre dans son lit et une fois encore meurtrir le dieu de la foudre. Il ne le voulait pas mais il le devait. Alors doucement, il se détacha de Taishakuten, caressa dune main tremblante son visage délicat et quitta le lit. Puis, sans un seul regard en arrière, il se rhabilla et retourna à Ashura-jou.
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Taishakuten sétira et observa pendant longtemps la lumière du soleil sétaler de plus en plus sur les murs de marbres de sa chambre. Il ne trouvait pas la force de bouger. Il savait que dès quil serait debout, sa principale activité serait de se préparer pour la cérémonie de mariage dAshura. Il ne voulait pas y aller. Il aurait aimé pouvoir arrêter le temps... Tout stopper sur cette nuit et sur le dernier baiser quAshura lui avait donné.
Le Raijin soupira. Ce mariage était vraiment une calamité. Mais Ashura ne semblait pas plus enthousiaste que lui. Le fait quil naimait pas Shashi le rassurait quelque peu mais cela était loin dêtre suffisant. Ce baiser quAshura lui avait donné, la nuit quil venait de passer ensemble et au cours de laquelle Ashura sétait montré plus libéré que les fois précédentes et surtout la force des sentiments que lui même ressentait... Tout cela laissait espérer à Taishakuten quAshura ressentait bel et bien quelque chose pour lui, fait dont il avait souvent douté au cours des derniers mois lorsque Ashura sétait montré si distant et détaché.
Mais lamour que Taishakuten éprouvait et vivait quand il était en compagnie du dieu de la guerre était si puissant et si violent quil ne pouvait douter quil soit partagé. Il ne pouvait réellement pas concevoir quil en soit autrement.
Malgré cela, il se sentait toujours malade à lidée de devoir assister au mariage dAshura. Et surtout il savait que les visites de celui-ci allaient se faire bien plus rares, puisquil allait devoir accomplir le devoir conjugal, au moins jusquà ce que Shashi tombe enceinte, et cétait surtout cela qui lemplissait de tristesse. Le monde nétait jamais aussi gris et froid que lorsque Ashura était loin de lui.
Enfin il se décida à bouger. Il nallait pas éternellement ressasser les mêmes pensées douloureuses. Cela ne faisait que le déprimer davantage. Il lui fallait agir et si possible se changer les idées. Mais cela nallait pas être aisé puisquil allait devoir passer un bon moment à se préparer pour le mariage. Surtout quil était désormais lun des habitants en vue de Zenmi-jou et ne pouvait par conséquent pas se permettre de se défiler ou de se masquer au milieu de la foule. Une place allait lui être réservée dans les tous premiers rangs.
Enfin, pensa-t-il ironiquement, cela allait lui permettre de mieux admirer son Ashura qui, à nen pas douter, allait être superbe dans son costume de cérémonie.
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Ashura commençait à se sentir agacé. Les serviteurs saffairaient autour de lui, lhabillant, le coiffant et même le maquillant, depuis maintenant plusieurs heures. Il savait que ce jour devait être un jour exceptionnel mais tout de même !
Il était à peine de retour à Ashura-jou quun serviteur lavait conduit jusquà un bain parfumé dans lequel il avait dû longuement se tremper, puis on avait couvert son corps dhuiles diverses. Il navait dailleurs pu sempêcher de rougir lorsquon lui avait appliqué celle dont Taishakuten sétait servi lors de leur première nuit damour. Et maintenant, il se tenait debout au milieu de sa chambre pendant quune nuée de serviteurs courrait en tous sens à la recherche de ses parures.
Il ne put retenir un lourd soupir dennui. Tout ça pour un mariage qui nétait quune immense mascarade... La mariée naspirait quau pouvoir, le marié était amoureux dun de ses soldats, qui lui même souffrait de cette cérémonie... Il ny avait bien que Tentai pour se réjouir de cette fête grotesque.
-Allons mon Seigneur, lencouragea lun de ses serviteurs les plus anciens, ne faîtes pas une mine pareille. Nous avons presque terminé de vous préparer.
Le Dieu de la guerre ne put retenir un nouveau soupir.
-Je lespère bien. Mais tout ce... Enfin ce cirque pour...
Il poussa un léger râle agacé, cherchant comment continuer sa phrase sans trahir ses véritables sentiments.
-Ah, reprit le serviteur, il faut bien vous dire que ce jour est exceptionnel. Depuis le temps que nous attendions tous de vous voir prendre une épouse.
Ashura baissa tristement la tête. Prendre une épouse... Il sen serait certes bien passé. Taishakuten... Il espérait ne pas trop le blesser, et pourtant souffrir maintenant était le meilleur moyen de mieux supporter ce qui arriverait... Plus tard...
-Et puis, enchaîna un autre serviteur, nous espérons aussi voir arriver bien vite un héritier.
Ashura leur sourit doucement.
-Moi aussi.
Il espérait vivement que Shashi tomberait rapidement enceinte, ainsi il naurait pu à lui rendre visite aussi souvent quavant, et son fils était bien le but ultime de ce plan quil avait si difficilement mis en uvre. Mais cela signifierait aussi la fin de sa relation avec Taishakuten. Il se maudit une nouvelle fois. Pourquoi avait-il fallu quil tombe amoureux de cet homme sur un simple regard ?
Ashura saperçut soudainement que tous les serviteurs sétaient éloignés de lui et le regardait dun il critique.
-Parfait ! Sexclama lun deux. Vous êtes parfait Seigneur.
-Cest... Cest terminé ? balbutia Ashura, encore perdu dans ses pensées.
-Oui, confirmèrent en chur les serviteurs. Et vous êtes somptueux.
Ashura fit quelques pas en direction du grand miroir qui couvrait lun des murs de sa chambre et sy observa. Il en eut le souffle coupé. Certes, il se savait bel homme, et le nombre de fois où Taishakuten lui avait loué sa beauté navait fait que renforcer cette certitude, mais il devait reconnaître que ses serviteurs sétaient surpassés cette fois ci, sublimant sa splendeur.
Il portait une longue toge blanche et or dont les fines broderies accentuaient les courbes gracieuses de son corps et dont les drapés en dessinaient harmonieusement le contour. Ses cheveux brillaient de lhuile qui y avait été passée, mais également de la poussière argent quon y avait saupoudrée. Son regard doré avait été rendu plus perçant par le maquillage discret quon y avait appliqué, et ses lèvres plus charnues. A ses oreilles effilées et autour de son cou avait été attachés des bijoux brillant de mille joyaux colorés qui soulignaient le nacre de sa peau. Si Taishakuten pouvait le voir ainsi...
-Monseigneur, linterrompit lun des serviteurs. Tentai demande à vous voir.
Ashura sursauta et se retourna, rougissant comme un enfant pris en flagrant délit de rêverie.
-Oui, dîtes-lui que jarrive immédiatement.
Le serviteur sinclina légèrement et partit.
Ashura soupira encore une fois. Il navait guère envie de voir Tentai qui allait encore lui répéter à quel point il était heureux de ce mariage et quil y apportait sa bénédiction et quil espérait un enfant pour bientôt, et que ce jour allait être une fête mémorable etc... Mais bon, le devoir étant le devoir...
Prenant son courage à deux mains, Ashura sengagea sur le chemin de Zenmi-jou.
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Taishakuten était prêt mais nerveux. Il avait passé le reste de la matinée à se
préparer comme si cétait de son propre mariage quil sagissait. Il
nen voyait pas vraiment lintérêt mais cela le soulageait un peu. Il se
demandait vraiment quel allait être sa réaction lorsque Ashura prendrait le bras de
cette... Catin ! Et pire encore, quand il allait devoir lembrasser.
Certes, il allait tenter de conserver une expression froide et hautaine, comme celle quil arborait chaque jour dans les couloirs de Zenmi-jou ou sur un champ de bataille, mais en de telles circonstances, cela lui paraissait réellement difficile. Il espérait juste quil nallait pas être pris de rage et tout casser, ou pire, fondre en larmes.
Il se passa une main fébrile dans les cheveux. Ashura... Il espérait que celui ci continuerait à venir le voir même après cette cérémonie, et surtout que contre tout attente il ne séprenne pas de Shashi. Encore laisser le corps dAshura à une autre, cétait pour lui une épreuve des plus difficiles, mais si celle ci gagnait aussi son cur... Taishakuten retint le gémissement de douleur et dangoisse qui remonta dans sa gorge à cette simple pensée.
Il se sentait si ridicule. Lui qui sétait toujours vanté de sa force et de son détachement, se voir ainsi réduit en esclavage volontaire simplement par amour... Souffrir de toutes ces incertitudes et de toutes ces épreuves... Et pourtant tout cela nétait rien comparé à la joie létreignant toutes les fois quil tenait Ashura dans ses bras, quil lui caressait les cheveux, quil embrassait sa peau douce, ou quil lui murmurait ses sentiments à la lumière des étoiles.
On frappa à la porte.
Bishamonten, pensa Taishakuten.
En effet, son ami lui avait dit quil passerait le prendre pour se rendre à la cérémonie.
Rapidement, il se redressa, se recoiffa, sobserva dans le miroir jusquà ce que son regard ne soit plus quun mur de glace et enfin ouvrit la porte au soldat roux.
Tout comme lui, Bishamonten avait particulièrement soigné sa tenue, ayant revêtu une armure de parade brillant de mille éclats qui mettait particulièrement en valeur son allure noble et sa chevelure flamboyante.
Taishakuten sourit. Il connaissait la raison dune telle application. Kisshoten serait là, tout près deux, aux côtés de son père.
Ce fut Bishamonten qui brisa le silence.
-Il va être temps dy aller.
-Je sais, je suis prêt.
-Je vois ça. Tu as vraiment fait un effort tout particulier.
Taishakuten lui sourit avant de répondre.
-Tu nes pas mieux que moi. Quelle classe, quelle élégance !
-Arrête ! sexclama Bishamon en rougissant. Tu sais très bien quelle en est la raison.
-Oui, je men doute bien.
-Et toi donc ? Pourquoi un tel effort ?
-Qui sait, murmura Taishakuten sur le ton de la confidence. Jai peut être moi aussi une jolie princesse à séduire.
Puis il éclata de rire.
Bishamonten le regarda en secouant la tête.
-Idiot ! Tu ne veux vraiment pas me le dire alors ?
-Mais je viens de te le dire !
-Bon, je ninsiste pas.
Pourtant, Bishamonten sentait sa curiosité séveiller. Depuis leur arrivée à Zenmi-jou, Taishakuten avait vraiment été métamorphosé. Il semblait même avoir des secrets pour lui, ce qui nétait jamais arrivé auparavant. De plus, il ne sortait plus le soir, il nallait plus à la recherche de jeunes soldats avec lesquels il pourrait passer la nuit. Finalement peut être que Taishakuten ne lui avait pas menti... Peut être quil était réellement amoureux... Mais de qui ? Et pourquoi Taishakuten lui en cacherait-il lidentité. Si ca se trouve, Taishakuten était tombé amoureux de quelquun de très important comme Tentai... Bishamonten sourit. Non, Tentai nétait vraiment pas le style du dieu de la foudre. Ou alors dAshura ô. Bishamonten hoqueta. Oui, cela était fort plausible mais... Cest alors quune pensée des plus saugrenues simposa à lui. Taishakuten était peut-être tombé amoureux de Jikokuten ! Bishamonten ne put retenir un éclat de rire.
-Quest-ce qui tamuse autant ? sinquiéta Taishakuten.
-Rien, répondit Bishamon en retenant son fou rire. Cest juste que... Non, cest vraiment idiot.
Taishakuten le regarda dun air sceptique.
-Nous ferions mieux dy aller, conclut Bishamon, tentant de se rattraper. Nous allons finir par être en retard.
-Tu as raison, admit Taishaku.
Et pourtant il navait franchement aucune envie que cette cérémonie commence.
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Tous deux pénétrèrent dans la salle daudience, la plus grande du palais, dans laquelle allait débuter la cérémonie. Celle ci était déjà bien remplie mais ce nétait guère étonnant. Le mariage dAshura ô avait vraiment suscité de nombreuses réactions parmi les courtisans. Depuis le temps quon pariait pour savoir qui aurait lhonneur de laccompagner à lautel...
Un serviteur les guida jusquaux premiers rangs et leur indiqua leur place sur les massifs bancs de bois installés tout spécialement pour lévènement. Ils sassirent et observèrent lenvironnement.
Outre les bancs couverts dinvités, de nombreux ornements avaient été ajoutés. De grandes tentures blanches pendaient du plafond pour descendre le long des murs, de nombreuses sculptures représentant les dieux de lamour ou de la fertilité avaient trouvé leur place tout autour de la salle, un autel de marbre trônait majestueusement devant lassemblée. Cest là que se tiendraient les époux et Tentai, qui célèbrerait en personne ce mariage exceptionnel.
Doù il se trouvait Taishakuten avait une vue parfaite sur lautel et cela ne le rendait que plus nerveux encore. Il allait être si proche dAshura et pourtant tellement impuissant... Il devait se contenir, ne pas craquer, se détacher de tout cela. Il savait depuis le début de sa relation avec Ashura que cela devait arriver et pourtant il avait si mal. Il baissa la tête et fixa ses mains tremblantes. Il devait être presque lheure à présent...
A ses côtés, Bishamonten sétait tu. En effet, la Princesse Kisshoten venait de faire son apparition et de prendre place au premier rang juste devant eux. Mais Taishaku sen moquait éperdument, il avait bien dautres soucis en tête. Les quatre dieux gardiens sinstallèrent eux aussi au premier rang, prêts à honorer leur supérieur en ce grand jour.
Puis ce fut au tour de Tentai dentrer dans la pièce pour sinstaller derrière lautel de marbre. La foule se leva pour saluer le souverain et Taishakuten suivit machinalement le mouvement. Lempereur, visiblement très heureux de se trouver là, baissa la tête en guise de salutation et leur fit signe de se rasseoir.
Puis dun nouveau geste de la main, il ordonna aux musiciens de jouer et aux serviteurs douvrir la lourde porte sculptée par laquelle devaient entrer les mariés.
Comme lexigeait la tradition, ce fut Ashura ô qui pénétra le premier au bout de lallée, suivi de ses douze gardiens. La foule retint son souffle et le dieu de la guerre entama la remontée de lallée, mais dun pas peu assuré. Son regard presque mélancolique se posait de visage en visage, comme sil était à la recherche de quelquun.
Taishakuten nen pouvait plus. Ashura était encore plus beau quà son habitude. Mais ce nétait pas pour lui. Il avait limpression dêtre revenu en arrière, de revivre ce fameux jour où pendant lanniversaire de Tentai, son regard sétait posé pour la première fois sur les cheveux de jais et le regard doré et quà jamais son cur sétait emballé. Il avait également la désagréable impression quil allait devoir revivre toutes ses nuits dangoisses et de souffrances à se demander si Ashura serait un jour sien. Comme si tout ce quils avaient déjà vécu ensemble venait de disparaître.
Puis il plongea dans les yeux dAshura, ce regard plein de détresse qui sillumina quand il le vit. Imperceptiblement, dans un geste que seul le Raijin pouvait voir et comprendre, Ashura lui sourit. Et immédiatement Taishakuten réalisa que rien nallait changer entre eux, que malgré cette épreuve, Ashura continuerait à venir à lui nuit après nuit. Et qui sait, peut être cela allait même renforcer leurs liens et pousser Ashura à lui montrer un peu plus de tendresse, comme dans les gestes simples qui lui échappaient parfois.
Le Raijin se détendit un peu et sapprêta à suivre la cérémonie avec bien moins de craintes et dappréhension.
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Imbécile ! sinjuria en lui même Ashura ô.
Il sétait pourtant promis de ne pas soccuper de Taishakuten, de faire comme si celui-ci ne se trouvait pas dans la salle. Et pourtant, quand il sétait trouvé face à ces milliers dyeux tournés vers lui, il navait pu faire autrement que de fébrilement chercher le doux visage de celui qui savait, par un sourire, une parole tendre ou un léger baiser, apaiser ses pires angoisses.
Ce qui lavait choqué lorsque, enfin, il avait trouvé le Raijin assis parmi les premiers rangs avait été la détresse et la souffrance quil pouvait lire en son amant. Et cela lui avait fait si mal quil navait pu retenir un discret mouvement de réconfort.
Pour quelquun qui ne veut pas montrer ses sentiments, fit remarquer la petite voix en lui, je te trouve tout de même vraiment expressif.
Tais-toi, ragea-t-il, ce nest vraiment pas le moment.
En effet, il venait darriver devant Tentai qui le gratifiait dun large sourire auquel il se contraignit à répondre.
Mais quest-ce que je fais là ? pensa-t-il amèrement.
Cest le prix à payer si tu désires vraiment cet enfant, lui répondit la petite voix.
Et soudainement il se demanda si avoir cet enfant était aussi primordial pour lui quil voulait bien se le répéter.
Non ! se coupa-t-il alors. Je ne dois pas avoir ce genre de pensée. Je ne dois pas douter. Il est trop tard maintenant.
Un brouhaha dans la salle lui fit reprendre contact avec la réalité. Shashi venait de faire son apparition.
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Taishakuten quitta Ashura des yeux avec réticence mais il lui fallait voir celle qui était devenue sa rivale. Il devait effectivement reconnaître quelle était très belle, avec sa longue chevelure noire descendant en cascade sur sa robe dun blanc immaculé et ses yeux tels des saphirs, et pourtant il ne put retenir un frisson quand il repensa à ce quelle était réellement. Aussi pourrie à lintérieur que belle à lextérieur. Une femme prête à commettre toutes les folies et tous les crimes pour atteindre son ultime but : le pouvoir suprême.
Et dire quil allait devoir la mettre dans son lit... Mais enfin, cela ne viendrait que plus tard... Beaucoup plus tard espérait-il.
Shashi remonta lallée la tête haute, comme si elle était déjà maîtresse des lieux. Elle neut même pas un regard pour Ashura ô, se contentant de fixer Tentai, comme pour le presser de commencer réellement le mariage. Lempereur lui sourit et débuta son discours.
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La cérémonie était à présent presque terminée, les deux époux ayant donné leur consentement mutuel. La scène du baiser avait été la plus difficile à supporter pour Taishakuten. Il se sentait trembler de jalousie et de douleur. Cependant, avec plus dattention, il sétait aperçu quAshura embrassait sa nouvelle épouse sans passion et de façon complètement mécanique. Cela lui avait mis un peu de baume au cur.
Il avait également remarqué le regard en coin que lui avait donné le dieu de la guerre juste après létreinte, comme si celui-ci voulait sassurer que le Raijin navait pas trop mal supporté cette nouvelle épreuve. Taishakuten sétait contenté de légèrement lui sourire et Ashura sétait alors un peu détendu.
Les nouveaux mariés partirent vers la sortie, Ashura tenant par le bras une Shashi rayonnante. Successivement les invités quittèrent leur place pour les suivre jusquà la salle du banquet où se poursuivrait la cérémonie.
Limmense salle avait entièrement été décorée de fleurs odorantes. Dimmenses bouquets multicolores trônaient sur les tables alignées autours desquelles les convives prenaient place. Une immense table avait été dressée au centre dans le but de recevoir les grands pontes de Zenmi-jou. Cest ici que sinstallèrent les époux, Tentai et sa fille, les dieux gardiens ainsi que dautres personnalités en vue, dont Taishakuten. Mais ce dernier se trouvant presque en bout de table et du même côté quAshura, il lui était presque impossible de voir son amant, napercevant que de temps à autres une mèche noire ou un reflet dor.
Il passa alors le repas à discuter avec Zochoten, assis non loin de lui, tentant de paraître le plus détendu possible. Mais le fait quil ne toucha presque pas à son assiette le trahit. Pourtant, même si le Dieu Gardien du Sud remarqua cet inhabituel comportement, il nen fit pas mention.
De son côté, Ashura navait pas non plus grand faim, mais comme ce jour était censé, daprès Tentai, être le plus beau de sa vie, il se força à manger et à prendre un air enjoué. Le fait de vivre à la cour et de fréquenter depuis longtemps le milieu politique lavait habitué à se contrôler et à jouer la comédie. Apparemment son petit manège passa très bien au niveau de ses compagnons de table, y compris la reine Ryu qui était pourtant habituellement la première à détecter chez lui un comportement inhabituel.
Mais il se sentait tout de même malade, et cela était essentiellement dû à la présence toute proche de Shashi, qui elle, portait le masque de la jeune et charmante épouse naïve et qui narrêtait pas de glisser la main dans la sienne ou de poser la tête sur son épaule. Il était fort heureux que Taishakuten soit à quelques distances de là et ne puissent assister à ce cirque.
Enfin, pour leur plus grand soulagement à tous deux, linterminable dîner prit fin. Ashura avait toujours trouvé insupportable ces longs repas sétendant pendant des heures, mais dans de telles conditions il considérait cela comme avoir un aperçu de ce que devait être lenfer.
Mais à présent, il devait encore affronter lépreuve du bal et surtout celle de la nuit de noce. Et cela lui paraissait vraiment au-dessus de ses forces.
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Contrairement au jour de lanniversaire de Tentai où une ambiance sombre avait été privilégiée, la salle de bal était décorée de nombreux chandeliers qui faisaient scintiller les immenses miroirs posés sur les murs. La luminosité était telle quAshura en avait mal aux yeux... Mais cela nétait peut être quune excuse quil se donnait pour se renfermer dans son coin, car nul autre à part lui ne semblait gêné par léclairage.
Il avait dû ouvrir le bal en compagnie de Shashi, sous le regard pétillant des courtisans déjà débridés par le repas. Ils avaient dansé ensemble une bonne heure, puis le dieu de la guerre avait prétexté une légère fatigue pour aller sasseoir sur le siège qui lui avait été réservé. Pendant ce temps là, et depuis maintenant plusieurs heures, sa nouvelle épouse continuait à samuser et à virevolter, tantôt dans les bras de Tentai, tantôt dans ceux de Jikokuten ou de tout autre homme important de la cour.
Ashura la suivait des yeux, non comme un homme amoureux ou jaloux, mais comme un homme préférant surveiller ses problèmes de peur que ceux ci ne fondent sur lui à limproviste. Il ne pouvait sôter de lesprit la nuit de noce qui se rapprochait de plus en plus, et se demandait réellement quelle allait être sa réaction. Il avait certes en de nombreuses occasions couché avec des femmes dont il navait pas été amoureux mais aucune delles navait lépouvantable personnalité de Shashi et cela avait été bien avant sa rencontre avec Taishakuten. Désormais, alors que seul le dieu de la foudre parvenait à faire accélérer les battements de son cur par un simple regard et que seule la sensation de ses mains sur sa peau savait lui donner des frissons de plaisir, il se sentait incapable de quoique ce soit avec Shashi... Il nallait pas y arriver et cela langoissait. Sil ne parvenait même pas à lui faire lamour au moment de leur nuit de noce, comment espérait-il lui donner un enfant ? Et cela le rendait on ne peut plus nerveux.
Du regard, il fouilla la salle à la recherche de Taishakuten, en quête dun signe dencouragement, ou dun regard qui le remettrait en confiance. Mais le Raijin était en grande discussion avec Zochoten, à lautre extrémité de la salle, loin de toute foule.
Ashura poussa un soupir. Taishakuten avait vraiment su, au cours de cette journée, adopter un comportement irréprochable compte tenu des circonstances, et cétait désormais lui qui commençait à craquer. Il se sentait au bord des larmes, et il avait besoin du Raijin pour le consoler et laider. Son Taishakuten, son amour, le seul grâce à qui il parvenait à momentanément oublier les problèmes quil sétait créés et les sombres complots quil avait montés.
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Dans la salle de bal trop lumineuse à son goût, Taishakuten avait pris soin de séloigner le plus possible de toute foule, car le calme et lisolement était tout ce quil demandait pour le moment.
Pendant longtemps il avait regardé Ashura danser avec Shashi, leur corps ondulant et se collant lun à lautre. Et il sétait senti extrêmement jaloux. Jamais il navait dansé avec Ashura, et il ne le ferait certainement jamais. A son grand soulagement, Ashura avait été le premier à mettre fin à cette mascarade, et à retourner sasseoir dans son coin, pendant que Shashi continuait au bras dun autre homme.
Taishakuten soupira et se massa les tempes. Il avait horriblement mal au crâne. Cette journée lavait épuisé, aussi bien physiquement que mentalement. Il pensait bientôt prendre congé et retourner, seul, dans sa chambre. Il allait se lever quand une voix grave et puissante linterrompit.
-Ca na pas lair daller très fort, constata Zochoten en prenant place à ses côtés.
Si le dieu gardien du sud avait su rester discret pendant le repas, il se faisait visiblement trop de soucis pour Taishakuten pour pouvoir continuer à tenir sa langue.
-Je suis juste fatigué et jai mal au crâne, répondit doucement Taishakuten, qui souhaitait mettre au plus vite un terme à cette discussion.
Zochoten sourit.
-Tu ne veux pas men parler alors ?
-Parler de quoi ? demanda brutalement le Raijin.
-De ce qui te tourmente. Je te connais depuis assez longtemps pour voir quand quelque chose ne va pas.
Taishaku haussa les épaules.
-Tout va bien. Cest juste que je déteste ces cérémonies barbantes.
-Habituellement, tu es le premier à te réjouir des fêtes et autres bals.
-Et bien jai changé ! Cest normal, non, avec le temps dévoluer.
Zochoten nétait pas dupe mais ne préféra pas insister. Taishakuten préférait se taire, il lacceptait, cétait son droit. Mais il lui avait ainsi fait comprendre que sil avait besoin de lui, il serait là pour lécouter et laider du mieux possible.
-Maintenant, reprit Taishakuten, si tu veux bien mexcuser, jai besoin dun peu dair frais.
Il se leva et quitta la salle de bal. Il marcha pendant un petit moment, jusquà ce que la joyeuse musique de la fête natteigne plus ses oreilles. Il avait besoin dun réel isolement, sans un bruit ni une présence. Il sappuya contre un muret, ferma les yeux et huma lair frais. Il se força à respirer calmement et longtemps, jusquà ce que son mal de crâne commence à sestomper.
Alors il ouvrit les yeux et comme souvent depuis son pacte avec Ashura, il observa les étoiles, si lointaines et si froides. Il ne savait pas sil devait retourner à la salle du bal ou pas. Il hésitait. Dun côté, cela lui permettrait de revoir Ashura encore un moment, mais de lautre si cétait pour encore se faire du mal...
Des bras se passèrent autours de son corps, le faisant sursauter. Il navait pas entendu Ashura arriver derrière lui.
-Et bien, jen ai mis du temps à te retrouver, plaisanta le dieu de la guerre. Quand jai vu que tu avais quitté la salle, je me suis précipité après toi. Tu aurais pu me faire signe que tu partais...
-Quest-ce que tu fais là ? demanda-t-il, étonné par un tel acte de la part de son amant.
-Javais besoin de te parler...
-Tu naurais pas du me suivre, cest ton mariage. Tout le monde va se demander où tu es passé !
Taishakuten sourit. Pour une fois que cétait lui qui renvoyait Ashura... Mais ce sourire seffaça bien vite quand il sentit le corps dAshura collé au sien se mettre à trembler et quand il entendit quelque chose comme un sanglot briser le silence.
Taishakuten se libéra de létreinte et se retourna pour prendre à son tour Ashura dans ses bras. Ce dernier, en pleurs, saccrocha à lui comme sil était son dernier espoir avant quil ne se noie définitivement.
-Ashura ? interrogea le Raijin, plus quinquiet. Ashura ? Quest-ce qui ne va pas ?
Ashura se serra plus fort encore contre son torse avant de lever un visage désespéré vers lui. Taishakuten ne savait plus que dire ou que faire. Jamais encore le dieu de la guerre ne sétait montré de façon aussi vulnérable à lui.
-Ashura ?
Ashura leva la main et tendrement caressa son visage.
-Taishaku, dis-moi que tu maimes.
Taishakuten ouvrit des yeux étonnés. Il naurait jamais imaginé quun jour Ashura agisse de la sorte. Il laissa ses mains se promener le long du dos de son amant.
-Ashura, je taime. Tu sais que je taime. Tu es ce que jai de plus précieux au monde.
Ashura eut un léger sourire mais ses larmes se mirent à couler de plus belle.
-Ashura ! sexclama Taishakuten, inquiet. Avait-il commis une erreur ? Avait-il...
-Je veux... commença Ashura.
-Quoi ? Dis moi ce que tu veux ? Tu sais que je suis prêt à tout pour toi ? Quest-ce que tu veux Ashura ?
Ashura se mit sur la pointe des pieds et porta ses lèvres tout près de celle du Raijin.
-Je veux que tu membrasses, je veux que tu me fasses lamour, que tu mexcites, sinon... Sinon je ne serais jamais capable de... Enfin... Jamais je ne pourrais donner denfant à Shashi, ajouta-t-il dans un sanglot.
Alors Taishakuten lui obéit et lembrassa avec toute la passion et tout lamour dont il était capable. Il voulait faire disparaître ces larmes qui défiguraient son si cher Ashura, il voulait balayer cette peine à jamais. Et Ashura lui répondit avec une égale ferveur.
Taishakuten laissa ses mains caresser tout le corps dAshura. Egoïstement il était heureux. Si cétait dans ses bras quAshura était venu chercher refuge, cela prouvait bien quil ne le laissait pas indifférent, mieux encore, quil avait besoin de lui.
Malgré les risques quils prenaient, ils restèrent longtemps à sembrasser dans le couloir. Ashura semblait avoir regagné son calme et leur étreinte était désormais plus douce et plus attentionnée. Taishakuten allait faire glisser la toge dAshura quand, au loin, une voix se fit entendre.
-Seigneur Ashura ! Seigneur Ashura, où êtes-vous ?
Rapidement, les deux hommes se détachèrent lun de lautre et réajustèrent leur coiffure et leurs vêtements. Puis Ashura répondit.
-Par ici. Que me voulez-vous ?
Un serviteur entra dans le couloir et sagenouilla face à Ashura.
-Majesté, Tentai ma demandé de vous chercher. La fête va bientôt prendre fin et Dame Shashi vous attend.
-Dîtes-lui que jarrive immédiatement, répondit froidement le dieu de la guerre.
-Bien Seigneur.
Toujours courbé, le serviteur fit trois pas en arrière puis se retourna et disparut par où il était arrivé.
-Bon, reprit Ashura en lissant sa toge dun geste nerveux. Je crois que je vais devoir y aller.
Taishakuten le regarda en souriant.
-Tu es sûr que ça va aller ?
-De toute façon, je nai pas le choix. Merci, ajouta-t-il dans un murmure.
Le Raijin le prit de nouveau dans ses bras.
-Tu sais bien que je serai toujours là pour toi. Quoique tu fasses cette nuit ou celles à venir, quoiquil se passe, je serai toujours là, je taimerai toujours et... Je ne ten voudrais pas. Alors si tu as besoin de moi, nhésite pas.
Ashura se blottit contre lui.
-Je le sais.
Ils restèrent quelques minutes dans les bras lun de lautre, silencieux et immobiles, se contentant juste dapprécier la présence réconfortante de lautre et écoutant leurs curs battre au même rythme. Puis Ashura déposa un léger baiser sur les lèvres de Taishaku et séloigna.
-Ashura ! appela le Raijin.
Le dieu de la guerre se retourna.
-Ashura, reprit Taishakuten, quand est-ce que je te revois ?
Ashura lui sourit tendrement.
-Bientôt. Très bientôt. Je te le promets.
Puis il disparut dans les immenses galeries de Zenmi-jou.
Taishakuten se laissa tomber contre un mur proche en riant. Quelle soirée ! Ashura avait enfin brisé sa façade pour lui dévoiler une partie de ses sentiments et le Raijin en était heureux. Et lui, alors quil tenait Ashura vulnérable et à sa portée, il navait rien fait de mieux que de lencourager à aller dans les bras de Shashi et navait rien fait pour le retenir ! Il soupira. Mais après tout, cétait un passage obligatoire si Ashura voulait cet enfant et, pensa Taishakuten, le bonheur dAshura était bien plus important que le sien.
Il retourna dans sa chambre en tentant doublier où pouvait être Ashura au même moment.
(à suivre...)