Chapitre 11

 

Ashura ô était nerveux. En effet, on annonçait pour aujourd’hui le retour de Taishakuten. Après son lâche départ quelques mois auparavant, le Raijin n’avait cessé de faire parler de lui en décimant les démons de façon on ne peut plus efficace. Tentai avait d’ailleurs prévu une audience en sa faveur pour l’après-midi même.

Ashura se rendit dans sa salle d’eau et s’aspergea un peu le visage. Il avait besoin de se détendre. Au moins, se disait-il, il cesserait d’être le centre de toutes les attentions comme c’était le cas depuis le jour où il avait annoncé...

SUFFIT ! s’exclama-t-il intérieurement. Ca ne sert à rien de te sortir des excuses pitoyables !

Il se rendit à sa fenêtre où il inhala une bouffée d’air frais. Taishakuten... comment allait-il lui demander... ce qu’il devait lui demander. Comment réagirait-il ?

Ahhhh, tant de questions auxquelles je ne vais pas tarder à avoir la réponse. De toutes façons, il est trop tard pour reculer désormais. Trop tard pour... tout...

Il n’avait pas oublié la manière dont il avait désiré le Raijin, là sur le champ de bataille, et la pensée de ce qui aurait pu arriver si le garde ne les avait pas interrompus l’effrayait. Il avait fuit cette passion dès le lendemain, abandonnant Taishakuten sans plus d’explication. Comment le dieu de la foudre avait-il réagi  ? Avait-il ressenti de l’indifférence, de la tristesse ou de la haine ? D’après les rapports qu’il avait reçus concernant l’attitude du Raijin dans les mois qui avaient suivis leur " conversation ", Ashura penchait plutôt pour la dernière hypothèse.

Lui-même en était arrivé à haïr Taishakuten. Du moins tentait-il de s’en persuader. Tout ce que cet homme lui faisait endurer, la façon qu’il avait de lui compliquer une tâche déjà ardue, ce sentiment de solitude qu’il ressentait chaque nuit depuis sa fuite... Tout cela était la faute du Raijin ! Et pourtant au fond de lui-même...

Exaspéré, Ashura quitta ses appartements en claquant violemment la porte. Tergiverser ainsi ne lui apporterait rien de bon. Il avait définitivement renoncé à son désir pour le Raijin, l’étouffant sous un flot de haine. Il se contenterait d’aller le trouver après la cérémonie, il lui demanderait de l’aider dans sa folle quête et puis il le renverrait au loin, sur les champs de bataille et en quelques mois, tout serait terminé... Taishakuten serait sacré empereur et son fils viendrait au monde sous les meilleurs auspices. Tout était aussi simple que ça...

Et s’il refuse de t’aider, murmura la petite voix au fond de sa tête.

S’il refuse de m’aider... Alors je le tuerai de mes propres mains et je trouverai quelqu’un d’autre pour faire cela à sa place. Le monde ne manque pas de valeureux guerriers prêts à tout pour accéder au pouvoir suprême.

 

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Taishakuten sortit de son bain et s’enroula dans un peignoir de soie. Il passa ensuite dans sa chambre où les serviteurs avaient nettoyé son armure pour la cérémonie qui débuterait dans quelques heures... Sa cérémonie. En effet, Tentai, impressionné par ses résultats avait organisé une audience spécialement en son honneur. Ce genre de distinction était rare et Taishakuten ne put empêcher un sourire de se plaquer sur son visage habituellement si hautain.

Après le départ inattendu d’Ashura, il avait ressenti une rage incroyable, dont il avait pris conscience plus tard qu’elle n’était déclenchée que par sa douleur. Mais sur le moment, il avait été saisi par une frénésie meurtrière, qui était d’ailleurs la cause de sa présente récompense.

Il commença à démêler ses mèches d’argent.

Ashura... Il avait dû être effrayé par ce qui était passé entre eux ce soir là... Et il avait fui. Mais Taishakuten ne s’avouait pas vaincu pour autant. Il avait ressenti le désir d’Ashura, d’une intensité au moins comparable à la sienne. Et il se devait de lui parler.

Certes, Taishakuten en avait sur le coup énormément voulu à Ashura d’avoir agit de la sorte. Il s’était senti trahi. Mais quelques nuits de réflexion l’avaient aidé à comprendre les motivations du dieu de la guerre et à lui pardonner. C’était un homme en vue, un homme puissant et respecté. Si on lui découvrait une liaison avec un de ses subordonnés, il ne cesserait d’être la cible d’attaques et de moqueries en tous genres. Il perdrait une bonne partie de sa crédibilité auprès de Tentai.

Taishakuten soupira. Plus que quelques heures et il aurait enfin l’occasion de discuter avec Ashura et peut être, qui sait, selon la tournure que prendraient les événements, lui avouerait-il ses sentiments.

Le Raijin lâcha un sourire à cette idée.

Après tout pourquoi pas. Il n’avait pas l’air de lui déplaire.

La sensation du souffle d’Ashura sur ses lèvres et celle de leurs mains s’entrelaçant étaient toujours très nette dans l’esprit de Taishaku. Quant aux effets qu’elles avaient produites... Il en voulait plus. Il avait besoin de plus.

Il se leva et enfila son armure. Encore quelques heures...

D’un pas décidé, il se rendit au bar des officiers, histoire de prendre un dernier verre avant le début de l’audience.

 

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Comme la première fois qu’il s’était rendu en ces lieux, Taishakuten scruta la foule à la recherche d’une éventuelle connaissance. Et comme la première fois, ce fut Bishamonten qu’il décela, seul cette fois, assis à une table à l’écart.

Il traversa la salle, conscient des murmures que suscitait son passage et prit place à côté de son ami.

-Taishakuten ! s’exclama Bishamon en lui adressant un grand sourire.

-Bonjour Bishamonten ! Ca faisait longtemps. Comment vas-tu ?

-Très bien et toi ?

Taishakuten se contenta de lui adresser un léger sourire.

-Allons, insista Bishamon, ne fais pas le timide. Tu te rends compte que Tentai organise une audience spécialement en ton honneur.

-J'en ai parfaitement conscience. Tout comme j’ai conscience d’être l’objet de tous les ragots ici !

Bishamonten éclata de rire.

-Etre au centre des discussions ne t’a jamais dérangé pourtant ! Et puis il faut comprendre les gens, depuis deux semaines que je suis rentré de campagne, c’était toujours le même sujet qui revenait. Ca fait du bien d’entendre des nouveautés !

-Tu es rentré depuis deux semaines ? Tant que ça ?

-Oui, en fait la campagne n’a pas été des plus difficiles. Nous avons très peu combattu et vaincu assez facilement. Alors pour nous féliciter Tentai a invité toute la garnison à Zenmi-jou.

-Et qu’est-ce que tu fais depuis deux semaines ? Tu ne t’ennuies pas sans moi ?

-Non mais dit donc, s’indigna Bishamon, tu n’es pas le centre de ma vie !

Puis en rougissant :

-Pour être honnête, j’ai écrit des poèmes. (désolée, j’avais envie ^_^)

Taishakuten le fixa avec des yeux ronds.

-Des poèmes ?

-Oui. Dès mon retour, j’ai revu Kisshoten et je me suis senti très... inspiré ! J’aimerai bien lui en faire lire quelques-uns.

Taishakuten soupira.

-Après tout tu fais ce que tu veux ! Mais ne te fais pas attraper, sinon c’est toi qui va devenir l’objet de toutes les rumeurs.

Bishamonten ricana.

-Et bien ça serait un honneur pour moi de figurer à une telle place après Ashura ô et toi !

Le nom du dieu de la guerre avait suffit à faire perdre toute gaieté à Taishakuten.

-Ashura ô ! Comment ça Ashura ô ?

Bishamonten releva un sourcil, surpris autant par la réaction brusque de son ami que par son ignorance.

-Ne me dis pas que tu n’es pas au courant. Ca fait deux semaines que tout le monde ne parle que de ça !

-Mais quoi ? ? ? ? ? ? ?

Taishakuten commençait à vraiment être exaspéré. En quoi Ashura pouvait-il bien être impliqué dans une quelconque affaire ?

-Décidément tu m’étonneras toujours !

-TU VAS ME LE DIRE OUI OU MERDE ! ! ! !

Bishamonten lui jeta un regard vexé. Jamais auparavant Taishakuten ne lui avait parlé de la sorte. Mais la pâleur du dieu de la foudre l’empêcha de faire toute réflexion. Au lieu de cela, il lui répondit.

-Ashura ô va se marier.

Taishakuten aurait pu s’attendre à n’importe quoi mais ça... Il avait l’impression qu’un énorme poids venait de lui tomber sur le crâne. Sa tête tournait et son cœur battait la chamade. Il se mit à trembler doucement.

-Que dis-tu ? murmura-t-il.

-Ashura va se marier. On l’a annoncé il y a deux semaines.

-Mais... mais...bafouilla Tai, incapable de trouver ses mots. Avec qui ?

-Une prêtresse apparemment... Une salope à ce qu’il paraît. Mais bon, ce qui est sûr c’est qu’il la couvre de cadeaux. Tai, tu es certain que ça va ? Tu as l’air malade.

Tai se leva soudainement.

-Excuse-moi, murmura-t-il. Je ne me sens pas très bien.

Et il se précipita vers la sortie.

Bizarre cette réaction, se dit Bishamonten. A moins que... non c’est impossible.

 

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Ashura ô était prêt. Enfin il paraissaît l’être. Il avait revêtu un costume de cérémonie et attendait patiemment l’arrivée des douze gardiens qui l’escorteraient jusque dans la salle d’audience. Mais cette sérénité n’était qu’apparente car intérieurement il bouillonnait. Plus que quelques minutes et il reverrait Taishakuten. Comment allait se passer cette rencontre ? Qu’allait-il lui dire ? Toute son existence lui paraissait n’être devenue qu’une longue suite de questions.

Un peu plus loin, Shashi, sa future épouse, discutait avec sa sœur et une servante. Shashi... ce nom seul suffisait à lui envoyer des frissons de dégoût à travers tout le corps. Il n’aimait pas la prêtresse et ne l’aimerait jamais, il en avait parfaitement conscience. Cependant, il avait dû choisir, pour la réussite de son plan, entre les deux prêtresses de la famille Ashura, et Kara... Kara était trop pure pour être mêlée à une telle histoire. Shashi, quant à elle, n’avait aucun scrupule et Ashura connaissait parfaitement l’ambition de la jeune femme. Mais peu importait. Maintenant, il était trop tard pour reculer. Shashi serait la mère de son fils.

Ashura ne put retenir un petit rire amer. La demander en mariage, la couvrir de cadeaux était une chose mais quand viendrait la nuit de noce, comment ferait-il sachant que son esprit était toutes les nuits tourmenté par des visions torrides de Taishakuten ?

Bah, laissa entendre la petite voix au fond de son esprit, tu n’auras qu’à l’imaginer à sa place...

Facile à dire, mais imaginer un géant blond au large torse musclé à la place d’une frêle demoiselle brune n’était pas une mince affaire. De toute façon, se dit-il, s’il voulait que son fils vienne au monde, il allait bien falloir qu’il y passe. Il aviserait à ce moment là.

Le claquement des pas des douze gardiens se fit entendre et tira Ashura de sa rêverie. Il était temps d’y aller. Tentai les attendait, et Taishakuten aussi...

Les treize hommes sortirent d’Ashura-jou pour se diriger vers la salle d’audience de Zenmi-jou. Mais avant d’y parvenir, avant de déclencher la phase la plus importante de son plan, Ashura devait se faire confirmer la prédiction une nouvelle fois.

-Ne m’attendez pas, ordonna-t-il à ses hommes, rendez vous à la salle d’audience, je vous rejoindrai.

-Bien Majesté.

Mais malgré l’apparente obéissance de ses hommes, Ashura sentait bien que ceux-ci se doutaient de quelque chose. Comment pouvait-il en être autrement d’ailleurs ? Son comportement ces derniers temps avait été des plus inhabituels. Cependant, il ne pouvait agir différemment.

Il entra dans la chambre de Kuyo et lui demanda encore une fois de confirmer sa prophétie. Peut être que cette fois-ci les choses allaient changer...

Mais comme toujours, Kuyo prédit la destruction du ciel.

Désappointé, Ashura se rendit dans la salle d’audience. Il devait agir.

 

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Taishakuten était retourné dans sa chambre et les divers objets décoratifs volaient dans tous les sens. Il attrapa un vase de porcelaine, le jeta au sol et le piétina d’un geste rageur. Il rechercha une nouvelle victime parmi les fournitures l’environnant mais celles-ci jonchaient déjà toutes le sol. Epuisé, il se laissa tomber au milieu des débris et hurla son désespoir.

Il ne s’arrêta qu’au moment où sa voix le trahit et où il sentit une larme unique couler sur sa joue rougie par l’émotion. Il l’essuya d’un geste rageur.

-Ashura, murmura-t-il. Cela te fait-il plaisir de me voir souffrir ? Es-tu satisfait ? Tu t’es bien moqué de moi... Tu m’as transformé en larve rampant à tes pieds...

Il s’arrêta un instant pour reprendre son souffle.

-... mais j’en ai assez maintenant. Je t’aime et je t’aimerai toujours quoiqu’il arrive mais je ne peux plus supporter de vivre ainsi.

Il laissa échapper un ricanement lugubre.

-C’est amusant, je n’avais jamais remarqué que l’amour et la haine étaient des sentiments aussi proches... Ashura...

 

Il se redressa et tenta de restaurer sa froide apparence. Cela ne lui fut pas difficile. Intérieurement aussi désormais il se sentait glacé.

-Bon, je crois qu’il est temps d’y aller.

 

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Ashura se tenait derrière Tentai et tous deux regardaient le Dieu de la Foudre s’avancer d’un pas décidé, son habituel sourire narquois aux coins des lèvres. Il se tenait de la façon la plus hautaine qu’il soit et ne daigna même pas lui adresser un seul regard.

Apparemment, pensa Ashura, j’ai dû le vexer.

Et cette constatation lui envoya une pointe de douleur dans le cœur. Malgré toutes ses bonnes résolutions, le Raijin lui faisait toujours le même effet. Mais il devait oublier ses sentiments et se concentrer uniquement sur la conversation avec Taishakuten qu’il avait planifié pour dans quelques heures.

De son côté, Taishakuten n’osait pas regarder le dieu de la guerre. Sa précédente colère était encore vive et il ignorait quelle pourrait être sa réaction s’il croisait maintenant les yeux dorés d’Ashura.

Autour de lui, les ragots allaient bon train mais un seul regard de ses yeux glacé suffisait à les faire cesser.

Enfin, il se retrouva devant Tentai. Celui-ci lui adressa ses félicitations puis lui demanda, en guise de récompense, de formuler un souhait. Taishakuten était surpris. Il ne s’était pas attendu à ce que Tentai lui demande une chose pareille et à vrai dire il n’y avait pas réfléchi mais la réponse s’imposa d’elle-même. Il releva la tête et fixa le Dieu de la guerre.

Ashura... oui c’était Ashura qu’il désirait... Il désirait l’humilier tout comme lui-même s’était senti humilié après qu’il eut appris le prochain mariage.

Ashura, se dit-il, tu vas payer pour mes larmes.

Ashura ô fut surpris par l’intensité du regard que lui jeta Taishakuten. Il y avait tant de force, tant de détermination dans ses yeux habituellement si froids. Il se sentit soudainement très mal à l’aise et attendit avec beaucoup d’appréhension la réponse du Raijin.

Enfin la voix sensuelle répondit .

-Je souhaiterais qu’Ashura ô m’accorde une leçon de combat.

Ashura, je vais te montrer ce que je vaux réellement.

Le dieu de la guerre eut, comme tout le reste de l’assemblée d’ailleurs, un hoquet de surprise. Ainsi donc, le Raijin le provoquait. Il tenta bien de protester mais Tentai semblant être très favorable à l’idée, il n’y avait rien qu’il puisse faire.

 

-Ashura ô, demanda Taishakuten, avez-vous la moindre objection à faire ?

-Non, si tel est le désir de notre empereur...

Et bien Taishakuten, se dit-il, puisque tu le prends ainsi, montre-moi donc ce que tu vaux vraiment en combat singulier.

Ce maudit Dieu de la foudre, après lui avoir causé tant de problèmes, se permettait maintenant de le provoquer. Et bien soit... Il aurait sa leçon de combat.

L’un de ses hommes s’approcha en lui tendant une épée qu’il refusa. Il utiliserait son propre sabre "Shura to", l’épée de la dynastie Ashura. Une arme aux pouvoirs incommensurables. Ashura entendit les exclamations de surprise des courtisans à l’apparition de l’arme mythique, puis le combat démarra.

Les deux hommes tentaient de cacher leur émotion de se retrouver si proche l’un de l’autre une nouvelle fois. Taishakuten par des remarques ironiques, Ashura en se contentant de feindre l’indifférence. Mais au cours d’une attaque, leurs visages se retrouvèrent à quelques centimètres l’un de l’autre et Ashura ressentit une bouffée de désir à travers tout son corps, surtout lorsque Taishakuten lui parla et que son souffle glissa sur ses lèvres.

Ashura brisa soudainement le contact. Toute cette haine qu’il avait vu dans le regard de Taishakuten, tous ces reproches à jamais tus... Il était incapable de se concentrer. Et Taishakuten profita de ce moment d’inattention pour porter son attaque. Retournant brusquement à la réalité, Ashura se recula mais la lame du Raijin l’effleura tout de même.

Les douze gardiens s’interposèrent soudainement entre les deux hommes et Tentai annonça la fin du combat avant de finalement se retirer.

Ashura jeta un dernier regard à Taishakuten qui lui souriait, l’air narquois.

Alors Ashura, pensait le Raijin, ai-je été assez bon pour toi ? En tout cas assez pour presque t’humilier... Même avec Shurato tu n’as pas su me battre...

Ashura sentit une nouvelle fois la colère monter en lui, mais aussi quelques chose proche de la tristesse. Taishakuten le haïssait maintenant... mais c’était peut être mieux ainsi.

Il allait s’éloigner quand il s’aperçut que l’attaque du Raijin avait légèrement déchiré sa tunique. Décidément, Taishakuten était fort, beaucoup trop fort... Même s’il réussissait à le convaincre de l’aider, ce qui n’était plus évident désormais, qu’est ce qui lui prouvait qu’il tiendrait sa promesse jusqu’au bout...

Un bruit de pas le coupa et il se retourna pour voir de qui il s’agissait...

Taishakuten ! Il ne pouvait donc pas s’empêcher de le provoquer...

Leurs regards se croisèrent.

-Sachez Ashura ô, lui dit le Raijin, que j’obtiens toujours ce que je veux.

Puis il lui tourna le dos et s’éloigna.

Ashura regarda l’homme s’éloigner sans dire un mot. Le moment semblait bien mal venu pour lui parler de ses projets de changer la course des étoiles... Il se sentait trop instable pour l’instant. Par sa fuite, il avait perdu l’homme qu’il désirait, l’homme qui, s’il n’avait pu s’en faire un amant aurait au moins pu devenir un allié.

Dépité, furieux contre lui-même et contre Taishakuten, il rentra à Ashura-jou. Et maintenant, qu’allait-il faire ?

 

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Seul, assis sur le sol de sa chambre en piteux état, Taishakuten se soûlait. Il s’était fait porter un tonnelet de liqueur et qu’il avait entrepris vider le plus rapidement possible.

 

-Quel imbécile j’ai été, murmura-t-il en portant une nouvelle fois son verre à ses lèvres.

Lorsqu’il avait retrouvé ses appartements, juste après la leçon de combat, il avait enfin réalisé les conséquences de sa conduite et l’opinion bien basse qu’Ashura devait désormais avoir de lui... Mais sur le moment, il avait tellement eu besoin de se défouler.

Maintenant, toute sa colère était retombée et il ne lui restait plus rien que la douleur et le froid de la solitude.

Il s’allongea par terre et sentit les morceaux de porcelaines craquer sous son poids.

 

-Je t’aime Ashura... Me pardonneras-tu un jour mon ignoble conduite ?

Puis, épuisé par les émotions et l’alcool, il s’endormit et laissa enfin ses larmes s’échapper.

 

 

Chapitre 12